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vendredi 30 décembre 2016

Le plaisir retrouvé des deepstack hold'em

Il y a quinze jours de cela, je me suis violemment cogné le front dans un couloir sombre en fonçant tête baissée sur un angle de mur dudit couloir. La faute à une trajectoire mal calculée et à mon attention distraite l'espace de quelques instants. Sous l'impact de ce choc, il m'est arrivé quelque chose que je n'avais plus connu depuis l'enfance : j'ai vu les étoiles (et je ne dis pas ça parce que la pollution lumineuse gagne inexorablement du terrain en France comme partout ailleurs dans le monde au point de rendre les étoiles parfois trop rares) ! Pour être tout à fait précis, j'ai eu un flash lumineux, comme si tout d'un coup, l'espace d'un dixième de seconde, le couloir s'était illuminé. J'ai vacillé, flirtant à ce moment là avec la perte de conscience. A posteriori, après avoir aussitôt aspergé mon front d'eau froide pour arrêter le début de saignement et après avoir passé un peu de pommade dessus, j'en ai souri en repensant à pareille maladresse à laquelle je n'étais plus accoutumé (et qui m'a malgré tout couté quelques milliers de neurones). Bref, une histoire douloureuse sur le moment mais bien vite oubliée depuis. Aucune séquelle. Enfin, j'espère...

Le plaisir de la redécouverte !
Ces derniers jours, je me suis étonné. Alors que j'avais basculé depuis près d'un an dans le camp des inconditionnels du Omaha et que je ne jure que par les charmes des variantes, voilà que j'ai redécouvert avec délice en cette seconde quinzaine de décembre 2016 le plaisir oublié des tournois de Texas Hold'em deepstack, dont la profondeur en jetons et la structure lente favorisent le beau jeu et/ou l'endormissement, au gré des points de vue et des états de fatigue de chacun. Et ce, alors même que mon écran d'ordinateur est déjà bien garni en tables de poker ouvertes simultanément.

Du coup, je songe à m'offrir un nouvel écran d'ordinateur dans les prochaines semaines, histoire de remplacer ce vieil écran 15 pouces Samsung que je possède depuis une éternité et qui a toujours fonctionné de façon irréprochable. Mais grâce à un écran plus grand, il me sera plus facile de jongler entre les multiples tables de poker ouvertes simultanément le soir... voire d'en accueillir de nouvelles.

Hier soir, je me suis longuement interrogé sur les raisons de mon soudain regain d'intérêt pour le format deepstack Hold'em. Et je n'ai pas vraiment trouvé d'explication au pourquoi de la chose. Et puis ce matin, en m'effleurant le front, je constate que j'ai encore quelques infimes séquelles de mon violent coup de tête subi il y a quinze jours. Et je me suis interrogé au sujet de ce brutal regain d'intérêt pour le deepstack hold'em : coup de tête ou pas coup de tête ? Réponse en 2017.

J'aime le poker de tournoi. Sous toutes ses formes. Qu'on se le dise.

dimanche 25 décembre 2016

Lettre ouverte au Père Noël

Cher Père Noël,

Je t'écris cette lettre afin de protester énergiquement contre l'iniquité de traitement dont j'ai été victime cette année.Tu ne m'as pas apporté les cadeaux que j'espérais ! Ni par La Poste. Ni par le poker en ligne. Ni par le poker en live. Dont acte.

Certes, je savais que le fait d'effectuer une transition du hold'em vers le omaha nécessiterait un temps d'adaptation. J'y étais préparé. J'ai été sage et appliqué. J'ai cru en toi. Par deux fois j'ai entraperçu le gros lot. Mais les deux fois tu as choisi de déposer le volumineux cadeau au pied du sapin d'un voisin. Encore une année telle que 2016 et ce sera la fin des haricots pour moi. J'ai besoin de cadeaux un peu plus rutilants pour 2017, Père Noël. Dussé-je retourner trimer au hold'em pour parvenir à les attirer ! Car je me dois d'accueillir dans mes chaussettes autre chose que du moral.

