Il y a quelques jours de cela, j'ai décidé de faire une session poker du soir ultra light, seulement quatre tournois à faible coût, afin de me permettre de pouvoir regarder du coin de l'oeil un match de football en parallèle. C'est en général une pratique à bannir que de se laisser distraire pendant une session, mais de temps en temps je m'autorise une petite dérogation telle que celle-ci à mon protocole de rigueur.
Très vite, je suis éliminé d'un premier tournoi, et il ne me reste plus que trois tables actives. Mes tables sont donc de taille plus grande que d'accoutumée. A un moment, il s'est passé quelque chose d'assez insolite, tant d'un point de vue statistique que visuel, à savoir que j'ai vécu deux mains jumelles à trois joueurs exactement au même instant, sur deux tables de deux plateformes différentes : Winamax et ParionsSport.
Je décide de faire tapis préflop avec As-Dame alors que je dispose dans un premier cas de 20 blindes et dans le second cas de 13 blindes... et je suis payé par exactement les mêmes mains chez mes deux adversaires à chacune des deux tables, puisque de leur côté ils possèdent respectivement Dame-Roi et une paire de 7. Je ne m'attends bien évidemment pas à gagner les deux coups, puisque je sais que je n'ai à chaque fois qu'un tiers de chances de remporter le pot. Mais le fait est que l'abattage se produit en simultané sur les deux tables et que je me retrouve éliminé à la river dans un cas comme dans l'autre : cocasse ! En moins de cinq secondes, l'ascenseur émotionnel aura été intense pour mes deux yeux.
Statistiquement parlant, se retrouver avec deux mains jumelles lors d'une session arrive de temps à autre lorsque cela nous oppose à un seul adversaire, mais là, avec deux adversaires distincts à chaque fois et à la seconde près, les probabilités étaient infinitésimales. Au poker, tout peut arriver. Et tout finit par arriver, d'ailleurs : il suffit pour cela de jouer non-stop pendant des milliards d'années. Sinon, à l'échelle d'une vie, il n'y a que des anomalies statistiques plus ou moins marquées.
Alors que reste-t-il, une fois les jetons partis et les écrans noirs de silence ? Une sensation étrange. D’avoir été le héros tragique d’une farce cosmique. D’avoir assisté à un bug dans la matrice, ou peut-être à une leçon d’humilité sur la nature profondément chaotique du jeu. Car au final, on ne retient pas que les bad beats. On retient surtout leur mise en scène. Et là, franchement, le metteur en scène s’est surpassé. Merci au Dieu du Poker de m'avoir fait vivre pareil moment ! Ca me fera un beau souvenir... et cette double élimination en stéréo m'aura permis regarder la fin de mon match dans de meilleures conditions, en Dolby Surround... et surtout sans risque accru de strabisme !