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mardi 31 mars 2020

Hygiène et santé - (1/3) : j'ai les jetons

L'actualité du moment, c'est le Coronavirus. Cela n'aura échappé à personne que le sujet de la santé est devenu la préoccupation mondiale n°1 pour un temps indéfini. C'est donc l'occasion pour moi d'initier une nouvelle série de petits articles liées à la santé et à l'hygiène dans le petit monde du poker, avec comme fil conducteur mes premières expériences en live et mes yeux naïfs de l'époque. Je suis convaincu que l'exercice immodéré du poker est nuisible à la santé : j'ai déjà touché quelques mots sur les effets négatifs induits par l'adrénaline et le sommeil, aussi je vais ici complètement changer de registre en me focalisant essentiellement sur l'hygiène.

Lorsque j'ai effectué mes tous premiers pas en live il y a sept ans, à l'occasion du PSG poker live ou bien encore du Wipt Winamax, j'avais été interloqué par un élément certes anodin mais pourtant omniprésent dans l'environnement du jeu de poker live, à savoir les jetons ! Je n'ai jamais eu trop l'occasion de m'étaler sur le sujet jusqu'ici, mais il est certain que ces petites rondelles de céramique avec lesquelles je n'étais pas familiarisé ont parasité une (infime) partie de mes pensées... Pour deux raisons principales : la sonore et l'hygiénique.

Le bruit, tout d'abord. Devoir subir les chip tricks simultanés de dizaines et de dizaines - voire de centaines - de joueurs confinés dans une même salle remuant inlassablement leurs jetons, véritables tambourins miniatures de fortune s'entrechoquant encore et encore, génère une expérience auditive à part entière dès lors que l'on doive la supporter tout du long de la nuit (ou de la journée). Une véritable immersion ludique par les oreilles ! Capable d'émerveiller, d'hypnotiser ou d'effrayer le néophyte. On dit souvent que le poker de tournoi constitue un marathon au vu du nombre d'heures qu'il faut rester assis à table si l'on veut triompher de l'adversité. Avec les heures qui s'égrènent, avoir à composer avec un tel bruit de fond est constitutif d'une pollution visuelle et sonore influant - certes de manière infime - sur la capacité du joueur appliqué et concentré à prendre la bonne décision à sa table. Plus le cerveau à d'informations à traiter, plus il fatigue vite... car dans le fond, les jetons sont faits pour être comptés et non pour être entendus. Cette préoccupation auditive jouant à la marge sur la fatigue est toutefois anecdotique, surtout si on la compare aux ravages potentiels de celle lié à l'hygiène.

Car ce qui m'aura fait quelque peu grincer des dents s'agissant des jetons lors de mes premiers pas en live, c'est lorsque j'ai réalisé que certains joueurs ont une hygiène déplorable, qu'ils partagent indirectement avec croupiers et joueurs au travers de la circulation des jetons, en diffusant nos amis les microbes par pilasses avec une redoutable efficacité, à la faveur des coups perdus et/ou gagnés. Je me souviens m'en être fait la remarque à l'occasion de l'une de mes toutes premières pauses en tournoi : sous mes yeux ébahis, j'ai pu voir des joueurs se rendre aux WC et aller uriner sans passer par la case lavabo une fois leur miction achevée. Il faut dire que les pauses sont parfois de courte durée, et que la file d'attente pour aller aux toilettes hommes peut s'avérer longue et anxiogène, les écrans affichant le temps restant avant reprise effective du tournoi. Certains ne veulent pas louper la moindre miette d'action à table et sont prêts à sacrifier sur leur quote-part d'hygiène collective. Si l'on ajoute à cela ceux qui ont tendance à grignoter à table, à se tripoter le nez ou bien à se gratter le creux de l'oreille afin de s'assurer de la présence de leur quota de cérumen (à moins qu'ils ne souhaitent écouter le bruit des jetons dans des conditions optimales), on comprendra assez rapidement que l'on puisse avoir les jetons avec des rondelles qui circulent de main en main. Dans de rares cas, lorsque lesdits jetons sont fatigués d'avoir essuyé plusieurs campagnes de jeu successives, il est même possible d'avoir le privilège d'observer le phénomène sans le moindre microscope, une fine couche de crasse faisant son apparition sur la tranche des jetons ainsi bénis par la flore microbienne !

Las Vegas (co)vidée de ses touristes !
Malgré les quelques lignes que je viens de rédiger, je ne fais absolument pas une fixette sur les microbes. Force est toutefois de constater que le poker constitue une activité humaine extrêmement vulnérable aux gastro-entérites, aux grippes et autres épidémies. Si en temps normal, les joueurs de poker ne font pas trop attention à ce détail-là afin de ne pas compromettre leur plaisir aux tables, il y a fort à parier que ce soit désormais quelque chose d'obsessionnel chez beaucoup de monde. De quoi foutre les jetons aux professionnels du secteur !