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lundi 31 août 2015

Tentative d'évasion !

Je l'ai déjà évoqué ici à divers reprises, mais ce que je trouve vraiment excitant, avec la pratique du poker en ligne, chez moi le soir, c'est le fait de pouvoir virtuellement me retrouver n'importe où dans les jours qui suivent certains tournois en ligne disputés avec succès. 

Le problème avec ce type de joies, c'est que lorsque l'on commence à s'y habituer un tant soi peu et que l'on élève ses standards, on a vite fait d'être blasé si l'on n'y prend garde. Et pire encore : quand survient une période de disette, on a tôt fait de croire que la victoire est un dû. Il n'en est rien... Il faut toujours remettre le métier à l'ouvrage.

A l'amorce de cette nouvelle saison 2015-2016 et à la faveur d'importantes parts de marché conquises dans le domaine des paris sportifs, Winamax a décidé de muscler son jeu en ce qui concerne ses investissements marketing dans le football français : c'est ainsi que la marque au W se retrouve désormais sponsor principal de l'Olympique de Marseille, mais également (dans une moindre mesure) partenaire des girondins de Bordeaux, des aiglons Niçois ainsi que des canaris Nantais. Exit le partenariat avec l'AS Saint-Etienne des saisons précédentes. Un de perdu, quatre de retrouvés ! Et bien entendu, Winamax organise des tournois de poker avec des places à gagner pour les matches de ces différentes équipes. Seuls les trois premiers du tournoi avaient le privilège de gagner des places en loges, les autres joueurs présents en table finale du tournoi devant se contenter d'un lot de deux places en tribune sans autre prestation. Sachant que j'ai à ma disposition la carte IDTGV illimité me permettant de rallier gratuitement bordeaux en train, j'avais décidé il y a une petite semaine de cela de participer au tournoi en ligne offrant des places pour le match Bordeaux-Nantes avec en point de mire les places en loge. Et c'est ainsi qu'à la faveur d'une stratégie ultra-offensive pendant le tournoi en ligne, j'ai réussi à gagner lesdites places en loge et avoir  le privilège de pouvoir tester les petits fours du nouveau stade de Bordeaux !

A l'ouest du nouveau...

Le nouveau stade de Bordeaux - inauguré il y a quelques semaines à peine et qui n'a toujours pas de nom - est une très belle enceinte sportive. Pour la petite histoire, le spectacle proposé par les girondins de Bordeaux contre les canaris nantais était réellement de qualité. Le score final contre Nantes (2 buts à 0) illustre parfaitement le degré de maîtrise des locaux.

En loges, toutefois, malgré le côté flambant neuf des infrastructures et le fait que la loge soit assez spacieuse, je dois avouer que je suis un peu resté sur ma faim en ce qui concerne la qualité des petits fours ainsi que celle de la collation qui nous étaient proposés. Il n'y a guère que la charcuterie qui m'ait réellement emballé. Ah, les bonnes tranches de jambon fumé suintantes à souhait : un régal ! Certes, il s'agissait d'un match disputé à 17h00 et à ce titre, la nourriture proposée aux VIP n'était pas celle d'un cocktail dinatoire, mais je m'attendais vraiment à mieux.

En quittant le stade, non sans avoir englouti rapidement une ou deux bouchées de charcuterie pour la route, j'ai rencontré dans le tram bondé qui ramenait les supporters girondins vers le centre-ville trois demoiselles blondes qui rentraient ensemble : à la faveur de la promiscuité, j'ai pu sympathiser avec elles et discuter en toute convivialité tout le long du trajet ! Le plus incroyable, c'est qu'elles étaient belles toutes les trois. Si je n'habitais pas un tantinet loin de l'agglomération bordelaise, j'aurais allègrement poursuivi cette intéressante expérience humaine avec des demoiselles du cru.
J'aime les voyages low coast. Au final, j'aurai dépensé la modeste somme de 35 euros pour une escapade de 24 heures à l'autre bout de la France : 29 euros en hôtel Formule1 et 5 Euros en transports (le tram de Bordeaux est relativement agréable). Ce fut donc une tentative d'évasion à moindre coût. Gageons qu'il y en aura d'autres et que ma conquête des travées VIP des stades de Ligue 1 n'en est qu'à ses débuts.

vendredi 28 août 2015

De l'eau et du pain sec...

