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jeudi 20 novembre 2025

La calculatrice : cette arme secrète que je n'hésite jamais à dégainer au poker !


Voici un article qui pourrait paraître anodin de prime abord, et pourtant il n'en est rien. Je souhaite aujourd'hui mettre en lumière une arme qui semble a priori dérisoire et vraiment inoffensive mais qui s'avère pourtant redoutable au poker, à tel point que je n'hésite pas à en faire usage en plein milieu de mes tournois lorsque nécessaire ; à savoir la calculatrice.

Bien qu'une calculette physique fasse également l'affaire, j'ai personnellement recours à sa version dématérialisée, une application sous forme du widget que tous les utilisateurs de Windows connaissent depuis longtemps. Preuve que je prends le sujet très au sérieux, cette application fait partie des rares qui disposent d'un raccourci direct sur le bandeau inférieur de mon bureau afin que son activation se fasse le plus rapidement possible (2 secondes chrono) lorsque le besoin s'en fait sentir lors de mes tournois de poker. Quels sont les cas où je m'en sers ? A quelle fréquence ? De prime abord on pourrait penser à des calculs de paliers, de deals ICM ou autre. Tel n'est absolument pas le cas en ce qui me concerne. 

A la louche, je dirais que j'ai recours à ma calculatrice environ une fois toutes les 400 à 500 mains. Mais hier soir, le hasard des tables compliquées aura fait que cela m'est arrivé à près de dix reprises pendant ma session, ce qui m'a donné l'idée de rédiger cet article ! Cela peut s'avérer crucial lorsque j'anticipe une potentielle situation de relance bloquée à ma table. Dans la plupart des cas de relance bloquée potentielle, un simple calcul mental de ma part suffit à calibrer ma mise au plus juste, mais parfois lorsque je souhaite affiner au jeton près (principalement en Pot-Limit Omaha mais pas seulement) l'usage de la calculatrice s'impose afin de procéder à une mise optimale lorsque vient mon tour de parole.

Il y a deux cas de figure lorsque j'anticipe à table un potentiel cas de relance bloquée : (1) le cas où je souhaite volontairement provoquer un tapis de la part d'un joueur à court de jetons afin d'embarquer dans une surenchère ultérieure un autre joueur ; (2) le cas où je veux au contraire empêcher tout effet de levier adverse afin d'éviter un emballement du pot.

Dans le cas où je souhaite que l'un des joueurs fasse tapis après que la parole m'ait été donnée, le scénario est plus machiavélique qu'il n'y paraît. L'objectif n'est pas ici de construire un pot moyen ou de voler une poignée de blindes, et parfois il faut savoir miser un peu moins afin de créer les conditions de la réaction en chaine souhaitée et que la parole nous revienne au cours du même tour d'enchère ! 

Je sors ma calculatrice car l'objectif est donc de miser au maximum 49,9% du montant du stack effectif du joueur short stack, de telle sorte qu'il se retrouve dans la situation binaire consistant à abandonner le coup ou à faire tapis... je ne veux pas qu'il paie. Ca peut paraitre absurde et pourtant, à ce seuil s'il décide de simplement payer cela nous embarque dans un pot de taille intermédiaire, ce qui n'est pas idéal pour la suite du déroulé du coup. 

Si le but recherché est atteint, à savoir le tapis du joueur short stack, cela signifie que la parole va me revenir et que je vais pouvoir enclencher un effet de levier d'autant plus puissant que le tapis du joueur short stack aura été suivi par un ou deux autres joueurs. Je veux ainsi soit entraîner dans le coup le(s) joueur(s) tiers : tel est le véritable objectif de mon raid des 49%. Tout joueur tiers engagé dans un tel coup se retrouve alors soit embarqué dans une aventure hasardeuse soit contraint d'abandonner sans pouvoir aller plus loin dans le coup, créant ainsi ce que l'on appelle dans le jargon de la dead money. Dégainer ma calculatrice et prendre la peine de calculer ma mise optimale à hauteur de 49% du stack d'un joueur pauvre dans l'espoir d'enclencher un effet de levier maximal et de créer une réaction en chaine afin de potentiellement détrousser un joueur riche, tel est le plan. Il s'agit littéralement ici d'un coup de billard à trois bandes. Et comme dans tout mécanisme délicat, la précision du geste compte. D’où l’usage de la calculatrice : parfois au jeton près, si nécessaire.

Inversement, il est des cas où je souhaite au contraire empêcher que le pot ne s'emballe. C'est notamment le cas lorsque je dispose d'un tapis confortable lors d'une phase importante du tournoi et que je souhaite limiter les risques de dérapage induits par le tapis d'un short stack (approche de la bulle, palier en approche, ou tout simplement main forte mais vulnérable face à des premiums ou lors du déroulé du coup en cas de flop dangereux). 

Dans ces cas là, je cherche à neutraliser un potentiel effet de levier adverse et je sais qu'il faut alors miser un montant supérieur à 51% du montant du stack du joueur situé dans la zone rouge que je soupçonne de pouvoir faire tapis. Dans de tels cas, le calcul se fait plus intuitivement et j'ai moins recours à la calculatrice que dans le premier cas de figure car le montant de la mise peut également être de 60% voire même de 80% sans que cela soit aussi critique que lorsqu'on souhaite créer l'effet de levier décrit dans le premier cas de figure.

En résumé, je suis amené à dégainer la calculatrice afin de miser 49% du stack d'un joueur dans la zone rouge lorsque j'ai pour ambition de créer un effet de levier et tendre un piège à un joueur tiers. J'y ai également recours afin de miser 51% et plus lorsque je souhaite limiter les risques d'emballement et garder la main autant que faire se peut sur la taille du pot vis à vis des tiers là-encore. Cette nécessité de calculer au plus juste à l'aide de la calculatrice est exacerbée lorsque le tournoi se joue en Pot-Limit Omaha et/ou lorsqu'il y a des KO potentiels qui vont augmenter les chances d'achalander des joueurs tiers en les embarquant dans un coup presque malgré eux.

Le temps est particulièrement précieux au poker : idéalement, une situation de relance bloquée doit être détectée bien avant que l’action ne me parvienne et l'usage potentiel de la calculatrice anticipé. Attention, tout ceci n'est pas qu'une simple affaire de mathématiques et de calcul : cette phase de calibrage à l'aide de la calculette - qui nécessite de ma part de tout stopper aux autres tables en cours pendant une dizaine de secondes afin de pondre le juste chiffre - n'est réellement pertinente que dès lors que l'on a identifié le joueur short stack comme ayant un comportement de jeu rationnel et que l'on a un minimum profilé ses adversaires à table. 

Il existe notamment un profil de joueur capable de call-commit 49% de son tapis, tel un lièvre traversant la route la nuit qui se retrouve pris dans les phares d'un véhicule et s'immobilise en multipliant les chances de choc frontal pour lui (mais aussi d'accident pour moi). Pour qu'un tel plan soit fluide et se déroule tel qu'escompté, une analyse situationnelle doit être faite dès la distribution des cartes (hauteur des stacks de chaque joueur, détection des profils propices à l'enclenchement de potentiels effets de levier). Cela m'évite notamment de recourir bien malgré moi à un time bank le temps de finaliser le calcul, potentiellement perçu comme suspect par autrui.

Quoi qu'il en soit, ma calculatrice est mon amie au poker. Je n'hésite jamais à en faire usage, même si les cas sont rares et que cela nécessite un travail de préparation en amont. Le succès au poker tient aussi parfois à ce genre de détails infimes...

 

 

mercredi 19 novembre 2025

Mon odyssée Wipt Paris 2025 : corsaires, carte au trésor, plage de sable fin, sirène et naufrage final.

C'est avec plein d'enthousiasme que je me suis rendu ce samedi 8 novembre 2025 à l'hôtel Marriott Paris Rive Gauche, situé boulevard Saint-Jacques, à deux pas de la maison d'arrêt de la Santé. Arrivé sur les lieux sur les coups de 10h45, bien plus tard que l'horaire indiqué sur ma convocation, la première chose ayant attiré mon attention aura été ce drapeau à l'effigie de l'établissement hôtelier : un M rouge sur fond blanc flottant nonchalamment devant l'entrée principale, à tel point que je me suis demandé en l'apercevant au loin si ce n'était pas le W rouge de Winamax qui avait été déployé là pour l'occasion... Tel n'était pas le cas au final, mais l'illusion aura duré un bref instant.

1000 adversaires et seulement 16 sésames
Quelques secondes à peine après cet instant de flottement, j'aperçus un large groupe de fumeurs sur la droite de l'entrée principale de l'établissement, me faisant aussitôt comprendre que la salle de conférences où devait se tenir l'événement disposait de sa propre entrée sans avoir besoin d'empiéter sur les plates-bandes des touristes asiatiques fortunés zonant devant l'entrée principale de l'hôtel. Je pénètre dans la salle des congrès et aussitôt entré, me voilà immédiatement enregistré... et propulsé vers ma table de jeu. Je me retrouve ainsi assis à ma table en une minute chrono. Impossible de faire mieux sachant que l'événement a drainé plus de 1.000 joueurs au total !

