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lundi 28 août 2017

L'exquise saveur des clopinettes

Il a plu sur le désert de l'Atacama, ces dernières semaines. J'avais d'ailleurs déjà évoqué le phénomène il y a quelques temps, prétexte à une savante analogie avec le poker. Sauf que cette fois-ci, c'est encore mieux : non seulement il y a plu alors que ce n'était pas du tout prévu, mais il y a même neigé !!

Théoriquement, le désert de l'Atacama constitue pourtant de l'endroit le plus sec de la planète : il faut dire qu'avec une moyenne annuelle de précipitations inférieure à 1 mm, cette région au nord du Chili semble de prime abord aussi inhospitalière que l'enfer. Ce n'est toutefois pas toujours le cas : il y pleut en moyenne une fois tous les cinq ans, à la faveur de conditions climatiques spéciales favorisant le phénomène que l'on appelle communément La Niña : un brusque réchauffement des courants marins froids du littoral chilien se répercute alors jusque dans les terres en provoquant d'éphémères précipitations. Ces précipitations n'étaient pas du tout prévues en cette année 2017, les dernières pluies dans le désert de l'Atacama remontant à il y deux ans "seulement".

La conséquence de ces pluies soudaines est spectaculaire : le désert le plus sec et aride de la planète est en ce moment-même devenu un véritable désert fleuri, du fait de l'éclosion de millions de bulbes et de spores habituellement en sommeil, ballottés au hasard des vents. C'est par ce moyen-là que les fleurs peuvent se reproduire de façon éphémère, avant de disparaître aussitôt dans l'attente d'un nouveau cycle qui se fera attendre plusieurs années. Ceux qui ont le privilège d'assister au phénomène sont unanimes : cette explosion chaotique de couleurs constitue un spectacle unique à couper le souffle, d'autant plus que la flore ambiante est en grande partie endémique. Malheureusement, si mes pérégrinations de baroudeur m'ont bien conduit à séjourner dans le désert de l'Atacama une semaine entière il y a quelques années de cela, il n'y avait alors pas une once de végétation alentours à contempler (excepté quelques maigres touffes près des rares cours d'eau). Deux timides ruisseaux coulent bien à San Pedro de Atacama (5.000 habitants), seule ville à des lieues à la ronde, mais ils trouvent leur source à plusieurs centaines de kilomètres de là, quelques part dans la Cordillère des Andes. Leur chiche débit ainsi que leur fort taux en arsenic rendent les tentatives d'agriculture presque vaines.

Tout ça pour dire que si l'eau est rarissime dans l'endroit le plus sec de la planète, elle n'en demeure pas moins présente malgré tout, et lorsque les circonstances s'y prêtent, le miracle de la vie peut dès lors opérer, contre toute attente ! La preuve :

explosion de couleurs à nulle autre pareille dans le désert de l'Atacama - août 2017

Je ne suis pas né de la dernière pluie. Quoique... Je l'ai déjà évoqué ici il y a quelques temps : la quinte flush royale constitue la main la plus rare du Texas Hol'dem, la plus mythique du poker, le nirvana ultime que tout joueur savoure à sa juste valeur tellement le phénomène est peu fréquent. La main qui ne laisse personne indifférent et fait parler aux tables. Cerise sur le gâteau, lorsque cette quinte flush royale s'obtient avec ses deux cartes privative dès le flop, et que par ailleurs le joueur adverse vient s'empaler dessus sans qu'il y ait besoin de faire autre chose que de payer la mise adverse, alors cette quinte flush royale floppée est encore plus jouissive, devenant un pur moment de grâce. Chaque seconde de ce moment est alors aussi exquise que précieuse.

Miam !
Si au printemps, ma quinte flush royale m'avait rapporté plus de cinq cent euros de prime, il n'en est rien de celle que je viens d'obtenir il y a quelques jours de cela en GoFast (la formule de speed poker de Winamax). Lorsque l'on joue au speed poker, le nombre de mains par heure se multiplie, rendant un tout petit peu moins improbable la survenance d'une quinte flush royale. Il n'en demeure pas moins que le phénomène demeure dans tous les cas rarissime. Cette fois-ci, ma quinte flush royale ne m'aura rapporté que des clopinettes, mais à l'image du désert fleuri dans l'Atacama, dieu que cet éphémère et inattendu spectacle spectacle fût beau lorsque mon adversaire choisit de s'empaler héroïquement dessus !