Nonobstant sa bravoure et sa maestria dans la science des armes, le chevalier Fredyl fraîchement adoubé par le baron PMU a été déconfit lors de la bataille de Las Vegas. Ce fut la débandade parmi les troupes avides de gloire du baron, pourtant présentes en nombre sur le champs de bataille, mais fauchées par dizaines par les perfides néo-saxons particulièrement à l'aise sur un terrain qui leur était familier. Meurtri dans sa chair, Fredyl est ainsi fait prisonnier par un seigneur local aussi cruel que cupide. Car ne pouvant s'acquitter de l'exorbitante rançon de la gloire, il est jeté sans ménagement aux oubliettes et commence à ruminer sa peine en croupissant au fond de sa cellule tandis que certains anciens compagnons d'armes à la constitution plus fragile périssent rapidement dans les cellules voisines. Le temps semble s'être arrêté. Eau et pain sec pour seul menu. Ad nauseam. Les heures deviennent des jours et les jours se transforment aussitôt en semaines...
Faire de vieux os, c'est possible SVP ?

Un chapitre important dans mon parcours de joueur vient de s'achever à la suite de mes mésaventures au tournoi du Monster Stack des World Series of Poker. A l'amorce du chapitre suivant de mon récit, je me sens comme confronté au syndrome de la page blanche propre aux écrivains un peu trop perfectionnistes. Car pour que mon histoire soit belle et que je puisse continuer à la raconter vaille que vaille, il me faut mon quota d'aventures et de victoires. Et pour cela, il va bien falloir trouver une échappatoire crédible !

Les lendemains de défaite sont toujours pénibles à vivre. De longues semaines sans jouer se sont écoulées depuis mes déboires au Monster Stack qui se disputaient à Las Vegas en juin. J'avais réellement besoin d'un long break afin de prendre un peu de recul et d'analyser les choses au mieux afin de redéfinir mes objectifs à l'amorce d'une nouvelle saison : ça tombe bien, l'été est propice aux activités de plein air ! Prisonnier dans mes rêves de poker mais libre dans ma vie d'homme. C'est déjà ça. Mais l'été touche désormais à sa fin, et je me sens tel une cigale ayant épuisé son répertoire de chansons.

L'heure est peut-être venue de redevenir fourmi. Mais le puis-je seulement ? J'ai modestement recommencé à jouer au poker en ligne dans le courant de ce mois d'août, surtout dans le but de retrouver mes sensations premières, faites de plaisir pur avant que d'être mâtinées d'un peu de talent et d'ambition. Mais pour la première fois depuis ma découverte de ce jeu, ma motivation est quelque peu amoindrie. Or, le poker étant une discipline où le mental est particulièrement important, le fait d'avoir une ambition vacillante est tout bonnement catastrophique.

Mon objectif initial consistant à aller disputer les championnats du monde de poker en partant de rien a été atteint et je sens que j'ai besoin de me réassigner un nouvel objectif. Que puis-je être en droit d'espérer à présent ? Vouloir y retourner prochainement dans l'optique de faire mieux ? Cette idée de retourner à Las Vegas - et de devoir ainsi y supporter sa faune si particulière, endurer la canicule ambiante et subir en silence les affres de la climatisation - ne m'enchante absolument pas pour le moment. Je me dois donc de me trouver une source de motivation autre que la Nouvelle-Saxe et ses championnats du monde. Car cette source-là s'est tarie du fait de la trop grande sécheresse du désert du Nevada.

Ce n'est pas parce que ma motivation est orpheline que j'envisage d'abandonner le poker pour autant : ce jeu me procure toujours une certaine forme de plaisir, avec son lot de joies, d'insouciance et d'espoirs, en m'offrant ainsi une douce décharge d'adrénaline sans risque ni effet secondaire aucun : eu égard à l'extrême modestie des sommes que je mets en jeu, mon seul risque, c'est de gagner... et ce risque-là, je veux bien continuer à accepter de le prendre ! Car je ne resterai pas éternellement à moisir enfermé dans un donjon avec comme seule ressource de l'eau croupie et du pain sec. J'ai beau avoir épuisé mon répertoire estival, il y aura des lendemains qui chantent, j'en reste certain. Depuis mon sombre cachot, je crois entendre une douce mélopée, que l'on fredonne au loin. En levant mes yeux alanguis et privés de lumière depuis trop longtemps, j'entraperçois dans la pénombre la silhouette familière de Dame Chance qui me guide vers la sortie...