Dans la vaste salle, bien plus confortable que l'affreux blockhaus de l'an passé situé dans les sous-sols de Montparnasse, on sent que Winamax a fait un effort afin de dissiper l'impression de l'organisation au rabais de l'édition précédente. Lumière régulière, ambiance feutrée, sol propre, air climatisé et respirable : le contraste était saisissant, à tel point que je me suis immédiatement senti à l'aise. Au total, 1.013 inscrits se sont présentés sur la ligne de départ, en profitant de leur traditionnel cadeau de bienvenue au moment de s'asseoir : un paquet de cartes, un bouton, un pin's métallique (que j'ai aussitôt accroché à mon sweat-shirt personnalisé), et un magazine Poker52 que je ne prends même pas la peine de feuilleter. On dispose chacun d'un capital de 40.000 jetons qu'il va falloir faire fructifier. Les tables sont belles en dépit de l'absence de croupiers, les cartes sont de qualité et je suis bien décidé à effacer mon cruel coup du sort subi à l'hippodrome de Vincennes un mois plus tôt et ce 94/6 pour plus de 300 blindes particulièrement rude, qui aura à lui seul gâché mon tournoi.

Je me suis assis sûr de ma force et déterminé, avec un fol espoir : briller afin de décrocher ma qualification pour la grande finale qui aura lieu au début du printemps 2026 du côté d'Aix-En-Provence. Bonne ambiance avec ma première table : j'hérite notamment de deux voisins plutôt sympathiques et décide de déployer un poker prudent mais dynamique, qui me permet de grignoter des jetons de façon très progressive, sans pour autant prendre le moindre risque. A la pause déjeuner j'ai doublé. Quelques éliminations surviennent, et de nouveaux joueurs viennent aussitôt combler les brèches. L'ambiance demeure bonne : entre survivants on plaisante et on capitalise. Mais voilà qu'un joueur asiatique volubile débarque auréolé d'une armada imposante de jetons et bouscule les forces en présence en entrant dans tous les coups, exécutant sans ciller deux compagnons de la première heure et altérant aussitôt le centre de gravité de la table. Fort de ma doctrine controversée consistant à mordre aux basques des chip leaders au lieu de les fuir, je décide de lui rentrer dans le lard alors que je suis en cale sèche et prends un premier gros risque payant contre lui. Ce sera d'ailleurs le seul de la journée mais cela suffit à me renflouer. La table casse et je me dirige vers ma deuxième table peu avant 16h. Il reste encore trois heures de jeu et je vogue sereinement dans la moyenne en termes de jetons.

Ma deuxième table va s'avérer être absolument merveilleuse. Je suis accueilli avec beaucoup d'égards par un joueur très chaleureux prénommé Cédric. Il contribue à entretenir une très chaude ambiance, en compagnie de deux-trois gaillards enjoués. Au bout de dix minutes à peine, je me sens comme chez moi : on commence à me chambrer, je réponds du tac au tac, on rigole, on s'amuse, je gratte des jetons et les joueurs éliminés sont aussitôt remplacés par de nouveaux moussaillons. Ca navigue à pleine voile, le rythme est soutenu, je ne m'ennuie pas. Au bout d'une heure, je vois débarquer juste à ma droite une demoiselle sublimissime, au regard lumineux et aux jetons conséquents. Belle jusqu'au bout des ongles, une voix légèrement rauque produisant sur moi le même effet que le chant d'une sirène sur Ulysse. Elle est active avec ses jetons et n'a pas froid aux yeux : elle s'intègre à l'ambiance en un clin d'oeil et fait aussitôt le ménage à table, en éliminant des joueurs avec une certaine désinvolture, sans jamais pour autant se départir de sa candeur angélique. Lucide malgré tout, je lorgne avec envie sur les jetons de ma sirène, d'autant que son niveau de jeu me semble constituer son seul défaut apparent : je me sens prêt à tenter de la harponner, quitte à faire naufrage sur son rivage. Las ! Mon plan d'abordage tombe à l'eau car la journée s'achève déjà et il faut jeter l'ancre pour le lendemain. Au mouillage du soir, il reste moins de 200 joueurs sur le millier d'inscrits du matin et je figure en assez bonne posture au moment d'emballer mes 200.000 jetons.

Une bonne nuit de sommeil me permet de repartir du bon pied. Sachant que les choses sérieuses s’apprêtent à commencer, j’emporte mon animal-totem avec moi : mon sphinx fétiche qui trône au-dessus de mon bureau lorsque je dispute mes sessions en ligne et qui accessoirement me sert de protège-jetons en live : il est mon vaillant compagnon, présent lors de l'ensemble de mes affrontements poker depuis plus d'une décennie maintenant ! Je retrouve mes compagnons de tablée de la veille et leur présente mon fidèle compagnon chargé de veiller férocement sur mes jetons. Au moment de reprendre les hostilités, j'apprends que le boute-en-train de la tablée avec lequel j'ai sympathisé la veille est un membre du Club Poker, ce qui ne fait que confirmer la bonne opinion que j'avais de lui. Mieux encore : un éternel rival de mes tournois communautaires habituels en ligne que je ne connaissais pas jusque là se déclare également à la table. Flanqué de deux membres éminents du Club Poker et d'une sirène étourdissante, je me sens bien entouré, l'ambiance continue à être excellente et je me dis qu'il n'y a rien de plus agréable que d'évoluer au sein de pareille tablée entre corsaires aguerris. La razzia du jour peut commencer. Ma joie est néanmoins de courte durée, notre table est amenée à casser et nous sommes tous dispatchés en tant que bouche-trous sur différentes tables.

Ma troisième table est terriblement austère et triste en comparaison avec la précédente, malgré le fait que le hasard des tirages ait décidé que ma sirène se retrouve encore avec moi pour cette nouvelle escale. Impossible de plaisanter avec elle, un olibrius imposant se dresse entre nous avec la même efficacité qu'une barrière de corail coupante séparant l'eau turquoise d'un lagon avec les courants marins des grands fonds. Il reste à peine plus d'une douzaine de tables et il me reste des cartouches à tirer à l'approche des places payées. Cette troisième table austère casse assez rapidement, ma sirène s'éloigne en frétillant vers un autre rivage de l'archipel, et me voici marronné à une quatrième table où je retrouve sur ma droite... mon premier voisin de ma première table de la veille. Mon compagnon de galère dispose d'un beau capital de jetons, mais je l'en déleste d'une bonne moitié. Emporté par mon élan belliqueux je pourfends sabre au clair deux ou trois joueurs et m'empare de leur butin, de telle sorte qu'une fois les places payées atteintes je me retrouve aux portes du top 10. J'ai posé un orteil sur l'ile au trésor. Je ne suis pas loin du million de jetons et mon sphinx commence à trôner sur un tas de jetons assez conséquent.

Il va y avoir un avis de tempête peu après le retour de la pause déjeuner. Je suis victime d'une petite erreur de comptage au moment des changements de jetons et dans la confusion, impossible de déterminer le montant du préjudice. Une petite photo souvenir prise peu avant la pause aide toutefois les organisateurs à me renflouer du préjudice subi, d'autant qu'ils avaient décelé une anomalie à la table dans les comptes, sans savoir à qui l'attribuer. Je reçois donc le reliquat alors que le tournoi a déjà repris et qu'il reste moins de 80 joueurs. Ma belle dynamique va toutefois s'enrayer à partir de ce moment-là. Je perds un gros coup avec 99 vs KK vs A8 alors qu'il reste moins de soixante joueurs. Je glisse vers la zone orange et il me reste alors un peu moins de 15 blindes. J’ai identifié le boucanier le moins aguerri et décide de l’attaquer à gros boulets sans sommation sur un énième limp de sa part, alors que j'ai A8 de pique en main et que j'ai par ailleurs repéré que les deux joueurs aux blindes semblent peu intéressés pour partir au combat sur ce coup. C'est la seconde fois seulement depuis le début du tournoi que je décide de faire parler la poudre en faisant tapis avec une main spéculative... et cette prise de risque va s'avérer fatale : au lieu de s'enfuir comme escompté, le limper paie mon tapis avec 99 et un stack exactement identique au mien. Je suis mal embarqué. Ce 30/70 m'achève donc et je coule avec flegme, malgré la survenance de deux piques au flop. Je sombre au final en eaux peu profondes, à une anecdotique 57e place alors que dix minutes plus tôt je naviguais dans le top 15 du tournoi et que j'entrapercevais, carte(s) en main, les cocotiers et le coffre au trésor. Mais je ne regrette rien.

Au final, je récolte des clopinettes, comme trop souvent, mais je mesure ma chance ! J'ai pu recroiser avec plaisir quelques vieilles connaissances, déployer un beau poker, affiner ma lecture en live, tester sans risque aucun mon rythme cardiaque, rire et partager de belles émotions avec de nouvelles têtes sympathiques en oubliant le temps qui s'égrène l'espace d'un week-end, tomber sous le charme d'une sirène, et nourrir mon sphinx. Le tout sans prendre le moindre risque pécuniaire. Voilà, c'était mon Wipt Paris édition 2025 : je referme donc ici le bouchon et je jette ma bouteille à la mer. Je suis vivant ! Merci Winamax pour cet événement, et à bientôt...

mardi 28 octobre 2025

Le krach d'octobre 2025 - récit d'un authentique cauchemar

Le mois d’octobre 2025 touche à sa fin, et pour la première fois depuis que je joue au poker, je termine le mois avec des pertes abyssales, jamais constatées depuis mes débuts dans ce monde cruel il y a treize ans. Un véritable krach d’octobre, digne des pires naufrages historiques de Wall Street.

Ma belle courbe affichée par mon logiciel Xeester - vaillante, disciplinée, et presque ennuyeuse de régularité depuis des années - a subitement entamé depuis un peu plus de trois semaines une chute vertigineuse. À tel point qu’on pourrait croire que je me suis soudain mis à consommer des substances illicites ou bien encore qu’un inconnu a pris le contrôle de mon compte pour jouer à ma place en cliquant au hasard. Pourtant, rien de tout cela : je joue toujours avec la même sobriété, la même rigueur, et n'ai pas varié d'un iota mes habitudes de jeu au cours des dernières semaines. Malgré tout, ma courbe s’effondre.

