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jeudi 31 décembre 2020

2020, une année à oublier

Bon et bien voilà une année 2020 qui ne restera pas les annales de ma conquête du poker. J'ai fait une année blanche. Sans aucun éclat. Les quelques euros gagnés ici ont vite été reperdus là. Il faut dire que mon volume de jeu aura été vraiment faible : un premier semestre fantomatique et un second semestre monochromique. Si on rajoute à cela l'effet Coronavirus avec l'obturation de toutes les habituelles fenêtres  vers des événements live, on aboutit au résultat final le plus fade et le plus insipide qui soit : l'année blanche. Sans gains ni pertes.

La bonne nouvelle, c'est que je ne joue pas pour l'argent : ne pas gagner pendant une longue période ne m'affecte pas particulièrement. La mauvaise nouvelle, c'est que si je ne joue pas pour l'argent c'est parce que je joue pour le rêve... et là, le rêve se retrouve provisoirement relégué vers les limbes de mon cerveau.

Le mal, il n'est pas dans l'année blanche que je viens de réaliser. Il est bel et bien dans l'année transparente que je viens de vivre. La nuance est de taille. Si j'apprécie ce jeu, c'est essentiellement parce qu'il induit chez moi un effet maelström : je démarre une soirée comme une autre assis sur ma chaise derrière mon écran d'ordinateur et à un moment donné je me retrouve propulsé vers des horizons insoupçonnés. J'en ai vécues, des aventures. Mais là, avec le monde qui tourne à l'arrêt tous les événements de type passerelle online-live ont été annulés ou reportés, et ma part de rêve induite par l'effet maelström s'en est retrouvée fortement affectée. Alors ma motivation s'en est trouvée affectée. Ce n'est que provisoire, je le sais. Je vais rebondir. Espérons que 2021 soit un meilleur cru que 2020. Ce ne devrait pas être bien difficile.

jeudi 24 décembre 2020

Avec les as, tout est plus simple (2/2)

Le scenario est bien rodé : il se reproduit épisodiquement, par intermittence, sans aucun signe avant-coureur, à la faveur d'une soirée poker qui débute sur les chapeaux de roues. Plusieurs paires d'as à intervalles rapprochés qui vont à tapis contre des mains ultra-dominées (de type As-Roi ou As-Dame) et qui permettent de doubler rapidement son stack lors des premiers niveaux d'un tournoi. Pour éviter la monotonie des as, une paire de rois qui produit un effet similaire de temps en temps n'est pas de refus. On double encore son tapis. Toutes nos tables sont à marée haute. Une nouvelle paire d'as à une autre table. On dirait bien que c'est la fête. La soirée est lancée de la plus belle des manières. La chance est manifestement au rendez-vous puisque les as sont là et qu'ils ne se font pas injustement craquer : de quoi s'en pourlécher déjà les babines ! Nos adversaires semblent n'être là que pour jouer le rêve de victimes expiatoires. Dans de pareils moments, alors qu'il est à peine plus de 21h heures et que la soirée vient à peine de commencer, dans un recoin de notre tête on se sent déjà aussi irrésistible que le fils d'Attila, en authentique Prince Charmant débridé, et l'on se met déjà à rêver d'une marche triomphale entre Budapest et Vienne au son d'une valse à peine altérée par le bruit des tambours, avec une fin heureuse de type "et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants". Un véritable conte de fées nous attend. Vive les as !!! On en redemande. J'appelle cela l'effet Cendrillon.

Avec les as en main, tout est évidemment plus simple. Certes, il faut savoir encaisser un petit bad beat réglementaire de temps en temps. Certes, il faut savoir les coucher post flop lorsque ça sent le roussi et qu'il faut évacuer à regret le château féérique en proie aux flammes. Mais Dieu qu'on se sent fort, avec cette main légendaire qui nous permet de monter des tonnes de jetons en début de tournoi face à des pâles adversaires. Sauf qu'à la vérité, ce type de soirée avec démarrage en fanfare les as en main réserve inévitablement son lot de déconvenues tardives. Plusieurs heures plus tard. Dans des moments autrement plus importants qu'un banal début de tournoi. Car derrière le bruit des tambours se love en sourdine  sournoise celui des canons.

Il y a quelques jours, c'est de façon caricaturale que pareille déconvenue m'est arrivée. Une fois le feu d'artifice initial épuisé, ce sont bien les autres qui se sont mis à avoir les paires d'as en main. Dans les moments critiques du tournoi. Ceux qui comptent vraiment : dans le money time. Lorsque la table finale est à portée de clic. Là où en définitive cela importe vraiment de les avoir, ces satanés as, au regard des écarts conséquents induits par les paliers exponentiels s'agissant des places payées. Minuit passé et mon écran d'ordinateur affiche encore une constellation de tournois où je suis en vie avec un stack conséquent : super ! Sauf qu'à partir de ce moment-là, l'effet Cendrillon opère... dans sa phase dramatique. A chaque belle main de ma part, je tombe sur un adversaire qui a les as et qui met brutalement fin au bal. Perte logique du 20/80. Même déconvenue moins de cinq minutes plus tard. Puis, tant qu'à faire jamais deux sans trois... encore un adversaire qui nous éjecte manu militari avec ses as. Elimination ; élimination ; élimination. Fin du bal. 1h du matin. Frustration totale. Récolte de clopinettes et retour à la case citrouille. Tout ça pour ça.

Tout ceci pour dire que la bonne fortune ne se mesure pas d'une façon linéaire. A fortiori lorsqu'on a les as en main. Ce qui importe vraiment, ce n'est pas le nombre de fois qu'on va les toucher, mais bien le moment précis où on en hérite. Si comme dans la légendaire chanson de Téléphone "Cendrillon pour ses vingt ans est la plus belle des enfants. Son bel amant, le prince charmant, la prend sur son cheval blanc", vient le couplet où elle paye le tribut du retour de variance et se voit contrainte de céder les spotlights à la belle au bois dormant. Plus dure est la chute quand on n'y a pas été préparé.

Ne pas s'enflammer quand on a les as. A fortiori lorsque les enjeux sont encore faibles en début de soirée. Voilà un noble conseil que je peux donner aux apprentis princes charmants. Une fois l'aspect mathématique modélisé, le poker se résume à une affaire d'histoires plus ou moins heureuses, plus ou moins bien ficelées. J'ai perdu ma candeur virginale depuis bien longtemps et n'accorde plus aucun crédit féérique aux démarrages en fanfare, as en main. Car les plus belles histoires sont celles qui commencent mal et se terminent bien. Qu'on se le dise.


vendredi 18 décembre 2020

La moisson de clopinettes

Hier soir, j'ai connu une session poker un peu spéciale : j'ai fait une moisson de clopinettes. Mélange subtil de plaisir aux tables et de frustration s'agissant de la digestion.

En effet, je suis parvenu à atteindre les places payées dans la quasi-totalité des tournois que j'ai disputés, ce qui constitue une plaisante anomalie statistique. Lorsque l'on sait que les places payées ne sont atteintes que dans à peine plus de 10% des tournois que l'on joue, une telle performance relève a priori de l'exploit. Le problème, c'est que pour gagner sa pitance au poker, il ne suffit pas d'atteindre le top 10% d'un tournoi. Il faut aller plus loin. Bien plus loin, même. Parfois même finir dans le top 1% ne suffit pas à nourrir son homme. A la vérité, il est nécessaire de terminer dans le top 0.1% pour faire bombance. En d'autres termes, ce n'est qu'en atteignant des tables finales et des podiums que l'on effectue de belles récoltes. Dans le cas contraire, on aura vibré pour parvenir au final à ne glaner que des clopinettes sans saveur.

Hier donc, j'ai fini ma session dans le vert. Voyons le bon côté des choses : avoir les pouces vert décuple le plaisir du jardinage. Cela vient corroborer le sentiment empirique qui m'habite depuis quelques semaines : mon jeu du moment est manifestement bien en place. Sur le moment, cela permet d'éprouver un véritable plaisir du jeu à mesure que la soirée avance et que l'on repousse l'inéluctable élimination. La sensation d'avoir encore des jetons à l'approche du money time est vraiment plaisante à vivre, d'autant plus qu'elle est ressentie sur plusieurs tables à la fois. Dans de pareils moments, on en vient à espérer la victoire au moins dans l'un de ces tournois. La satisfaction de continuer à multi-tabler jusque tard le soir est vraiment grisante, c'est un fait. Et cela laisse augurer de belles performances prochaines si cette tendance se confirme.

Dommage...
Mais le poker est un jeu ô combien frustrant, qui ne régale vraiment qu'en de trop rares occasions. La sortie de piste est la règle tandis que la table finale demeure une exception. La victoire n'est quant à elle qu'une belle chimère. Alors voilà, comme tant d'autres soirs, mes espoirs de victoire se sont hier encore dissipés un à un sans que je puisse parvenir à récolter les fruits les plus juteux et les plus savoureux. La récolte du soir - qui aurait pu être miraculeuse avec un brin de réussite en plus - n'aura été au final qu'une décevante moisson de clopinettes, et je suis parti me coucher frustré d'avoir croqué dans des fruits au goût beaucoup trop acide car cueillis juste avant d'être parvenus à maturité. Pour le banquet et les agapes, on repassera un autre jour.

Voici donc comment on peut achever une session poker dans le vert tout en étant triste, à la limite de la crampe d'estomac. En ayant fait une moisson de clopinettes ! Et avec l'immense frustration de devoir clôturer sa session en se disant : "tout ça pour ça".

C'est le poker, bébé ! Il faut faire avec.

mercredi 2 décembre 2020

Songe onirique : un rêve de PLO8

La nuit dernière, à la faveur d'une longue et belle nuitée de sommeil, j'ai fait un songe insolite : un rêve de Pot Limit Omaha High-Low, ma variante préférée du poker, communément appelée PLO8. Je l'ai déjà évoqué ici précédemment à diverses reprises, mais il s'agit d'une variante peu pratiquée en France et dont les vrais spécialistes - compétents et assidus - se comptent sur les doigts d'une seule main (en exagérant juste un peu).