dimanche 16 août 2015

Vegas 2015 : traversée du désert et ensablement

15.000 jetons au départ pour 1.500 USD
Il y avait environ 7 500 participants au Monster Stack des WSOP 2015 qui se disputait au Convention Center du Rio. J'étais l'un des 28 français arborant le logo vert du PMU. En guise de bonus, j'avais choisi de démarrer cette première journée avec un T-Shirt aux couleurs du PSG couplé avec mon habituel chapeau péruvien, quand bien même les deux n'aillent pas naturellement de pair. Afin de veiller sur mon pécule, j'avais emmené avec moi ma petite figurine de sphinx qui complète désormais ma panoplie lors de mes tournois live. Nous avons démarré le tournoi ce samedi 13 juin à 10h du matin précises avec un tapis de départ de 15.000 jetons. 

Une entame de tournoi pourtant prometteuse...
Après avoir sorti deux adversaires en adoptant en ce début de tournoi un jeu solide dépourvu de toute fantaisie inutile, mon tapis atteint son acmé de la journée vers les 16 heures : je trône alors sur un matelas de 45.000 jetons alors que la moyenne n'est même pas encore à 25.000 jetons. Ma petite figurine en forme de sphinx irrité trône littéralement sur mes gros jetons tel un gardien de tombeau royal. Cette figurine fait d'ailleurs merveille en ne manquant pas de susciter curiosité, intérêt... et crainte de la part de mes adversaires américains. D'ailleurs, l'un des joueurs assis à la table hésite un moment à vouloir me l'acheter, persuadé que la figurine me porte chance, avant de devoir y renoncer à la suite de son élimination prématurée. Bye.

Mais cet excellent démarrage de ma part va vite se muer en gros passage à vide en fin d'après-midi : je perds consécutivement plusieurs petits coups sans rien pouvoir faire en raison de textures de flops particulièrement défavorables et de surcroit peu propices au bluff. Une croupière - fort sympathique au demeurant - est demeurée à ma table trois longues heures d'affilée sans que je ne parvienne à remporter une seule main si l'on excepte une mise sur laquelle tous mes adversaires se sont couchés et qui ne m'a donc rien rapporté. C'est dire à quel point ce fut pénible. Du coup, mon sphinx commence à s'enliser quelque peu, ma pile de jetons diminuant lentement mais régulièrement, heure après heure, sans que je ne parvienne à stopper le processus d'ensablement. Je demeure malgré tout patient, toujours à l'affût, prêt à profiter de la moindre faiblesse ou fatigue adverse.

Sur les coups de 22 heures, notre table casse et me voilà contraint de changer de salle tout comme une centaine d'autres joueurs encore en lice dans cette salle White Pavillion pour aller retrouver le gros des troupes dans la désormais mythique salle de l'Amazon Room où se trouve la table télévisée. Tant mieux, me dis-je alors, car je commençais à sentir le goût du sable et de la poussière dans ma bouche déshydratée. Il me reste alors deux heures devant moi pour éviter la momification et retrouver une zone de confort, la journée marathon devant s'achever peu après minuit pour aller se reposer à l'hôtel. Je dois donc prendre des risques et prier pour qu'ils s'avèrent payants.

Mon élimination du tournoi survient malheureusement sur les coups de minuit, à très exactement dix minutes de la fin de la première journée sur un 50/50 préflop perdu contre un joueur qui rentrait dans beaucoup de coups (as-dix contre paire de six) après avoir enduré une disette de plusieurs heures d'affilée sans toucher de jeu. Je finis donc aux alentours de la 2.300e place. Ma fin de tournoi aura juste été atroce, puisque vécue sous la forme d'une lente agonie. C'est relativement frustrant d'avoir passé près de trois heures privé de jeu et dépourvu de marge de manoeuvre coincé sous la zone des 20 blindes. On se déshydrate toujours bien plus rapidement qu'escompté lorsque l'on entame une traversée du désert... même avec une réserve d'eau que l'on estime suffisante. Je commence en outre à penser qu'as-dix constitue décidément la main avec laquelle je perds certains de mes tournois les plus marquants. Je ne suis pas fétichiste mais je commence à croire que cette main me joue systématiquement de vilains tours.

