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samedi 26 mars 2016

Scandale EuroPoker : convocation au Tribunal de Commerce le 13 avril

Le scandale EuroPoker n'en finit pas de me désappointer. Cela fait maintenant plus de 18 mois que la SAS EPMEDIA FRANCE (nom commercial de l'entreprise qui gérait EuroPoker) a été mise en liquidation judiciaire. Plus le temps passe et plus le combat pour récupérer mes sous s'annonce difficile. J'ai reçu il y a quelques jours un courrier recommandé du Greffe du Tribunal de Commerce de Bobigny m'informant que suite à ma contestation de ma créance telle qu'elle a pu être enregistrée par le mandataire judiciaire Maître Marie Danguy auprès du Greffe, je suis convoqué le 13 avril au tribunal afin que le juge-commissaire Roger Labonne puisse statuer quant au bien fondé de ma contestation.

J'ai déclaré ma créance en tant que joueur pour 4.437 euros, en y apportant tous les arguments nécessaires et en y joignant toutes les preuves possibles et imaginables. Mais au final, le mandataire judiciaire Marie Danguy n'a daigné inscrire que 1.335 euros (puisqu'elle a considéré a tort que mes plus de 3.000 euros de tickets de tournoi n'étaient à ses yeux qu'une vulgaire monnaie de singe), qui plus est en tant que simple créance chirographaire et non en tant que créance privilégiée, ce qu'aurait pourtant dû m'octroyer ma qualité de joueur. Ceci est tout bonnement catastrophique pour moi. Car lorsqu'une entreprise est liquidée judiciairement comme c'est le cas dans le cas EuroPoker, une créance chirographaire ne vaut virtuellement pas un kopeck : dans la quasi-totalité des cas, le créancier ne recouvre rien au final, seuls les créanciers privilégiés récupérant le peu de deniers encore disponibles lors de la liquidation des actifs (si tant est qu'ils ne soient pas engloutis en frais de procédure).

J'ai face à moi une montagne. Mon combat est donc double et s'annonce difficile : faire admettre d'une part au juge-commissaire que ma créance légitime est bien de  4 437 euros (et non 1.335) et que par ailleurs il s'agit d'une créance priviligiée sui generis et non d'une simple créance chirographaire. Mais à ce stade de la procédure, si rien ne vient inverser le cours des choses, je risque de voir mes 4 437 Euros magiquement transmutés en un beau 0 euro et 0 centime, le tout avec l'aval - ou plutôt la complicité - de l'ARJEL.

Marie la blanche et Frédéric le noir
Il y a davantage de moutons suiveurs que de chiens de berger, dans les alpages. Et cette maxime s'applique parfaitement à toutes les strates de l'activité humaine. Il est de notoriété publique que le petit monde qui gravite autour des tribunaux de commerce n'est pas réputé pour sa clairvoyance au sein de la caste des professionnels du droit... on est bien loin des esprits brillants du Conseil d'Etat ou de la Cour de Cassation. Il est donc à craindre qu'en l'occurrence le juge-commissaire décide de conforter la décision prise par sa collègue Marie Danguy sans creuser plus profondément l'affaire, exactement de la même manière que Maître Danguy avait elle-même repris mot pour mot l'argumentaire produit par l'ARJEL et par son directeur juridique Frédéric Guerschoun afin de se dédouaner de toute forme de responsabilité dans l'affaire EuroPoker (et d'ainsi occulter ses propres carences et négligences dans sa gestion en amont de ce dossier). Il faut dire que dans les alpages, le sol est souvent rocailleux : creuser n'y est pas toujours facile.

Lequel des protagonistes de cette photo est le juge-commissaire ?
Monsieur Roger Labonne, de grâce faites mentir ce pessimisme qui s'empare de moi ! Puisse votre esprit être brillant et réceptif à mes arguments et au bon sens. Puissiez vous également comprendre au passage que la loi de 2010 relative à la régulation des jeux en ligne existe aussi afin de protéger les joueurs. Car si tel n'est pas le cas, vous laisserez de facto suppurer une injustice de plus en ce monde. Certes infime et dérisoire, mais douloureusement insupportable. Comme toutes les injustices.