Pour ceux qui pratiquent une langue étrangère apprise sur le tard - prenons l'exemple classique de l'anglais - il est possible de rêver dans cette langue, mais les probabilités diminuent sensiblement par rapport à une personne totalement bilingue depuis la tendre enfance. Pour que pareille performance onirique consistant à rêver dans la langue étrangère soit possible, il est communément observé que cela nécessite a minima d'être régulièrement amené à penser en anglais. Pour celui qui ne pratique l'anglais qu'à dose homéopathique ou via un apprentissage bourratif (listes de vocabulaire ou livres de grammaire) il n'y a ainsi quasiment aucune chance que l'on rêve distinctement en anglais.

Il n'y a guère que les profanes pour croire que le poker est un jeu facile. Chaque variante nécessite en effet un raisonnement particulier poussé pour pouvoir dompter la variance générée par l'effet chance, et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle bon nombre de professionnels ne se spécialisent que dans le seul Texas Hold'em. Etant curieux de nature et aimant papillonner intellectuellement parlant, je m'intéresse à toutes les variantes, et j'ai déjà répété plusieurs fois ici combien le PLO8 était ma variante de prédilection pour laquelle j'ai une tendresse toute particulière.

Celui qui se contente de calquer son raisonnement en variante sur ses acquis du Texas Hold'em commet une erreur car il s'agit d'un raccourci forcément trompeur, à l'instar de celui qui utilise un faux-ami en pratiquant une langue étrangère. Il y a quelques semaines, à l'occasion d'un des trop rares tournois de PLO8 à grosse dotation garantie sur Winamax, j'ai eu la possibilité d'observer avec effarement à ma table le comportement erratique et totalement à côté de la plaque de l'un des ambassadeurs de la marque au W. Lui, il ne rêvera pas de Pot Limit Omaha High-Low avant bien longtemps, c'est une certitude.

Pour en revenir à mon rêve de la nuit dernière - sujet principal de cet article - je me souviens être assis à une table de cash game PLO8 en live dans un casino un peu vieillot à l'ambiance feutrée, en étant le premier à miser deux fois et demi la blinde, avec une main un peu spéculative 6443 avec deux piques et deux trèfles (main correcte pour le high et plutôt bonne pour le low).  Le joueur suivant payait, de même que ceux situés au bouton et à la petite blinde, tandis que le joueur de grosse blinde habitué à disputer ses coups high variance (avec des pots systématiquement élevés) venait compliquer ma tâche en relançant conformément à mes craintes au maximum à la hauteur du pot. Et je me souviens parfaitement avoir effectué des calculs complexes de cotes mathématiques afin de savoir si je devais accepter de m'embarquer dans un pot aussi périlleux et rentrer dans un rapport de force avec une main aussi incertaine et avec de surcroit plusieurs joueurs restant à parler derrière moi. C'est d'ailleurs là le plus cocasse à mon réveil : j'avais encore les chiffres effectifs des montants engagés en tête, tandis que le décor ambiant était aussitôt volatilisé, englouti par les limbes de mon moi onirique... Tout juste me souviens-je de murs entoilés couleur carmin. Mais impossible de me remémorer du moindre détail précis se rapportant au lieu, à la table, au croupier au bien au profil physique de mes adversaires. Tout ou presque ne se résumait plus qu'à des calculs de cotes mathématiques au moment d'ouvrir les yeux. Quant à ma prise de décision finale, je ne saurai jamais laquelle a été prise dans mon aventure onirique, puisque je me suis réveillé sans que mon dilemme mathématique ait pu toucher à sa fin par un call, un fold ou un re-raise.

Une poubelle de luxe en PLO8
En transposant au poker le principe linguistique des rêves en langue étrangère évoqué en début d'article, j'en déduis aisément que je maîtrise bien le PLO8 en dépit du fait que mes sessions en ligne du soir soient minoritaires et systématiquement mixées avec du classique Texas Hold'em et du Pot Limit Omaha. De quoi me conférer un petit sourire amusé au réveil, mâtiné d'un sentiment diffus de fierté. J'aime mes rêves. Aussi parcellaires et insipides soient-ils. Qu'on se le dise.

Je pense PLO8... donc je rêve PLO8... donc je suis PLO8. Vous suivez ?


 

 

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Pour rappel, au PLO8 le pot est finalement attribué paritairement :

- à celui qui a la main la plus haute avec deux de ses cartes privatives

- ainsi qu'à celui qui a la main la plus basse avec là encore deux de ses quatre cartes privatives, à la condition que sa cinquième carte ne dépasse pas 8

Dans l'hypothèse où personne ne parvient à former de low, le pot revient dans son intégralité à celui ayant le meilleur high à l'abattage.

La gymnastique intellectuelle pour jouer les coups de façon appropriée dans cette variante nécessite donc des circonvolutions particulières ! 




lundi 30 novembre 2020

Le plaisir simple d'un jeu bien en place

Au poker, il faut savoir lever les yeux du guidon afin non seulement de mieux profiter du paysage mais aussi de trouver le meilleur chemin pour arriver à destination sans s'égarer en cours de route. En d'autres termes, il est important de pouvoir dissocier les résultats financiers du niveau de jeu réel. Les gains et pertes ne sont en effet qu'un timide reflet de la qualité de jeu produite aux tables. Alors voilà, même si je patine en ce moment d'un point de vue purement comptable, je me surprends actuellement à éprouver un plaisir simple à déployer un jeu efficace à mes tables. C'est beaucoup et c'est bien peu à la fois. Mais en cette période morose peu propice à l'action, c'est déjà ça.

Je me sens bien. A tel point que je peux sans peine rajouter quelques tables supplémentaires à mes sessions de jeu sans jamais éprouver la moindre lassitude mentale devant cette pléthore d'informations en simultané à l'écran. Cela n'a pas été toujours le cas par le passé, aussi je mesure combien ce simple détail - éprouver du plaisir en jouant - influe positivement sur tout un tas d'autres paramètres. Je n'ai pourtant rien fait de spécial pour ça : le plaisir est revenu de lui-même, effaçant un début de lassitude qui s'était durablement installé dans un recoin de mon esprit depuis plus d'un an déjà. Je me sens parfois tel un pianiste avec mon clavier et ma souris, avec un temps de latence extrêmement réduit entre deux prises de décisions. Il doit probablement y avoir un lien de cause à effet entre la sensation de plaisir retrouvé et le fait que j'aie le sentiment d'avoir actuellement un jeu bien léché, avec en prime l'impression d'avoir retrouvé une meilleure bien meilleure qualité de jeu. 

Les clignotants sont donc au vert, et ça augure de lendemains meilleurs à défaut d'un présent radieux. Toutefois, au poker, il ne suffit pas d'avoir un jeu bien en place et de se sentir à l'aise aux tables pour amasser les gains effectifs ! Il faut également pouvoir compter sur un minimum de chance pour convertir de la qualité de jeu et du bien-être en argent. Alors je vais patienter sans soucis, avec le sourire aux lèvres en prime... les gains peuvent attendre, ce n'est pas du tout un problème pour moi. 

Du pain et des jeux. Un ordinateur et une connexion internet. Il suffit parfois de peu pour rendre un homme heureux.




mercredi 18 novembre 2020

Un an sans live : une rêverie révélatrice de doutes ?

Novembre 2020 se traîne avec langueur et torpeur. Traditionnellement, novembre, c'est le mois où le PMU organise sa grand messe pokeristico-turfique à l'hippodrome de Vincennes. Un petit tournoi de gala sans prétention disputé dans une bonne ambiance qui ne m'a jamais trop réussi mais qui fait partie de mes habituelles parties de poker disputées en live. Pour quelqu'un à l'affut des bons plans comme moi, il y a souvent la possibilité de se qualifier en ligne pour de tels tournois, qui se jouent au milieu des amateurs et passionnés, avec des lots sympathiques pour ceux qui ont la chance de se faufiler jusqu'aux ultimes survivants. Toutefois, l'actualité sanitaire de cette année 2020 a fait que très peu d'événements live ont pu se dérouler normalement sur la planète poker au cours de ces derniers mois. Un an complet s'est écoulé depuis le dernier Hip'Poker Tour de Vincennes. Novembre 2019 a donc été mon dernier tournoi disputé en live. Une activité poker a certes timidement repris à la fin de l'été avec vitres en plexiglas et autres mesures hygiénistes, mais uniquement de façon sporadique pour les mordus des casinos et autres cercles de jeu. Pour les joueurs plus occasionnels tels que moi, c'est une toute autre histoire. Les tournois de gala et autres festivals amateurs organisés en partenariat avec les plateformes en ligne ont quant à eux été renvoyés aux calendes grecques. Et le jeu en ligne, lorsqu'il se retrouve dépourvu de pareilles promotions a tôt fait de m'installer dans une monotonie peu enthousiasmante le soir devant mon écran d'ordinateur. Car je joue au poker pour rêver. Pas pour l'argent.

Dans cette torpeur ambiante, pour la première fois depuis belle lurette, cette nuit j'ai fait un rêve de poker. Assez intense et prégnant sur le moment. Mais dont bon nombre de détails se sont évaporés dans les limbes de mon cerveau, ledit rêve s'étant déroulé bien en amont de mon réveil. Dans mon songe, je parvenais à la pré-bulle d'un tournoi qui se disputait dans un cercle de jeu parisien, tous sens aux aguets, en accumulant toutefois quelques petites bévues : oubli répété de poser ma blind, erreur de calibrage dans mes relances, fébrilité dans le comptage de mes jetons et surtout : hésitation coupable à trouver ma nouvelle table une fois cassée celle où je jouais. Je me souviens avoir pris énormément de temps à trouver ma place et à m'installer à la table avec des jetons en pagaille mal raqués et tombant à terre sur le trajet, m'obligeant à faire deux allers-retours d'une table à l'autre, tel un Petit Poucet inquiet à l'idée de ne plus trouver son chemin... au point de provoquer l'irritation du croupier me soupçonnant aussitôt de vouloir ralentir le jeu afin de passer la bulle sans encombre. C'est ainsi que je me faisais lourdement pénaliser, et décidai d'appeler le floor (juge-arbitre) afin de statuer sur la légalité de ma sanction. Après avoir écouté le récit du croupier, je demandais la parole pour ajouter quelques éléments factuels et expliquer que mes gaffes supposées être du sabotage afin de gagner du temps n'étaient dues qu'à un malencontreux hasard, mais sans que cela soit nécessaire car le responsable statuait aussitôt en ma faveur et sermonnait le croupier pour m'avoir sanctionné un peu trop hâtivement.

