Après une longue période d'abstinence, j'avais enfin ce week-end l'occasion de retâter du jeton pour de vrai, à l'occasion du Wipt Paris pour lequel je m'étais qualifié sur le site de Winamax en remportant le tournoi spécial organisé à cette occasion en début de mois par le Club Poker.
Le réveil matinal brutal en ce samedi 23 novembre m'a fait oublier de prendre avec moi mon sphinx protège-cartes. Je portais toutefois sur moi mon nouveau sweet-shirt à son effigie, de quoi demeurer confiant malgré tout : j'avais même hâte de l'étrenner afin de tester ses potentiels pouvoirs.
Une fois arrivé sur place dans les entrailles de Montparnasse, une longue file d'attente serpentait dès la sortie du métro en s'étendant le long des marches sur plusieurs dizaines de mètres jusqu'à la place centrale située à l'air libre. Des dizaines et des dizaines de visages inconnus emmitouflés pour cause de grand froid, et malgré tout, le hasard a fait que juste derrière moi dans la file d'attente j'ai reconnu la voix de Laurent, le boss du Club Poker (connu sous le pseudonyme de Webmaster), qui discutait avec une de ses connaissances. Quelle ne fut pas ma joie de pouvoir échanger quelques amabilités avec lui : mon Wipt Paris n'avait pas encore commencé que j'étais déjà ravi d'être venu !
Une fois les formalités relatives à la procédure d'inscription accomplies, un scan visuel des lieux à 360° me permit assez rapidement de me rendre compte qu'on était désormais loin du faste de jadis, où l'étape parisienne à la Grande Halle de la Villette accueillait 2.500 à 3.000 joueurs dans un cadre enchanteur pour les yeux. Dans les entrailles souterraines de Montparnasse, les premiers mots me venant à l'esprit étaient plutôt "exigüité" et "minimalisme" tellement le rendu visuel sur place était tristounet eu égard à un éclairage inégal selon les recoins de la salle (sans parler des câbles pendouillant au dessus de nos têtes). Même la boutique officielle Winamax ressemblait davantage à une veillée funèbre qu'à une opération marketing digne de ce nom visant à valoriser la marque. Par rapport à la grande époque, on sent que la voilure a été considérablement réduite. Toutefois, l'important n'était pas là : les gens étaient venus pour jouer et les 95 tables prévues pour 10 joueurs étaient bien là. 800 joueurs étaient attendus. Mais au final, le taux de désistement fût tellement faible que nous fûmes plus d'un millier de participants, à tel point que les derniers arrivant furent contraints d'attendre les premières éliminations avant de pouvoir s'assoir.
11h00 pétantes, c'est le début du tournoi. Le belge Davidi Kitai et le rappeur Kool Shen sont les deux VRP officiels de Winamax pour cette étape ; je ne les aperçois même pas, mais la salle applaudit tandis que je médite sur le côté glauque des lieux en pestant contre les relents de tabac ominprésents. La température ambiante doit être de 15 à 16 degrés. Je ressens cruellement le manque de mon sphinx pour veiller sur mes cartes et mes jetons et maudis intérieurement ma négligence du matin. A ma première table, 100% masculine, une ambiance pas désagréable mais rien de bien folichon. La table casse peu avant la pause déjeuner, et rien à signaler puisque je dispose à peu de choses près de mon stack de départ.
A ma seconde table, l'ambiance y est bonne. La seule représentante féminine est éliminée les as en main à l'instant où je m'assois et après avoir débusqué un gigantesque bluff de mon voisin de droite, je sociabilise aussitôt contre toute attente avec ce drôle d'énergumène peu rancunier : un combattant balafré cher à François Fillon, un vrai, dont la cicatrice géante sur plus de la moitié du visage révèle un passé à coup sûr tumultueux. Bingo : celui-ci me confie avoir participé en son temps à des parties clandestines de poker où des dizaines de milliers d'euros s'échangeaient en une seule soirée. Je devine aisément le reste au vu du profil du personnage, bien que je soupçonne que le coup de couteau eut été reçu en d'autres circonstances. Mais peu importe, il semble désormais s'être assagi et est heureux de sympathiser avec un profil tel que le mien. La réciproque est étonnamment vraie. Mon stack grimpe tranquillement, celui de mon nouvel ami le zébré aussi, à tel point que lorsque la table casse peu avant 16h je suis triste de devoir délaisser mon improbable expérimentation sociale.
Les choses vont vite déraper pour moi une fois installé à ma troisième table. Je perds consécutivement deux gros coups - joués pourtant sans regret au vu des probabilités assez favorables - et me voilà aussitôt relégué dans la zone rouge. Un 50/50 perdu avec mes huit dernières blindes et l'aventure s'achève aussitôt pour moi. En cinq minutes je suis ainsi passé du ventre mou du peloton à la chute dans le ravin. Je termine donc aux alentours de la 600e place pour 1 038 inscrits. Telle est la dure loi du poker, surtout dans un tournoi au format turbo tel que celui-ci.
Le timing de mon élimination est particulièrement mauvais puisque le tournoi de rattrapage affiche complet et qu'il ne me reste plus grand chose d'utile à faire. Aucun visage connu à l'horizon, il est donc judicieux pour moi de vider les lieux, d'autant que l'odeur empeste le tabac tellement les fumeurs sont agglutinés juste devant la sortie de l'autre côté des deux portes béantes de l'entrée.
Expérience mitigée que ce Wipt Paris-Montparnasse, donc. On fera probablement mieux la prochaine fois.
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