FREDYL A LA CONQUETE DU POKER
Le meilleur blog francophone de poker, par Fredyl. Tout commence le soir, assis derrière un écran d'ordinateur ! Anecdotes, comptes-rendus humoristiques, récits palpitants dans le monde du poker en ligne et poker live. Grâce à la magie des cartes et à la chance je voyage à Cannes, Bordeaux, Lille, Toulouse, Paris, Dublin, Las Vegas, Rio de Janeiro, partageant chaque étape de mes pérégrinations ludiques. Sans oublier les tournois de gala, les places de matches et les petits fours des buffets.
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mardi 12 août 2025
La saison 2025-2026 est ouverte. Et c'est reparti pour un tour !
lundi 28 juillet 2025
Abstinence en vacances !
Il fut un temps (pas si lointain) où jouer au poker en ligne pendant les vacances d'été pouvait s'avérer compliqué. Avec le nomadisme numérique, tel n'est plus le cas.
Malgré la tentation, cette année, ma pause annuelle de juillet est scrupuleusement respectée. Ce n'est là ni une pause contrainte, ni un sevrage difficile, mais bien une authentique coupure, afin de récupérer de l'influx nerveux en prévision des semaines et mois à venir.
J’aurais bien évidemment pu jouer puisque je dispose d'une connexion internet et que les plateformes de poker ne s'arrêtent jamais : elles déroulent continuellement leurs tournois, 365 jours par an, 24h/24. Quoi qu'il en soit, j’ai décidé de refermer temporairement le couvercle de la cocotte-minute. J’ai donc laissé les cartes de côté, pour ne plus ressentir la moindre pression l'espace de quelques semaines.
Cela fait donc maintenant près d'un mois que je n’ai pas lancé une seule main. Pas de tension, pas d’attente, un rythme de vie dépourvu de ce petit stress nocturne qui serre la poitrine lorsque tout se joue sur un tirage. Et j'ai la conviction que cela me fait du bien.
Je n’ai pas pensé au poker. Ou presque pas. Deux soirs de suite, je me suis néanmoins installé devant mon téléviseur pour assister à la diffusion en direct sur RMC Sport de la table finale du Main event des WSOP de Las Vegas, comme on regarde un feu d’artifice : un spectacle lointain, beau, détaché, avec un champion survolté qui non content d'être le meilleur, aura bénéficié d'une chance insolente du début à la fin. Félicitations à Michael Mizrachi pour son sacre et ses dix millions de dollars de gains (avant impôts). A part ça, mon abstinence en vacances fut totale. Et c’était bien. Vraiment bien. Loin du tumulte des parties de poker en ligne, le silence numérique m'a fait réellement du bien.
Le jeu attendra. Il est patient, et moi aussi. Août arrive à grands pas : dans quelques jours, je vais donc revenir parfaitement reposé. Certainement pas meilleur techniquement, mais totalement apaisé et ragaillardi. Avec un amour retrouvé pour les cartes et leur incessant drama. Pourvu que ma saison 2025-2026 soit belle ! Je me sens bien. Et je pense pouvoir faire des belles choses.
mercredi 18 juin 2025
Série noire en cours
mercredi 11 juin 2025
Ma soirée insolite en PLO : deux mains de départ complètement improbables au cours d'une même session !
Je termine à l'instant ma session de poker en ligne du soir. Mon bilan est négatif sur le plan financier, mais très positif sur le plan statistique : je joue remarquablement bien ces temps derniers, avec un EV qui atteint ou dépasse régulièrement les +15bb/100 (en sachant que 90% de mon volume de jeu se fait en Omaha). Les puristes apprécieront. Mais là n'est pas la raison de cet article...
Ce soir, j’ai défié les probabilités d'une toute autre façon, bien plus cocasse. J'ai tout simplement vécu une expérience extrêmement rare en Pot Limit Omaha : recevoir deux fois, au cours de la même soirée, la pire main de départ possible : quatre cartes identiques. J'ai reçu une première fois les quatre 2 du paquet (2 de trèfle, 2 de carreau, 2 de cœur et 2 de pique) sur Winamax ; puis une autre fois les quatre as, cette fois-ci sur PokerStars !
Pour rappel, lorsque l'on joue au Pot Limit Omaha (PLO), on reçoit quatre cartes fermées. Pour composer notre main finale, on doit obligatoirement utiliser deux de nos cartes privatives en les combinant avec trois cartes du tableau commun composé quant à lui de cinq cartes (flop, turn, river). Or, en recevant quatre cartes identiques (comme ce soir ces infâmes 2222 ou ces maudits AAAA), on ne peut pas utiliser plus de deux de ces cartes identiques pour la combinaison finale. Concrètement, ces quatre cartes ne forment donc jamais plus qu’une paire, et elles n’apportent aucun potentiel d'amélioration. Du cannibalisme à l'état pur. Poubelle directe !
En pratique, une telle main de départ est totalement injouable. Et pas question d'envisager le moindre bluff, sachant que le PLO est un jeu de tirages. Dans cette variante du poker, hériter d'une telle main, c'est posséder une main morte. Ces quadruplets n’ont absolument aucun espoir d’amélioration : ni suite, ni couleur, ni brelan, ni full, ni rien du tout !
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AAAA en Omaha = poubelle !!! |
Recevoir une telle main déjà une fois au cours d'une soirée est donc assez rare, et ne survient environ que dans 5% de mes sessions en considérant que je joue environ mille mains par soir lors de mes sessions de Omaha. L’avoir deux fois dans une même session relève presque du prodige statistique surtout si l'on considère de surcroit que c'était-là les deux quadruplets les plus symboliques, situées aux deux extrême, avec les 2, d'un côté, main la plus moisie de l'univers Omaha et les As de l'autre, gâchis le plus immense qui soit. Les probabilités qu'une telle situation survienne au cours d'une soirée passée à jouer étaient donc inférieures à 0.1%.
Quoi qu'il en soit, ma soirée insolite illustre parfaitement la beauté (et parfois le côté cocasse) des probabilités au poker. Deux quadruplets en PLO, c’est un clin d’œil des cartes… mais aussi un rappel brutal : au poker, dès lors que ce ne soit pas impossible, tout finit par arriver, y compris les combinaisons de cartes et les situations mathématiques les plus improbables. Cette situation tout à fait anodine illustre à merveille pourquoi il faut conserver en toutes circonstances une certaine forme de détachement et d'humilité vis-à-vis des cartes. Elles ne nous doivent rien. Jamais... Autant l'avoir en tête : ça aide à se prémunir contre de grosses déceptions futures.
mercredi 4 juin 2025
La mini-galère d'un soir
En ce mardi soir, j’ai passé la soirée à essayer de convaincre les cartes de me respecter. 1200 mains jouées, un volume assez conséquent en tournoi, de telle sorte que l'écart entre le bilan théorique et le bilan réel a tendance à être assez réduit. Mais ça demeure toutefois un échantillon faible à l'échelle d'une carrière de joueur en ligne. Et ce soir, j'ai connu le grand écart. Ou plutôt le grand écartèlement tellement ça fait mal.