Je me prends simplement le mur de la variance, dans sa forme la plus brutale. Le genre d'obstacle qui ne se contente pas de freiner une progression, mais qui projette en arrière, dans un fracas de chiffres rouges et de sessions écourtées. Je l’ai déjà exprimé par le passé : dans de tels moments, il n’y a rien d’autre à faire que d’attendre la fin de la période de tourmente. Résister, respirer, fermer les yeux, ne pas paniquer, ne pas se sentir affecté. Car ceci fait tout simplement partie du parcours du combattant que tout joueur aguerri se doit d'affronter stoïquement de temps à autre. Je sais composer avec ces phases négatives. Mais l’atroce piqué de ma courbe Xeester, dont la trajectoire est digne de celle des meilleurs pilotes kamikazes japonais de 1945, ne laisse pas mon psyché indemne. J’en veux pour preuve un rêve - ou plutôt un cauchemar - survenu ce week-end, que je crois directement en lien avec mes désastreux résultats récents.

au secours !
J’ai rêvé que des tables de tournois s’ouvraient sur mon écran d'ordinateur à un rythme effréné, une nouvelle table s'ouvrant contre mon gré à chaque minute, sans que je me sois inscrit et sans que je sois en mesure d'absorber le flux. Bientôt, mon ordinateur ressemblait à une salle de marché en panique, les fenêtres se superposant comme des vagues, les bips d’alerte résonnant à chaque nouveau désastre. Je ne contrôlais alors plus rien et me voyais contraint de sacrifier certaines tables pour sauver les autres, tel  un capitaine en pleine tempête jetant des containers entiers par-dessus bord pour tenter d’alléger son navire en perdition. Je me débattais frénétiquement, appuyant sans fin sur les touches de mon clavier, à la manière d’un Charlie Chaplin happé par les engrenages dans la mythique scène des serrages de boulons du mythique film Les Temps Modernes, serrant frénétiquement des boulons afin de maintenir vaille que vaille la cadence de production. Plus j’essayais de reprendre la main, plus la situation devenait incontrôlable tandis que ma cagnotte se vidait, me rapprochant de la ruine à grande vitesse. 

A mon réveil, je me suis souvenu de ce rêve avec un certain effroi. Pas tant à cause du cauchemar lui-même que de sa signification : un sentiment d’impuissance, celui de ne plus maîtriser grand-chose. Le poker, jeu de contrôle et de discipline sur le long-terme, peut aussi parfois devenir soudainement une mécanique absurde lorsque la variance s’acharne. On passe alors du rôle de stratège en chef à celui de simple chair à canon fauché dans le no man's land.

Dans de telles conditions, avec une courbe de gains digne des pires krachs boursiers de l'histoire et suite à ce rêve atroce quels enseignements en tirer et que suis-je censé faire ? Pas grand chose, à la vérité. Je dois continuer à jouer correctement, sereinement, sans rien forcer, rien précipiter, rien lâcher. Attendre que la roue finisse par tourner et que ma courbe remonte. Dans l'immédiat, je contemple mon graphe avec l'amertume passagère de l'investisseur ruiné contemplant les cendres de son portefeuille boursier : avec un mélange de fatalisme, d’ironie et de résignation... mais en sachant toutefois que rien n'est définitivement perdu. 

Octobre 2025 aura été mon mois le plus noir depuis mes débuts au poker. Mais l'investisseur avisé sait qu’après le krach survient toujours une phase de reprise. Le tout est de savoir tenir sans perdre la tête. Le long terme est l'allié des bons joueurs ; qu'on se le dise.

mardi 21 octobre 2025

Qualification sur Winamax pour le Wipt Paris 2025

Après le fiasco du Hip'Poker Tour de Vincennes narré dans l'article précédent, voici qu'une nouvelle chance se présente à moi, puisque je viens de me qualifier pour l'étape parisienne du Wipt organisée par Winamax qui aura lieu cette année dans la salle de conférence de l'hôtel Paris Marriott Rive Gauche.

On est toujours loin de la grande époque, celle où l'édition réunissait des milliers de passionnées au sein de la Grande Halle de La Villette. Mais ce sera assurément mieux que l'indigence de l'année dernière, lorsque l'édition 2025 s'était déroulée dans un sous-sol décati et sans âme de la Tour Montparnasse. 

Le nombre de participants demeurera en tous les cas réduit de par la contenance limitée de la salle, sans aucune mesure avec la superficie XXL de la Grande Halle de la Villette. D'ailleurs, il y a un signe que ne trompe pas : l'étape parisienne réunira beaucoup moins de participants que celle qui vient de se dérouler aux Parc des expositions de Toulouse. Là où Paris qualifiera 16 veinards pour la grande finale du printemps qui aura lieu au Pasino Partouche d'Aix en Provence, l'événement de Toulouse vient d'octroyer pas moins de 31 sièges aux veinards d'Occitanie.

En tous les cas, une première étape - celle de la qualification en ligne - vient d'être franchie. Ca n'a d'ailleurs pas été une mince affaire de me qualifier : d'abord il y a eu un anecdotique sit and go à remporter, mais ensuite il faut savoir que le tournoi de qualification en lui-même est pris d'assaut à chaque opportunité. Il y avait ainsi près de 5.000 inscrits pour seulement 100 places à pourvoir lors de ma session de qualification (sachant qu'il y en a 12 de prévues au total, la dernière devant avoir lieu ce 26 dimanche). J'ai beau jouer avec application, s'extirper indemne de pareille mêlée n'est pas de tout repos... mais j'y suis malgré tout parvenu sans trop transpirer dans la dernière ligne droite, en terminant à une tranquille 34e place.

Maintenant, après avoir examiné le calendrier, je constate que l'étape parisienne de ce Wipt aura lieu lors du week-end du 8-9 novembre, et ce n'est pas une bonne nouvelle pour moi, car il se pourrait fort que je sois indisponible à cette date. On verra bien si je parviens à raboter mon emploi du temps afin de pouvoir participer à l'événement, ce qui est loin d'être garanti à l'instant où je rédige ces lignes (50% de chances).

 

jeudi 16 octobre 2025

Hip'Poker Tour PMU édition 2025 : la froide crucifiction de Vincennes

C'est plein d'entrain que je me suis présenté dans la matinée de vendredi de la semaine passée pour y disputer l'édition 2025 du Hip'Poker Tour organisé comme tous les ans par le PMU. Sous les voûtes monumentales de l’hippodrome de Vincennes, le hall du Hip’Poker Tour bruisse d’une excitation contenue lorsque les joueurs s'installent peu après 10h. Un peu plus de 300 joueurs, s’apprêtent alors à en découdre pour cette édition 2025 disputée sur deux jours et organisée par le PMU Poker avec des croupiers à chaque table (tables de neuf joueurs). Il fait froid dans ce vaste hall non chauffé, mais cela m'indiffère. Je débute le tournoi concentré, assis à la droite du sympathique croupier, prêt à jouer mon meilleur poker après ma qualification en ligne obtenue sans forcer quelques jours plus tôt sur le site internet du PMU. 

Mais la croix du joueur de poker devient parfois un fardeau bien lourd à porter. Dès le niveau 2, alors que la matinée ne fait que commencer, je dispute un énorme pot de près de 300 blindes avec en main une paire de dames. Le flop vient Dame-Roi-As avec deux carreaux et un pique. Un flop superbe disputé contre quatre joueurs avec un pot qui fait déjà 35 blindes, et pourtant... Les enchères grimpent doucement au flop, ce qui me laisse confiant quant au fait que personne n'a la main gagnante à ce stade (un hypothétique Valet-Dix), d'autant que je ne décèle aucun regard crispé chez mes adversaires engagés dans ce coup. La turn est un 5 de pique, ajoutant un tirage couleur supplémentaire. Je décide à cet instant de faire tapis, en engageant mes 140 blindes dans un pot qui en fait alors environ 75, convaincu d’être devant et soucieux de protéger ma main contre les nombreux tirages couleur.

Un seul adversaire paye. Un joueur avec les Valets se couche aussitôt, tandis que le dernier à devoir parler, après un long tank, nous montre As-4 de pique avant d'abandonner à contrecœur. Celui qui m'a suivi, paie mon tapis avec As-Roi. J'ai alors 94% de chances de remporter ce coup. La river, comme souvent dans ces tragédies, tombe : un Roi assassin vient aussitôt crucifier mes espoirs et transformer mon brelan en relique inutile. Je suis néanmoins très satisfait du déroulé du coup. Mon adversaire de droite (spectateur du coup) beaucoup moins et maugrée à diverses reprises que tout aurait dû partir à tapis pré-flop de part et d'autre. J'ai beau lui répéter que si tel avait été le cas j'aurais sacrifié ma paire de dames sans remords avec mes 160 blindes de profondeur : il ne veut rien entendre.

Me voilà déjà dans la zone rouge-orangée des pénitents, lesté d’un tapis rachitique qui ne me laisse guère de marge de manoeuvre. Pendant près de deux heures, malgré ma peine, je m’accroche avec ferveur, en quête de rédemption. Chaque main jouée constitue une épreuve, chaque relance adverse une tentation d'en finir. Je parviens à survivre, mais sans jamais retrouver de véritable sérénité. Les stigmates de ce coup perdu restent gravés dans ma mémoire comme un rappel cruel de la fragilité de toute espérance pokeristique.