Bien que n'étant pas particulièrement compétent en interprétations oniriques, le décryptage de base de ce rêve me semble plutôt limpide : après avoir passé une année entière d'abstinence en live, j'en viens à douter de mon niveau de compétence, sachant que lorsqu'on n'est pas un professionnel on a tôt fait de perdre certains réflexes lorsqu'on ne pratique plus sa discipline de prédilection pendant un laps de temps prolongé. Au-delà de cet aspect lié à la forme, je m'interroge sur le fond quant à mon niveau de jeu réel du moment, mes performances en ligne actuelles s'avérant extrêmement médiocres si je ne me fie qu'aux résultats bruts.

Ne pas avoir connu la joie de tâter du jeton en live depuis un an maintenant ne me manque pas vraiment. Mais force est de reconnaitre que j'aimerais pouvoir avoir l'occasion de briller de nouveau prochainement, en faisant étal de mes qualités cartes en main. Ca devra attendre au moins jusqu'en 2021. Voire 2022. Ou même pire encore, qui sait ? Quoi qu'il en soit, le succès au poker est aussi affaire de patience, parfois. Alors soyons patients. Tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir.

jeudi 5 novembre 2020

Les chauffards du dimanche en mode confinement

On dit d'un chauffard du dimanche qu'il s'agit d'un conducteur qui dispose certes du permis de conduire mais qui ne se sert de son véhicule qu'en de rares occasions : le dimanche, les jours fériés et sur la route des vacances. De par son inexpérience, il maîtrise mal son véhicule et met la vie des autres en danger. Toutes proportions gardées, il en va de même avec le poker : il existe une catégorie de joueurs du dimanche, adeptes de prises de position exotiques, au point d'accroitre drastiquement les risques de collision et de sortie de piste brutale. Le plus souvent, avec des dommages collatéraux.

Le dimanche constitue ainsi traditionnellement une journée à part dans le calendrier des joueurs de poker, puisqu'il s'agit du jour de la semaine où débarquent aux tables ces cohortes de joueurs occasionnels aussi doués cartes en main que je le suis pour parler turc. La Turquie est un pays que j'adore par ailleurs : j'ai eu l'occasion de le choisir comme lieu de villégiature à diverses reprises par le passé. Sauf qu'après avoir prononcé le traditionnel"Meraba" pour dire "bonjour", il ne reste plus guère que "Tammam" dans mon répertoire sémantique afin d'exprimer quelque chose comme "OK". Au-delà de ces deux termes, je navigue à marée basse en plein brouillard : c'est déjà la fin du phosphore sur les rives du Bosphore. Pour en revenir à nos moutons, le dimanche constitue de facto le jour de la semaine où le joueur de poker expérimenté a le plus de chance de briller : des dotations plus juteuses (du fait de l'afflux de joueurs) disputées contre des adversaires pourvus de plans de jeu peu académiques (dont le niveau moyen est bien plus faibles qu'en semaine). Pour des raisons personnelles et familiales, je n'ai jamais été très présent aux tables de poker en ligne les dimanche. Les rares fois où je joue le dimanche, je hausse le sourcil plus haut que d'habitude face à certains moves improbables de la part de ces joueurs occasionnels.
 
L'image qui me vient spontanément à l'esprit à l'évocation de cette caste à part des chauffards du dimanche est celle de la collision Bourvil/De Funès dans le mythique film Le Corniaud que j'ai d'ailleurs eu le loisir de revoir avec plaisir pendant la phase du premier confinement survenu au printemps. Des chauffards confinés que je n'ai d'ailleurs que peu ou pas croisés, de par mon activité extrêmement réduite aux tables à ce moment-là.
 
Toutefois, avec l'émergence de la seconde vague de Covid-19 et le semi-confinement qui va avec, cette cohorte de chauffards du dimanche pointe de nouveau le bout de son nez aux tables à n'importe quel moment de la semaine. Le confinement imposé par le Gouvernement pour d'évidentes raisons sanitaires est certes moins strict qu'au printemps, mais suffisant pour conduire un nombre conséquent de chauffards du dimanche à venir croiser mon chemin aux tables. Depuis quelques jours, j'assiste donc à des coups bien plus folkloriques que d'habitude de la part de ces adversaires peu doués. Plutôt que sur les habituelles routes sinueuses et ravinées, on se croirait alors débarqué sur un circuit d'auto-tamponneuses, tellement ça cogne fort et ça tangue au moins choc. Ce qui est particulier au poker par rapport à d'autres jeux, c'est qu'avec une bonne dose de chance, des fois, même en faisant un peu n'importe quoi ça passe (même si souvent ça casse). Dans tous les cas, ça reste fun à voir et à vivre.
 
Jouer face aux chauffards du dimanche constitue un plaisir un peu coupable lorsque ça se passe bien pour moi. En spectateur, c'est particulièrement cocasse car il n'y a aucun affect pour venir altérer l'amusement du moment. Dans un cas comme dans l'autre, les étiquetages à base de pastilles de couleur pour ces joueurs sont bien plus fréquents que d'ordinaire. 
 
Sacrée variance ! Elle entretient l'illusion des chauffards du dimanche, en leur faisant parfois croire qu'ils pilotent leur bolide avec brio et que la chance seule suffit à les porter jusqu'à la ligne d'arrivée. Pour le joueur talentueux, la variance constitue le revers de la médaille : une pointe d'agacement peut également survenir lorsque la malchance vient perturber la moisson escomptée et que la récolte de blé s'envole, laissant place au fracas de la tôle ondulée. La moissonneuse-batteuse se mue alors en carcasse calcinée abandonnée en plein champs et il n'y a alors plus rien à glaner.
 
Les chauffards du dimanche ne respectent rien. Ils klaxonnent à tout bout de champ en éructant la bave aux lèvres, refusent les priorités avec un air bravache, grillent les feux avec la fougue d'un James Dean, et roulent parfois à contre-courant sur l'autoroute à toute berzingue.  Mais tout au bout du chemin, pour celui né sous une bonne étoile qui aura esquivé les collisions avec dextérité, il y a la perspective de voir s'agiter le drapeau à damiers et de récolter les lauriers de la gloire. Dans ces moments-là, le plaisir de la victoire supplante toutes les afflictions causées par les incessants accidents. 
 
Je vais arrêter ici la comparaison avec la route. Ca ne reste qu'un jeu. Au poker, il n'y a pas mort d'homme malgré la fureur de vivre qui nous habite parfois aux tables de poker. Alors vive les chauffards du dimanche confinés ! Et tant pis pour les accidents."C'est le jeu, ma pauvre lucette".


dimanche 1 novembre 2020

La petite mort

Par ici la sortie...
On a coutume de dire que se faire sortir d'un tournoi au poker procure dans certains cas une sensation poignante de tristesse, une sorte de deuil, à tel point que l'on appelle parfois ce phénomène "La petite mort". Il s'agit d'un phénomène d'autant plus courant que l'enjeu du moment est élevé et que les ambitions sont hautes. Moi-même, lors de mes rares tournois live, j'ai déjà ressenti ce sentiment à diverses reprises. Ca vaut également pour des tournois en ligne importants, mais le phénomène y est de moindre intensité, il faut le reconnaitre. Quoi qu'il en soit, dans de tels moments, on se sent inconsolable indépendamment du contexte, et il faut alors laisser passer une sorte de délai de viduité avant de retrouver pleine possession de ses moyens. Qu'est ce qui peut expliquer pareil phénomène ? Et comment le combattre ? C'est ce que je vais essayer d'exprimer ici de façon empirique, en espérant au bout du compte que cela aidera ceux qui traversent ou traverseront un jour de pareils moments de détresse face à cette petite mort.

Comment survient cette sensation atroce de petite mort à la suite d'une élimination ? Un premier élément de réponse a déjà été livré dans le précédent paragraphe : les moments de spleen extrêmes suite à une sortie de route en tournoi surviennent lorsque se combinent plusieurs paramètres ; il faut tout d'abord ressentir de l'excitation du fait de l'enjeu, avoir placé beaucoup d'espoir dans ledit tournoi, s'être laissé envahir par le parfum enivrant de la victoire avant l'heure, au point de se croire en mesure de vaincre l'adversité pour in fine figurer tout en haut du classement final et repartir avec les gains significatifs qui vont avec. En ce sens, avec le recul je suis en mesure de dire que ce phénomène est le fruit d'un décalage temporel entre la croyance de pouvoir décrocher la timbale et les chances effectives d'y parvenir. Le poker étant un jeu où la chance joue un rôle prépondérant, se hasarder à espérer une victoire de toutes ses forces aura toutes les chances d'engendrer un contrecoup émotionnel brutal lorsque la dure réalité de ce jeu dissipe soudainement les illusions de victoires. Attention donc à de tels retours de flamme lorsqu'on se retrouve projeté dans le feu de l'action. Dans de tels moments de détresse, on peut alors dans les cas les plus impactants se retrouver soumis à un désir irrépressible de bazarder la suite de ses tournois.

Cette émotion poignante, ce sentiment d'infinie tristesse, cette petite mort est tout à fait humaine. Ce n'est pas pour autant qu'il ne faut passer essayer de la combattre, ou tout du moins d'en limiter l'impact. Car à long terme, devoir subir la petite mort sans entrevoir la moindre solution pour en atténuer les effets constitue indéniablement un point de vulnérabilité pour les joueurs de poker. Car on a alors toutes les chances de s'éloigner considérablement de son A-game pendant le délai de viduité. Le remède au problème est pourtant assez simple, mais il doit être appliqué de façon préventive et non curative. Pas d'affect ! En évitant autant que possible de se mettre la pression sur un tournoi donné on en évitera les effets secondaires délétères. Accepter que l'on ne contrôle pas son destin sur le court terme, quel que soit notre niveau.