A la fin de ma session, je regarde mon EV théorique et là j'aurais tendance à me réjouir car mon EV théorique du soir est de + 15bb/100 ce qui est un excellent ratio. Et pourtant, j'ai été victime de rencontres très malheureuses, et j'ai commis une grossière erreur de lecture qui m'a coûté une montagne de blindes sur un coup avec une énorme profondeur (je m'en veux encore, j'étais distrait l'espace d'un instant et c'est pile au moment où mon doigt quitte la souris pour valider ma sur-relance hasardeuse que je me rends compte de la bourde).
Mais lorsque je jette un oeil au second indicateur que me donne mon logiciel de suivi Xeester, l'EV réel, la claque dans la figure est réelle : - 8bb/100 c'est tout bonnement catastrophique, indicateur d'une malchance chronique tout au long de la soirée. Ca représente un écart statistique défavorable de l'ordre de 23 pts ! A ce stade, on ne peut plus parler de malchance mais de guigne ou de poisse, et cette poisse, je l'ai bien sentie passer sans avoir eu besoin de jeter un oeil à mes indicateurs habituels. Pire encore, la guigne m'aura accompagné jusqu'à ma toute dernière table, où j'atteins en bonne position la table finale qui a elle seule aurait pourtant pu me permettre d'équilibrer mes comptes.
Pour donner un ordre de comparaison, c'est exactement comme si une équipe de football perdait un match en ayant tenté 35 tirs tandis que l'équipe adverse n'en tentait que 2.
J’ai vu défiler tous les scénarios absurdes. Les mains à tapis qui dominaient largement se sont retrouvées presque à chaque fois battues à la river. Les pile ou face cruciaux ont été quasi systématiquement perdus. Mais à aucun moment je n'ai réellement râlé. A vrai dire, lorsqu'il ne me restait plus que deux ou trois tables, j’ai même fini par en rire, tellement le scénario devenait défavorablement cocasse avec toute cette malchance en boucle.
Pour couronner cette soirée de galère, j'ai également oublié de m'inscrire à un tournoi communautaire important, à quelques secondes près. Frustrante soirée ! Quoi qu'il en soit, je conserve malgré tout un excellent moral. Je garde à l'esprit que l’EV théorique, c’est un peu comme une boussole qui indique le nord pour qui sait la lire. Tout le reste n'est au final que littérature ou anecdote.
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La mini-galère du joueur de poker perdu |
Alors oui, ce soir j’ai terminé ma session avec un ROI désastreux de -60% et un déficit d'EV de l'ordre de 23 pts qui m'aura au final coûté beaucoup d'argent, plus d'une centaine d'euros, c'est certain ! Oui ça pique un peu lorsque l'on raisonne en terme d'argent perdu. Mais la beauté du poker, c’est qu’on sait que ces écarts finissent toujours par se lisser à condition d'être patient et de se projeter sur le long terme.
Le sel de ce jeu réside également dans sa variance qui génère un brouillard de guerre qui privilégie aléatoirement un tel ou un tel pendant un court laps de temps. De façon totalement arbitraire. Parfois jusqu'à l'absurde. Mais celui qui sait maintenir le cap en faisant un usage judicieux de sa boussole finit toujours par éviter les récifs et retrouver son chemin au final. De toutes les manières, je souhaitais m'adonner à un jeu où les maths gagnaient toujours, j’irais jouer à tout autre chose. Aux échecs, par exemple. Au poker, il faut savoir intégrer le fait que le facteur chance s'incruste toujours à l'équation – et parfois la distorsion ainsi induite est telle que cela en revient carrément à inventer d'improbables théorèmes.
Alors je vais aller me coucher un peu frustré, mais nullement abattu. Pas question de ressasser ces improbables coups perdus. Au contraire, même, le peu d'adrénaline du soir devrait me permettre de m'endormir rapidement, d'autant que je reste de bonne humeur, le sourire en coin, heureux d'avoir eu la force de narrer ma déveine du soir avant d'aller au lit.
Demain, je reviendrai aux tables avec la même patience et la même envie de jouer le coup juste. Ma boussole continue de me guider vers ma destination finale. Je maintiens le cap, fixant l'horizon en ayant l'intime conviction que par delà la mer, derrière la brume, se trouve mon eldorado. Et vogue la galère...
vendredi 30 mai 2025
Une progression toute en lenteur...
Depuis le début de l’année, ma courbe de gains trace sa route, lentement. Elle monte, sans à-coups, sans éclats, sans panache. Mon taux de retour sur investissement (ROI) depuis janvier demeure étonnamment stable, autour des 25%. C’est bien, même si faute de jouer quotidiennement, les gains sont au final bien chiches. Ca demeure malgré tout très bien sur le papier. Mais étrangement, je ressens une forme de fatigue sourde, comme si cette progression n’était pas tout à fait vécue comme un plaisir. Car ce qui commence peut-être à me manquer un peu, en ce moment, ce n’est pas les gains mais l'intensité !
Ces dernières semaines, je joue. De façon appliquée, presque scolaire : mes décisions sont prises avec soin. Mes choix sont solides, les prises de risques minimes et calculées, ce qui fait que les erreurs sont au final très rares. Je termine ainsi mes sessions sans trembler. C’est propre, mais sans relief ni panache. Le genre de routine pas déplaisante en soi, mais que l'on aspire à quitter à un moment ou à un autre. Le quotidien à base de tournois de Omaha à faible et moyen coût paraît presque fade en dépit du fait que le Omaha génère davantage d'émotions que le Texas Hold'em.
Je ne fais pas de tournois marquants. Je ne vis pas de bulles particulièrement douloureuses. Pas de gros tournoi joué, cela se traduit par la raréfaction des possibilités d'obtenir des performances décisives. Juste une longue marche tranquille, ponctuée de quelques petits gains épars standards. Certes, tout fonctionne : preuve en est, mon logiciel de suivi Xeester m'affiche des courbes ascendantes, tant en termes de gains réels que de performances théoriques ! Tout fonctionne donc plutôt bien… mais sans le feu, sans la grinta, sans le panache du flambeur, sans qu'au final je sois amené à réellement vibrer, donc. Aucune sueur froide sous les aisselles.
J'en viens donc à me poser la question : le poker sans pics émotionnels réguliers a-t-il encore une saveur, une odeur qui stimule mes sens ?
Lorsque le quotidien devient maîtrisé, dépourvu de risque, qu'on évite les embardées mentales, qu’on accepte les coups du sort sans frémir car sans enjeu d'importance, que me reste t'il à me mettre sous la dent ? Il me reste le jeu en lui-même. Nu. Mathématique. Dénudé de tout le drame habituel dans lequel la communauté de joueurs adore se draper. Le poker devient actuellement pour moi un pur exercice d’exécution. C'est provisoire, mais cela m'amène à réfléchir sur mon rapport au jeu : il y a là un vrai travail mental à l'oeuvre.