Lorsque retentit l’annonce de la pause déjeuner, je respire un instant, espérant entrevoir une lueur d'espoir à la fin de la cène. Il n’en sera rien : la messe est dite. À peine revenu à la table, mon maigre tapis s’évapore dans une ultime confrontation. Éliminé dès le retour de la pause, je quitte la table avec un mélange d’amertume et de résignation.

Pour conjurer ma frustration, je m’inscris à un sit and go de consolation, une parodie de poker où tout se joue en moins d'une heure : cette boucherie ultra turbo dépourvue du moindre intérêt technique et très chichement dotée - sans grâce ni gloire - m’achève définitivement. Il est alors 16 heures, le froid dans le grand hall non chauffé et la déception me dissuadent de rester. Je regarde une dernière fois les tables, les rires, les jetons qui s’entrechoquent. Les buffets et petits fours m’attendent en début de soirée, mais le cœur n’y est plus. Je préfère m’éclipser et rentrer dans la grisaille, laissant derrière moi cette arène de verre insolite.

On dit souvent que l'élimination d'un tournoi de poker constitue à chaque fois une petite mort dès qu'on y met un brin d'affect. Le Hip’Poker Tour édition 2025 s’achève donc pour moi sur une note amère, mais le joueur que je suis sait que la résurrection n’est jamais bien loin. D’autres tournois m’attendent, d’autres tables, d’autres combats. Avec, je l'espère, la prochaine fois un destin plus clément au tournant de la river.

jeudi 25 septembre 2025

Qualification pour le Hip' Poker Tour de Vincennes - édition 2025

La semaine dernière, le PMU a ouvert les vannes des qualifications pour la traditionnelle édition du Hip'Poker Tour, un événement poker se déroulant au sein-même de l'hippodrome de Vincennes. Je viens tout juste de décrocher mon ticket, lors de la deuxième session de qualifications en ligne, sachant qu'il suffisait de finir parmi les 50 premiers pour décrocher mon sésame. Autant dire que la pression était légère mais toutefois présente : avec environ 800 participants inscrits à ce freeroll, il fallait batailler dur pour s'imposer dans le haut du classement. Lors de ma précédente tentative, je n'y étais pas parvenu. Mais cette fois-ci, tout s'est parfaitement bien passé pour moi, je n'ai pas tremblé une seule fois lors de la soirée. A la faveur d'un gros stack accumulé dès le départ du tournoi, j'ai su maintenir et même faire fructifier mon capital jetons tout au long de la soirée sans me mettre en réel danger. Mission accomplie : me voilà donc convié pour l'événement. 

Il faut dire que c'est pour moi une habitude que je retrouve avec plaisir : c’est la cinquième ou sixième fois que je me qualifie pour le Hip’Poker Tour. Mais les deux dernières années m’avaient échappé : une fois faute de qualification comme évoqué ci-dessus, et une fois en raison d’un emploi du temps incompatible avec la date du tournoi. Autant dire que cette édition 2025 a pour moi un parfum de retrouvailles.

Le tournoi live aura lieu dans un cadre vraiment atypique, cher au PMU : les entrailles de l’hippodrome de Vincennes. Un décor original, qui confère à cet événement une atmosphère unique. Le Hip’Poker Tour, c’est avant tout une rencontre festive, un tournoi de gala disputé sur deux jours avec une structure semi-rapide permettant toutefois de déployer du beau jeu, qui réunira 200 à 300 joueurs venus de toute la France. L'occasion aussi de retrouver quelques têtes connues. Avec en prime des petits fours à déguster lors de la pause du vendredi soir.

Côté dotations, l’édition 2025 récompensera les plus chanceux avec 5 000 € de lots répartis entre les 23 derniers survivants, de quoi pimenter la fête et donner encore plus d’attrait à cette compétition. Il y a trois ans, j'avais échoué aux portes de la table finale. A coeur vaillant rien d'impossible : cette année j'y crois. D'autant que si je me fie à mes sensations du moment en ligne, je les trouve très bonnes depuis mon retour aux tables et ma traditionnelle coupure estivale. Je trouve mon jeu vraiment bien en place et il n'y a aucune raison qu'il se délite d'ici là.

J’ai désormais hâte de retrouver cette ambiance particulière et de défendre mes chances dans ce tournoi à la fois convivial et relevé, même si le niveau moyen des joueurs y est traditionnellement des plus disparates. Rendez-vous est donc pris à Vincennes dans une semaine pour écrire ici, je l’espère, une nouvelle belle page de mon parcours poker. Aucune pression. Uniquement du plaisir. J'en salive d'avance.

mercredi 24 septembre 2025

PMU, puis Bwin : les migrations malheureuses de 2025

En ce début d’année 2025, PMU a décidé de migrer vers le réseau iPoker, abandonnant ainsi Party, son réseau historique. Voilà que Bwin lui a emboîté le pas depuis quelques jours à peine. Cette situation me chagrine au plus haut point. Malgré le trafic réduit à peau de chagrin depuis le début de l’année, je continuais encore à lancer deux ou trois tournois de temps en temps sur Bwin, quand l’occasion se présentait.

Certes, le réseau PartyPoker, qui mutualisait jusqu’en janvier son offre poker en propre ainsi que celle du PMU et de Bwin, reposait sur un logiciel vieillot, qui fleurait bon les années 1990. Mais malgré son côté spartiate, l’outil restait fonctionnel. Le fait est qu’iPoker, qui héberge désormais ce conglomérat d’opérateurs (auquel s’ajoute ParionsSport), est encore pire que PartyPoker ! On dirait un logiciel bricolé à la va-vite par un étudiant en informatique pressé dans sa chambre du CROUS. D’ailleurs, Betclic l’a quitté il y a un an à peine. De nouveaux colocataires ont malgré tout décidé de poser leurs valises et d’espérer influer sur les mises à jour futures. Mais pour l’instant, aucune évolution n’est venue améliorer l’expérience : c’est toujours la soupe à la grimace. À ce stade, on est en droit de se questionner sur les choix stratégiques opérés par ces challengers, qui traînent depuis des années loin derrière les leaders du marché hexagonal, Winamax et Pokerstars. Lorsqu’on passe leurs logiciels au crible et qu’on énumère toutes leurs faiblesses, le constat est cinglant : tout ceci manque singulièrement d’émulation et de dynamisme.

Je veux bien que les outsiders que sont Bwin, PMU, ParionsSport et PartyParty aient des contraintes budgétaires, mais enfin, il y a un minimum de standing à respecter ! Les critiques des utilisateurs sont constantes depuis des années, et les managers bottent systématiquement en touche, prétextant leur impuissance à faire bouger les développeurs. Et quand un challenger décide de faire cavalier seul (Betclic ou Unibet), le résultat n’est guère plus satisfaisant. Il suffit de lire les commentaires sur clubpoker.net pour constater l’ampleur du mécontentement des joueurs. Cette inertie donne l’impression que ces opérateurs n’ont aucune volonté d’améliorer leurs logiciels poker, considérant cette activité comme un produit subsidiaire, voire marginal, par rapport à leur véritable vache à lait : les paris sportifs (et les courses hippiques dans le cas du PMU).

Tout cela peut sembler anecdotique, mais ça ne l’est pas pour moi : je me sens vraiment malheureux. Ces migrations forcées m’ont contraint à renoncer à mes pseudos fétiches. Car qui dit nouvelle plateforme dit nouveau pseudo… et j’ai épuisé toutes mes réserves en la matière. J’ai dû m’en inventer deux autres – un pour PMU et un pour Bwin – comme si j’effaçais une partie de mon identité de joueur. J’ai notamment été contraint d’abandonner mon pseudo matriciel : « fredyl » n’est plus actif. C’est une sensation très désagréable : Fredyl n’est plus Fredyl (à part sur Unibet).

Autres motifs de désillusion avec iPoker (pêle-mêle) : une interface laide et peu intuitive, pas de possibilité de tchat avec les adversaires, des avatars quasi inexistants, des animations ratées, des changements de table brusques… Et surtout – un détail qui n’en est pas un – en Omaha, les cartes sont illisibles dès qu’on réduit la taille de la table. La lisibilité des cartes, c’est pourtant fondamental pour le confort de jeu !

Il y aurait de nombreuses corrections à apporter, dont certaines enfantines. Pourquoi une telle constance dans la passivité, alors qu’il suffirait d’écouter la communauté des joueurs et de modifier quelques lignes de code ? C’est une question que je me pose depuis des années.

Peut-être qu’un jour un challenger prendra enfin au sérieux les attentes des joueurs, mais pour l’instant, je n’y crois guère. Car se lancer dans une telle aventure suppose d’obtenir un agrément administratif préalable, long et coûteux, sur un marché déjà mûr et saturé. Le poker en ligne reste en outre un produit de niche comparé aux paris sportifs, ce qui refroidit d’avance toute ambition de véritable innovation. Et c'est bien dommage.

dimanche 21 septembre 2025

Les freerolls de l'impossible

Hier samedi, ma fructueuse session de poker a été marquée par un événement insolite. De temps à autre, lorsque je débute ma session un peu plus tôt que d'habitude et qu'il me reste de la place sur mon écran d'ordinateur en attendant qu'arrive l'heure du démarrage de mes tournois préférés, je lance sur les coups de 19h15 un freeroll PLO ultra-turbo sur Winamax qui réunit des milliers de joueurs fauchés avides de glaner quelques centimes. 