En échange de ta bienveillance pour 2017, je te promets que je ne maudirai pas le livreur de La Poste qui est venu dans mon immeuble ce vendredi 23 décembre au matin me livrer mon colis contenant un important cadeau de Noël et qui a eu la flemme de monter un étage alors que j'étais pourtant à la maison. Pourtant, laisser un avis de passage indiquant que j'étais absent et que je pouvais aller retirer mon Colissimo au bureau de poste le plus proche à partir de lundi 27 à 17h constitue non seulement un mensonge éhonté de sa part, mais également un affront en soi. Car Noël après l'heure ce n'est plus Noël. Fort heureusement, je demeure maître de mes émotions : jouer au poker quotidiennement me permet de relativiser les bad beats avec facilité. C'est déjà ça de gagné. Mais c'est pas un cadeau.

Les années précédentes, le Dieu du Poker et toi vous débrouilliez (plutôt bien) pour qu'au gré de l'année divers fonds, lots et billets de 500 euros remontent jusqu'à moi. Cela n'a pas vraiment été le cas cette année. Peu de matches au Parc des Princes en comparaison avec les deux années précédentes. Peu de petits fours glanés dans les loges VIP d'un stade ou dans les pauses d'un tournoi de poker de gala. De maigres gains online. Pas de gains en live. Et pour couronne le tout, une situation désastreuse dans l'affaire EuroPoker (gérée du début à la fin de façon scandaleuse par l'ARJEL au détriment des joueurs, avec un liquidateur judiciaire à côté de la plaque). Je conçois tout à fait que tu aies inversé l'ordre de livraison des cadeaux en cette année 2016 et comprends que tu aies sonné à ma porte avec une hotte quasiment vide. Je te suggère par conséquent de commencer ta tournée à l'envers pour l'année prochaine afin que je puisse bénéficier de cadeaux davantage en rapport avec mon standing.

Nous avons fort opportunément négocié dans notre accord une clause de retour à meilleure fortune et je garde la foi en toi et en ta magie, Père Noël. Puisses-tu te souvenir de l'enfant sage que j'ai été (et que je suis encore) en m'apportant de beaux cadeaux pour l'année 2017, en dépit des impondérables liées au poids des ans et au réchauffement climatique qui grignote chaque année davantage ton royaume féérique. Car je demeure inlassable et insatiable tout à la fois. Et je crois toujours en toi.

En espérant que tu ne trouveras pas arrogante ou vaniteuse une telle démarche de ma part, je te remercie de l'attention que tu auras portée à cette lettre.

Ton fidèle zélateur-joueur,

fredyl.
J'y crois encore... (dixit Lara)


vendredi 23 décembre 2016

Joue-la comme Jamie Vardy... ou pas

On arrête les conneries et on passe au Porto !
Il y a quelques semaines, à l'occasion de la publication de sa biographie, le joueur de football international Jamie Vardy évoluant dans le club de Leicester - vainqueur surprise du championnat national anglais - a publiquement fait étal de son rapport à l'alcool. Ce joueur haut en couleur a révélé qu'il avait coutume de boire un verre de porto la veille de ses matches, et que ce breuvage miracle avait pour vertu de l'apaiser au moment de trouver le sommeil, améliorant ainsi indirectement son rendement sur le terrain le lendemain. Une révélation pour le moins surprenante, mais efficace pour quelqu'un qui a connu une vie quelque peu déséquilibrée et dissolue, et qui abusait notoirement de la vodka, en arrivant régulièrement à l'entraînement avec la gueule de bois. Mais est-ce une recette miracle pour autant ? Peut-elle être transposée au poker ?


En stratège-né que je suis, j'ai pour coutume d'envoyer un contingent d'éclaireurs sur les avant-postes ennemis afin d'avoir le meilleur aperçu possible des rapports de force et d'en tirer parti afin de mettre un maximum de chances de mon côté en vue de la bataille décisive à livrer. Quitte à ce que mes éclaireurs se fassent capturer. Aussi bizarre que cela puisse paraître, cette anecdote relative au footballeur Jamie Vardy m'a amené à m'interroger sur les vices et vertus de l'alcool au poker. Et je n'hésite pas à procéder à une petite expérience en la matière, histoire de voir s'il n'y a pas des vertus insoupçonnées à consommer de l'alcool lorsqu'on joue au poker. Toutefois, il y a de grandes disparités entre l'avant, le pendant, et l'après. Et puis tout est affaire de dosage, comme toujours !