Il faut apprendre à aimer la lente montée, celle qui ne se célèbre pas, mais qui construit la solidité du joueur sûr de sa force. Apprendre à jouer sans en attendre d’extase immédiate. Apprendre à progresser sans fanfare. Je suis convaincu que c’est dans une période telle que celle-là que je peux encore évoluer sur le plan mental : cela ne se traduit pas par des résultats immédiats, mais fait partie d'un processus de maturation mentale. Certes, le corps réclame des sensations et de l'adrénaline ; certes l’égo grogne dans son coin ; certes j'ai l'impression que chaque semaine ressemble à la précédente, sans éclat ni relief. Mais à la vérité je poursuis mon chemin. Des milliers de joueurs très talentueux et/ou professionnels ont déjà explosé en vol et quitté les tables de poker. Moi, Fredyl, je suis toujours là. Imperturbable. Conscient de mes forces. Toujours passionné, quand bien même la passion ait désormais été en grande partie apprivoisée.
Je crois que ce moment m’apprend quelque chose de fondamental : le poker enseigne aussi l’attente. L’attente lucide, active. Celle qui sait que les grosses performances reviendront sans que l'on soit obligé de forcer son destin. Celle qui continue de travailler, même sans se fixer de dates butoir. Celle qui accepte de jouer 200, 500 ou 1 000 tournois d’affilée sans adrénaline, si c’est le prix à payer pour être prêt le jour J. L'attente.
Je me complais dans le calme du moment. Je suis satisfait de déceler dans ma routine une forme de luxe plutôt qu'un début de lassitude. J’essaie de garder à l'esprit que si je ressens parfois ce qui pourrait s'apparenter à un début d'ennui, c’est parce que j’ai atteint une stabilité émotionnelle que beaucoup de joueurs pourraient m'envier. Derrière mon taux de retour sur investissement stable, il y a du sérieux, du contrôle, et une forme de constance mentale que très peu de joueurs possèdent.
Alors je poursuis ma route, en disputant des tournois sans grands enjeux. Sans héroïsme, sans drame, sans fureur. Du moins, pour le moment. Peut-être qu’un jour pas si lointain, je relirai ces lignes depuis le sommet d’une performance XXL, en me rappelant que c’est aussi ici, dans ce creux de 2025, que tout s’est construit.
vendredi 2 mai 2025
Les mains jumelles : chronique d'un naufrage en stéréo
Il y a quelques jours de cela, j'ai décidé de faire une session poker du soir ultra light, seulement quatre tournois à faible coût, afin de me permettre de pouvoir regarder du coin de l'oeil un match de football en parallèle. C'est en général une pratique à bannir que de se laisser distraire pendant une session, mais de temps en temps je m'autorise une petite dérogation telle que celle-ci à mon protocole de rigueur.
Très vite, je suis éliminé d'un premier tournoi, et il ne me reste plus que trois tables actives. Mes tables sont donc de taille plus grande que d'accoutumée. A un moment, il s'est passé quelque chose d'assez insolite, tant d'un point de vue statistique que visuel, à savoir que j'ai vécu deux mains jumelles à trois joueurs exactement au même instant, sur deux tables de deux plateformes différentes : Winamax et ParionsSport.
Je décide de faire tapis préflop avec As-Dame alors que je dispose dans un premier cas de 20 blindes et dans le second cas de 13 blindes... et je suis payé par exactement les mêmes mains chez mes deux adversaires à chacune des deux tables, puisque de leur côté ils possèdent respectivement Dame-Roi et une paire de 7. Je ne m'attends bien évidemment pas à gagner les deux coups, puisque je sais que je n'ai à chaque fois qu'un tiers de chances de remporter le pot. Mais le fait est que l'abattage se produit en simultané sur les deux tables et que je me retrouve éliminé à la river dans un cas comme dans l'autre : cocasse ! En moins de cinq secondes, l'ascenseur émotionnel aura été intense pour mes deux yeux.
Statistiquement parlant, se retrouver avec deux mains jumelles lors d'une session arrive de temps à autre lorsque cela nous oppose à un seul adversaire, mais là, avec deux adversaires distincts à chaque fois et à la seconde près, les probabilités étaient infinitésimales. Au poker, tout peut arriver. Et tout finit par arriver, d'ailleurs : il suffit pour cela de jouer non-stop pendant des milliards d'années. Sinon, à l'échelle d'une vie, il n'y a que des anomalies statistiques plus ou moins marquées.
Alors que reste-t-il, une fois les jetons partis et les écrans noirs de silence ? Une sensation étrange. D’avoir été le héros tragique d’une farce cosmique. D’avoir assisté à un bug dans la matrice, ou peut-être à une leçon d’humilité sur la nature profondément chaotique du jeu. Car au final, on ne retient pas que les bad beats. On retient surtout leur mise en scène. Et là, franchement, le metteur en scène s’est surpassé. Merci au Dieu du Poker de m'avoir fait vivre pareil moment ! Ca me fera un beau souvenir... et cette double élimination en stéréo m'aura permis regarder la fin de mon match dans de meilleures conditions, en Dolby Surround... et surtout sans risque accru de strabisme !
lundi 14 avril 2025
Triple bulle, mais pas triple buse !
De par la valse incessante de jetons lorsqu'on s'adonne à une session de poker en ligne, il y a des soirs où ce jeu semble vouloir inventer une chorégraphie étrange, totalement improbable. Je ne parle pas ici d'une session de rêve, pas non plus d'un enfer de coups perdus, mais bel et bien d'un moment suspendu entre tension, hasard et coïncidences. Ce soir, j’ai vécu l’un de ces petits moments cocasses qui confèrent au poker tout son sel.
Trois tournois de Pot Limit Omaha (variante que je pratique avec assiduité). Disputés sur trois plateformes différentes, à savoir Winamax, Bwin et PokerStars. Et pendant près d'une demi-heure, je me suis dit que je vivais là un moment de poésie (et de sueurs froides) puisque j'ai vécu les trois bulles de ces trois tournois exactement au même moment de la soirée, alors même qu'il s'agissait de mes trois dernières tables encore actives, entre 22h40 et 23h15.
Dans les trois, je me suis retrouvé dans le ventre mou du peloton. Loin des chip leaders, mais pas non plus en train de dépérir. J'ai vécu ces trois bulles dans une situation presque douillette, engoncé dans ce bon vieux ventre mou, ce territoire instable où chaque coup peut certes vous propulser vers le top mais également vous éjecter dans l’anonymat en cas de mauvaise rencontre face à un joueur plus grassouillet que soi.