Les tournois gratuits proposés par Winamax sont parmi les plus ingrats à jouer en comparaison avec la concurrence, en raison de leur affluence extrême, de leur chiche dotation et de leur format ultra turbo peu propice au beau jeu. Mais j'ai pour tradition de ne jamais bazarder mes tournois quels qu'ils soient, alors j'essaye toujours de jouer en étant un minimum appliqué. Mes tournois les plus importants sont en haut de mon écran tandis que ceux de plus faible importance finissent toujours relégués dans le coin en bas à droite, là où mon attention ne demeure jamais plus d'une fraction de seconde. Ma mosaïque accepte jusqu'à 12 tables en simultané sans chevauchement, et je vais rarement au-delà, sachant que nombre de mes tables sont en Omaha et que cela requiert un temps de réflexion avant prise de décision bien supérieur au Texas Hold'em.

Traditionnellement, lorsqu'il m'arrive de le jouer, je ne jette donc à ce freeroll qu'un regard distrait, même lorsque les places payées sont atteintes. Après tout, les paliers ne sont affaire que de centimes. Hier, ce tournoi a réuni 3 500 joueurs avec comme dotation globale à peine l'équivalent d'un plein d'essence. Un véritable bourbier : se frayer un chemin dans un tel tournoi me fait furieusement penser à ces routes impraticables que l'on retrouve dans le documentaire "Les routes de l'impossible" sur France 5.

Pendant les deux premières heures, j'ai donc laissé tourner ou presque, cliquant en une fraction de seconde et en m'occupant de mes vraies tables, celles où les tournois sont payants et où l'on joue pour autre chose que pour des clopinettes : le fait qu'il y ait pas mal de mes tournois qui se jouent en PLO et que la plupart d'entre eux soient au format KO absorbent toute mon attention. Le freeroll n'existe donc virtuellement pas à mes yeux. Mais à un moment donné, je constate que cette petite table tout en bas à droite demeure toujours active et qu'il ne reste plus que 30 joueurs encore en lice. A ce stade, mon véhicule n'a pas encore dévalé la pente malgré le fait que la route soit impraticable. Je commence donc à y accorder un début d'attention. Je constate que le festival des gratteurs de paliers a déjà commencé : des joueurs sans le sou ralentissent volontairement leurs prises de décision afin de pouvoir bénéficier de quelques centimes de plus en laissant d'autres joueurs se faire éliminer. A quinze joueurs restants, les tapis des uns et des autres deviennent faméliques : chaque décision ressemble à une sieste chronométrée, dans l’espoir de franchir des paliers de quelques dizaines de centimes tout au plus. En conséquence de quoi, la structure du tournoi s’écroule. Ainsi, en table finale, alors que nous sommes six joueurs, le tapis moyen plafonne à cinq blindes. Une parodie de poker où le talent n’a plus rien à voir, les décisions devenant binaires. Un freeroll, c’est toujours ça : beaucoup d’appelés, un prix ridicule, et une finale ruinée par la peur des fauchés, avides de gratter un ou deux euros de palier. Le cirque gratuit du poker en ligne.

Pour ma part, dépourvu de toute peur, je choisis la formule offensive, celle du tractopelle qui déblaye l'éboulement à flanc de falaise et poursuit sa progression. Je pousse mon tapis moins maigre que celui des voisins, je vole, je ramasse, je capitalise. Chaque blinde grappillée est un pas vers la victoire. Et les gratteurs de centimes, tétanisés, me regardent passer. Un à un, ils glissent dans le ravin. Le tête-à-tête final n'est qu'une formalité. Lorsque la poussière retombe et que le silence se fait, Winamax m'informe que je suis désormais plus riche de 27 euros.

Mais quelle aventure pour en arriver là ! 3 500 joueurs fauchés alignés pour une chiche cagnotte, dont les derniers survivants auront ralenti le jeu pour glaner un palier à peine suffisant pour se payer un chewing-gum. Un décor absurde, mais tellement cocasse. Un freeroll sur Winamax, c’est aussi ça : l’illusion d'un Everest pour joueurs désoeuvrés, le tout pour finir au sommet d’une taupinière. Quoi qu'il en soit, hier soir, je suis donc parvenu au bout de ce freeroll, au bout du chemin, pourtant théoriquement impraticable. Modeste gain - surtout en comparaison avec mon bénéfice de la semaine autrement plus confortable - mais immense plaisir que d'être parvenu à vaincre ce freeroll de l'impossible. Un petit triomphe symbolique qui me donne le sourire pour les prochains jours et qui restera dans mes souvenirs. Ce n'est pas tous les jours que l'on a la chance de pouvoir battre 3500 joueurs !


mercredi 17 septembre 2025

Nuisances sonores : de l'importance d'un environnement serein pour bien jouer au poker

Comme indiqué dans mon précédent article d'il y a un mois, j’ai repris le chemin des tables de poker en ligne début août, avec l’envie de me replonger dans une dynamique de jeu efficace et agréable, en bénéficiant de ma fraîcheur mentale retrouvée grâce à ma pause de juillet. Las, dès les premières sessions, j’ai vite réalisé que ma concentration allait être mise à rude épreuve pour des raisons ne dépendant pas de moi.

La résidence où je vis a résonné presque chaque après-midi et jusqu’au coucher du soleil, des cris et chamailleries d’un groupe de fillettes. Dispensées d’école comme toutes les jeunes filles de leur âge pendant ces longues journées d’été, elles ont occupé leur temps en jouant à proximité de mes fenêtres, ponctuant leurs jeux de cris soudains, aigus et stridents dans un chaos parfois indescriptible. Leur agitation, somme toute normale pour leur âge, est devenue rapidement envahissante pour un joueur tel que moi, désireux de se concentrer sur une activité exigeante comme peut l'être le poker sur le plan mental.

Le résultat a été sans appel : au lieu d’entrer sereinement dans mes parties sur les coups de 19 ou 20h, j'ai démarré presque chaque session avec ce fond sonore irritant. Cette irritation devient vite une source d'inconfort, m'empêchant de me glisser dans ma bulle habituelle. Mon esprit s'est à maintes reprises détourné de l’analyse des mains pour se focaliser sur ces bruits extérieurs, ruinant mon plaisir tout en entamant mon capital patience, au point d'affecter la qualité de mes décisions. Dans un jeu où le mental est souvent plus important que la technique, cette perturbation aura constitué un véritable handicap, à tel point que j'ai décidé de réduire le nombre de mes sessions jusqu'à la rentrée scolaire salvatrice.

Cette expérience m'a rappelé une vérité fondamentale : le poker ne se joue pas uniquement sur un écran ou autour d’une table. Il se joue aussi dans l’espace mental que l’on parvient à préserver. Créer un environnement de jeu serein, silencieux et confortable n’est pas un luxe : c’est pour moi une condition préalable à la performance, car j'ai un cerveau qui ne peut traiter parfaitement qu'une information à la fois. Dès qu'il y a dispersion ou saturation, mon rendement intellectuel s'effondre. Pas question pour moi de transiger avec ces détails-là.

Mon cas particulier illustre avec mes bruyantes voisines une tendance générale. D'une manière générale, le joueur de poker doit composer avec son environnement : lumière, bruit, confort, température, hydratation, etc. Pour ce qui est par exemple de la lumière, j'ai pris l'habitude depuis de nombreuses années de jouer avec une lampe diffusant un halo de lumière verte (apaisante) au dessus de mon bureau. Pour ce qui est du confort, je dispose d'une chaise relativement confortable. Et je prends soin de me dégourdir les jambes et de m'hydrater quasiment à chaque pause. Les petits détails de cet acabit comptent, sachant que je dois passer de nombreuses heures assis à batailler derrière mon écran d'ordinateur en ayant l'ambition de maintenir un haut rendement dans la durée, jusque tard dans la nuit lorsque la chance me le permet. Mais s'agissant des nuisances sonores provoquées par le voisinage, il m'aura été impossible de trouver la parade adéquate : certes les fillettes ont cessé leur manège tous les soirs vers 21h30, mais je n'aime pas piocher dans mon influx nerveux dès le début de mes sessions car cela augure de moments potentiellement mal gérés au moment du money time qui survient souvent passé minuit.

Le capital de concentration d'un joueur de poker constitue une ressource limitée. Un joueur distrait, irrité ou fatigué commettra plus d’erreurs que d'accoutumée. Et dans un jeu où chaque décision compte, l’accumulation de micro-erreurs coûte bien plus cher qu’on ne le croit. En conséquence, j'ai fortement réduit le nombre de mes séances poker par rapport à ce que j'ambitionnais jusqu'à la première semaine de septembre. 

Le poker est une école de patience et de contrôle. Mais pour exercer ces vertus, encore faut-il s’offrir un cadre propice. Sans cela, on n’entre jamais vraiment dans la partie. A présent que l'école a repris, mon inconfort sonore et l'irritation qui a pu être la mienne à cette occasion a vite été oublié, les choses étant retournées à la normale. Mais cela m'a rappelé que la discipline ne réside pas seulement dans l’étude des mains ou dans la sage gestion de son fonds de roulement. Elle se joue aussi dans l’art d’organiser son environnement, en l'assujettissant à sa volonté. Savoir fermer une fenêtre, mettre de la musique dans ses oreilles afin d'atténuer le bruit environnant, voire différer ou annuler une session jusqu’à ce que le calme revienne : tout ceci fait partie intégrante de la préparation du joueur exigeant.

 

mardi 12 août 2025

La saison 2025-2026 est ouverte. Et c'est reparti pour un tour !

Voilà, après une coupure poker complète d'un bon mois, me voici de retour aux tables. Après avoir disputé quelques sessions nocturnes peu glorieuses pour le moment, mon ressenti est très positif. Je me sens frais comme un gardon. Heureux de jouer, tout simplement. Prêt à vivre une saison entière avec son lot de joies et de tristesses. Si Dame Chance avait la bonne idée de venir m'aider, ce serait chouette. Sinon, je vais faire en sorte de me débrouiller sans elle.
 