Ne disputer que des tournois que l'on peut se permettre de perdre sans se sentir affecté... telle est la solution générique. Dans le détail, parvenir à ne pas mettre d'affect dans ses tournois revêtira deux formes distinctes selon que l'on joue en live ou en ligne. En live, il faut savoir profiter de l'événement dans sa globalité, à l'image d'une aventure, en incluant le plaisir l'aspect touristique lorsque l'événement a lieu loin de ses bases, en profitant de chaque instant vécu, de chaque goulée d'oxygène avalée, de chaque moment de convivialité ou de tension vécu à sa table de jeu. De la même manière qu'un homme ne doit pas angoisser à l'idée de la mort sous peine de se gâcher la vie, le joueur de tournoi live doit vivre son tournoi comme un présent merveilleux plutôt que comme un cadeau empoisonné, et cela quelle qu'en soit l'issue. En ligne, la solution adéquate est un peu plus simple : il convient de veiller à ne pas inclure dans sa session un tournoi aux enjeux financiers sensiblement supérieurs aux autres... en d'autres termes résister autant que faire se peut à la tentation de se faire un shoot d'adrénaline si l'on ne le vit pas comme un éphémère moment de plaisir.

Ne pas mettre d'affect dans ses tournois. Un remède simple et efficace contre le spleen de la petite mort. Une décision qu'il faut savoir prendre en amont, souvent difficile à mettre en oeuvre lorsque l'on aime passionnément le poker. Même s'il est vrai que le jeu constitue le sel de la vie pour nombre d'entre nous, devoir subir les affres de la petite mort trop souvent engendre des effets secondaires négatifs. Aussi, dans le mesure du possible, j'essaye de me plier à cette règle qui confine parfois à l'ascétisme. Savoir mixer plaisir et rigueur. Une véritable gageure. Mais qui permet de faire des vieux os.



mercredi 14 octobre 2020

Avec les as, tout est plus simple (1/2)

Les as. La meilleure des mains au Texas Hold'em. Celle qui est la mieux capable d'accélérer le rythme cardiaque et qui suscite les espoirs les plus fous. Tout du moins préflop. Car ensuite, ça devient une toute autre histoire. Il n'en demeure pas moins que recevoir les as constitue un luxe dont on voudrait profiter plus souvent qu'à son tour et que n'étant pas fétichiste mais rationnel il s'agit de ma main préférée. Car statistiquement parlant elle rapportera plus que toute autre. Il faut dire que le pourcentage de chances de toucher les as est relativement faible, de l'ordre de 0.45% : un joueur recevra donc les as 1 fois sur 220 en moyenne. Parfois, on doit attendre un nombre incalculable de mains avant d'enfin pouvoir accéder à ce privilège... il n'est pas rare qu'il faille attendre 500, 600 voire 1.000 mains et au-delà pour toucher sa paire d'as. Dans d'autres cas, c'est fort heureusement tout l'inverse qui se produit : rien n'interdit à deux beaux as de pointer le bout de leur nez à plusieurs reprises à intervalle rapproché. De quoi alors jubiler. Du moins, en principe. C'est tout juste ce qu'il vient de m'arriver il y a quelques heures à peine, à l'occasion d'un modeste tournoi réunissant tout de même plus de 600 joueurs.

 


En l'espace de 11 mains à peine, j'ai découvert sous mes yeux ébahis les as à 4 reprises ! Dont un cas où je les ai reçus deux fois de suite. Pour un peu, on en viendrait à se demander si l'algorithme n'était pas bugué. Dans les 4 cas, j'ai pu gratter des jetons avec des sur-relances efficientes. Sans aller jusqu'à l'abattage toutefois, ce qui fait que les jetons ainsi gagnés n'ont pas été extraordinaires non plus. Mais quand même. Dans de tels moments, on se rend compte qu'avec les as, tout est plus simple. J'ai conscience de la chance que cela représente. Toutefois, ce soudain afflux de chance en recevant la plus belle des mains de type premium ne m'aura été que très peu utile car survenant en tout début de tournoi. Si au final ce tournoi se sera achevé pour moi dans les places payées (aux alentours de la 60e place) avec un gain minimaliste, ces beaux as n'auront pesé que de façon ultra-marginale dans mon tournoi.

Je ne voudrais pas offenser Dame Chance en reniant son apport, mais s'il est vrai qu'avec les as tout est plus simple au poker, encore faut qu'il qu'ils se manifestent au bon moment... ce qui n'était définitivement pas le cas pendant ce tournoi-là.

 

mardi 15 septembre 2020

Make my bankroll great again - préambule

Il y a un an de cela, je me lançais dans un challenge de Razz, consistant à parvenir à être positif sur un échantillon de 100 tournois disputés dans cette variante. Je dois ici avouer que ledit challenge s'est terminé péniblement, en eau de boudin, avec une motivation en berne, bien amochée par des résultats décevants et négatifs. Il faut dire que noyer une session ou deux de Razz le soir au milieu d'une dizaine d'autres tables de Holdem et de Omaha constitue un handicap sérieux, mon cerveau ne me permettant pas de jouer les contorsionnistes du poker sans y laisser quelques plumes au niveau de la concentration. Ce n'est pas pour autant qu'il me faut renoncer à m'assigner quelques défis et challenges de temps à autre afin de pimenter le quotidien tout en suscitant au passage une émulation intérieur vectrice in fine de progrès.

Il y a quelques semaines de cela, le très charismatique et talentueux Pierre Calamusa - ambassadeur de la marque Winamax plus connu sous le pseudonyme LeVietFou - se lançait pendant un mois un défi relayé sur la plateforme de diffusion Twitch consistant jouer une vingtaine de soirées des tournois de Texas Hold'em en micro-limites à partir d'un fonds de roulement fictif de 100€ et d'essayer de le faire fructifier au mieux. Il faut dire qu'au printemps, le bougre a encaissé la bagatelle de 300.000 € sur un seul tournoi et qu'il pouvait bien s'accorder quelques semaines de détente après pareille performance, afin de régénérer son influx nerveux. Bien lui en a pris, puisqu'il vient tout juste de récidiver en remportant un nouveau tournoi primé lui permettant de s'enrichir de 50.000 € supplémentaires. Bref, ce challenge estival baptisé Make your bankroll great again étalé sur juin-juillet n'aura été pour lui qu'un plaisant intermède au même titre qu'un Kylian Mbappé revenant fouler pour le plaisir des fans de son quartier la pelouse de Bondy une fois son titre de champion du monde de football acquis, mais il a mis un point d'honneur à vraiment jouer le jeu et il faut reconnaitre que ce fût extrêmement plaisant à regarder. Afin de susciter un zeste d'entrain en plus, toutes les semaines un concours de pronostics était lancé au sein de la communauté avec des petits lots à gagner. Et il faut croire que je fus un pronostiqueur chanceux et/ou inspiré, puisque j'ai visé juste et ai donc remporté les quelques goodies que voici :

Un mug, trois pin's et un T-Shirt. Le tout sous des allures de campagne électorale américaine de circonstance. Des goodies qui enrichissent ainsi mon rayon quincaillerie, qui stagnait depuis quelques temps. Le T-shirt est magnifique. Et à l'heure où je rédige ces lignes, je termine un thé dans le mug. Au final, LeVietFou a beaucoup souffert pendant ce challenge et n'a pu monter que 80 € de bénéfices au terme des 210 tournois pourtant âprement disputés. Preuve en est qu'au poker, le talent seul ne suffit pas pour briller. Il faut aussi du volume afin de battre la variance y compris en micro et petites limites où le nombre de gens qui jouent n'importe comment est plus élevé que la moyenne. Quoi qu'il en soit son challenge Make your bankroll great again aura été très agréable à suivre sur les réseaux sociaux et Pierre Calamusa aura rayonné de par sa bonne humeur, son professionnalisme et son implication tout du long.

Savoir se fixer de temps à autre un petit challenge personnel constitue pour un joueur régulier aux tables un agréable passe-temps entre deux shots d'adrénaline, mais il convient de se rappeler qu'à moins d'avoir un volume de jeu conséquent, le résultat final devra toujours être pris avec des pincettes car non significatif tellement l'échantillon est insuffisant pour en tirer des conclusions solides. En ces temps de campagne électorale américaine, il est bon de garder à l'esprit que ce qui est vrai avec la méthodologie des sciences sociales s'agissant des sondages par exemple, est encore plus vrai au poker s'agissant des gains ou pertes aux tables sur un nombre restreint de tournois disputés.

Prochainement, je me ré-assignerai un nouvel objectif poker automnal disputé sous la forme d'un petit challenge. Plus simple à mettre en oeuvre que le précédent ; plus rapide aussi, en le calquant sur celui de Pierre Calamusa. Histoire de me distraire un peu en ces temps rendus trop calmes. Mon thé a refroidi le temps que je parvienne au terme de cet article. J'adore ce mug. Puisse-t'il être inspirant pour mes sessions poker automnales.


mercredi 9 septembre 2020

Holdem Manager 3 - Phase de découverte

Septembre. C'est la rentrée. Et pour repartir du bon pied, j'ai décidé de procéder à un changement de taille dans mes habitudes de jeu en faisant l'acquisition d'un nouveau logiciel de suivi de performances, Holdem Manager 3, en remplacement de mon précédent Xeester, que je n'utilisais d'ailleurs déjà plus du tout depuis quelques temps en raison de défaillances ponctuelles. Ledit logiciel est bien entendu payant (comme la quasi totalité de ceux présents sur le marché), mais je l'ai obtenu à la faveur d'une conversion de mes points de fidélité accumulés dans la boutique Winamax. Holdem Manager a fait ses preuves à l'international et est en quelque sorte la référence mondiale en la matière. Xeester, de son côté était nettement plus franco-français.