J'ai déjà révélé ici que j'avais une tendance à être plus offensif que de raison au moment des bulles de mes tournois, mais ce soir, j'étais dans une stratégie très raisonnable. J'ai donc surtout fait figure de figurant plutôt que de protagoniste principal. Mes trois bulles du soir ont vraiment mis beaucoup de temps à éclater, c'en était presque irréel de voir tous ces joueurs agonisants à tapis avec Dame Chance qui semblait prendre plaisir à les sauver à chaque fois, en dépit de tout bon sens, en semblant faire un pied de nez aux probabilités.
Dans des conditions pareilles, un joueur avisé est bien inspiré de garder un oeil sur la situation de chacune des tables où ses adversaires s'affrontent, et le jeu bascule dans une autre dimension, puisqu'on en vient de facto à devenir supporter des adversaires richement dotés en jetons, au détriment des joueurs en queue de peloton, qui frôlent l'élimination à chaque coup tellement leurs blindes restantes sont faméliques. Il faut aussi de son côté savoir composer avec le chrono qui égrène les secondes : plus on joue soi-même tard à sa table et moins on risque l'accident. Tous les joueurs un tant soit peu aguerris le savent : a la bulle, les coups ont souvent tendance à se jouer avec une lenteur parfois exaspérante. Quoi qu'il en soit, c'est également dans cette phase-là que l'on peut hypothéquer ses chances de succès final si on se laisse rogner ses blindes en ayant peur de l'accident tragique qui nous fait sortir à l'orée des places payées. La peur de perdre est ici omniprésente, et dicte parfois aux joueur cet excès de prudence qui fait que d'autres sauront en profiter : certains joueurs en position confortable et bien inspirés savent profiter d'un tel moment pour se constituer un matelas supplémentaire qui leur permettra d'aborder la dernière ligne droite dans les meilleurs conditions qui soient.
En Omaha, franchir une bulle constitue un moment plus délicat, plus subtil qu'en Texas Hold'em : avec tant de tirages, la tentation d’y aller “parce que ça peut passer” est grande. Mais au moment de la bulle, il faut sélectionner ses batailles à livrer avec un extrême discernement. Ce soir, tout est passé tranquillement pour moi. De façon étonnamment synchronisée. Mais ce que je retiens surtout de cette session, c’est cette étrange harmonie temporelle que je viens de vivre : trois bulles simultanées, de même durée, qui se sont comme enchevêtrées devant mon écran d'ordinateur, se prolongeant pendant de très, très, longues minutes. Un timing absurde, que j'aurai pourtant vécu somme toute sereinement,en observateur amusé.
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On pète les bulles en Pot Limit Omaha comme on peut ! |
Au final, peu après l'éclatement de ces trois bulles et mon entrée dans les places payées, je me suis fait éjecter dans les trois cas somme toute assez rapidement, avant même de pouvoir prétendre à ne serait-ce qu'une seule victoire finale. Mais j'aurai au moins au le privilège de vivre cette situation cocasse comme si j'avais joué un bout de ma session littéralement au ralenti. De quoi rendre ma session du soir moins fade : je saurai donc m'en contenter pour cette fois-ci.
lundi 31 mars 2025
Savoir résister à la tentation du bazardage.
A plusieurs reprises ces dernières temps je me suis retrouvé derrière mon écran d'ordinateur quelque peu dépité, englué dans des soirées poker particulièrement éprouvantes, de celles où l'on peut croire que l'on fonce tout droit vers le zéro pointé (que l'on appelle affectueusement dans le jargon poker "la cagoule"), avec une élimination précoce de la plupart des tournois dès 22h. Des moments désagréables où l'on se retrouve avec pour seule pitance un ou deux tournois de faible importance... et un espoir de rentabiliser la soirée déjà évanoui, ou presque.
Vivre une soirée galère au cours de laquelle rien ne semble aller, c'est somme toute quelque chose d'assez familier pour un joueur régulier. Même si fort heureusement ce n'est pas le cas de figure le plus courant, cela advient malgré tout de temps en temps pourvu que l'on joue souvent. L'épisode est particulièrement désagréable à vivre, à tel point que la tentation de bazarder son ou ses derniers tournois du soir peut alors poindre, à mesure que la frustration et le désespoir grandissent. L'excuse que l'on peut alors se trouver consiste à vouloir passer en mode ça passe ou ça casse, en jouant anormalement agressif dans l'espoir de se retrouver avec un gros tas de jetons dans le ou les tournoi(s) restants, pour que cela en vaille la peine de prolonger sa soirée plutôt que d'agoniser à petit feu en ayant au final la désagréable impression d'avoir prolongé inutilement son calvaire.
C'est pourtant un mauvais calcul que de vouloir jouer le tout pour le tout dans de pareils moments (et ça ressemble à une forme de tilt). J'essaye de résister le plus possible à pareille tentation, sachant que des retournements de situation fructueux à même de sauver une soirée sont plus probables en demeurant concentré et d'humeur égale plutôt qu'en voulant forcer le passage. La variance étant inhérente au poker, il faut savoir composer avec toutes les situations que le Dieu du Poker nous propose. Et prendre son mal en patience lorsque l'on boit la tasse dès le premier plongeon.
Le poker est un jeu d'opportunités. Et bazarder son dernier tournoi du soir constitue une perte d'opportunité inexcusable ! Même lorsque la session est particulièrement rude, il suffit parfois d'un podium ou d'une victoire pour inverser le cours des choses alors même que la soirée semblait promise à une authentique noyade.
Pourtant, ce n'est pas parce qu'on l'on a perdu plusieurs coups clefs à la suite et que les élimination s'enchainent précocement que toute la soirée va être placée sous le signe de la malchance pour autant. Il faut ainsi continuer à y croire tant qu'on l'on est engagé dans au moins un tournoi, fusse-t'il à faible enjeu. A défaut de finir la soirée gagnant, pouvoir sauver les meubles ne serait-ce que partiellement à l'aide d'un dernier tournoi où l'on se sera défendu becs et ongles peut constituer une performance en soi, sachant que nombreux sont les joueurs qui n'y parviendront pas dans une telle situation. C'est en effet en continuant à jouer son A-game en toutes circonstances, y compris dans les moments d'adversité et de malchance chronique, que l'on parvient à être un joueur gagnant sur le long terme. La discipline est une qualité qu'un vrai bon joueur doit pouvoir posséder. Pas question de saccager sa dernière cartouche du soir, sachant qu'elle peut encore faire mouche.
Ne pas oublier non plus que bon nombre de joueurs moyens ou médiocres vont augmenter leurs erreurs au fur et à mesure que la soirée va avancer, à la faveur d'un coup de fatigue, d'un coup de pression les mettant en tilt ou bien d'une envie d'en finir prématurément par manque de patience, de discipline ou d'endurance. Rester soi-même concentré en toutes circonstances permet de demeurer à l'affut d'un coup de mou adverse.
Lors de mes soirées poker particulièrement arides, mon instinct de compétition - celui que je cultive en moi depuis ma tendre enfance et qui ne m'a jamais abandonné depuis - me dicte de toujours continuer à m'accrocher, quel que soit le type de situation que je rencontre. Même si cela ne conduit à rien de concret le plus souvent, on parvient malgré tout de temps à autre à sauver les meubles en restant concentré et appliqué avec une seule table encore ouverte. Et parfois même l'improbable retournement de situation survient avec une session s'achevant par des gains nets alors que l'on aura été dans le rouge toute la soirée durant !