AVANT. Il m'arrive à peu près un soir par semaine de débuter mes sessions de poker en ligne nocturne en compagnie d'un petit verre d'alcool. Il s'agit le plus souvent d'un verre de vin rouge ou d'un doigt de Porto. Mais je ne vais pas au-delà. J'expérimente ce "breuvage magique" afin de vérifier si le petit supplément de décontraction induit par l'alcool circulant dans mes veines avait éventuellement un effet positif sur mes performances du soir aux tables de poker. A ce jour, je n'ai constaté aucun effet notable sur mes résultats. Ni en bien, ni en mal. Mais il est vrai qu'au poker, il est délicat de tirer des conclusions sur le court terme. Pour m'être quelque peu exercé à la méthodologie des sciences sociales par le passé, je sais que la taille de l'échantillon est un facteur important à prendre en compte si l'on ne veut pas fausser les résultats de son analyse : c'est pourquoi j'ai décidé de maintenir mon expérience relative à la consommation d'alcool en attendant que le volume de mes soirées avec alcool soit suffisamment important pour tirer des conclusions un peu plus probantes. De toutes les manières, l'expérience est loin d'être désagréable...

Buvez, buvez, il en restera toujours quelque chose... ou pas
PENDANT. A un moment donné, dans la toute dernière ligne droite d'un tournoi important, il faut reconnaître que le courage supplante fréquemment les mathématiques en termes d'efficacité pure. Il y a deux ans, un joueur a fait parler de lui en remportant sous l'emprise de l'alcool le tournoi phare trimestriel de Winamax, le Main Event (qui se dispute sur trois jours) et en empochant 177 000 euros au nez à la barbe de joueurs plus aguerris que lui. En effet, après sa victoire une interview à chaud sur le site de la radio Winamax - Multiplex Poker - ne laissait guère de doute quant à la réalité de son taux d'alcoolémie puisque ce dernier confessa d'une voix fortement altérée que son jeu audacieux dans la dernière ligne droite avait été possible grâce aux bienfaits d'un shot à la vodka. Et manifestement, il n'avait pas lésiné sur le dosage au cours de la soirée. Chance pure ou désinhibition salvatrice devant la pression de la dernière ligne droite ? Difficile à dire. Toujours est-il que cette fois-là, le fait de jouer sous l'effet de l'alcool a permis à ce joueur de réaliser un authentique exploit. Mais j'ai beau aimer les expériences nouvelles avant de tirer des conclusions, je ne me hasarderai pas a reproduire pareille aventure.

APRES. Les observateurs avisés ne manqueront pas de constater à quel point certains joueurs de poker ont une vie déséquilibrée par le goût de la fête et des soirées. Je l'ai écrit ici il y a quelques jours, le poker constitue un passeport pour l'oubli, en ce sens que lorsqu'on s'adonne au jeu, on est plongé dans un univers parallèle qui rend floue la réalité qui nous entoure et nous permet d'exister ailleurs. Il faut bien avouer que la consommation excessive d'alcool génère les mêmes effets euphorisants et hypnotiques que le poker, à un degré bien supérieur. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant qu'un joueur de poker grisé par la victoire ou un gros gain obtenu en live dans un casino décide de prolonger son euphorie en célébrant sa performance et ses gains lors d'une soirée particulièrement arrosée en compagnie d'amis (dont le degré d'amitié véritable est inversement proportionnel au degré d'alcool des boissons consommées). A ce moment-là, l'alcool constitue la prolongation d'un visa pour l'oubli déjà tamponné sur le passeport un peu plus tôt à l'occasion de la partie de poker. Les lendemains qui suivent une telle célébration seront toutefois invariablement difficiles car de telles bacchanales laissent des traces dans l'organisme. Dans tous les cas de figure, l'alcool constitue tout comme l'hygiène de vie un des facteurs d'ajustement de la réussite et des échecs d'un joueur de poker, sur le moyen-long terme. A titre personnel, en cas de gros gain, ma lucidité et ma sobriété naturelles m'éviteront probablement de subir le châtiment vengeur de cette Némésis que de nombreux joueurs chérissent pourtant autant que Dame Chance. Les pauvres fous !


