Aussi loin que remontent
mes souvenirs du poker et des jeux de cartes en général, j'ai
toujours été un gagnant.
Mes premières parties de
poker fermé (avec 5 cartes), je les ai connues en dernière année
d'école primaire. J'avais 10 ans, notre classe était partie en classe de nature dans les Hautes-Alpes, dans un village qui sent bon le terroir : Saint-Bonnet-en-Champsaur et les pions du jeu Puissance 4
nous servirent alors de jetons. J'en conserve un souvenir extrêmement
précis, en dépit du fait qu'un quart de siècle se soit écoulé
depuis lors. Je me revois jouant avec les autres garçons de la
classe, assis au pied des lits du dortoir, en train de battre
inlassablement à
plate couture mes camarades, malgré que certains d'entre
eux n'aient pas hésité à tricher lors de certaines parties. Les fortes
têtes n'aiment pas être battus à plate couture... a fortiori lorsque c'est par
le plus petit de la classe. Tout cela n'a pas fait de moi un garçon plus
populaire.
Saint-Bonnet-en-Champsaur
Ma seconde expérience en matière de poker, je l'ai connue de nombreuses années plus tard, au lycée, à l'âge de 16 ans. Cette fois-là, ce furent des billets de Monopoly qui firent office de jetons. Une demi-douzaine de joueurs pendant les quelques fois où nous avions plusieurs heures de permanence à patienter entre deux cours, les jours de grève des professeurs. Je me revois amassant peu à peu les billets, et gagnant les partie au final, malgré là encore des conditions pas fair play de la part de certains de mes adversaires.
Dans ma vision noble et chevaleresque du jeu, jouer constitue un art dans lequel on doit insuffler toute la force de son âme en se mesurant aux autres, pour au final en contempler le résultat avec objectivité et sans aucune forme de concession. Dès lors, tricher m'apparaît comme totalement antinomique avec l'art de jouer. Je n'ai jamais triché. Et je ne tricherai jamais. C'est dans mon ADN.
A croire qu'enfants
et adolescents ont du mal à appréhender la notion objective du
jeu. D'ailleurs, c'est bien quelque chose qui m'a moult fois été
reproché dans ma vie: le fait que je sois trop sérieux lorsque je
joue. Peu importe le jeu, il me faut toujours gagner. Et dans les
règles de l'art. J'avais besoin d'être admiré pour mes talents de
joueur hors pair, j'étais probablement mû par une soif de
reconnaissance jamais satisfaite dans l'enfance et occasionnant ainsi
une blessure dans mon âme devenue impossible à cicatriser complètement. Avec le temps, cette soif viscérale de victoire, que ma
sœur appelait mon instinct de compétition malsain, j'ai
appris à l'adoucir, la canaliser, l'exprimer de façon moins
brutale. Mais elle demeure enfouie en moi pour toujours. Elle me fascine et me fait peur tout à la fait. Comme une
malédiction. Ou plutôt comme une mine d'uranium : une
ressource potentiellement toxique, mais véritable source de
puissance et de pouvoir pourvu qu'elle soit exploitée avec
précaution, maîtrise et sagesse.
Ce fut tout avec le poker
fermé classique.
Bien sûr, des jeux de cartes, j'ai continué à en pratiquer
d'autres, toujours avec grand plaisir, souvent avec succès. Mais
rien qui se rapportât de près ou de loin au poker.
Et puis le poker Texas
hold'em a débarqué en France sans crier gare, il y a quelques
années, grâce à une médiatisation télévisée d'abord balbutiante, puis un peu plus envahissante sur les écrans. Et
c'est chez ma sœur que j'ai pu avoir l'occasion de pratiquer pour la
première fois le Texas hold'em no limit. Une première fois en 2006,
et une seconde en 2008. Deux parties de découverte dans des
conditions non optimales du fait de ma méconnaissance totale du jeu
lors de la première partie et d'une ambiance par trop alcoolisée
des joueurs lors de la seconde partie. J'ai ressenti malgré tout une réelle envie de continuer
à pratiquer ce jeu. Mais je me suis retrouvé confronté à un manque criant de partenaires motivés
dans mon entourage. Alors j'ai relégué cette envie de me frotter au
poker dans la hiérarchie de mes priorités. Après tout, ce n'est
qu'un jeu parmi tant d'autres. Mais sa grande force, c'est son
universalité et sa médiatisation grandissante. Un jeu qui fait de plus en plus
office de dénominateur commun entre les gens aimant jouer aux
cartes, et c'est ce qui m'a décidé à y accorder une
attention un peu plus particulière.
Début 2012, j'ai fait
l'acquisition d'un smartphone. Sympa et pratique, avec tout plein de
gadgets. Et avec des applications gratuites de poker à télécharger,
pour pouvoir découvrir et appréhender la quintessence de ce jeu et
en maîtriser les subtilités. J'en ai essayé deux en avril 2012, et
j'ai conservé l'application dont la prise en main me semblait la
plus agréable : Pokerist.
Et c'est là qu'en
l'espace de six mois à peine, ma soif de connaître cette nouvelle
forme de poker s'est muée en stackhanovisme forcené, puis, assez rapidement en
maestria.
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