En conclusion, sachant que c'est en continuant à maximiser son espérance de gain en toutes circonstances que l'on parvient à remplir ses objectifs de rentabilité effective sur le long terme, il convient donc de s'accrocher en toutes circonstances. Le poker est aussi un jeu de gestion de sa propre frustration. Il ne faut donc jamais bazarder une session, même lorsqu'elle est particulièrement mal engagée. Car tant qu’il y a un jeton, il y a un espoir.
mardi 25 mars 2025
A pas menus
Cela fait maintenant deux mois que je joue au poker à pas menus, à raison d'un ou deux soirs par semaine environ. Indifférent à la variance. Indifférent à toute forme de pression. Indifférent aux différentes promotions et autres championnats qui ont jadis fait le sel de mes sessions. Mais attention, cette indifférence du moment ne constitue pas une mauvaise chose, pour peu que l'on veille bien y regarder à deux fois !
Une chose est certaine : on est actuellement loin de l'apathie, bien au contraire. Mon indifférence du moment me permet de me ressourcer mentalement. J'ai actuellement moins d'adrénaline dans mes veines, et c'est pour ainsi dire tant mieux. Afin d'éviter toute usure ou fatigue mentale, il faut parfois savoir ralentir la cadence, a fortiori lorsqu'on a identifié que l'on ne se sent temporairement pas capable de maintenir le rythme soutenu auquel on s'astreint en temps normal. J'en profite pour dormir un peu plus et ça me fait du bien, c'est certain !
Rouler pied au plancher en permanence esquinte pneus et moteur, et les risques de sortie de piste sont démultipliés pour qui ne sait pas ralentir. Savoir doser son tempo et son volume de jeu judicieusement constitue une qualité dont on parle assez peu dans le milieu du sport et de la compétition en général, mais qui peut s'avérer en définitive déterminante lorsqu'il s'agit d'optimiser ses performances en surfant sur la vague lors des périodes fastes mais également en sachant prendre en considération les petits coups de mou passagers qui ne manquent pas de survenir à un moment ou à un autre.
En ce moment, que mes sessions soient gagnantes, perdantes, neutres, chanceuses ou malchanceuses, rien ne vient troubler ma quiétude. Mes résultats sont ce qu'il sont, je ne ressens nul besoin de consacrer le moindre influx nerveux supplémentaires à une lecture subjective de la situation. Le poker est aussi affaire de hasard, de flux et de reflux, alors je laisse couler. Rien ne m'atteint. Je suis sur ma trajectoire et je continue donc à avancer à pas menus, tranquille et serein, en attendant de pouvoir reprendre prochainement une cadence plus soutenue une fois ragaillardi.
mardi 25 février 2025
Quand Juliette Armanet se décide à "Sauver Ma Vie"
J'aime jouer le soir au poker avec un peu de musique en guise de fond sonore. J'ai d'ailleurs déjà rédigé par le passé un ou deux articles à ce propos, il y a quelques années, du temps où je m'épanchais davantage sur ce blog.
La musique, donc. Pour maintenir de la régularité dans ma concentration. Au fur et à mesure que la soirée avance, la musique n'est pas la même. Il est très fréquent que je démarre une soirée poker en compagnie d'un peu de Jazz. Ocassionnellement, il m'arrive de démarrer avec de la musique classique, de la country américaine ou bien encore un peu de variété française. Mais vers la fin de la soirée, un rituel musical d'un autre type se met parfois en place. Depuis maintenant près de deux ans, lorsque les choses se corsent pour moi alors que le money time arrive et que je me retrouve en table finale d'un tournoi très chichement pourvu en jetons au bord de l'élimination, je me résous à abattre mon joker final, celui que je garde au chaud jusqu'au moment le plus critique : Juliette Armanet ! Je mets alors en boucle sa chanson "Sauver ma vie".
Cette chanson devient alors pour moi un authentique mantra de minuit, me rapprochant d'un état de transe pokeristique durable. Non seulement mon degré de concentration se retrouve aussitôt à son zénith, mais bien que n'étant pas à proprement parler superstitieux, j'y vois-là malgré tout une ode à Dame Chance ; je la supplie de m'accorder des tirages favorables me permettant de rester vivant dans le tournoi encore un peu. Suffisamment pour que je puisse gratter un premier palier. Voire deux ou trois, tant qu'à faire. Et pourquoi pas jusqu'à la victoire finale, qui sait ? L'essentiel pour moi dans ces moments-là est de parvenir à survivre. Sauver ma vie. Encore et encore.
Toutes les fois où Juliette répète "sauver ma vie" dans la chanson, je sens que je suis sur la corde raide mais je n'ai pas peur. J'ai la sensation de danser tel un derviche tourneur au bord d'un précipice. Je vibre à l'unisson avec elle. Avec le rythme de sa chanson. Avec ses paroles. Avec son visage. Avec sa voix. Avec mes cartes. Alors je m'accroche. Jusqu'au coup suivant. Et encore jusqu'au suivant. Encore. Encore et encore. Je sais que je vais prendre les bonnes décisions. Mon tournoi ne fait plus qu'un avec la chanson, qui continue de vibrer inlassablement en moi tant que je résiste à l'élimination qui me guette et qui peut survenir à tout moment. Parfois, c'est vrai, je suis presque aussitôt éliminé et mon rituel n'aura alors duré qu'une petite minute. Mais si je suis en veine et que je survis longtemps, ledit rituel armanétien peut s'étaler sur une bonne heure, voire au-delà. La symbiose peut alors pleinement opérer.
Outre son rythme entrainant, certains passages de la chanson m'apparaissent sinon prophétiques du moins troublants de similitude avec les divers sentiments que je m'apprête à vivre puisque toutes les situations de jeu que je peux être amené à rencontrer au cours des prochaines minutes y sont répertoriées, quand bien même la chanson n'ait dans l'absolu rien à voir avec le poker.
"Tonnerre sur ma terre, j'ai le coup de minuit" : Le commencement. C'est fréquemment vers minuit que le money time survient à mes tables de poker et que je lance la chanson.
"Je ne sais pas comment faire, mais je dois sauver ma vie" : Je traverse un désert de cartes et suis en train de périr à petits feux. Mais ce n'est pas fini, je vais bien finir par trouver une ouverture à un moment ou à un autre.
"L'un de nous deux était de trop" : C'est le moment de dire bye bye ; soit à un adversaire qu'on vient d'éliminer... soit à soi-même !
"Le soleil n'ira pas plus haut, c'est ainsi" : Fin du tournoi pour moi, je suis éliminé !
"Tu as joué, je perds, je ne veux plus d'ennemis" : C'était mon dernier tournoi du soir, je déconnecte.