C'est dans des moments pareils que je mesure à quel point mon degré de plaisir cartes en main ne se mesure pas à l'aune de mes gains financiers, mais bien à celle de la beauté futile de ce jeu, sublimée par les émotions pures que procure parfois le poker. La preuve : une petite quinte flush royale aura suffi à embellir une soirée anodine de poker sans autre relief que celui-ci. Et peu importe que cela ne m'ait rapporté au final qu'un minuscule petit euro. Ce qui relève de l'anodin n'est pas dépourvu de valeur symbolique pour autant. 

Il a neigé dans le désert de l'Atacama et avoir le privilège de contempler un désert fleuri suffit actuellement à procurer du bonheur à des dizaines de milliers de touristes particulièrement chanceux. J'ai floppé ma quinte flush royale et ai eu le privilège d'assister éberlué à la livraison par mon adversaire de l'intégralité de son stack sur ce coup.  Récolter des clopinettes avec le sourire a donc malgré tout du bon. Un bonheur ludique à l'état brut ! Et je sais que cela impactera positivement mon moral pour les sessions à venir. Ce qui est loin d'être négligeable.








samedi 26 août 2017

Partie de cartes (par David Teniers le jeune).

La trêve estivale touche à sa fin, et voici venu le moment de reprendre en douceur les petites habitudes de jeu rituelles. J'ai délaissé le poker durant l'été. Mais cela ne veut pas dire pour autant que les cartes m'ont laissé totalement tranquille : j'ai en effet découvert avec amusement qu'il y a accroché sur le mur du salon de notre maison de vacances un tableau représentant une scène opposant deux joueurs de cartes élégamment vêtus, assis autour d'une table de taverne du XVIIe siècle, sous le regard passionné de trois individus qui semblent scruter l'affrontement avec beaucoup d'attention, tandis qu'en second plan deux autres personnages devisent autour de l'âtre de la cheminée. Les trois spectateurs sont situés du même côté de la table et semblent avoir pris fait et cause pour le joueur de droite, qui n'a pas enlevé son couvre-chef à la table.

Cette scène explique pourquoi ce tableau m'a successivement intrigué, puis quelque peu subjugué, au point qu'un sourire émerveillé en vienne à illuminer mon visage : ayant pris l'habitude de jouer en live avec mon propre chapeau, je me suis aussitôt imaginé dans la peau de ce joueur. Et j'ai esquissé un sourire amusé. Etant de nature curieuse et quelque peu éberlué par l'apparition subite dans mon champs de vision de cette oeuvre d'art que jamais mon cerveau n'avait pris soin de contempler pleinement jusqu'alors, je décidai de la photographier dans un premier temps, en attendant d'en savoir un peu plus sur les origines de cette toile à mon retour de vacances.

Voici le cliché :
Une oeuvre non répertoriée de David Teniers Le Jeune
D'où peut donc provenir cette toile signée "D. TENIERS" dont le vernis commence à être quelque peu marqué par l'usure du temps en ses extrémités ? Quelle personne de la famille l'a acquis ? Depuis combien de temps ? Est-ce un original ou une reproduction ? Mystère... Après une rapide consultation de Google, il semble acquis qu'il s'agisse d'un tableau du peintre flamand David Teniers Le Jeune (1610-1690). Je n'ai guère de doutes pour ce qui est d'avoir reconnu son coup de pinceau caractéristique, d'autant que le bougre adorait peindre des scènes de tavernes. Mais je n'ai pas trouvé trace de ce tableau-ci dans les diverses galeries d'images que j'ai pu consulter sur internet à l'occasion de mon rapide survol de la toile (dans les deux sens du terme). Si d'aventure quelqu'un en lisant cet article est en mesure d'apporter quelque information complémentaire relative à cette toile, qu'il se sente libre de laisser ici un commentaire constructif.

Toujours est-il que cela fait plusieurs années qu'il est là, ce tableau ; anodine décoration d'une maisonnée hermétique aux subtilités du monde de l'art. Et jamais mes yeux de profane ne s'étaient attardés sur cette partie de cartes d'une autre époque jusqu'à cet été-ci. Cette négligence coupable est à présent à demi-réparée. Comme quoi, que l'on soit ou non féru de cartes et/ou d'art, il n'est jamais trop tard pour ouvrir les yeux.

lundi 14 août 2017

Déconnexion estivale ?

Ah, les vacances estivales ! Ses grasses matinées. Son soleil. Ses plages et ses piscines. Ses barbecues avec cette odeur tenace de viande grillée et de fumée qui accapare nos narines. Bien souvent, on a d'ailleurs l'impression que des millions de français ne vivent que pour ça : profiter de leurs vacances afin de s'émouvoir dès la rentrée venue sur les bronzages respectifs des uns et des autres. Superficialité quand tu nous tiens !