C'est donc reparti pour un tour, la saison 2025-2026 démarre et je suis optimiste : les turbulences du passé commencent à s'éloigner, j'ai désormais de réelles certitudes quant à ma supériorité technique sur mes adversaires (surtout en Omaha), je prends toujours le même plaisir aux tables et en dépit des années qui passent j'ai pleinement conscience qu'il me reste encore bien des objectifs à atteindre, bien des rêves à réaliser, bien des tournois à gagner.
 
Il y a quelques jours, j'ai pu revoir la mythique réplique du film L'union sacrée réalisé par Alexandre Arcady avec Patrick Bruel et Richard Berry en tête d'affiche, dont l'écho résonne en moi lorsque je joue au poker : "I am le kabyle, nobody me fait peur". Ceux qui me lisent depuis longtemps savent que j'ai adapté cette réplique spécialement pour le poker en "I am le fredyl, nobody me fait peur". Quoi qu'il en soit, cette saison, je suis résolu à n'avoir peur de rien ni de personne aux tables. Qu'on se le dise.

lundi 28 juillet 2025

Abstinence en vacances !

Il fut un temps (pas si lointain) où jouer au poker en ligne pendant les vacances d'été pouvait s'avérer compliqué. Avec le nomadisme numérique, tel n'est plus le cas.

Malgré la tentation, cette année, ma pause annuelle de juillet est scrupuleusement respectée. Ce n'est là ni une pause contrainte, ni un sevrage difficile, mais bien une authentique coupure, afin de récupérer de l'influx nerveux en prévision des semaines et mois à venir.

J’aurais bien évidemment pu jouer puisque je dispose d'une connexion internet et que les plateformes de poker ne s'arrêtent jamais : elles déroulent continuellement leurs tournois, 365 jours par an, 24h/24. Quoi qu'il en soit, j’ai décidé de refermer temporairement le couvercle de la cocotte-minute. J’ai donc laissé les cartes de côté, pour ne plus ressentir la moindre pression l'espace de quelques semaines.

Cela fait donc maintenant près d'un mois que je n’ai pas lancé une seule main. Pas de tension, pas d’attente, un rythme de vie dépourvu de ce petit stress nocturne qui serre la poitrine lorsque tout se joue sur un tirage. Et j'ai la conviction que cela me fait du bien.

Je n’ai pas pensé au poker. Ou presque pas. Deux soirs de suite, je me suis néanmoins installé devant mon téléviseur pour assister à la diffusion en direct sur RMC Sport de la table finale du Main event des WSOP de Las Vegas, comme on regarde un feu d’artifice : un spectacle lointain, beau, détaché, avec un champion survolté qui non content d'être le meilleur, aura bénéficié d'une chance insolente du début à la fin. Félicitations à Michael Mizrachi pour son sacre et ses dix millions de dollars de gains (avant impôts). A part ça, mon abstinence en vacances fut totale. Et c’était bien. Vraiment bien. Loin du tumulte des parties de poker en lignele silence numérique m'a fait réellement du bien.

Le jeu attendra. Il est patient, et moi aussi. Août arrive à grands pas : dans quelques jours, je vais donc revenir parfaitement reposé. Certainement pas meilleur techniquement, mais totalement apaisé et ragaillardi. Avec un amour retrouvé pour les cartes et leur incessant drama. Pourvu que ma saison 2025-2026 soit belle ! Je me sens bien. Et je pense pouvoir faire des belles choses.

 

mercredi 18 juin 2025

Série noire en cours

Alors que je racontais il y a une semaine à peine que j'avais le sentiment de jouer actuellement très bien, voilà que mes résultats financiers s'acharnent à rester dans le rouge, séance après séance, dans la continuité de mon article du 4 juin. A moins d'un retournement de situation, le mois de juin 2025 risque fort d'être pour moi un authentique désastre comptable, le pire depuis de nombreuses années. Les sessions négatives s'enchainent à tel point que ça fait désormais un peu tâche sur ma courbe. Pourtant, je continue à jouer mes tournois et à disputer mes coups de façon à peu près identique, logique, patiente et rationnelle, avec un rituel stable et une sélection de tables relativement similaire d'une session à l'autre. D'ailleurs, je prends soin de lisser la variance en jouant une douzaine de tables en simultané, de telle sorte que je joue 15 à 20 tournois de Pot Limit Omaha (PLO) par session. Ca aide aussi à combattre l'ennui d'avoir autant d'action en permanence devant son écran d'ordinateur. Mais rien ne saurait expliquer rationnellement ma série noire en cours.
 
Quoi qu'il en soit, je ne suis vraiment pas habitué à vivre une telle période négative session après session : ma courbe de gains est en chute libre, à tel point que mon ROI moyen s'en retrouve érodé pour la première fois depuis bien longtemps. Seule ma courbe d'EV se maintient à un bon niveau, ce qui est encourageant mais ne compense en aucune manière les pertes du moment. Alors dans de telles conditions, que faire ? Ma réponse appropriée est la suivante : rien (ou presque). A l'échelle de la variance, un échantillon de 200 tournois n'a aucune valeur probante : les anomalies statistiques peuvent foisonner sans qu'il y ait besoin de hurler au loup.
 
Un de mes rares confidents poker gravitant dans ce milieu me le rappelle assez fréquemment au moyen de ses mots crus à lui : le poker est un jeu de cons. Il faut vraiment savoir composer avec les revers de fortune. Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas : il n'y a RIEN que l'on puisse faire, si ce n'est prendre son mal en patience.
 
Mon but du moment consiste essentiellement à éviter de dégrader mon niveau de jeu sous le coup de la colère (très mauvaise conseillère), du doute (toujours sournois) ou bien encore de la lassitude. Pas question de me plaindre. Même ici, cet article que je rédige avant d'aller me coucher ne constitue pas une plainte ou un apitoiement, puisqu'au final je prône l'indifférence comme remède. Pour le reste, on va gentiment attendre que ça passe.
 
Pas de colère. Je suis une salamandre qui résiste au feu. D'une manière générale, lorsque je suis dans le coeur de l'action et que je subis une crise aigüe de malchance, je m'autorise à geindre (en silence de préférence) un très court moment n'allant pas au delà de cinq secondes : c'est la soupape de sécurité que je m'accorde afin d'évacuer un début de frustration. Et même ça, j'ai tendance à considérer que c'est déjà trop. Mais bon, je suis humain. A froid, il en va de même : j'écris ces lignes en toute sérénité. Oui, je perds beaucoup en ce moment. Et alors ?
 
Pas de doute. Je suis un aigle au regard vif et aux griffes acérées. Plaisanterie mise à part, je dispose tout de même d'une arme secrète en PLO : je suis absolument certain de ma force et de ma supériorité technique dans cette variante, ainsi d'ailleurs que dans celle (nettement moins prisée) du Omaha Hi-Lo. Et ce n’est pas là de l’optimisme béat, mais bien une implacable réalité mathématique qui me vaccine contre le doute et une inutile remise en cause qui surviendrait pour de mauvaises raisons.
 
Pas de lassitude. Je suis un ouistiti espiègle et moqueur. J'aime toujours autant ce jeu, quel que soit le scénario du soir. Les bons joueurs de PLO ne sont à la vérité pas si nombreux, et graviter dans un tel milieu avec des gaffeurs, des inconscients et des oisillons à peine sortis du nid continue de me divertir indépendamment des résultats obtenus. La variance est importante, mais elle fait partie du jeu.
 
Tout ça pour dire que mauvaise passe actuelle va vite se terminer et la pause estivale n'est vraiment plus très loin de toutes les manières. Malgré les pertes du moment il est donc urgent de ne rien faire : ce n'est certainement pas une vilaine série noire en cours qui va stopper ma marche en avant. Qu'on se le dise.

mercredi 11 juin 2025

Ma soirée insolite en PLO : deux mains de départ complètement improbables au cours d'une même session !

Je termine à l'instant ma session de poker en ligne du soir. Mon bilan est négatif sur le plan financier, mais très positif sur le plan statistique : je joue remarquablement bien ces temps derniers, avec un EV qui atteint ou dépasse régulièrement les +15bb/100 (en sachant que 90% de mon volume de jeu se fait en Omaha). Les puristes apprécieront. Mais là n'est pas la raison de cet article...

Ce soir, j’ai défié les probabilités d'une toute autre façon, bien plus cocasse. J'ai tout simplement vécu une expérience extrêmement rare en Pot Limit Omaha : recevoir deux fois, au cours de la même soirée, la pire main de départ possible : quatre cartes identiques. J'ai reçu une première fois les quatre 2 du paquet (2 de trèfle, 2 de carreau, 2 de cœur et 2 de pique) sur Winamax ; puis une autre fois les quatre as, cette fois-ci sur PokerStars !

Pour rappel, lorsque l'on joue au Pot Limit Omaha (PLO), on reçoit quatre cartes fermées. Pour composer notre main finale, on doit obligatoirement utiliser deux de nos cartes privatives en les combinant avec trois cartes du tableau commun composé quant à lui de cinq cartes (flop, turn, river). Or, en recevant quatre cartes identiques (comme ce soir ces infâmes 2222 ou ces maudits AAAA), on ne peut pas utiliser plus de deux de ces cartes identiques pour la combinaison finale. Concrètement, ces quatre cartes ne forment donc jamais plus qu’une paire, et elles n’apportent aucun potentiel d'amélioration. Du cannibalisme à l'état pur. Poubelle directe !