"Mais mon soleil ira plus haut, c'est écrit" : Je gagnerai la prochaine fois, je le sais !
lundi 6 janvier 2025
Mépriser, oui, un peu. Détester, non, jamais.
A mes tables de poker en ligne habituelles, je croise souvent les mêmes têtes, c'est un fait. Bien davantage que le joueur de poker standard. S'agissant du Texas Hold'em, je continue à baigner dans les tournois communautaires, un petit milieu constitué de moins de cinq cent joueurs que l'on croise et recroise à longueur d'année. Et en ce qui concerne le Omaha ou le Omaha Hi-Lo c'est là aussi un petit microcosme fait majoritairement de joueurs réguliers. Dans ces conditions, on a vite fait de se trouver une tête de turc au moindre accroc, ce qui aura comme conséquence d'influer négativement sur notre niveau de jeu.
Idéalement, les sentiments n'ont pas leur place au poker : il ne faut avoir ni trop de considération, ni crainte excessive, ni aucune haine envers ses adversaires. Les seules fantaisies que l'on peut se permettre sans dégrader son jeu se résumeront à un peu de respect et un zeste de mépris. Mais pas plus, car au-delà de ses cartes et de ses jetons le poker est un jeu de stratégie, mais aussi de patience et d'équilibre émotionnel. L’intensité des parties, l'égo et les enjeux financiers ont tôt fait de donner naissance à une des émotions parmi les plus dangereuses : la haine envers un adversaire. Cette attitude, bien qu'en partie compréhensible dans un contexte compétitif, s'avère contre-productive à plusieurs égards. On peut haïr la défaite. Mais surtout pas l'adversaire !
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Je te déteste !!! |
La détestation d'autrui est une émotion intense et envahissante. À une table de poker, elle peut naître d’une provocation, d’une défaite humiliante ou d’une série de coups de malchance face à un même adversaire. Pourtant, céder à cette émotion équivaut invariablement à perdre son équilibre mental. Le poker requiert une lucidité à toute épreuve : lire les intentions de l'autre, déduire les probabilités et masquer ses propres émotions autant que faire se peut. Se mettre à détester son adversaire brouille immédiatement ce processus. Le jugement est alors altéré, ce qui incite à des prises de décision impulsives, voire irrationnelles, nous éloignant de notre objectif premier : la victoire finale.
Sombrer dans la détestation d'un adversaire transformera un jeu stratégique en une vendetta personnelle qui risque de nous laisser sur le carreau de façon prématurée. En voulant coûte que coûte rabattre le caquet de celui que l'on s'est mis à détester, on finira par commettre des erreurs cruciales : miser trop, jouer des mains faibles ou ignorer d'autres joueurs à la table qui représentent pourtant des cibles nettement plus exploitables. La détestation peut même nous rendre prévisible, puisque nos actions seront alors presque uniquement tournées contre l'adversaire ciblé. Dans les cas d'accumulation excessive de cette même détestation, le tilt intégral contre toute la tablée n'est pas à exclure. Si les autres s'en rendent compte, ils pourront exploiter notre vulnérabilité nouvelle. Dans un jeu où la maîtrise de soi est clé, laisser nos émotions prendre le dessus constitue un échec indépendamment du résultat de la vendetta que l'on aura menée. Même l'élimination du joueur ciblé ne garantit pas un retour immédiat à l'équilibre émotionnel, puisqu'une espèce d'euphorie toute aussi préjudiciable est susceptible de prendre le relai une fois la phase de détestation rendue caduque par le trépas de l'adversaire initialement ciblé.
Au-delà de l'aspect émotionnel, il y a aussi une dimension éthique et spirituelle à ne pas se laisser déborder par le ressentiment envers autrui. Le poker constitue un espace où respect et rivalité coexistent dans un périmètre délimité, à savoir la table de jeu. Laisser la détestation d'autrui, voir la haine s'installer ternira notre karma d'une manière ou d'une autre. Et je ne parle même pas ici de la perte de réputation que cela peut induire en live.
Lorsque je sens un début de détestation envers un adversaire, j'ai pris pour coutume de prendre une profonde respiration, fermer deux secondes les yeux, et évacuer une telle émotion négative. De toutes les manières le bluff, les coups de chance et même les provocations à base de trash talk de la part de l'adversaire font partie du jeu. Il est là pour gagner, lui aussi et il se sert des armes dont il dispose. J'ai d'ailleurs une gommette de couleur réservée aux joueurs que j'ai estampillés fragiles des nerfs et lorsque le moment est propice, je me permets parfois de leur glisser une petite pique sur le chat ou leur montrer un bluff en sachant que cela risque de les faire sortir de leurs gonds. Je ne haïs pas, je charrie juste un peu parfois. En revanche, me faire détester - voire insulter - par l'adversaire ne me dérange pas puisque cela lui fera commettre davantage d'erreurs.
Le poker est un miroir : en y jouant, on peut bien souvent y voir le reflet de nos forces et nos faiblesses émotionnelles. Apprendre à dompter la haine, c'est aussi apprendre à maîtriser ses émotions dans d'autres sphères de la vie. Rester lucide, serein et autant que faire se peut respectueux à une table de poker permet non seulement d'améliorer nos performances, mais également de grandir en tant qu’individu, en gagnant en maturité. Mes récents problèmes personnels m'auront probablement permis de mieux intégrer cet
aspect dans ma pratique du poker au quotidien. Je ne déteste jamais
vraiment mes adversaires. Je m'autorise juste à les mépriser un peu parfois. Et c'est peut-être déjà trop.
En conclusion, l'excès de sentiments à une table de poker assombrit inutilement notre parcours de joueur et ralentit notre développement personnel. En cultivant la sérénité et le respect, on devient non seulement un meilleur joueur, mais aussi une meilleure version de soi-même. Le plaisir d'une victoire construite sera toujours supérieur à celui de la destruction d'un adversaire, qu'on se le dise.
mardi 31 décembre 2024
Bilan 2024
Avec la fin de l'année 2024 qui se termine, je peux dire sans hésiter qu'il aura probablement s'agit d'une de mes pires années sur un plan personnel. J'ai souffert et j'ai tremblé. Est-ce fini ? Je ne sais pas. En attendant, je suis toujours là, et je continue mon chemin malgré le caillou dans la chaussure.
S'agissant du poker je me dirigeais tout droit vers une nouvelle année morose, avec un volume de jeu réduit et de longues semaines demeurées sans jouer, lorsque subitement la lumière est revenue fin novembre. J'ai repris du poil de la bête juste à temps pour finir l'année sur une note d'espoir.
Non seulement mon jeu est toujours affûté, mais de surcroit, j'ai également bénéficié d'un brin de réussite : l'écart chronique entre mon EV théorique et mon EV réel aux tables a sensiblement diminué. Tout n'est pas résorbé, mais je ne vais pas bouder mon plaisir. Dame Chance a décidé de venir me faire un petit coucou temporaire fort bienvenu et c'est tant mieux. Lorsque l'on remporte à l'abattage les coups critiques, la vie aux tables de poker devient subitement plus plaisante !