1 doigt de porto et 1 rondelle de citron ?
Alors, qu'en est-il du rapport du joueur de poker à l'alcool ? Joue-la comme Jamie Vardy... ou pas ? Nombreux sont ceux qui loueront les effets positifs de l'alcool. Ce sont des gens cool. A titre personnel, je préfère passer et attendre la main suivante. Oui, je sais, je suis un dégonflé. Mais un dégonflé lucide. Désolé, Jamie.

mardi 20 décembre 2016

Le poker : passeport pour l'oubli ?

Lorsqu'une civilisation parvient à un certain degré d'évolution et de raffinement au point d'approcher une forme de perfection, elle a tendance à se mettre à cultiver une insouciance et une frivolité qui finiront par la perdre, sur le long terme. Car la facture enfle, entretemps. Et à un moment, il faut bien la payer.

J'entretiens envers le poker - activité frivole s'il en est - une relation passionnelle et chronophage. Le lundi soir constitue bien souvent la soirée charnière de ma semaine de jeu. En termes d'habitudes de jeu, le lundi est indubitablement le jour de la semaine où je suis le plus assidu et rien ne m'enthousiasme plus que de commencer la semaine du bon pied avec un petit bénéfice sympathique qui donne le ton pour les jours qui suivent. Ce qui fait que le mardi matin, je suis fréquemment de bonne humeur.

Pourtant, ce mardi 20 décembre, je me suis levé du mauvais pied au lendemain de ma soirée poker du lundi 19 décembre 2016. Mes résultats du soir ont été particulièrement mauvais, avec des éliminations précoces plus ou moins méritées. Je n'étais pas en verve. Du coup, j'ai joué ma fin de session en roue libre, avec la chaîne info BFMTV en guise de fil rouge, mon smartphone nouvelle génération écran full HD posé sur le bureau déversant son flot ininterrompu de mauvaises nouvelles. Et j'ai eu mauvaise conscience, à ce moment-là. Non pas parce que d'ordinaire mes sessions poker ne sont pas parasitées par des sources extérieures nuisibles à ma concentration, mais bien parce qu'à un moment, j'ai eu une sorte de flash : le poker n'est autre qu'un passeport pour l'oubli... je m'y adonne avec passion et insouciance tandis que le monde va de plus en plus mal. Mais vivre dans un monde de flips est tellement plus sexy que de vivre dans un monde flippant !

Joue et tais-toi
Hier, beaucoup d'événements importants ont en effet fait la une de l'actualité. Tout d'abord, Christine Lagarde, ancienne ministre de l'économie a été reconnue coupable de négligence dans le cadre de l'affaire Tapie. Il ne s'agit-là que de la face émergée de l'iceberg, puisque je suis convaincu que des dizaines de millions d'euros de commissions impliquant quelques uns des plus hauts personnages de l'Etat dorment quelque part dans un compte bancaire numéroté aux Bahamas ou au Panama. Reconnue coupable, mais dispensée de peine. La belle affaire !! J'aurais tant à dire sur ce sujet que je ne connais que trop bien. Mais jouer au poker, c'est bien plus réjouissant. Puis, dans l'après-midi, l'ambassadeur russe en Turquie a été froidement assassiné dans un musée, abattu de plusieurs balles dans le dos par un illuminé invoquant des motifs politico-religieux liés à l'intervention russe dans la guerre en Syrie. Sur un "malentendu" pareil, une nouvelle guerre pourrait survenir, quand bien même on nous assure aussitôt du contraire au vu du contexte pour le moment apaisé entre turcs et russes. Pour le moment seulement. J'aurais tant à dire sur ce sujet, là encore. Mais écrire sur le poker, c'est tellement plus agréable. Enfin, dans la soirée, ce poids lourd fonçant sur les paisibles badauds allemands venus faire leur marché de Noël à Berlin a généré un carnage indescriptible rappelant l'épisode niçois du 14 juillet. Heureusement, Nice est leader du championnat de France de football et tout ceci est déjà oublié. Ou presque. Circulez, il n'y a rien à voir. J'aurais tant à dire sur ce sujet. Mais je m'abstiens : respirer poker, c'est nettement moins nauséabond, comme odeur. Du pain et des jeux ! Des OGM et du foot ! L'Empire occidental se porte bien. C'est écrit.