Avoir un tel logiciel - communément appelé tracker - c'est chouette, car quand bien même cela reste un outil facultatif car marginal dans les prises de décisions aux tables, il n'en demeure pas moins qu'on y gagne en connaissance de ses adversaires tout comme on y gagne en matière de visibilité sur ses propres performances. Le problème, c'est que ça vient modifier mes petites habitudes de jeu et mes repères... ça a par ailleurs tôt fait de saturer l'espace visuel à l'écran. Parvenir à dompter la bête ne se fera pas en un claquement de doigts. En outre, avec des tableaux, des graphiques et des étiquettes regorgeant de données dans tous les coins, ça peut vite donner le tournis si l'on n'y prend garde. Il va me falloir dans un premier temps découvrir l'outil, me familiariser avec et opter pour l'un des formats de présentation qui me convienne. Il y a donc inévitablement une phase délicate qui se profile maintenant pour moi... ça qui ne m'enchante guère car cela vient bousculer mes petites habitudes. Mais bon, à terme je suis certain que ce sera un vecteur de progrès. Alors c'est parti : Holdem Manager 3 me voilà !

lundi 24 août 2020

Passion & pulsions

Le poker a mauvaise réputation depuis belle lurette. Et quand ce n'est pas le poker, c'est le black jack. Il faut dire que depuis près d'un siècle, les films de westerns ne sont pas avares de scènes de bagarres et autres duels résolus à coups de revolvers dans des saloons enfumés ou des tripots souterrains. Certains films plus récents perpétuent cette voie du soufre et du sang, les mafieux ayant remplacé les cow-boys. Le jeu est un terreau fertile pour faire éclore les passions les plus dévorantes et les pulsions les plus subites, nonobstant l'atmosphère si particulière qui va avec, et force est de reconnaitre que les jeux de cartes constituent un cadre propice au développement d'histoires qui sortent de l'ordinaire, même en ce 21e siècle que l'on pourrait croire aseptisé en comparaison avec d'autres époques plus folkloriques.

Tant que l'être humain aura du temps à consacrer aux jeux de cartes en général et au poker en particulier, il y aura toujours un quota de triche, de haine, de flambe, d'adrénaline. Quel que soit le lieu ou l'époque, les émotions qui affleurent restent les mêmes autour d'une partie de cartes dès lors qu'il y ait un enjeu financier. Et avec ce satané jeu, elles ne sont pas toutes parmi les plus nobles, les émotions en question, on l'aura compris.

A titre personnel, je suis d'un naturel poli et courtois, et maitrise vraiment bien mes nerfs. J'ai certes le lointain souvenir d'avoir eu quelques accès de colère dans ma tendre enfance à la suite de différends ludiques et/ou sportifs. Mais depuis lors, j'ai appris à canaliser mes émotions. En tant que joueur de poker, tout juste m'est-il arrivé à une poignée de reprises de frapper du poing sur la table derrière mon écran d'ordinateur à la suite d'un bad beat improbable... En sept ans de poker, c'est vraiment famélique, comme débordement.

Lorsqu'ils jouent en ligne, certains sont capables de balancer des souris, voire des écrans d'ordinateur, le tout accompagné le plus souvent d'un torrent d'insultes. Derrière leur écran d'ordinateur, les plus colériques des joueurs de poker vont parfois jusqu'à se casser un orteil ou une phalange sous l'effet de leurs pire pulsions autodestructrices en cognant dans un mur. En live, le problème de ce type de comportement, c'est que la plus petite étincelle de haine ou de rancoeur, la moindre insulte, la moindre manifestation d'ironie, peut vite irriter un adversaire aux pensées rendues hostiles par le contexte ou l'enjeu : pas besoin de triche ou de malchance pour que la pression monte et que la cocotte-minute explose à un moment donné, pour déboucher sur de la violence physique.

Le Club Barrière avenue des Champs-Elysées
Ce vendredi 21 août 2020 tard dans la nuit, un homme est mort dans un club de jeux de la capitale, au Club Barrière situé en plein milieu des Champs-Elysées, victime d'une brutale et subite agression dans les toilettes de l'établissement après que les deux joueurs se soient invectivés à diverses reprises autour d'une table de jeu (en l'occurrence il semblerait que ce soit autour d'une table de punto banco plutôt que de poker, mais la problématique demeure la même). Comment est-il possible d'en être arrivé là ? Deux hommes qui ne se connaissaient pas en début de soirée se retrouvent accoudés à une même table de jeu, désireux de vivre des sensations fortes en s'amusant aux tables un vendredi soir comme un autre. A partir de là, ces deux hommes s'embrouillent pour un détail (un geste, un regard, ou plus probablement une remarque humiliante...) Rien qui justifie un déferlement de haine, y compris en ajoutant de l'alcool à ce cocktail du soir. Et pourtant, un homme de 50 ans meurt, victime d'un coup de poing porté sur la carotide, victime des pulsions destructrices et haineuses du second. Pour ajouter une couche supplémentaire à l'horreur, l'agresseur de 30 ans aurait également proféré des propos racistes à l'égard de la victime au moment des faits. Ce n'était certes pas un enfant de choeur... mais de là à faire d'un délinquant un meurtrier sur un coup de sang, il y a une grosse différence. Une vie de perdue ; celle de l'homme décédé. Une vie de gâchée ; celle de son agresseur qui va croupir en prison de nombreuses années. Et tout ceci à cause d'une frustration qu'il aura été incapable de canaliser le temps d'une banale partie de cartes...

Si l'on n'y prend pas garde, la passion du jeu est propice aux débordements en tous genres, et peut vite s'avérer destructrice. Pour soi. Pour autrui. Pour son propre entourage. Alors n'oublions jamais qu'un jeu de cartes ne doit jamais donner lieu à de pareilles explosions de violence suite à des pulsions mal contrôlées relevant de la pathologie. De tels excès sont certes sporadiques, mais demeurent susceptibles de survenir à n'importe quel moment, y compris dans l'atmosphère feutrée d'un cercle de jeux situé avenue des Champs-Elysées ! Je n'y ai jamais mis les pieds. Mais le jour où ce sera le cas, j'aurai une pensée émue pour toutes ces souffrances inutiles occasionnées par le démon du jeu.

« Jouer comporte des risques : endettement, isolement, dépendance. Pour être aidé, appelez le 09-74-75-13-13 (appel non surtaxé) »




samedi 8 août 2020

L'été en pente douce

C'est l'été, et la période juillet-aout est traditionnellement synonyme de diminution conséquente de mon volume de jeu, voire de coupure pendant quelques semaines. Cette année 2020 ne déroge évidemment pas à la règle. Pas ou peu de poker (si l'on excepte quelques parties amicales disputées dans la sphère familiale avec des vrais jetons). Et c'est très bien comme ça.

Bien sûr, dans un monde hyper-connecté, la tentation du nomadisme est de plus en plus présente ; tablette, smartphone, ordinateur portable, wi-fi, 4G et tout le tralala nous conduisent à désormais tout avoir à portée de clic. Mais je tiens à ne pas tomber dans le même piège que tous ces cadres d'entreprise qui continuent de répondre frénétiquement aux mails même pendant leur congés. On le sait, le poker constitue une activité usante mentalement sur le long terme. Alors inutile de gaspiller son temps à jouer derrière son écran d'ordinateur ou sa tablette tandis qu'il fait si beau dehors et que le soleil me nargue. Ma reprise sera progressive. Voire poussive. Il y a un temps pour chaque chose.

mercredi 24 juin 2020

La part de la Pachamama

J'éprouve pour la culture andine un profond respect depuis mon adolescence. La cordillère des Andes et tout ce qui gravite autour me fascine véritablement, et j'avais déjà pu m'y promener une première fois il y a quelques années de cela. Le souvenir en avait été mémorable. A la faveur d'un calendrier propice, j'ai pu m'offrir en début d'année une brève escapade en Amérique du Sud, ce qui m'a permis de me rappeler si besoin était à quel point ceux qui habitent dans ces montagnes majestueuses vivent baignés dans une atmosphère radicalement différente de celle du modèle occidental. Certes, ils ont embrassé la culture chrétienne, mais ils n'en demeure pas moins que leur vraie foi, celle qui sort du fond de leurs entrailles est ailleurs. Les peuples andins entretiennent en effet un rapport à la terre bien particulier, tout emprunt de spiritualité. Leur terre-mère, véritable divinité sur les hauts plateaux est appelée la Pachamama. Ce petit voyage fut pour moi comme un piqûre de rappel... je tâcherai d'en éprouver les bénéfices dans ma vie d'homme libre, y compris jusque sur mes tables de poker.

Héritage de la culture inca, la Pachamama demeure considérée aujourd'hui encore par bon nombre de boliviens, péruviens, chiliens et argentins comme la bienfaitrice des hommes, leur permettant de vivre grâce à tout ce qu'elle leur rapporte : l'eau des rivières, la nourriture abondante de la terre ainsi que les animaux. Ceci explique pourquoi les hommes doivent prendre soin de la Pachamama, en la respectant profondément et en consentant quelques rituels et sacrifices afin de pouvoir continuer à bénéficier durablement de ses faveurs. En somme, les peuples andins sont des écologistes de la première heure, avec un zeste de superstition en plus. Ces rituels andins, s'ils ont pas mal varié avec le temps et selon les peuplades locales, n'en gardent pas moins un tronc commun selon lequel tout n'est qu'un vaste cycle et que de temps à autre les peuplades humaines doivent consentir à quelques sacrifices à la Pachamama, en guise d'acceptation ou de respect, afin de s'attirer ses faveurs sur le plus long terme (une bonne récolte, une protection spéciale, des pluies abondantes pour contrer une sécheresse, un bonheur familial, etc, etc.). Toutefois, si la Pachamama exige son dû, elle n'en demeure pas moins généreuse.

Allez hop ! Au trou, toutes ces bonnes choses...
Sans avoir assisté personnellement aux grandes cérémonies (notamment à la grande fête annuelle qui se tient début août), j'ai pourtant vu de mes yeux vus certains de ses sacrifices infinitésimaux consentis au quotidien par ceux qui vénèrent la Pachamama, tel ce chilien faisant couler par terre la première rasade d'une bouteille de vin à peine débouchée, ou bien encore ces boliviens jetant des feuilles de coca dans un trou afin de s'en attirer les bonnes grâces de leur terre-nourricière. Leur credo est assez simple : respecte la terre maintenant et elle te le rendra au centuple demain. Consens stoïquement à quelques menus sacrifices aujourd'hui et tu en seras largement récompensé prochainement.

