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lundi 11 février 2013

Souvenirs d'enfance dans la vallée du Champsaur

Aussi loin que remontent mes souvenirs du poker et des jeux de cartes en général, j'ai toujours été un gagnant.

Mes premières parties de poker fermé (avec 5 cartes), je les ai connues en dernière année d'école primaire. J'avais 10 ans, notre classe était partie en classe de nature dans les Hautes-Alpes, dans un village qui sent bon le terroir : Saint-Bonnet-en-Champsaur et les pions du jeu Puissance 4 nous servirent alors de jetons. J'en conserve un souvenir extrêmement précis, en dépit du fait qu'un quart de siècle se soit écoulé depuis lors. Je me revois jouant avec les autres garçons de la classe, assis au pied des lits du dortoir, en train de battre inlassablement à plate couture mes camarades, malgré que certains d'entre eux n'aient pas hésité à tricher lors de certaines parties. Les fortes têtes n'aiment pas être battus à plate couture... a fortiori lorsque c'est par le plus petit de la classe. Tout cela n'a pas fait de moi un garçon plus populaire.
Saint-Bonnet-en-Champsaur

Ma seconde expérience en matière de poker, je l'ai connue de nombreuses années plus tard, au lycée, à l'âge de 16 ans. Cette fois-là, ce furent des billets de Monopoly qui firent office de jetons. Une demi-douzaine de joueurs pendant les quelques fois où nous avions plusieurs heures de permanence à patienter entre deux cours, les jours de grève des professeurs. Je me revois amassant peu à peu les billets, et gagnant les partie au final, malgré là encore des conditions pas fair play de la part de certains de mes adversaires.

Dans ma vision noble et chevaleresque du jeu, jouer constitue un art dans lequel on doit insuffler toute la force de son âme en se mesurant aux autres, pour au final en contempler le résultat avec objectivité et sans aucune forme de concession. Dès lors, tricher m'apparaît comme totalement antinomique avec l'art de jouer. Je n'ai jamais triché. Et je ne tricherai jamais. C'est dans mon ADN.

A croire qu'enfants et adolescents ont du mal à appréhender la notion objective du jeu. D'ailleurs, c'est bien quelque chose qui m'a moult fois été reproché dans ma vie: le fait que je sois trop sérieux lorsque je joue. Peu importe le jeu, il me faut toujours gagner. Et dans les règles de l'art. J'avais besoin d'être admiré pour mes talents de joueur hors pair, j'étais probablement mû par une soif de reconnaissance jamais satisfaite dans l'enfance et occasionnant ainsi une blessure dans mon âme devenue impossible à cicatriser complètement. Avec le temps, cette soif viscérale de victoire, que ma sœur appelait mon instinct de compétition malsain, j'ai appris à l'adoucir, la canaliser, l'exprimer de façon moins brutale. Mais elle demeure enfouie en moi pour toujours. Elle me fascine et me fait peur tout à la fait. Comme une malédiction. Ou plutôt comme une mine d'uranium : une ressource potentiellement toxique, mais véritable source de puissance et de pouvoir pourvu qu'elle soit exploitée avec précaution, maîtrise et sagesse.

Ce fut tout avec le poker fermé classique. Bien sûr, des jeux de cartes, j'ai continué à en pratiquer d'autres, toujours avec grand plaisir, souvent avec succès. Mais rien qui se rapportât de près ou de loin au poker.

Et puis le poker Texas hold'em a débarqué en France sans crier gare, il y a quelques années, grâce à une médiatisation télévisée d'abord balbutiante, puis un peu plus envahissante sur les écrans. Et c'est chez ma sœur que j'ai pu avoir l'occasion de pratiquer pour la première fois le Texas hold'em no limit. Une première fois en 2006, et une seconde en 2008. Deux parties de découverte dans des conditions non optimales du fait de ma méconnaissance totale du jeu lors de la première partie et d'une ambiance par trop alcoolisée des joueurs lors de la seconde partie. J'ai ressenti malgré tout une réelle envie de continuer à pratiquer ce jeu. Mais je me suis retrouvé confronté à un manque criant de partenaires motivés dans mon entourage. Alors j'ai relégué cette envie de me frotter au poker dans la hiérarchie de mes priorités. Après tout, ce n'est qu'un jeu parmi tant d'autres. Mais sa grande force, c'est son universalité et sa médiatisation grandissante. Un jeu qui fait de plus en plus office de dénominateur commun entre les gens aimant jouer aux cartes, et c'est ce qui m'a décidé à y accorder une attention un peu plus particulière.

 
 
La diffusion des World Series of Poker (WSOP) sur la chaîne de télévision RTL9 m'a donné envie de me frotter à cet univers. J'ai regardé les séries 2007 à 2009, je crois. J'ai ingurgité les commentaires éclairés de Bruno Fitoussi, en les stockant dans un coin de ma tête et en me disant qu'un jour cette théorie que j'assimilais en douceur me servirait. Et je me suis mis à rêver du jour où moi aussi, je pourrais disputer ces championnats du monde à Las Vegas, ville que j'avais découverte en 2001 et où je m'étais promis de retourner un jour, sans trop savoir pourquoi à l'époque...

Début 2012, j'ai fait l'acquisition d'un smartphone. Sympa et pratique, avec tout plein de gadgets. Et avec des applications gratuites de poker à télécharger, pour pouvoir découvrir et appréhender la quintessence de ce jeu et en maîtriser les subtilités. J'en ai essayé deux en avril 2012, et j'ai conservé l'application dont la prise en main me semblait la plus agréable : Pokerist.

Et c'est là qu'en l'espace de six mois à peine, ma soif de connaître cette nouvelle forme de poker s'est muée en stackhanovisme forcené, puis, assez rapidement en maestria.

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