Les nuages noirs s'amoncellent petit à petit sur ce monde. Corruption des élites consanguines. Creusement du fossé des civilisations. Religion avilissante. Colère des peuples. Réchauffement climatique. Bientôt l'orage éclatera. Le monde tel que nous le connaissons est en train de se désagréger à vitesse grand V. J'assiste au délitement avec lucidité et quasi-indifférence, sans intervenir alors que j'entends le tonnerre gronder au loin, derrière les collines. Mais je me sens coupable de négligence, moi aussi. Car pendant ce temps-là, je joue au poker sous une ombrelle.


mardi 13 décembre 2016

Le "gâchis de chatte" : y croire ou pas ?

Un heureux néo-millionnaire anonyme habite ici
Il y a quelques jours, le 25 novembre 2016, un parieur français résidant à Montbard en Côte d'Or a joué deux fois la même combinaison à l'Euro Millions dans deux points de vente différents. Ses combinaisons de 5 chiffres et 2 étoiles ayant été les seules de validées à travers toute l'Europe, le joueur étourdi s'est donc partagé avec lui-même la super cagnotte de 61 millions d'euros. Pour éviter railleries et jalousies, il a tenu à conserver son anonymat ; on le comprend. Techniquement parlant, il a droit a deux chèques de 30,5 millions d'euros au lieu d'un seul de 61 millions. On trouve difficilement plus veinard que cet individu, sur le principe... sauf qu'au final son gain n'est pas multiplié par deux et qu'il a vendangé un miracle statistique avec ce doublon totalement inutile. Attention donc à ne pas mourir bêtement écrasé par une météorite dans les années à venir lorsque le mouvement de bascule chance/malchance s'opèrera !

Au poker, il y a une expression consacrée pour décrire un tel phénomène, puisque les couvreurs et autres journalistes poker n'hésitent pas à l'employer lorsqu'un joueur bénéficie d'un coup de chance totalement improductif : le "gâchis de chatte". Partant du principe (certes bancal) que chance et malchance s'équilibrent toujours sur le long terme, bénéficier d'un surplus de chance inutile ne serait pas forcément de bon augure, en prévision d'une hypothétique période de malchance carabinée qui devrait survenir à l'avenir. Hummm... allez dire ça aux victimes de balles perdues dans les cimetières, leurs fantômes vous riront au nez. A moins qu'ils ne vous maudissent. Une chance sur deux !

Lors de mon périple à Las Vegas en juin 2015 à l'occasion du célèbre tournoi Monster Stack des WSOP (épreuve majeure des championnats du monde de poker), il se trouve que je me suis justement fait sortir du tournoi par un joueur ayant bénéficié de ce "gâchis de chatte". Notre confrontation à tapis pré-flop est la suivante : AS-DIX chez moi contre PAIRE DE SIX chez lui. Mathématiquement parlant, c'est un coin flip (un 50/50 ou presque). Or, non seulement le joueur adverse remporte le coup, mais de surcroît le croupier retourne deux SIX supplémentaires sur la table, ce qui confère à mon bourreau un joli (mais totalement inutile) carré. A la table, une joueuse compatissante se fend même d'un laconique commentaire alors que je me lève pour quitter le tournoi : "over-kill !!". Moralité, je suis anéanti à la bombe atomique là où une simple balle aurait suffit à me faire succomber... du coup, mon corps a fusionné avec la poussière du désert du Nevada.

Heureusement que mon esprit se réincarne aussitôt ailleurs ! Seul effet secondaire constaté : je suis devenu un peu plus circonspect lorsque je reçois la main AS-DIX en tournoi, désormais. A posteriori, je suis bien content d'avoir été victime d'un gâchis de chatte adverse lors d'un tournoi si important, puisque lorsque le Dieu Du Poker rééquilibrera les bienfaits de Dame Chance en ma faveur dans les moments qui comptent, je bénéficierai alors d'un surplus de chance avec potentiellement un meilleur ratio en termes d'efficacité. Du moins, j'aime à le croire.