Eh bien, plus j'y réfléchis et plus je me dis que la spiritualité andine focalisée sur la Pachamama s'avère parfaitement adaptée à la mentalité d'un joueur gagnant au poker. Car il faut selon moi savoir chérir ses bad beats aujourd'hui pour mieux embrasser ses victoires de demain. Je ne compte plus les histoires entendues ici ou là de coups incroyables perdus par les uns et les autres (que ce soit sur les forums de discussion, les chats en ligne ou bien encore dans les couloirs de casinos...). C'est souvent la même rengaine de joueurs contrariés, frustrés, agacés ou même carrément en colère contre les coups de malchance qu'ils subissent invariablement. L'insulte envers autrui n'est jamais loin. Une mentalité matérialiste au possible, emprunte d'égoïsme et dénuée de toute objectivité. Comme s'il était réaliste de ne jamais avoir son quota de malchance ! La froideur implacable des mathématiques devrait pourtant ramener rapidement tous ces gens à la raison : dans les faits, il n'en est pourtant rien... Le bal des pleureuses à la vérité jamais ne cesse. Il s'agit là d'un mal occidental, j'en ai bien peur. Toutes ces jérémiades incessantes sont difficilement supportables à écouter dès lors qu'elles ne soient pas racontées avec un zeste de détachement.  Sans oublier qu'un tel comportement de grognard ou de geignard dégrade inévitablement la qualité de jeu de celui qui l'adopte !

Soyons réalistes : un véritable joueur de poker gagnant - disposant d'une supériorité technique sur ses adversaires - est invariablement condamné à devoir supporter à longueur de temps sa part de poisse.   Il ne sert à rien de pester, bien au contraire. C'est en quelque sorte une offrande à laquelle on se doit de consentir pour continuer à avancer. Un sacrifice à surmonter avec le plus de dignité possible. Le petit monde du poker constitue en quelque sorte une Pachamama à part entière pour le Joueur avec un J majuscule, puisqu'il s'agit bel et bien d'un microcosme dont certains parviennent à tirer parti non sans peine (à la condition expresse de savoir courber l'échine et de s'adonner à un dur labeur). C'est ce qui explique en partie à mes yeux l'importance des rituels de préparation avant et pendant les sessions de poker. Que ce soit dans le choix de ses tables, dans le temps utile consacré aux pauses, dans toutes ces petites choses qui favorisent la quiétude dans le processus décisionnel à table. En choisissant de faire usage de rituels et en adoptant des habitudes de jeu, on en vient parfois à frôler la superstition, mais à la vérité du rituel maitrisé naît l'acceptation de la (dure) réalité et la sérénité face aux situations rencontrées, ce qui permettra d'oublier au plus vite les coups du sort et de prendre in fine les meilleures décisions possibles.

C'est une évidence, je suis tout sauf matérialiste et je respecte moi aussi profondément la Pachamama dans ma vie de tous les jours, bien que ce soit d'une façon qui m'est toute particulière. S'agissant plus spécifiquement du poker, j'ai intégré depuis bien longtemps que mon bad beat d'aujourd'hui préfigure ma victoire de demain. Mes rituels et sacrifices sont désormais bien définis et parfaitement en place, bien intégrés à ma philosophie de jeu. Ô Pachamama, je consens à t'offrir ton dû ! Accepte-le et fais-en ce qu'il te plait. Repais les adversaires que tu jugeras digne. Mais surtout n'oublie pas que je suis ton serviteur dévoué. N'oublie pas non plus de faire prospérer ma récolte pour la saison à venir. Merci à toi. J'aurais probablement dû naître bolivien ou péruvien.
 



lundi 1 juin 2020

Moins de bip bip, plus de musique !

A la faveur d'un regain d'intérêt pour les streams poker ces dernières semaines, je me suis soudainement rendu compte en regardant un streameur jouer un soir tard de l'aspect pénible - voire nuisible - provoqué par certains bruitages caractéristiques sur les plateformes de poker en ligne (notamment lorsque c'est à notre tour de jouer, mais pas seulement). A cette occasion, j'ai eu comme un flash : je me suis demandé à quel point ces bruitages, tous différents selon la plateforme où l'on joue ne constituent pas un élément davantage nuisible que profitable. J'avais déjà cette impression empirique depuis un certain temps dans un coin de ma tête. Et si c'était vrai, après tout ? Et si ces bruitages polluaient la concentration ?

Certes, il est parfois particulièrement utile de savoir que le temps presse et que notre main va être automatiquement couchée si on ne réagit pas immédiatement. A ce titre, le petit "bip bip" de rappel avec lequel tous les joueurs assidus des sessions poker jouées sont familiarisés n'est pas superflu. Toutefois, un joueur réellement investi, vigilant et assidu à sa table doit pouvoir se passer de tous ces bruitages. Partant de l'hypothèse que ma concentration n'est pas optimale aux tables lorsque je laisse ces divers bruitages s'exprimer, j'ai donc provisoirement pris la décision de supprimer l'ensemble des éléments sonores à mes tables, et d'accroitre en retour la part de musique dans mes sessions. J'avais déjà eu l'occasion de m'exprimer par le passé sur les vertus supposées de la musique en vue d'atteindre un degré de concentration élevé, mais jusqu'ici, ladite concentration était toujours quelque peu parasitée par les bruitages de mes tables de poker. Pour le moment, je trouve que le fait de rendre ses lettres de noblesse à la mélodie plutôt qu'au bruit s'avère agréable... même si ce n'est qu'une impression empirique et que par ailleurs le risque de coucher accidentellement des mains sans la piqûre musicale de rappel s'en retrouve décuplé. Mais je verrai bien sur le moyen-long terme si cet ajustement sonore récent au profil de la musique contribuera ou pas à l'accroissement de mes performances.

En attendant d'avoir assez de recul pour trancher, et pour paraphraser quelque peu Karen Cheryl dans son tube de légende "Oh ! chéri chéri..." qui juste avant de fredonner le refrain de la chanson termine son couplet par la célèbre phrase "Moins de paroles, plus de musique", je vais désormais m'atteler à entamer mes sessions en chantonnant pour ma part "Moins de bip bip, plus de musique". Et puis, comme chacun sait, juin constitue le mois de la fête de la musique, que diable ! alors tant pis si je chante faux. Et tant pis si le Coronavirus vient gâcher la fête de la musique en cette année 2020 si particulière. Décision est prise de monter un peu le son à mes tables de poker... et le tour sera joué lorsque ce sera à mon tour de jouer ! CQFD.

mercredi 20 mai 2020

Valoriser les pauses (2/2) : les coupures prolongées

Il marche sur des bambous et ça lui va bien...
Comme je l'avais indiqué en début d'année, 2020 a démarré pour moi pianissimo. Je joue peu, ces temps derniers. Ayant pris quelques semaines de vacances à l'autre bout du monde début février, à aucun moment il n'est m'est venu à l'esprit de jouer au poker sur mon smartphone. Quand on est loin, vraiment loin, immergé dans une autre civilisation, il y a une infinité de choses intéressantes à faire, au delà de l'imaginable, et investir une partie de son temps libre pour se consacrer au poker résulte inévitablement d'un arbitrage à faire. La coupure était telle que je n'ai même pas fait l'effort de lancer les applications poker sur smartphone afin de vérifier si le poker était légalement accessible dans les quelques pays que j'ai traversés. La coupure fut donc totale. Mais je ne l'ai pas subie : il s'agit d'une étape passive de mon parcours poker, l'occasion idéale de me régénérer. Il faut dire que, contrairement à l'écrasante majorité des disciplines dites de compétition (sportives ou extra-sportives), une coupure prolongée au poker n'engendre pas  automatiquement une baisse de niveau. L'inverse a même des fortes chances de survenir !

Le poker est affaire de technique. Le poker est affaire de chance. Mais le poker est également affaire de mental. Or, ce mental est quotidiennement mis à mal par les bad beats que l'on doit encaisser à longueur de temps et par la variance qui va avec la pratique de cette discipline. Ainsi, je suis convaincu que pour jouer de façon efficace, il convient de toujours conserver un zeste de fraîcheur. Dans cette optique, je considère qu'une coupure prolongée de quelques semaines ne saurait me faire de mal, bien au contraire. Le confinement dans lequel a été plongé le pays en mars-avril a engendré un boom de la fréquentation des tables de poker en ligne tandis que de mon côté mon activité poker demeurait quasi-nulle... En prolongeant ma coupure au delà de mes vacances de février, on peut donc considérer que j'ai probablement loupé quelques belles opportunité de briller contre la cohorte de débutants arrivés aux tables. Tout du moins sur le court terme. Mais in fine, je ressens désormais les effets positifs de ma longue phase de coupure et nul doute qu'à plus long terme cet intermède me sera bénéfique. Car en ayant pris un zeste de recul, je trouve que j'ai retrouvé au passage de la fraîcheur et de la joie aux tables : j'ai l'impression de jouer un peu mieux qu'avant. Et qu'importent les bulles subies, les contrariétés des coups cruciaux perdus et les sorties de piste injustes. Ma trêve hivernale prolongée a eu pour vertu de venir opportunément renforcer une qualité quelque peu atrophiée par l'usure du temps : la patience. Et cette même patience constitue le pilier indispensable sur lequel bâtir sa solidité mentale au poker.

J'ai coutume de penser qu'il y a un temps pour chaque chose. Je sentais confusément ces temps derniers que le moment était venu pour moi de me consacrer à autre chose qu'au poker, en attendant que la fatigue liée à l'usure mentale soit évacuée, tout en douceur. C'est désormais le cas. Je me sens bien... et cet état d'esprit me parait durable. Voyons ce qu'il adviendra. Je pense que je suis prêt à revivre de passionnantes aventures cartes en main. D'abord en ligne. Et puis un jour prochain en live, lorsque je me requalifierai pour des événements une fois le monde revenu à la normale. Je suis serein. Et c'est une excellente nouvelle.

vendredi 15 mai 2020

Valoriser les pauses (1/2) : les intermèdes

Une pause. Ce moment de vide pendant lequel on ne joue pas. A une table de cash game, il est possible de s'absenter dès qu'on le souhaite, il suffit de terminer le coup en cours et de quitter la table (provisoirement ou définitivement). En tournoi, l'affaire est autrement plus compliquée : lorsque l'on joue en ligne, il faut attendre la fin de l'heure en cours pour que le tournoi soit interrompu cinq minutes durant et pouvoir ainsi délaisser son siège sans se faire grignoter ses blindes; en live, le principe est bien évidemment le même, à ceci près que les pauses ne surviennent qu'après deux, trois heures de jeu minimum.