Dans quelques jours, ce sera mon anniversaire. L'occasion de me rappeler que je suis moi-même un bélier fougueux. Et que je ne me laisserai ni châtrer ni égorger docilement.

vendredi 11 mars 2016

Atypisme

Je suis quelqu'un qui ne laisse pas indifférent. J'ai eu droit il y a quelques jours de cela à une volée de bois vert de la part d'un joueur particulièrement remonté contre mon style de jeu alors même que j'étais tranquillement assis à une table sans avoir proféré le moindre mot depuis le début du tournoi. Ce type de situation m'arrive occasionnellement, preuve en est que certains joueurs ont une réaction épidermique lorsque je déploie mon jeu habituel. Et paradoxalement, cela me convient tout à fait !

Il est vrai que tant en Omaha qu'au Texas Hold'em, je cultive un style de jeu totalement atypique par rapport aux autres joueurs. Il serait fastidieux de dresser ici la liste des particularités de mon jeu. Mais en substance, afin de parvenir à manoeuvrer au mieux ma barque pendant un tournoi de poker, je prends bien entendu en considération les cartes dont je dispose, mais je tiens également compte des positions, du profilage des adversaires, de la dynamique de la table ainsi que du momentum du tournoi. Et ceci a pour effet de me faire souvent sortir des sentiers battus.

Alors que la majorité des joueurs se cantonnent à jouer les coups les uns à la suite des autres, en s'appuyant sur leurs cartes ainsi que sur leur position à table, je n'adopte moi-même cette stratégie solide qu'en début de tournoi ou bien alors lorsque je débarque à une nouvelle table. Car plus le temps passe, et plus je vais avoir tendance à mettre en place un plan de jeu faisant la part belle au profilage de mes adversaires et aux déséquilibres dans leur jeu, qui peuvent être la résultante d'un style non optimal ou bien encore la conséquence d'une dynamique de table particulière (pression du chip leader, appréhension à l'approche des places payées, etc.). 

C'est pourquoi j'ai tendance à me pourlécher les babines lorsque je me retrouve à la même table qu'un joueur qui nourrit à mon encontre de l'animosité... car le jeu du chat et de la souris peut alors commencer ! Et voilà pourquoi je n'hésite jamais à jeter un peu d'huile sur le feu avec un ou deux petits mots sur le chat, puisque cela aura potentiellement pour effet d'accroître les déséquilibres dans le jeu de l'adversaire. Nul masochisme de ma part, donc. Juste une forme retorse d'opportunisme.

J'ai déjà évoqué il y a quelques temps à quel point je considérais l'empathie comme déterminante dans mon approche du poker. J'aime ainsi tenter de décortiquer ce qu'il se passe dans la tête de mes adversaires en tenant compte de la dynamique instaurée à la table, car cela me permet de tirer parti au mieux des déséquilibres de leur jeu.

une technique de chasse particulière...
Certes, lorsque mon plan de jeu fonctionne, c'est tout bonnement merveilleux, puisque je retombe sur mes pattes tel un chat agile et les adversaires en face ont du mal à comprendre le pourquoi du comment (et ceci rend par ailleurs mon jeu encore plus illisible). Mais lorsque cela rate et que je tombe sur un os, j'ai l'air d'un parfait imbécile avec mon move foireux. C'est ainsi que nombreux sont ceux qui ne vont se focaliser que sur ce seul aspect là, puisqu'ils ne voient que la partie émergée de l'iceberg. Dans tous les cas, cela aura pour conséquence d'écorner quelque peu mon image de bon joueur, puisque le fait de m'appuyer sur l'empathie davantage que sur l'intellect pur a pour effet de déséquilibrer mon propre jeu : il s'agit donc d'un exercice non seulement périlleux, mais également peu valorisant du point de vue de l'image.

Quitte à choisir, je préfère passer pour un joueur chanceux et prendre le risque d'être la risée de la table plutôt que de vouloir ressembler à un cyborg cliquant machinalement sur sa souris. Voilà pourquoi je pense demeurer longtemps un incompris avec mon jeu atypique. Mais peu importe : j'assume !