Je boucle un décembre stratosphérique qui me permet de terminer l'année 2024 dans le vert, au point que je me suis décidé à faire effectuer un virement sur mon compte bancaire en vue de la préparation d'un futur voyage. Reste maintenant à déterminer la destination, mais ça, ce sera pour plus tard.
samedi 28 décembre 2024
La lecture du sablier
J'ai envie de m'étaler quelque peu aujourd'hui sur un élément dont on parle relativement peu au poker mais qui fait parfois la différence : l'exploitation du temps qui passe entre les prises de décision à table.
Hier soir, j'ai gagné un petit tournoi de Omaha en grande partie grâce à ma lecture du sablier. Si le montant remporté est anecdotique, à peine quelques dizaines d'euros d'engrangés, c'est surtout la manière dont cette victoire est survenue qui interpelle puisque j'ai en quelque sorte écouté le temps qui s'écoulait en table finale. On n'est plus du tout ici en présence de probabilités, ni de chance ou de malchance : c'est en domptant le sablier et le silence que parfois on parvient à prendre l'ascendant sur certains types d'adversaires.
Quel que soit le montant investi, il y a de nombreux joueurs dont les pensées peuvent être en grande partie décryptées grâce au temps qui s'écoule au moment où leur revient la parole. C'est particulièrement vrai en Pot Limit Omaha, où les calculs de cotes mathématiques et de seuils sont plus complexes à appréhender qu'en Texas Holdem et nécessitent en moyenne davantage de réflexion avant d'agir. Afin de limiter les éventuelles lectures du sablier adverse, de nombreux joueurs professionnels de live ou de hautes limites online veillent à scrupuleusement respecter le même écoulement de temps lors de leur prise de décision. C'est quelque chose que j'essaye également d'adopter lorsque les enjeux grimpent dans les petits tournois auxquels je participe. Inutile de préciser que chez mes habituels adversaires de petites et parfois moyennes limites, personne ou presque ne se donne cette peine : à part tanker à la bulle ou à l'orée de chaque palier des places payées personne ou presque ne fait vraiment attention au sablier.
En règle générale, lorsqu'un joueur laisse défiler le sablier bien plus longtemps que d'accoutumée avant de placer une (grosse) mise, c'est qu'il a vraiment du lourd en main. Calibrer sa mise judicieusement prend en effet du temps. Beaucoup constatent cette tendance intuitivement au quotidien. Mais trop peu sont ceux qui décident d'exploiter ce détail d'ordre temporel à leur avantage. Je ne m'en prive pas, quand bien même je ne l'utilise que contre certains profils de joueurs.
A titre personnel, j'ai parfois tendance à laisser filer le temps bien davantage qu'il ne le faudrait lorsque je m'apprête à placer un gros bluff, ou alors lorsque je n'ai rien touché mais que je fais semblant d'hésiter avant de finalement check, car on gardera à l'esprit que pendant que le sablier s'égrène chez soi, c'est souvent le doute qui s'installe chez l'autre.
Chez les adversaires dont j'ai profilé un style de jeu de type large-passif (environ 30% des joueurs de Omaha ont ce profil), le sablier qui défile un peu trop longtemps par rapport à leur habitude - surtout à la turn et à la river - agit sur moi comme une forme d'avertissement, y compris lorsque l'adversaire finit simplement par checker ; cela aura souvent tendance à refroidir mes velléités de continuer à faire grossir le pot autant que prévu. Inversement, chez ces mêmes adversaires, le fait de ne pas avoir touché post flop se traduit souvent par des checks bien trop rapides, assez pour débusquer une faiblesse adverse m'incitant à miser davantage qu'en temps normal.
Au final, quelle satisfaction d'avoir éliminé un à un mes trois derniers opposants en grande partie grâce à la simple maitrise du temps qui s'écoule. Ca fait aussi partie de la magie du poker : parvenir à obtenir beaucoup avec parfois trois fois rien. Le temps est l'allié du joueur sage qui a appris à l'écouter passer avec nonchalance. Qu'on se le dise !
mercredi 18 décembre 2024
Le rush improbable de décembre en Omaha
Depuis que décembre est là, il se passe quelque chose de positif. Un vent frais semble s'être mis à souffler sur mes cartes sans que je ne puisse expliquer le pourquoi du comment. Certes, je démarre mes sessions un peu plus tôt que d'ordinaire, mais je n'ai pas l'impression d'avoir changé quoi que ce soit à ma manière de jouer. Pourtant, il y a du changement, et il est positif.
Je dispute la grande majorité de mes tournois au format Omaha. Et j'ai désormais l'impression que tout est devenu plus fluide dans mon jeu. Non seulement j'ai l'impression de ne pas commettre d'erreurs aux tables en maintenant un degré de concentration élevé tout au long de mes sessions, mais Dame Chance semble également être au rendez-vous, puisque j'enchaîne les sessions avec un EV - réel comme théorique - systématiquement au dessus de 10BB/100, et parfois bien au-dessus. Les puristes apprécieront.
La conséquence de ce haut rendement en termes de blindes moissonnées face à mes adversaires se traduit immédiatement en termes d'impact financier, puisque mes sessions de tournois se terminent systématiquement dans le vert depuis un peu plus de deux semaines. Ceci explique également pourquoi j'ai décidé d'augmenter significativement mon volume de jeu ainsi que mes mises moyennes par tournoi, afin de pouvoir surfer sur la vague le plus possible tant que je sens que je joue mon A-game en Omaha, bien que le Texas Hold'em ne soit pas totalement délaissé pour autant.
Cet improbable rush que je vis actuellement me permettra non seulement de finir l'année dans le vert, mais également de démarrer l'année 2025 avec de nouvelles ambitions, débarrassé de la majeure partie de mes mes doutes et de mes peurs, à la seule condition que mes tracasseries personnelles de 2024 aient la bonne idée de disparaitre pour de bon. J'y crois. La confiance est là. Je me sens fort aux tables. Pourvu que ça dure.
mardi 3 décembre 2024
Impasse sur le Pokerthon 2024
Ce samedi 30 novembre avait lieu le 14e opus du traditionnel Pokerthon organisé au théâtre de La Garenne-Colombes, événement pour lequel je m'étais inscrit cette année avec enthousiasme, afin d'organiser la sortie progressive de ma léthargie poker dans laquelle je végète depuis plus d'un an maintenant.