Je suis convaincu depuis pas mal de temps que les pauses ont un impact largement sous-estimé sur le degré de performance des joueurs en tournoi. Car un tournoi, c'est long. Ces derniers temps, j'ai décidé de modifier quelque peu mes habitudes lors de ces pauses en apparence si anodines. Pour remplir ce moment à bon escient, il n'y a pas que la classique escapade WC, qu'un surf express sur le web, ou qu'un petit détour par la cuisine (boire/manger). J'ai déjà ici loué les vertus insoupçonnées de la douche en mode express : ça peut paraître cocasse, mais c'est top. Il existe deux autres armes efficaces pour recharger les batteries : prendre une pause dite mentale à base de repos, et une pause physique qui peut sembler a priori contre nature, mais qui est désormais celle à laquelle je m'adonne de plus en plus .

Une session à base de tournois, ça dure parfois longtemps (ce qui est bon signe). Mais ça épuise mentalement. Lorsque la nuit est avancée et que l'on est dans le money time lorsque survient la pause, pour faire retomber la pression, je décide parfois de m'allonger quelques instants et de fermer les yeux. Le seul écueil dans lequel il faut éviter de tomber, c'est de s'assoupir - réellement - au cours de l'intermède. Mais on part du principe que cela n'arrivera pas. Cinq minutes, ça a l'air peu. Mais ça peut largement suffire pour se requinquer l'esprit : pour l'avoir testé avec succès à de nombreuses minutes, je sais chérir ces cinq minutes de pause les yeux fermés. Ce bref moment d'évasion et de relâchement s'avère même encore plus profitable lorsque je suis en table finale. Et le nec plus ultra consiste à le faire lorsqu'il n'y a plus qu'un seul adversaire à vaincre. Dans un cas comme dans l'autre, les paliers sont alors importants, et pouvoir colmater les fissures mentales qui se sont installées lors des minutes écoulées tout en faisant abstraction des enjeux financiers (et de la pression qui va avec) peut s'avérer crucial afin de revenir aux tables rasséréné.

Mais l'inverse est également possible tout en restant bénéfique : privilégier une pause à connotation sportive possède là-encore des vertus insoupçonnées. Rien de tel que cinq minutes de brefs efforts sportifs pour régénérer l'esprit et entretenir le corps par la même occasion. En cette période de confinement, tout exercice physique est bon à prendre afin de compenser la baisse du niveau d'activité physique, et bien que jouant assez peu en cette année 2020 par rapport aux années précédentes, je me suis laissé convaincre par les bienfaits des pauses sportives. Quelques pompes, abdominaux, exercices à base de sautillements, ou toute autre activité mobilisant le corps (taper dans un ballon, jouet du bilboquet, etc.) procurent aussitôt une sensation de relâchement, de gaieté et de bien-être à même d'évacuer le stress et la pression le plus naturellement du monde. Et dieu sait que du stress qui s'emmagasine pendant une session de tournois de poker, il peut y en avoir beaucoup, surtout si un même joueur nous a martyrisé ou si l'on a subi des bad beats au cours de l'heure écoulée. Sans compter que cela décrispe les muscles au passage. Je suis définitivement persuadé qu'un tel intermède sportif n'a au final que des vertus. Bref, un chouillat de sport à la pause, c'est magique pour revenir aux tables avec un esprit sain dans un corps sain !

Une petite pause poker, ce n'est donc pas un simple moment vide de quelques minutes sans valeur ajoutée. Pour le joueur affûté, c'est bien plus que cela : une occasion en or de reposer l'esprit et/ou de sublimer le corps. Dans un cas comme dans l'autre, ce ne sera jamais superflu d'occuper de la sorte sa pause : s'en priver systématiquement, c'est rater une opportunité de prendre un petit avantage sur ses adversaires. C'est aussi en maîtrisant d'infimes détails que l'on parvient à tutoyer les meilleurs. Alors valorisons donc nos pauses en rechargeant nos batteries mentales : les pompes en pantoufles et un zeste de méditation-évasion, c'est gratuit et ça peut rapporter gros.

lundi 27 avril 2020

Hygiène et santé (3/3) : Las Vegas est un désert !

Las Vegas. La capitale mondiale du poker. La ville de tous les fantasmes. L'évocation de ce seul nom suffit le plus souvent à faire miroiter les yeux de tout joueur qui se respecte. Que ce soit un joueur de cartes, de roulette ou de dés. Oui mais voilà, Las Vegas est un colosse aux pieds d'argile, une ville majestueuse érigée dans un environnement hostile dont la seule vocation est de distraire le plus grand nombre en leur faisant oublier le temps qui passe et leur argent qui s'évapore dans un climat d'extrême sécheresse. Or, en ces temps de Coronavirus, se distraire constitue le cadet des soucis des américains, dont le pays est désormais le plus touché par l'épidémie... et les casinos de la ville vidés de leurs touristes pour raison de confinement ont dû licencier à tout va. Idem pour les hôtels. Idem pour à peu près toute l'économie de la ville-mirage : des centaines de milliers de travailleurs au chômage pour une durée indéterminée.

Las Vegas Bd déserté en plein jour.
Las Vegas. Un désert. En passe de devenir une ville-fantôme en ce printemps 2020. Car les fantasmes d'hier ont désormais bel et bien pris des allures de cauchemars. Tout ça à cause d'un petit grain de sable nommé Coronavirus, venu gripper la mécanique bien huilée de cette oasis ludique, de cette perle de luxure. Alors Las Vegas n'est plus désormais qu'une forêt de béton sans âme, plantée sur un plateau désertique et assoiffé. Des rues désertes dans une ville désertée, tel est le paysage offert par la ville en ce printemps 2020. Avec le confinement imposé et le climat de peur généralisé, c'est toute l'économie locale qui s'est écroulée d'un simple claquement de doigts. Tandis que le gouverneur semble décidé à maintenir un confinement strict le temps qu'il faudra pour juguler l'épidémie de Coronavirus, le maire de la ville trépigne déjà pour que la ville rouvre. Car il sait que la ville joue gros et que chaque seconde perdue constitue un désastre économique dont il sera difficile de se relever. A Vegas encore plus qu'ailleurs la ville dépérit en restant à l'arrêt, privée de ses touristes. Et les néons de la nuit brillent bien, bien moins le soir !

Pour les passionnés de poker, c'est bien évidemment aussi la douche froide : les WSOP - les fameux World Series of Poker - qui devaient se tenir comme tous les ans entre mai et juillet ont été reportés à l'automne. Et même à l'automne il est loin d'être acquis que l'édition 2020 du festival puisse de tenir. La mécanique de qualifications en ligne pour ces WSOP qui démarre habituellement vers mars a été mise en sommeil... Les plateformes en ligne regorgent bien de clients en ces temps de confinement généralisé, mais ne proposent pour le moment pas de satellites qualificatifs pour l'événement, en attente d'y voir un peu plus clair sur les dates. Mais qu'il s'agisse d'un simple report ou d'une annulation à terme, tout ceci ne sera au final qu'un moindre mal à l'échelle de la ville. Car le problème du poker ne constitue qu'une simple goutte d'eau dans la traversée du désert que Las Vegas vient d'entamer.

A ce stade, tous les casinos-hôtels jouent leur survie. Car il y aura des dégâts incommensurables sur le plan économique, bien au-delà des dégâts sanitaires. Les établissements ayant les reins solides parviendront probablement à échapper à l'hécatombe qui s'annonce et qui promet une flopée de faillites commerciales comme la ville n'en a probablement jamais connues jusqu'ici. Mais je suis particulièrement pessimiste, à titre personnel. On entend déjà certes de-ci de-là des rumeurs de réouvertures prochaines de casinos avec masques obligatoires pour tous et espacement des distances entre clients aux tables et autres machines à sous, mais à la vérité tout ceci me parait bien illusoire. Une réouverture dans de telles conditions ne fera bien évidemment pas rêver grand-monde ! Or, Las Vegas ne vibre, ne vit, ne survit que par le rêve et l'émerveillement qu'elle suscite. Dès lors que l'on bascule dans le cauchemar comme c'est le cas actuellement, c'est le réveil brutal qui sera probablement privilégié par le plus grand nombre. L'aéronautique est à l'arrêt pour de nombreux mois et quand bien même le trafic aérien serait rétabli à 100%, les gens ont peur; une peur qui risque de perdurer. Il y a fort à parier que les touristes et badauds ne reviendront pas à Vegas de sitôt (l'hypothèse d'un vaccin-miracle mis sur pied en un temps record n'étant pas la plus probable). Alors la ville est promise à des heures sombres : aujourd'hui ville déserte. Et demain très probablement aussi.

vendredi 17 avril 2020

Hygiène et santé - (2/3) : l'économie du poker bouleversée !

L'arrivée du Coronavirus a chamboulé depuis quelques semaines toute l'économie de la planète poker. Comme partout ailleurs. Concrètement, le confinement qui a été décrété un peu partout sur la planète engendre deux effets principaux très distincts, selon un système de vases communicants : la mise en coma artificiel du poker live, d'une part, et l'irrésistible fièvre dont profite le poker en ligne, d'autre part.

Autour d'une table de poker live, le Coronavirus peut circuler dans des conditions quasiment idéales. Alors que les premières turbulences se faisaient sentir et peu avant que les établissements ne se mettent à annuler tous les événements et festivals poker, certains joueurs célèbres - tel le champion canadien Daniel Negreanu - avaient même tiré la sonnette d'alarme en amont (dès la première quinzaine de mars aux USA) pour que le jeu en live s'arrête immédiatement, tellement les risques de contamination et de propagation apparaissaient comme élevés. On se contentera ici d'évoquer succinctement les vecteurs de contamination les plus évidents, avant de se pencher un peu plus en détail sur l'aspect purement économique.

