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mercredi 9 novembre 2022

Wipt La Villette 2022 : un day 2 aux airs de déjà-vu...

Une fois la fin du day 1 prononcée et les jetons rangés dans les sachets, je ne m'attarde pas et décide de rentrer au plus vite me reposer tandis que d'autres joueurs plus vaillants découvrent les joies du bingo loufoque animé par un génial olibrius aux faux airs de Saul Goodman. BINGO ! Un heureux veinard décroche ainsi gratuitement son buy in pour la grande finale qui aura lieu dans quelques mois sans avoir le moindre effort à faire cartes en main.

Dimanche, le réveil sonne. Changement d'accoutrement pour moi. Je revêts un T-shirt usé à manches longues qui me rajeunit de quelques années. Je me sens bien. Le jour s'est levé avec une heure de retard (comme moi la veille), si bien que j'arrive cette fois-ci à La Villette nettement en avance. Sur les coups de 10h, les portes de La Grand Halle sont de nouveau ouvertes aux survivants ainsi qu'aux repêchés de la veille. J'exhibe fièrement mon bracelet argenté à l'entrée et vais flâner quelques instants à l'étage du côté de la petite cafeteria puis, poursuivant mon chemin sur la passerelle, du coté de la boutique Winamax. Les articles exposés sont chouettes : on peut les acheter en sonnantes et trébuchantes en lieu et place des habituelles transactions en miles sur le site internet de la plateforme.

Nous sommes encore 255 joueurs à la reprise effective du tournoi. La configuration est exactement la même que la veille... même table et mêmes adversaires que la veille au soir. Les premières places payées sont immédiatement à notre portée ; 250 joueurs sont récompensés de la manière suivante : un buy in direct pour la grande finale (d'une valeur de 500 euros chacun) pour les 42 premiers et des clopinettes plus ou moins acides pour les 208 autres.

La pré-bulle saute dès la deuxième main disputée. C'est loin d'être la liesse à ma table, tout le monde a surtout en tête les 42 premières places, celles qui envoient vraiment du rêve. L'ambiance reste cordiale. Certains présents à cette table iront jusqu'au bout. Reste à savoir lesquels. Mes mains de départ sont nettement moins sexy que celles de la veille. Et pourtant, je surnage. Je monte à 300.000 jetons alors qu'il reste 150 joueurs sur les 2.500 de départ.

La table casse un peu avant la pause déjeuner. J'implore la demoiselle du floor qui m'accompagne à ma nouvelle table de ne pas me jeter dans un traquenard. Clémente, cette dernière esquisse un sourire tandis qu'elle me laisse découvrir un merveilleux panorama. La plage est dorée, aucun aileron de requin à l'horizon ! Je me sens béni. Las ! Trois minutes plus tard, le marchand du temple de la veille avec lequel j'ai entamé la journée, celui qui a raté de peu une carrière de poissonnier toute tracée se retrouve immédiatement à ma gauche, avec un stack qui dépasse le million de jetons. Deux fois encore, il me mettra en difficulté alors que mon jeu était meilleur que celui de mes adversaires sur le point d'être éliminés. Lui, il prospère encore et fait le ménage à table à ma place. Pour compenser mon début de tristesse il m'offre un bonbon.

Il reste à peine plus de 100 joueurs au moment de la pause déjeuner et c'est pour moi l'entrée dans la zone rouge. Je sirote un jus d'orange sans plaisir et avale un jambon beurre au goût fade en maudissant mon manque de réussite ainsi que mon désert de cartes du moment.

Avant la reprise, je croise Pierre Calamusa, alias LeVietFou devant les marches qui conduisent aux WC. Il sifflote le sourire aux lèvres, après avoir manifestement brillamment réussi son grand oral puisqu'une MasterClass était prévue en fin de matinée. De tous les ambassadeurs de la marque au W, c'est probablement celui qui a le mieux compris les tenants et aboutissants de sa fonction.

Mon élimination surviendra peu après le retour de la pause déjeuner vers 14h30, contre ce maudit bonimenteur, dans des conditions quelque peu rocambolesques. Je pousse mes 8 fragiles blindes avec un Roi-Valet suité vulnérable alors qu'il est au bouton avec son puissant As-Roi et ses deux millions de jetons. Et puisqu'il est au bouton, la distribution lui incombe : il dévoile les trois premières cartes du flop avec une certaine désinvolture ; désinvolture qui s'accentuera sensiblement après qu'il ait révélé un T provisoirement salvateur pour moi. Sa désinvolture se mue alors en tempête, et la 4e carte claque bruyamment (une brique ne change rien à la situation), et il abat alors la 5e carte comme une tornade... la carte va ainsi directement rejoindre le muck en désordre constitué par les main de départ couchées par tous les autres. La carte ne s'est pas retournée du tout. Il y a un léger doute, mais le dealer au tempérament volcanique extirpe du tas une carte - probablement la bonne mais sans certitude - qui s'avèrera être bénéfique pour lui, puisqu'elle lui permet de toucher couleur river. Je demeure interdit et ne dis rien. Un joueur à la table fait la moue et prend la parole pour dire que le coup ne s'est pas tout à fait disputé dans les règles et qu'il faudrait peut-être appeler le juge-arbitre (floor), ladite 5e carte du board ayant directement rejoint le muck en désordre sans qu'elle ait été retournée. Il y a un réel début de flottement à la table, mais étant bon perdant et ayant un certain code de l'honneur, je renonce à demander l'arbitrage et me lève pour quitter les lieux.

Sur le petit carton que me remet un des membres de l'organisation, il y est écrit que je termine à une honorable mais peu glorieuse 94e place. On y était presque, cette fois encore. Mais on repart avec des clopinettes. Cette fois encore. La fois de plus. Mais pas la fois de trop. Etonnamment, cette seconde journée de compétition à La Villette aura furieusement ressemblé à ma seconde journée du Hip'Hop Poker Tour vécue il y a trois petites semaines de cela du côté de l'hippodrome de Vincennes. La performance XL était à portée de main... et la sortie de piste survint tout proche du but, dans un cas comme dans l'autre dans des conditions un peu particulières. Enfin, bon, c'est le jeu...

Tout à ma déception, je me décide aussitôt à ne pas trainer pour rentrer, et regarde avec intérêt le stream de la table TV où le WIP CarbonRH (ancienne gloire des jeux vidéo) fait un carnage en carbonisant à petits feux ses adversaires au fur et à mesure que la vraie bulle approche, celle des 43 derniers survivants. Parmi les joueurs qui récoltent le précieux sésame pour la grand finale, j'entraperçois au moins 3 des joueurs de ma table de la veille au soir contre lesquels j'ai bataillé à la reprise. Il est aussi un peu là, mon lot de consolation... car je suis content pour eux. Quant à moi, ma tristesse est là. Mais elle sera vite oubliée. Ce jeu est un éternel recommencement. Et je l'aime.


 

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