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mercredi 20 mai 2020

Valoriser les pauses (2/2) : les coupures prolongées

Il marche sur des bambous et ça lui va bien...
Comme je l'avais indiqué en début d'année, 2020 a démarré pour moi pianissimo. Je joue peu, ces temps derniers. Ayant pris quelques semaines de vacances à l'autre bout du monde début février, à aucun moment il n'est m'est venu à l'esprit de jouer au poker sur mon smartphone. Quand on est loin, vraiment loin, immergé dans une autre civilisation, il y a une infinité de choses intéressantes à faire, au delà de l'imaginable, et investir une partie de son temps libre pour se consacrer au poker résulte inévitablement d'un arbitrage à faire. La coupure était telle que je n'ai même pas fait l'effort de lancer les applications poker sur smartphone afin de vérifier si le poker était légalement accessible dans les quelques pays que j'ai traversés. La coupure fut donc totale. Mais je ne l'ai pas subie : il s'agit d'une étape passive de mon parcours poker, l'occasion idéale de me régénérer. Il faut dire que, contrairement à l'écrasante majorité des disciplines dites de compétition (sportives ou extra-sportives), une coupure prolongée au poker n'engendre pas  automatiquement une baisse de niveau. L'inverse a même des fortes chances de survenir !

Le poker est affaire de technique. Le poker est affaire de chance. Mais le poker est également affaire de mental. Or, ce mental est quotidiennement mis à mal par les bad beats que l'on doit encaisser à longueur de temps et par la variance qui va avec la pratique de cette discipline. Ainsi, je suis convaincu que pour jouer de façon efficace, il convient de toujours conserver un zeste de fraîcheur. Dans cette optique, je considère qu'une coupure prolongée de quelques semaines ne saurait me faire de mal, bien au contraire. Le confinement dans lequel a été plongé le pays en mars-avril a engendré un boom de la fréquentation des tables de poker en ligne tandis que de mon côté mon activité poker demeurait quasi-nulle... En prolongeant ma coupure au delà de mes vacances de février, on peut donc considérer que j'ai probablement loupé quelques belles opportunité de briller contre la cohorte de débutants arrivés aux tables. Tout du moins sur le court terme. Mais in fine, je ressens désormais les effets positifs de ma longue phase de coupure et nul doute qu'à plus long terme cet intermède me sera bénéfique. Car en ayant pris un zeste de recul, je trouve que j'ai retrouvé au passage de la fraîcheur et de la joie aux tables : j'ai l'impression de jouer un peu mieux qu'avant. Et qu'importent les bulles subies, les contrariétés des coups cruciaux perdus et les sorties de piste injustes. Ma trêve hivernale prolongée a eu pour vertu de venir opportunément renforcer une qualité quelque peu atrophiée par l'usure du temps : la patience. Et cette même patience constitue le pilier indispensable sur lequel bâtir sa solidité mentale au poker.

J'ai coutume de penser qu'il y a un temps pour chaque chose. Je sentais confusément ces temps derniers que le moment était venu pour moi de me consacrer à autre chose qu'au poker, en attendant que la fatigue liée à l'usure mentale soit évacuée, tout en douceur. C'est désormais le cas. Je me sens bien... et cet état d'esprit me parait durable. Voyons ce qu'il adviendra. Je pense que je suis prêt à revivre de passionnantes aventures cartes en main. D'abord en ligne. Et puis un jour prochain en live, lorsque je me requalifierai pour des événements une fois le monde revenu à la normale. Je suis serein. Et c'est une excellente nouvelle.

vendredi 15 mai 2020

Valoriser les pauses (1/2) : les intermèdes

Une pause. Ce moment de vide pendant lequel on ne joue pas. A une table de cash game, il est possible de s'absenter dès qu'on le souhaite, il suffit de terminer le coup en cours et de quitter la table (provisoirement ou définitivement). En tournoi, l'affaire est autrement plus compliquée : lorsque l'on joue en ligne, il faut attendre la fin de l'heure en cours pour que le tournoi soit interrompu cinq minutes durant et pouvoir ainsi délaisser son siège sans se faire grignoter ses blindes; en live, le principe est bien évidemment le même, à ceci près que les pauses ne surviennent qu'après deux, trois heures de jeu minimum.