Mon gâchis de chatte : la mallette Winamax !
Hier soir, à l'occasion du tournoi communautaire "Tournoi Mallette" qui se disputait sur Winamax en partenariat avec le Club Poker, il se trouve que j'ai remporté ce tournoi qui me fuyait depuis si longtemps. J'avais d'ailleurs fini par croire qu'il s'agissait pour moi d'un tournoi maudit, puisque bien que le jouant régulièrement les lundi soir, mes éliminations étaient jusqu'ici souvent des plus improbables. Finie, la malédiction du Tournoi Mallette ;  oubliés les coups du sort du passé... Cette fois-ci, Dame Chance a rétabli un semblant d'équité en venant me câliner tout du long de ce tournoi. Toutefois, force est de constater que je suis malgré tout victime d'un gâchis de chatte moi aussi, puisque ce sera ma troisième mallette Winamax venant étoffer mon rayon quincaillerie (après celles remportées respectivement au Stade Vélodrome et lors du tournoi spécial Girondins l'été dernier). Du coup, ma victoire d'hier soir ne me procure bien évidemment pas la même joie que si je remportais une mallette pour la première fois. C'est donc l'occasion de réfléchir un instant au phénomène de chance improductive. Ne nous y trompons pas : tout ceci me fait sourire et me met de bonne humeur, et il serait particulièrement malvenu de me lamenter.

Devrais-je croire à ce syndrome de chance superfétatoire ? A priori non. Abondance de biens ne nuit pas, dit le proverbe. Toutefois, étant un individu qui aime bien donner un sens mystico-symbolique à sa trajectoire de joueur, je me finis par croire que trop de chance tue la chance, sur le long terme. J'y crois. Et je n'y crois pas. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Allez savoir ! Pour valider la pertinence d'une telle hypothèse, une vie entière de joueur ne me suffira peut-être pas. Il va falloir attendre longtemps. Très longtemps. Ca tombe bien, je suis plutôt du genre patient : je tirerai mes propres conclusions au crépuscule de ma carrière. Et on dirait bien que ce n'est pas demain la veille.

samedi 10 décembre 2016

Le Omaha 5, défaut provisoire de ma cuirasse ?

J'adore le Omaha. Sous toutes ses formes : il y a bien entendu le classique Pot Limit Omaha à 4 cartes auquel je m'adonne en ligne quasi-quotidiennement, mais aussi désormais les nouvelles variantes légales que sont le Omaha Five (Omaha à 5 cartes), ou le Omaha Hi-Lo. Winamax a été le premier à s'aventurer sur cet étroit marché et c'est une vraie bouffée d'oxygène que de s'adonner à de nouvelles disciplines de la sorte.

Les autres opérateurs traînent la patte, mais c'est compréhensible : à l'échelle des opérateurs français, seul Winamax n'est adossé à aucun autre opérateur européen de poker en ligne... or, le décloisonnement hexagonal est pour bientôt (2017 ou 2018 dans le pire des cas), et lorsque les joueurs français pourront croiser le fer avec leurs voisins européens, il s'agira d'avoir la plate-forme la plus opérationnelle et la plus complète possible. Winamax semble avoir pris le pari de vouloir fédérer des acteurs et des joueurs étrangers autour de sa propre plate-forme sans rogner sur son indépendance, et quelque chose me dit qu'il pourrait s'agir d'un pari gagnant à terme tellement leur professionnalisme, leur créativité, leur clairvoyance et leur lucidité sont omniprésents au quotidien sur le marché.

Je le répète à l'envi, la légalisation à l'échelle hexagonale des nouvelles variantes poker constitue pour moi une réelle bonne nouvelle et une intarissable source de plaisir : ce n'est pas tant la perspective de gros gains financiers qui m'émoustille de la sorte, mais plutôt la stimulation intellectuelle que cela représente de pouvoir affronter les habituels adversaires sur un terrain neuf. Avec la perspective de les battre à la régulière, au final.