C'est à demi-hébété que je quitte le Rio et décide de rentrer à pied au Palazzo afin d'évacuer au mieux mon amertume. Rentrer à pied constitue une gageure lorsque l'on sait à quel point Las Vegas est l'ennemie des piétons, certains rues et artères étant impossibles à arpenter à pied, la part belle étant faite aux véhicules et certains trottoirs se terminant de façon parfois aussi brutale qu'une élimination de tournoi de poker. Après une demi-heure de marche chaotique à repasser le film de mon tournoi sans trouver grand chose à redire sur mon jeu, je parviens enfin à déjouer le piège sournois tendu par les trottoirs disparus par intermittence et à rejoindre le Las Vegas Boulevard, l'une des seules avenues propices aux déambulations des piétons. La fête y bat son plein, les californiens délurés ayant rejoint les touristes à la faveur du week-end. 

Tandis que je célèbre les funérailles de mon tournoi en marchant d'un air grave sur le boulevard, les gens que j'y croise me paraissent donc tout particulièrement joyeux et festif, grisés par l'alcool, littéralement ensorcelés par la liesse urbaine, excités par la sur-oxygénation des casinos et dopés par l'adrénaline que leur procure la ville du jeu. Il fait encore 30 ou 32° malgré l'heure tardive. Certains ont manifestement bu plus que de raison dans la chaleur de la nuit. Il faut dire qu'à Las Vegas, pour peu que l'on soit affairé à jouer dans un casino, des serveurs zélés se pressent tous les quarts d'heure pour offrir gratuitement la boisson de son choix au joueur : il suffit juste de leur glisser un dollar de pourboire à chaque passage pour que jamais le flot ne se tarisse et que l'on puisse boire jusqu'à plus soif.

Je croise ainsi à plusieurs reprises des duos ou trios de jolies américaines fortement alcoolisées en train de zoner sur place, et me dis alors que si j'avais eu l'âme d'un prédateur, j'aurais pu sans peine aucune batifoler avec ces proies californiennes aussi belles que fragiles dans ma luxueuse suite au Palazzo et siphonner de la meilleure des manières quelques unes des bouteilles d'alcool dont regorge le mini-bar.

A mon arrivée à l'hôtel, seul, vaincu, je me fais couler un bain et décide d'accrocher sur la porte de ma chambre le panneau "ne pas déranger". Puis, je m'enfonce dans les draps trop larges de mon lit King Size et glisse alors dans un sommeil de plomb. Je ne verrai pas du tout la journée de dimanche, puisque je vais ainsi végéter dans ma chambre jusqu'au lundi matin.

Alexandrie, Alexandra... a plus d'appétit qu'un barracuda (source : PMU)
Au poker, la variance est telle qu'il convient de ne pas se focaliser sur un seul tournoi car la vérité d'une épreuve n'est qu'illusion et mirage au regard de la réalité et du niveau intrinsèque des uns et des autres. Des 28 joueurs PMU inscrits, seule Alexandra Petitjean est parvenue à rallier les places payées. C'est dire à quel point ce tournoi fût compliqué pour l'ensemble du contingent français. Cela ne veut pas dire que nous étions mauvais, loin s'en faut : c'est juste que la variance n'avait pas décidé de se montrer favorable au PMU lors de ce tournoi. Mais j'ai beau le savoir pertinemment et l'avoir intégré à mon processus de réflexion depuis belle lurette, ma sortie de tournoi m'a éprouvé mentalement. Car ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de disputer les championnats du monde de poker.

Après avoir enduré une longue et éprouvante traversée du désert, après s'être retrouvée enfouie sous les sables du Nevada, après avoir mordu la poussière, voici qu'une momie nommée Fredyl repointe le bout de son nez. J'ai retrouvé un peu d'entrain pour le poker, après plus de deux mois complets d'abstinence. Hier, à l'occasion d'un petit ménage dans mon bureau, j'ai jeté à la poubelle mon badge WSOP 2015 ainsi que le petit carton de mon tournoi qui contenait pourtant quelques infos anecdotiques telles que mon numéro de table. Et bizarrement ce matin, j'ai enfin retrouvé un semblant d'inspiration pour rédiger ce petit article. Preuve en est que j'avais encore besoin d'évacuer un reliquat de frustration avant de repartir du bon pied.


Une photo du vainqueur Perry Shiao,qui remporte ainsi 1 286 942 USD (source :Club Poker)