Mais pour les fanas des écrans, les vacances estivales c'est aussi le charme des parenthèses enchantées loin des boulets du monde numérique que l'on traîne péniblement avec soi au quotidien : mails, comptes-rendus, plannings, news et autres. Preuve que le sujet n'est pas à prendre à la légère, le législateur a même cru bon d'intervenir, en imposant depuis janvier 2017 un droit à la déconnexion afin que les salariés du tertiaire ne demeurent pas esclaves de leurs ordinateurs portables, tablettes et autres téléphones le temps de leurs congés chichement gagnés sur le champs de bataille de la mondialisation. Alléluia ! Vive la productivité à la française. Mais qu'en est-il du bonheur ?

Toutes proportions gardées, la problématique est globalement la même avec le poker en ligne : les vacances estivales sont l'occasion pour le joueur de faire une pause revigorante, brisant la routine du quotidien et restaurant naturellement les barrières mentales, mises à mal au cours de l'année écoulée par la variance et rongées par l'acidité de l'adrénaline du jeu. La donne a toutefois tendance à changer. Car, désormais, vacances ou pas, la tentation du numérique est présente à chaque instant. Même pour le joueur de poker nomade hors de ses frontières, la possibilité de demeurer connecté est bel et bien là. J'ai pu constater cet été à quel point il était désormais aisé de ne pas couper le cordon pour quelqu'un désireux de maintenir un accès continu à internet, quand bien même on choisisse de passer ses vacances en dehors de l'hexagone. Et la tendance n'est pas prête à s'inverser  : désormais, tant qu'il y a du jus, internet est à portée de clic. Ordinateurs portables, tablettes numériques, smartphones, batteries de secours, le poker nomade est plus que jamais facilité par la pléthore d'accès wi-fi disponibles parfois jusque dans des endroits reculés. Et quand il n'y a pas de wi-fi, il suffit de compléter avec son propre abonnement internet, sachant que les frais liés au roaming ont été supprimés au sein des pays de l'Union Européenne il y a quelques semaines à peine : les frais occasionnés par une connexion internet sont désormais proches de zéro.

Tout devient désormais possible pour le joueur de poker nomade aguerri comme pour le joueur récréatif désireux de combattre l'ennui cartes en main : les connexions sont omniprésentes et les diverses plateformes de poker en ligne déclinent bien évidemment toutes leur offre en format mobile depuis belle lurette. Quand bien même ça ne soit pas advenu pendant ses vacances, Guillaume Diaz - le joueur sponsorisé par Winamax - remportait ainsi en avril dernier un important tournoi en ligne (un peu plus de 73 000 euros) dans l'avion qui l'emmenait de Macao à Zurich. Grâce au wi-fi embarqué. Un authentique exploit rendu possible par le développement tentaculaire des réseaux et par les avancées technologiques considérables de ces dernières années.

Au delà de l'anecdote, est-ce pour autant un exemple à suivre ? La révolution numérique en cours est quelque chose de merveilleux pour l'humanité, à n'en pas douter. Mais il faut savoir rester vigilant afin que ce qui constitue de prime abord un vecteur de liberté ne se convertisse sournoisement en une invisible servitude. D'autant que dans le cas spécifique du poker, ce jeu est comme chacun sait susceptible de générer une pernicieuse addiction susceptible de se renforcer davantage en raison de l'accès facilité à l'internet mobile. Plus dur sera le sevrage...

Je surfe, tu surfes, il surfe, nous surfons, vous surfez, ils surfent...
Pour ma part, je n'ai (quasiment) pas joué au poker au cours du mois de juillet. La tentation était pourtant là, tapie dans l'ombre, sournoisement nourrie par mon obligation (morale) de participer à un championnat par équipes hebdomadaire de longue haleine le mardi soir. Mais j'ai résisté à la tentation d'en faire plus. Car j'estime que mon bien-être passe par cette phase salutaire de déconnexion estivale. A un moment donné, je me suis retrouvé assis sur une plage de sable fin, face à la mer. Et il y avait le wi-fi accessible gratuitement. J'ai brièvement consulté mes mails, les news habituelles, Twitter et Cie ; à deux reprises, j'ai même lancé un mini-jeu sur mon smartphone, histoire de passer le temps autrement qu'en rôtissant oisivement au soleil. Mais, globalement, j'ai résisté à la tentation en rangeant vite le smartphone, là encore. D'autant qu'entre les grains de sable traitreusement portés par le vent, l'air chargé d'iode et les rayons inquisiteurs du soleil, je me suis vite rendu compte que les plages ne sont pas faites pour surfer sur internet. Sauf nécessité impérieuse, la déconnexion estivale, ça devrait être quelque chose de sacré. Il en va de notre santé mentale et de notre équilibre.