Mon plaisir de jeu est infini en Omaha Hi-Lo : si le jeu se pratique avec les 4 mêmes cartes qu'en Pot Limit Omaha classique, la sélection des mains de départ et le processus de réflexion à chaque tour d'enchères sont considérablement plus complexes du fait que le pot soit au final partagé entre la main la plus forte et la plus basse (pour peu que la main basse ne dépasse pas hauteur 8). Même si cette variante n'est pratiquée sur les tables payantes que depuis peu, j'éprouve dès à présent un sentiment de maîtrise technique que je n'ai jamais ressenti de façon aussi intense au Texas Hold'em. Je ne sais pas combien de temps cela va durer, mais ce sentiment est des plus plaisants à ressentir.

Ceci étant, ce qui est valable pour le Omaha Hi-Lo ne l'est pas du tout pour le Omaha Five : avouons-le franchement, au Omaha Five, pour le moment, je tâtonne, et je suis loin d'avoir trouvé mes marques, d'autant qu'il s'agit d'une variante à laquelle je ne m'étais que très peu exercé jusqu'ici. Cela va au-delà du simple tâtonnement : je sens que je fais preuve de beaucoup d'hésitation au moment de choisir mes plans de jeu, pendant les tournois. La présence de cette fichue cinquième carte dans la main de départ de chacun des joueurs augmente les combinaisons possibles dans des proportions vertigineuses, et pour le moment, il m'est difficile de me rendre compte quelle est la stratégie la plus efficace à adopter au regard du chaos ambiant instauré par mes adversaires aux tables. Or, je suis quelqu'un qui fonctionne beaucoup en termes de plan de jeu. Il ne s'agit pas de jouer uniquement avec mes cartes en main, mais aussi et surtout de joueur efficacement par rapport aux styles de jeu adverses (le plus souvent par opposition). Et s'il est vrai que JE tâtonne pas mal au Omaha 5 pour le moment, c'est aussi et surtout parce que mes adversaires jouent également de façon très chaotique, personne n'ayant au final de plan de jeu bien dessiné pour le moment. Bienvenue au far west !

Omaha Five : un flop de rêve ou de cauchemar ?
Si je confesse volontiers qu'à ce jour, de toutes les nouvelles variantes de poker le Omaha Five constitue la discipline dans laquelle je tâtonne le plus, à moyen-long terme, tout devrait rentrer dans l'ordre : je ne me fais aucun souci pour ce qui est de ma capacité à trouver les bonnes stratégies pour être un joueur redouté de Omaha Five. Le volume permettra l'expérimentation. De l'expérimentation jaillira la lumière. Je saurai balayer l'adversité et museler la variance. Inexorablement. Parce que dans un contexte compétitif, j'ai toujours été un joueur redoutable, quelle que soit la discipline. Cela fait partie de mon ADN.

Ma frustration du moment relative à cette variante du Omaha que je maîtrise mal pour le moment est somme toute infime. Ma patience est infinie. Ma motivation est inoxydable. Un jour, je serai un maître reconnu du Omaha Five, quand bien même il s'agisse d'une micro-discipline dédaignée de la communauté. Mais peu importe. Je suis fier d'être un joueur de Poker là où les autres ne sont au final que de simples joueurs de Texas Hold'em. C'est toujours bon pour le moral de ressentir une certaine forme de fierté, pour peu qu'elle ne se mue ni en orgueil ni en vanité. Alors on avance, sourire aux lèvres. Et vive le Omaha !

vendredi 2 décembre 2016

Retour sur mon étape Lilloise du WiPT

Les Halls de la Filature, en banlieue lilloise : un cadre vraiment très spécial pour y disputer un tournoi de poker, en l'occurrence l'étape locale du WiPT organisée par Winamax. Dans la grisaille de novembre, les Halls de la Filature et les bâtiments environnants constituent un échantillon visuel parfaitement représentatif de la désindustrialisation du nord, puisque si la façade arrière par laquelle on pénètre dans le salon d'entrée ainsi que la salle de tournoi de l'intérieur ont vraiment bonne mine, les bâtiments alentours en brique rouge à moitié à l'abandon avec leurs cheminées cylindriques effilées si caractéristiques ont de quoi filer le bourdon. J'en frissonne encore, rien qu'en l'imaginant, dix jours après.