Les vecteurs de contamination en live sont donc multiples, les joueurs et membres du staff des établissements accueillant des joueurs de poker étant amenés à demeurer statiques plusieurs heures consécutives dans un même espace clos avec des distances de séparation minuscules : 
- la contamination peut survenir via l'incessante circulation des jetons (comme évoqué dans l'article précédent)
- la contamination peut également survenir via la distribution des cartes par le croupier, puisque les joueurs reçoivent deux nouvelles cartes à chaque main, sachant qu'elles ont été manipulées par d'autres joueurs dans les minutes qui précèdent
- un tapis de jeu constitue un parfait nid à microbes, ce n'est un secret pour personne que les miasmes y pullulent ; qu'il soit plastifié, en tissu ou en velours, il y aurait de quoi se hérisser le poil si on se mettait à le scruter au microscope
- la contamination peut également se faire du fait de la promiscuité qui règne aux tables, sachant que le plus souvent une table de poker live accueille entre 7 et 11 personnes et qu'il faut souvent faire attention pour ne pas heurter le coude ou la jambe du voisin
- de façon plus insidieuse mais tout aussi redoutable, la contamination se fera aussi potentiellement via la climatisation, sachant que l'immense majorité des casinos fonctionne en vase clos et que la circulation de l'air dans les espaces de jeu passe par la climatisation plutôt que par l'air naturel en provenance des fenêtres

Le masque de la peur
D'un point de vue économique, les cercles de jeux et les casinos sont donc fermés depuis un mois un peu partout sur la planète, au même titre que les établissements de divertissement apparentés accueillant du public tels que musées, théâtres, salles de spectacle et salles de cinéma. Il y a fort à parier que ces secteurs seront parmi les derniers à bénéficier de la reprise économique une fois le retour à la normale acté par les pouvoirs publics. Car ce n'est pas qu'une question de dates officielles de réouvertures... il faudra aussi encaisser les effets dévastateurs générés par la peur. Le traumatisme est important dans la tête des gens et la méfiance du public perdurera dans de tels lieux tant qu'il n'y aura pas eu éradication totale de la maladie. Certains ne mettront plus les pieds dans ce type d'établissements pendant longtemps. Voire très longtemps. Même avec un masque sur le visage. L'équation est simple. Pas de vaccin, pas de confiance. Pas de confiance, pas de business.

Si j'étais croupier ou employé d'un cercle de jeux, je serais inquiet non seulement à court terme, mais aussi et surtout à moyen terme. D'ailleurs, à propos de croupiers, on signalera que sur le plan micro-écronomique diverses cagnottes de solidarité en ligne de type Leetchi ont même été mises en place dans les jours qui ont suivi la fermeture des établissements et l'instauration du confinement... un élan solidaire insolite et dérisoire de la part des joueurs professionnels et autres réguliers du circuit, du même acabit qu'un garçon sur la plage qui tente de consolider son château de sable dont les fondations sont happés par l'arrivée de la marée qui monte.

Qu'il s'agisse de joueurs réguliers privés de leurs tables de jeux favorites au casino ou dans leur cercle de jeu habituel, de joueurs amateurs devant annuler leurs séance hebdomadaire en club, ou bien de groupes d'amis ne pouvant plus héberger leurs parties habituelles au domicile de l'un deux, il y a des dizaines de milliers - voire des centaines de milliers - de joueurs privés de leur hobby. Faute de caviar, ces gens se sont massivement rabattus sur les oeufs de lompe : le trafic du poker en ligne a tout simplement explosé en l'espace d'un peu plus d'un mois. D'autant qu'il faut encore y ajouter d'autres catégories de joueurs occasionnels, qui ont eux aussi récemment pointé le bout de leur nez sur les tables de poker en ligne : les habituels parieurs sportifs et les oisifs. Les plateformes de poker sur internet étant aussi des plateformes de paris sportifs, l'arrêt brutal des compétitions sportives sur lesquelles parier a certainement conduit quantité de parieurs à devoir reporter leur besoin d'adrénaline vers le poker, à l'image d'un junkie au crack contraint de se rabattre sur la cocaïne suite au brusque démantelement de sa filière habituelle par la police. Pour parachever le tableau, on ajoutera enfin les oisifs confinés, ceux qui ne sont pas habitués à être inactifs et qui cherchent à passer le temps en se divertissant au moins un peu. En additionnant tout ce beau monde, on a tôt fait de comprendre que l'afflux de joueurs aux tables de poker online est actuellement massif et généralisé. C'est bien simple, depuis mes débuts en 2013, je n'ai pas souvenir d'avoir vu autant d'affluence sur les plateformes hexagonales de poker en ligne. Pour autant, et c'est là le paradoxe, les opérateurs de poker en ligne ne se frottent pas totalement les mains : la perte au niveau des paris sportifs est pour eux abyssale et le sursaut lié au poker ne compensera qu'en partie le manque à gagner sur les paris.

On le voit, le monde du poker se retrouve donc complètement chamboulé à cause d'un simple microbe. Comme partout ailleurs. Mais à ceci près qu'il semble acquis que pour le poker ça risque d'être un chamboulement impactant y compris à moyen terme, avec une reprise plus tardive et plus timide du poker en live, tandis que le poker en ligne bénéficie provisoirement d'un coup de fouet inespéré. On est décidément pas au bout de nos peines.






mardi 31 mars 2020

Hygiène et santé - (1/3) : j'ai les jetons

L'actualité du moment, c'est le Coronavirus. Cela n'aura échappé à personne que le sujet de la santé est devenu la préoccupation mondiale n°1 pour un temps indéfini. C'est donc l'occasion pour moi d'initier une nouvelle série de petits articles liées à la santé et à l'hygiène dans le petit monde du poker, avec comme fil conducteur mes premières expériences en live et mes yeux naïfs de l'époque. Je suis convaincu que l'exercice immodéré du poker est nuisible à la santé : j'ai déjà touché quelques mots sur les effets négatifs induits par l'adrénaline et le sommeil, aussi je vais ici complètement changer de registre en me focalisant essentiellement sur l'hygiène.

Lorsque j'ai effectué mes tous premiers pas en live il y a sept ans, à l'occasion du PSG poker live ou bien encore du Wipt Winamax, j'avais été interloqué par un élément certes anodin mais pourtant omniprésent dans l'environnement du jeu de poker live, à savoir les jetons ! Je n'ai jamais eu trop l'occasion de m'étaler sur le sujet jusqu'ici, mais il est certain que ces petites rondelles de céramique avec lesquelles je n'étais pas familiarisé ont parasité une (infime) partie de mes pensées... Pour deux raisons principales : la sonore et l'hygiénique.

Le bruit, tout d'abord. Devoir subir les chip tricks simultanés de dizaines et de dizaines - voire de centaines - de joueurs confinés dans une même salle remuant inlassablement leurs jetons, véritables tambourins miniatures de fortune s'entrechoquant encore et encore, génère une expérience auditive à part entière dès lors que l'on doive la supporter tout du long de la nuit (ou de la journée). Une véritable immersion ludique par les oreilles ! Capable d'émerveiller, d'hypnotiser ou d'effrayer le néophyte. On dit souvent que le poker de tournoi constitue un marathon au vu du nombre d'heures qu'il faut rester assis à table si l'on veut triompher de l'adversité. Avec les heures qui s'égrènent, avoir à composer avec un tel bruit de fond est constitutif d'une pollution visuelle et sonore influant - certes de manière infime - sur la capacité du joueur appliqué et concentré à prendre la bonne décision à sa table. Plus le cerveau à d'informations à traiter, plus il fatigue vite... car dans le fond, les jetons sont faits pour être comptés et non pour être entendus. Cette préoccupation auditive jouant à la marge sur la fatigue est toutefois anecdotique, surtout si on la compare aux ravages potentiels de celle lié à l'hygiène.

Car ce qui m'aura fait quelque peu grincer des dents s'agissant des jetons lors de mes premiers pas en live, c'est lorsque j'ai réalisé que certains joueurs ont une hygiène déplorable, qu'ils partagent indirectement avec croupiers et joueurs au travers de la circulation des jetons, en diffusant nos amis les microbes par pilasses avec une redoutable efficacité, à la faveur des coups perdus et/ou gagnés. Je me souviens m'en être fait la remarque à l'occasion de l'une de mes toutes premières pauses en tournoi : sous mes yeux ébahis, j'ai pu voir des joueurs se rendre aux WC et aller uriner sans passer par la case lavabo une fois leur miction achevée. Il faut dire que les pauses sont parfois de courte durée, et que la file d'attente pour aller aux toilettes hommes peut s'avérer longue et anxiogène, les écrans affichant le temps restant avant reprise effective du tournoi. Certains ne veulent pas louper la moindre miette d'action à table et sont prêts à sacrifier sur leur quote-part d'hygiène collective. Si l'on ajoute à cela ceux qui ont tendance à grignoter à table, à se tripoter le nez ou bien à se gratter le creux de l'oreille afin de s'assurer de la présence de leur quota de cérumen (à moins qu'ils ne souhaitent écouter le bruit des jetons dans des conditions optimales), on comprendra assez rapidement que l'on puisse avoir les jetons avec des rondelles qui circulent de main en main. Dans de rares cas, lorsque lesdits jetons sont fatigués d'avoir essuyé plusieurs campagnes de jeu successives, il est même possible d'avoir le privilège d'observer le phénomène sans le moindre microscope, une fine couche de crasse faisant son apparition sur la tranche des jetons ainsi bénis par la flore microbienne !

Las Vegas (co)vidée de ses touristes !
Malgré les quelques lignes que je viens de rédiger, je ne fais absolument pas une fixette sur les microbes. Force est toutefois de constater que le poker constitue une activité humaine extrêmement vulnérable aux gastro-entérites, aux grippes et autres épidémies. Si en temps normal, les joueurs de poker ne font pas trop attention à ce détail-là afin de ne pas compromettre leur plaisir aux tables, il y a fort à parier que ce soit désormais quelque chose d'obsessionnel chez beaucoup de monde. De quoi foutre les jetons aux professionnels du secteur !