Las ! J'ai décidé de faire l'impasse sur l'événement à la dernière minute, lorsque j'ai constaté que ma gorge me grattait terriblement et que je commençais la journée en toussant fort. Mon expérience de la semaine passée à Montparnasse dans le cadre du
Wipt-Paris a amplement suffi à me dérouiller, nul besoin impérieux de
rejouer une semaine à peine après cette reprise du "live" dans des conditions où la souffrance l'aurait emporté à tous les coups sur le plaisir. Si l'on ajoute à cela le fait que ma ligne de train pour m'y rendre était fortement perturbée toute la journée, j'ai donc choisi de rester sagement au lit plutôt que d'aller disséminer mes microbes un peu partout en faisant circuler des jetons de poker. A l'instant où je rédige ces lignes, quatre jours après cet événement loupé, ma santé demeure vacillante, puisque je tousse encore à tout va.
Pas de sphinx courroucé veillant jalousement sur sa pile de jetons cette fois-ci contre 300 adversaires, puisqu'on me murmure dans l'oreillette que cette édition 2024 aura fait un carton en termes de participants. Mais il y aura prochainement pour moi d'autres occasions de briller. Et je reviendrai participer au Pokerthon en 2025. C'est une (quasi) certitude.
vendredi 29 novembre 2024
Wipt Paris Montparnasse 2024 : un petit tour et puis s'en va !
Après une longue période d'abstinence, j'avais enfin ce week-end l'occasion de retâter du jeton pour de vrai, à l'occasion du Wipt Paris pour lequel je m'étais qualifié sur le site de Winamax en remportant le tournoi spécial organisé à cette occasion en début de mois par le Club Poker.
vendredi 22 novembre 2024
En route vers le wipt Paris-Montparnasse !
Demain matin, j'ai rendez-vous du côté de Montparnasse afin d'y disputer l'étape parisienne du Winamax Poker Tour, le célèbre Wipt organisé avec brio par les équipes de Winamax comme chaque année ou presque. Peu assidu aux tables ces derniers mois, je suis tout de même parvenu à décrocher ma qualification en ligne en remportant le tournoi spécial organisé par le Club Poker il y a quinze jours de cela, et avec le froid mordant du moment, j'ai prévu de bien me couvrir.
L'occasion est belle d'étrenner mon nouveau sweet shirt personnalisé tout droit sorti de l'usine, que j'ai commandé il y a quelques semaines à peine et qui affiche de manière ostentatoire mon bel avatar du phénix farouche. Il me tient bien chaud. Mon avis est forcément biaisé, mais je trouve l'illustration belle et le rendu sur le sweet me parait absolument superbe. Ce dernier sera donc assorti avec ma figurine qui constitue mon traditionnel protège-cartes et j'espère que le combo sweet + figurine permettra d'impressionner et/ou d'effrayer mes adversaires.800 joueurs sont attendus du côté de Montparnasse, mais Winamax ne décernera que 16 sésames permettant de jouer la grande finale qui se disputera une fois n'est pas coutume à Aix-en-Provence au printemps prochain. Certains viennent de loin et sont motivés comme jamais. Il va me falloir un maximum de chance et de talent pour y parvenir, mais à coeur vaillant rien n'est impossible. Et puis après tout, je suis le Fredyl ; nobody me fait peur !!!
Puisse à présent mon phénix me protéger des attaques adverses et m'accompagner dans ma tentative de conquête de ce week-end. Pour l'occasion, je ressors également mon vieux macaron rouge du Club Poker, que j'entends exhiber fièrement. Place maintenant aux cartes, aux jetons, et au plaisir !
mercredi 20 novembre 2024
Reprise dans la douleur
Après une longue pause peu propice au jeu, j'ai finalement progressivement repris mes sessions poker du soir courant septembre, en renouvelant au passage ma licence Xeester qui avait expiré au début du printemps.
Le plaisir est-il toujours là ? La réponse est a priori oui. Mon jeu demeure-t'il compétitif ? Probablement. En revanche, la réussite, elle, continue à me fuir. Soyons honnête : je me mange actuellement de sacrées mandales et vu que mon volume de jeu n'est pas suffisant pour lisser la variance, les mandales en question, elles font mal. Une ou deux bulles par-ci par-là, deux ou trois bad beats vraiment malheureux en table finale, et ça suffit à m'impacter au point de freiner mon envie de reprendre mon ancien rythme de croisière.
Nous sommes en novembre et en jetant un rapide coup d'oeil à mon bilan financier provisoire, le constat est implacable : je suis pour le moment en pertes depuis le début de l'année ! Alors, certes je suis demeuré plusieurs mois sans réellement jouer, certes les pertes en question sont contenues vu mon très faible volume de jeu ; il n'en demeure pas moins que le moral du moment demeure chancelant, faute de résultats. Il me faudrait assurément signer une performance notable pour mettre fin à ce qu'il convient d'appeler une période de disette.
Tout n'est cependant pas complètement noir. S'agissant des tournois live de fin d'année, s'il est vrai que j'ai loupé (de peu) la qualification pour le Hip'Poker Tour de Vincennes organisé par le PMU il y a un mois de cela, je suis en revanche parvenu à me qualifier pour l'étape parisienne du Wipt de Winamax qui se disputera ce week-end du côté de Montparnasse (au lieu de la traditionnelle Grande halle de La Villette), et je me suis par ailleurs inscrit au Pokerthon de la Garenne-Colombes qui aura lieu dans une semaine. Deux petits tournois live à disputer à une semaine d'intervalle, donc : de quoi me redonner un peu d'allant en cette période difficile. On va donc tâter dès cette semaine du jeton, du vrai. C'est déjà ça.
dimanche 30 juin 2024
La tuile !
Bon, eh bien voilà. Le poker, c'est sympa, mais pour jouer, encore faut il être apte à le faire. Physiquement et moralement. Et depuis quelques semaines, des problèmes personnels sont venus toquer à ma porte, au point que je n'ai plus envie de passer mes soirées à jouer et que mon volume de jeu est devenu famélique, pour ne pas dire inexistant.
Alors pendant un laps de temps indéterminé, ma priorité sera forcément ailleurs qu'autour des tables de poker. Une tuile vient de me tomber sur la tête, et l'urgence du moment consiste à soigner la plaie, retrouver mes esprits et ensuite réparer la toiture défaillante. Au diable le jeu.
On ne mesure pas à quel point la chance et la malchance au jeu sont dérisoires en comparaison avec les hasards que l'on peut connaitre dans la vraie vie. Mes difficultés du moment constituent une douloureuse piqûre de rappel : se plaindre de la malchance au poker est d'une incroyable futilité tellement cela importe peu en vérité. Le déplaisir dans le plaisir demeure une forme de plaisir malgré tout. Je tâcherai de m'en souvenir le moment opportun.
Pouvoir manger à sa faim, vivre en bonne santé, avec un toit étanche sur la tête qui ne s'effondre pas, entouré d'une famille aimante, avec des voisins pacifiques, tout ceci n'est jamais définitivement acquis. La stabilité ne dure pas éternellement et ma bulle de confort est maintenant percée : je retournerai jouer aux tables une fois la brèche colmatée et le cocon de douceur retrouvé. Difficile de prédire la durée de cette phase tumultueuse que je suis amené à traverser, mais une chose est certaine : le poker attendra car l'important est ailleurs !