En pratique, une telle main de départ est totalement injouable. Et pas question d'envisager le moindre bluff, sachant que le PLO est un jeu de tirages. Dans cette variante du poker, hériter d'une telle main, c'est posséder une main morte. Ces quadruplets n’ont absolument aucun espoir d’amélioration : ni suite, ni couleur, ni brelan, ni full, ni rien du tout !

AAAA en Omaha = poubelle !!!
La probabilité de recevoir quatre cartes privatives identiques en Omaha est infime, en sachant que le nombre total de mains de départ y est de 270 725 et que parmi ces combinaisons, il n'y a que 13 quadruplets possibles (un par rang de carte, de l’As au 2). Cela se produit donc toutes les 20 000 mains en moyenne... Tous les joueurs savent qu’une telle main se doit d'être aussitôt couchée : pas de potentiel d’amélioration, aucun tirage, aucun espoir de gain. La seule décision correcte consiste donc à jeter une main aussi poisseuse, et c'est bien sur ce que j'ai fait sans hésitation dans un cas comme dans l'autre.

Recevoir une telle main déjà une fois au cours d'une soirée est donc assez rare, et ne survient environ que dans 5% de mes sessions en considérant que je joue environ mille mains par soir lors de mes sessions de Omaha. L’avoir deux fois dans une même session relève presque du prodige statistique surtout si l'on considère de surcroit que c'était-là les deux quadruplets les plus symboliques, situées aux deux extrême, avec les 2, d'un côté, main la plus moisie de l'univers Omaha et les As de l'autre, gâchis le plus immense qui soit. Les probabilités qu'une telle situation survienne au cours d'une soirée passée à jouer étaient donc inférieures à 0.1%.

Quoi qu'il en soit, ma soirée insolite illustre parfaitement la beauté (et parfois le côté cocasse) des probabilités au poker. Deux quadruplets en PLO, c’est un clin d’œil des cartes… mais aussi un rappel brutal : au poker, dès lors que ce ne soit pas impossible, tout finit par arriver, y compris les combinaisons de cartes et les situations mathématiques les plus improbables. Cette situation tout à fait anodine illustre à merveille pourquoi il faut conserver en toutes circonstances une certaine forme de détachement et d'humilité vis-à-vis des cartes. Elles ne nous doivent rien. Jamais... Autant l'avoir en tête : ça aide à se prémunir contre de grosses déceptions futures.

 

mercredi 4 juin 2025

La mini-galère d'un soir

En ce mardi soir, j’ai passé la soirée à essayer de convaincre les cartes de me respecter. 1200 mains jouées, un volume assez conséquent en tournoi, de telle sorte que l'écart entre le bilan théorique et le bilan réel a tendance à être assez réduit. Mais ça demeure toutefois un échantillon faible à l'échelle d'une carrière de joueur en ligne. Et ce soir, j'ai connu le grand écart. Ou plutôt le grand écartèlement tellement ça fait mal.

A la fin de ma session, je regarde mon EV théorique et là j'aurais tendance à me réjouir car mon EV théorique du soir est de + 15bb/100 ce qui est un excellent ratio. Et pourtant, j'ai été victime de rencontres très malheureuses, et j'ai commis une grossière erreur de lecture qui m'a coûté une montagne de blindes sur un coup avec une énorme profondeur (je m'en veux encore, j'étais distrait l'espace d'un instant et c'est pile au moment où mon doigt quitte la souris pour valider ma sur-relance hasardeuse que je me rends compte de la bourde).

Mais lorsque je jette un oeil au second indicateur que me donne mon logiciel de suivi Xeester, l'EV réel, la claque dans la figure est réelle : - 8bb/100 c'est tout bonnement catastrophique, indicateur d'une malchance chronique tout au long de la soirée. Ca représente un écart statistique défavorable de l'ordre de 23 pts ! A ce stade, on ne peut plus parler de malchance mais de guigne ou de poisse, et cette poisse, je l'ai bien sentie passer sans avoir eu besoin de jeter un oeil à mes indicateurs habituels. Pire encore, la guigne m'aura accompagné jusqu'à ma toute dernière table, où j'atteins en bonne position la table finale qui a elle seule aurait pourtant pu me permettre d'équilibrer mes comptes.

Pour donner un ordre de comparaison, c'est exactement comme si une équipe de football perdait un match en ayant tenté 35 tirs tandis que l'équipe adverse n'en tentait que 2.

J’ai vu défiler tous les scénarios absurdes. Les mains à tapis qui dominaient largement se sont retrouvées presque à chaque fois battues à la river. Les pile ou face cruciaux ont été quasi systématiquement perdus. Mais à aucun moment je n'ai réellement râlé. A vrai dire, lorsqu'il ne me restait plus que deux ou trois tables, j’ai même fini par en rire, tellement le scénario devenait défavorablement cocasse avec toute cette malchance en boucle.

Pour couronner cette soirée de galère, j'ai également oublié de m'inscrire à un tournoi communautaire important, à quelques secondes près. Frustrante soirée ! Quoi qu'il en soit, je conserve malgré tout un excellent moral. Je garde à l'esprit que l’EV théorique, c’est un peu comme une boussole qui indique le nord pour qui sait la lire. Tout le reste n'est au final que littérature ou anecdote.

La mini-galère du joueur de poker perdu

Alors oui, ce soir j’ai terminé ma session avec un ROI désastreux de -60% et un déficit d'EV de l'ordre de 23 pts qui m'aura au final coûté beaucoup d'argent, plus d'une centaine d'euros, c'est certain ! Oui ça pique un peu lorsque l'on raisonne en terme d'argent perdu. Mais la beauté du poker, c’est qu’on sait que ces écarts finissent toujours par se lisser à condition d'être patient et de se projeter sur le long terme.

Le sel de ce jeu réside également dans sa variance qui génère un brouillard de guerre qui privilégie aléatoirement un tel ou un tel pendant un court laps de temps. De façon totalement arbitraire. Parfois jusqu'à l'absurde. Mais celui qui sait maintenir le cap en faisant un usage judicieux de sa boussole finit toujours par éviter les récifs et retrouver son chemin au final. De toutes les manières, je souhaitais m'adonner à un jeu où les maths gagnaient toujours, j’irais jouer à tout autre chose. Aux échecs, par exemple. Au poker, il faut savoir intégrer le fait que le facteur chance s'incruste toujours à l'équation – et parfois la distorsion ainsi induite est telle que cela en revient carrément à inventer d'improbables théorèmes.

Alors je vais aller me coucher un peu frustré, mais nullement abattu. Pas question de ressasser ces improbables coups perdus. Au contraire, même, le peu d'adrénaline du soir devrait me permettre de m'endormir rapidement, d'autant que je reste de bonne humeur, le sourire en coin, heureux d'avoir eu la force de narrer ma déveine du soir avant d'aller au lit. 

Demain, je reviendrai aux tables avec la même patience et la même envie de jouer le coup juste. Ma boussole continue de me guider vers ma destination finale. Je maintiens le cap, fixant l'horizon en ayant l'intime conviction que par delà la mer, derrière la brume, se trouve mon eldorado. Et vogue la galère...

vendredi 30 mai 2025

Une progression toute en lenteur...

Depuis le début de l’année, ma courbe de gains trace sa route, lentement. Elle monte, sans à-coups, sans éclats, sans panache. Mon taux de retour sur investissement (ROI) depuis janvier demeure étonnamment stable, autour des 25%. C’est bien, même si faute de jouer quotidiennement, les gains sont au final bien chiches. Ca demeure malgré tout très bien sur le papier. Mais étrangement, je ressens une forme de fatigue sourde, comme si cette progression n’était pas tout à fait vécue comme un plaisir. Car ce qui commence peut-être à me manquer un peu, en ce moment, ce n’est pas les gains mais l'intensité !

Ces dernières semaines, je joue. De façon appliquée, presque scolaire : mes décisions sont prises avec soin. Mes choix sont solides, les prises de risques minimes et calculées, ce qui fait que les erreurs sont au final très rares. Je termine ainsi mes sessions sans trembler. C’est propre, mais sans relief ni panache. Le genre de routine pas déplaisante en soi, mais que l'on aspire à quitter à un moment ou à un autre. Le quotidien à base de tournois de Omaha à faible et moyen coût paraît presque fade en dépit du fait que le Omaha génère davantage d'émotions que le Texas Hold'em.

Je ne fais pas de tournois marquants. Je ne vis pas de bulles particulièrement douloureuses. Pas de gros tournoi joué, cela se traduit par la raréfaction des possibilités d'obtenir des performances décisives. Juste une longue marche tranquille, ponctuée de quelques petits gains épars standards. Certes, tout fonctionne : preuve en est, mon logiciel de suivi Xeester m'affiche des courbes ascendantes, tant en termes de gains réels que de performances théoriques ! Tout fonctionne donc plutôt bien… mais sans le feu, sans la grinta, sans le panache du flambeur, sans qu'au final je sois amené à réellement vibrer, donc. Aucune sueur froide sous les aisselles.

J'en viens donc à me poser la question : le poker sans pics émotionnels réguliers a-t-il encore une saveur, une odeur qui stimule mes sens ?

Lorsque le quotidien devient maîtrisé, dépourvu de risque, qu'on évite les embardées mentales, qu’on accepte les coups du sort sans frémir car sans enjeu d'importance, que me reste t'il à me mettre sous la dent ? Il me reste le jeu en lui-même. Nu. Mathématique. Dénudé de tout le drame habituel dans lequel la communauté de joueurs adore se draper. Le poker devient actuellement pour moi un pur exercice d’exécution. C'est provisoire, mais cela m'amène à réfléchir sur mon rapport au jeu : il y a là un vrai travail mental à l'oeuvre.