Gaelle Baumann et Michel Abecassis présents à Lille
Arrivé sur place en fin de matinée, l'inscription s'est faite en un clin d'oeil ; il faut dire que les équipes du Winamax Poker Tour sont rodées à cet exercice si particulier qui consiste à réunir un bataillon de joueurs aux compétences et expériences des plus hétéroclites : le roublard venu plein de fougue avec l'ambition de glaner un ticket pour la finale nationale du WiPT y croise le néophyte venu dilapider manier du jeton en live pour la première fois. Comme d'accoutumée, la gent féminine représente à peine 10% des qualifiés venus en découdre. Ca me chagrine toujours un peu, mais on finit par s'y faire. Le poker est souvent affaire de testostérone. Parmi l'équipe des joueurs professionnels Winamax, deux membres éminents : Gaelle Baumann et Michel Abecassis.

WiPT- shuffle up and... Lille !
A ma table, j'observe des nordistes visiblement peu aguerris, si l'on excepte peut-être un ou deux joueurs un peu plus à l'aise avec les cartes. Il n'y a pas à dire, ces gens ont vraiment la tête de locaux. Le teint blafard, des yeux rougis et/ou cernés de fatigue, minés par le manque de sommeil ou l'abus de substances nuisibles à l'organisme. Je sens que ça va être compliqué pour moi de faire le show entouré de ces gens-là. Et puis quelques instants après le début officiel du tournoi, Gaelle Baumann s'assoit à notre table. La touche féminine de l'équipe de joueurs professionnels de Winamax ! Toute en retenue et en discrétion en dépit de son statut de superstar. Nous nous échangeons quelques regards d'entrée de jeu, elle et moi. Il faut dire que je l'intrigue probablement avec mon macaron rouge Club Poker, mon improbable chapeau péruvien en cuir rivé sur la tête, et mes vaines tentatives de mettre un peu d'ambiance à la table. Très vite, les échanges de regards se muent en discrets sourires complices, au fur et à mesure que nous assistons aux moves improbables de certains de nos adversaires. Il faut le voir pour le croire tellement ça joue mal à table, le plus souvent. 

Malheureusement, les illuminés préfèrent livrer leurs jetons à d'autres que moi. Ne parvenant pas à faire fructifier mon pécule de départ, celui-ci a vite fait de s'éroder et je me retrouve  rapidement en position précaire. Tant et si bien que je suis obligé de me lancer dans le vide prématurément... et là c'est la chute. Je suis éliminé du tournoi principal sans avoir eu le temps de déployer mes ailes. Un oisillon inerte gît au pied du nid, la nuque brisée.

Du fait de mon élimination précoce, je m'inscris à un tournoi secondaire de repêchage au format shoot-out (Winamax a tout prévu pour les malchanceux). Cette fois-ci, je me retrouve à une table nettement plus conviviale malgré les niveaux de jeux très disparates, avec là encore la présence de complets débutants. Tout le monde est détendu, et puis il y a trois dames à la table. J'enchaîne les blagues, ça rigole. On est bien. Je suis bien ! Ca répond du tac au tac et ça rigole encore davantage. Il faut dire que j'adore faire le zouave quand l'occasion s'y prête. C'est cette ambiance là du poker que j'affectionne : zéro pression financière, on joue en toute détente et on abolit les barrières sociales en rêvant ensemble à une monde fraternel et baigné d'insouciance. Tout cela en dépit de la dégaine improbable, du phrasé approximatif ou bien encore de l'haleine saturée d'alcool et de tabac de certains. Ca n'a guère d'importance et c'est ça le plus beau ! Je ne parviens au final pas non plus à m'extirper de ce tournoi de repêchage, mais le moment passé à table vaut son pesant de cacahuètes.

Il est alors temps pour moi de rentrer sur Paris. Dehors il faut déjà nuit. Je réserve un covoiturage illico et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, je me retrouve à la maison. J'ai passé une bonne journée quoi qu'il en soit. Et je me dis que c'est avec plaisir que participerai à une prochaine étape du WiPT. L'année prochaine ou la suivante. Ce jeu n'en finit pas de me passionner : tant par sa dimension tactique que sociale. Sacrée alchimie.