Je suis convaincu depuis pas mal de temps que les pauses ont un impact largement sous-estimé sur le degré de performance des joueurs en tournoi. Car un tournoi, c'est long. Ces derniers temps, j'ai décidé de modifier quelque peu mes habitudes lors de ces pauses en apparence si anodines. Pour remplir ce moment à bon escient, il n'y a pas que la classique escapade WC, qu'un surf express sur le web, ou qu'un petit détour par la cuisine (boire/manger). J'ai déjà ici loué les vertus insoupçonnées de la douche en mode express : ça peut paraître cocasse, mais c'est top. Il existe deux autres armes efficaces pour recharger les batteries : prendre une pause dite mentale à base de repos, et une pause physique qui peut sembler a priori contre nature, mais qui est désormais celle à laquelle je m'adonne de plus en plus .

Une session à base de tournois, ça dure parfois longtemps (ce qui est bon signe). Mais ça épuise mentalement. Lorsque la nuit est avancée et que l'on est dans le money time lorsque survient la pause, pour faire retomber la pression, je décide parfois de m'allonger quelques instants et de fermer les yeux. Le seul écueil dans lequel il faut éviter de tomber, c'est de s'assoupir - réellement - au cours de l'intermède. Mais on part du principe que cela n'arrivera pas. Cinq minutes, ça a l'air peu. Mais ça peut largement suffire pour se requinquer l'esprit : pour l'avoir testé avec succès à de nombreuses minutes, je sais chérir ces cinq minutes de pause les yeux fermés. Ce bref moment d'évasion et de relâchement s'avère même encore plus profitable lorsque je suis en table finale. Et le nec plus ultra consiste à le faire lorsqu'il n'y a plus qu'un seul adversaire à vaincre. Dans un cas comme dans l'autre, les paliers sont alors importants, et pouvoir colmater les fissures mentales qui se sont installées lors des minutes écoulées tout en faisant abstraction des enjeux financiers (et de la pression qui va avec) peut s'avérer crucial afin de revenir aux tables rasséréné.

Mais l'inverse est également possible tout en restant bénéfique : privilégier une pause à connotation sportive possède là-encore des vertus insoupçonnées. Rien de tel que cinq minutes de brefs efforts sportifs pour régénérer l'esprit et entretenir le corps par la même occasion. En cette période de confinement, tout exercice physique est bon à prendre afin de compenser la baisse du niveau d'activité physique, et bien que jouant assez peu en cette année 2020 par rapport aux années précédentes, je me suis laissé convaincre par les bienfaits des pauses sportives. Quelques pompes, abdominaux, exercices à base de sautillements, ou toute autre activité mobilisant le corps (taper dans un ballon, jouet du bilboquet, etc.) procurent aussitôt une sensation de relâchement, de gaieté et de bien-être à même d'évacuer le stress et la pression le plus naturellement du monde. Et dieu sait que du stress qui s'emmagasine pendant une session de tournois de poker, il peut y en avoir beaucoup, surtout si un même joueur nous a martyrisé ou si l'on a subi des bad beats au cours de l'heure écoulée. Sans compter que cela décrispe les muscles au passage. Je suis définitivement persuadé qu'un tel intermède sportif n'a au final que des vertus. Bref, un chouillat de sport à la pause, c'est magique pour revenir aux tables avec un esprit sain dans un corps sain !

Une petite pause poker, ce n'est donc pas un simple moment vide de quelques minutes sans valeur ajoutée. Pour le joueur affûté, c'est bien plus que cela : une occasion en or de reposer l'esprit et/ou de sublimer le corps. Dans un cas comme dans l'autre, ce ne sera jamais superflu d'occuper de la sorte sa pause : s'en priver systématiquement, c'est rater une opportunité de prendre un petit avantage sur ses adversaires. C'est aussi en maîtrisant d'infimes détails que l'on parvient à tutoyer les meilleurs. Alors valorisons donc nos pauses en rechargeant nos batteries mentales : les pompes en pantoufles et un zeste de méditation-évasion, c'est gratuit et ça peut rapporter gros.