Il faut apprendre à aimer la lente montée, celle qui ne se célèbre pas, mais qui construit la solidité du joueur sûr de sa force. Apprendre à jouer sans en attendre d’extase immédiate. Apprendre à progresser sans fanfare. Je suis convaincu que c’est dans une période telle que celle-là que je peux encore évoluer sur le plan mental : cela ne se traduit pas par des résultats immédiats, mais fait partie d'un processus de maturation mentale. Certes, le corps réclame des sensations et de l'adrénaline ; certes l’égo grogne dans son coin ; certes j'ai l'impression que chaque semaine ressemble à la précédente, sans éclat ni relief. Mais à la vérité je poursuis mon chemin. Des milliers de joueurs très talentueux et/ou professionnels ont déjà explosé en vol et quitté les tables de poker. Moi, Fredyl, je suis toujours là. Imperturbable. Conscient de mes forces. Toujours passionné, quand bien même la passion ait désormais été en grande partie apprivoisée.

Je crois que ce moment m’apprend quelque chose de fondamental : le poker enseigne aussi l’attente. L’attente lucide, active. Celle qui sait que les grosses performances reviendront sans que l'on soit obligé de forcer son destin. Celle qui continue de travailler, même sans se fixer de dates butoir. Celle qui accepte de jouer 200, 500 ou 1 000 tournois d’affilée sans adrénaline, si c’est le prix à payer pour être prêt le jour J. L'attente.

Je me complais dans le calme du moment. Je suis satisfait de déceler dans ma routine une forme de luxe plutôt qu'un début de lassitude. J’essaie de garder à l'esprit que si je ressens parfois ce qui pourrait s'apparenter à un début d'ennui, c’est parce que j’ai atteint une stabilité émotionnelle que beaucoup de joueurs pourraient m'envier. Derrière mon taux de retour sur investissement stable, il y a du sérieux, du contrôle, et une forme de constance mentale que très peu de joueurs possèdent.

Alors je poursuis ma route, en disputant des tournois sans grands enjeux. Sans héroïsme, sans drame, sans fureur. Du moins, pour le moment. Peut-être qu’un jour pas si lointain, je relirai ces lignes depuis le sommet d’une performance XXL, en me rappelant que c’est aussi ici, dans ce creux de 2025, que tout s’est construit.

vendredi 2 mai 2025

Les mains jumelles : chronique d'un naufrage en stéréo

Il y a quelques jours de cela, j'ai décidé de faire une session poker du soir ultra light, seulement quatre tournois à faible coût, afin de me permettre de pouvoir regarder du coin de l'oeil un match de football en parallèle. C'est en général une pratique à bannir que de se laisser distraire pendant une session, mais de temps en temps je m'autorise une petite dérogation telle que celle-ci à mon protocole de rigueur.

Très vite, je suis éliminé d'un premier tournoi, et il ne me reste plus que trois tables actives. Mes tables sont donc de taille plus grande que d'accoutumée. A un moment, il s'est passé quelque chose d'assez insolite, tant d'un point de vue statistique que visuel, à savoir que j'ai vécu deux mains jumelles à trois joueurs exactement au même instant, sur deux tables de deux plateformes différentes : Winamax et ParionsSport.

Je décide de faire tapis préflop avec As-Dame alors que je dispose dans un premier cas de 20 blindes et dans le second cas de 13 blindes... et je suis payé par exactement les mêmes mains chez mes deux adversaires à chacune des deux tables, puisque de leur côté ils possèdent respectivement Dame-Roi et une paire de 7. Je ne m'attends bien évidemment pas à gagner les deux coups, puisque je sais que je n'ai à chaque fois qu'un tiers de chances de remporter le pot. Mais le fait est que l'abattage se produit en simultané sur les deux tables et que je me retrouve éliminé à la river dans un cas comme dans l'autre : cocasse ! En moins de cinq secondes, l'ascenseur émotionnel aura été intense pour mes deux yeux.

Statistiquement parlant, se retrouver avec deux mains jumelles lors d'une session arrive de temps à autre lorsque cela nous oppose à un seul adversaire, mais là, avec deux adversaires distincts à chaque fois et à la seconde près, les probabilités étaient infinitésimales. Au poker, tout peut arriver. Et tout finit par arriver, d'ailleurs : il suffit pour cela de jouer non-stop pendant des milliards d'années. Sinon, à l'échelle d'une vie, il n'y a que des anomalies statistiques plus ou moins marquées.

Alors que reste-t-il, une fois les jetons partis et les écrans noirs de silence ? Une sensation étrange. D’avoir été le héros tragique d’une farce cosmique. D’avoir assisté à un bug dans la matrice, ou peut-être à une leçon d’humilité sur la nature profondément chaotique du jeu. Car au final, on ne retient pas que les bad beats. On retient surtout leur mise en scène. Et là, franchement, le metteur en scène s’est surpassé. Merci au Dieu du Poker de m'avoir fait vivre pareil moment ! Ca me fera un beau souvenir... et cette double élimination en stéréo m'aura permis regarder la fin de mon match dans de meilleures conditions, en Dolby Surround... et surtout sans risque accru de strabisme !

 

lundi 14 avril 2025

Triple bulle, mais pas triple buse !

De par la valse incessante de jetons lorsqu'on s'adonne à une session de poker en ligne, il y a des soirs où ce jeu semble vouloir inventer une chorégraphie étrange, totalement improbable. Je ne parle pas ici d'une session de rêve, pas non plus d'un enfer de coups perdus, mais bel et bien d'un moment suspendu entre tension, hasard et coïncidences. Ce soir, j’ai vécu l’un de ces petits moments cocasses qui confèrent au poker tout son sel.

Trois tournois de Pot Limit Omaha (variante que je pratique avec assiduité). Disputés sur trois plateformes différentes, à savoir Winamax, Bwin et PokerStars. Et pendant près d'une demi-heure, je me suis dit que je vivais là un moment de poésie (et de sueurs froides) puisque j'ai vécu les trois bulles de ces trois tournois exactement au même moment de la soirée, alors même qu'il s'agissait de mes trois dernières tables encore actives, entre 22h40 et 23h15.

Dans les trois, je me suis retrouvé dans le ventre mou du peloton. Loin des chip leaders, mais pas non plus en train de dépérir. J'ai vécu ces trois bulles dans une situation presque douillette, engoncé dans ce bon vieux ventre mou, ce territoire instable où chaque coup peut certes vous propulser vers le top mais également vous éjecter dans l’anonymat en cas de mauvaise rencontre face à un joueur plus grassouillet que soi.

J'ai déjà révélé ici que j'avais une tendance à être plus offensif que de raison au moment des bulles de mes tournois, mais ce soir, j'étais dans une stratégie très raisonnable. J'ai donc surtout fait figure de figurant plutôt que de protagoniste principal. Mes trois bulles du soir ont vraiment mis beaucoup de temps à éclater, c'en était presque irréel de voir tous ces joueurs agonisants à tapis avec Dame Chance qui semblait prendre plaisir à les sauver à chaque fois, en dépit de tout bon sens, en semblant faire un pied de nez aux probabilités.

Dans des conditions pareilles, un joueur avisé est bien inspiré de garder un oeil sur la situation de chacune des tables où ses adversaires s'affrontent, et le jeu bascule dans une autre dimension, puisqu'on en vient de facto à devenir supporter des adversaires richement dotés en jetons, au détriment des joueurs en queue de peloton, qui frôlent l'élimination à chaque coup tellement leurs blindes restantes sont faméliques. Il faut aussi de son côté savoir composer avec le chrono qui égrène les secondes : plus on joue soi-même tard à sa table et moins on risque l'accident. Tous les joueurs un tant soit peu aguerris le savent : a la bulle, les coups ont souvent tendance à se jouer avec une lenteur parfois exaspérante. Quoi qu'il en soit, c'est également dans cette phase-là que l'on peut hypothéquer ses chances de succès final si on se laisse rogner ses blindes en ayant peur de l'accident tragique qui nous fait sortir à l'orée des places payées. La peur de perdre est ici omniprésente, et dicte parfois aux joueur cet excès de prudence qui fait que d'autres sauront en profiter : certains joueurs en position confortable et bien inspirés savent profiter d'un tel moment pour se constituer un matelas supplémentaire qui leur permettra d'aborder la dernière ligne droite dans les meilleurs conditions qui soient.

En Omaha, franchir une bulle constitue un moment plus délicat, plus subtil qu'en Texas Hold'em : avec tant de tirages, la tentation d’y aller “parce que ça peut passer” est grande. Mais au moment de la bulle, il faut sélectionner ses batailles à livrer avec un extrême discernement. Ce soir, tout est passé tranquillement pour moi. De façon étonnamment synchronisée. Mais ce que je retiens surtout de cette session, c’est cette étrange harmonie temporelle que je viens de vivre : trois bulles simultanées, de même durée, qui se sont comme enchevêtrées devant mon écran d'ordinateur, se prolongeant pendant de très, très, longues minutes. Un timing absurde, que j'aurai pourtant vécu somme toute sereinement,en observateur amusé.

On pète les bulles en Pot Limit Omaha comme on peut !

Au final, peu après l'éclatement de ces trois bulles et mon entrée dans les places payées, je me suis fait éjecter dans les trois cas somme toute assez rapidement, avant même de pouvoir prétendre à ne serait-ce qu'une seule victoire finale. Mais j'aurai au moins au le privilège de vivre cette situation cocasse comme si j'avais joué un bout de ma session littéralement au ralenti. De quoi rendre ma session du soir moins fade : je saurai donc m'en contenter pour cette fois-ci.