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jeudi 28 octobre 2021

Confidences chapitre 5 : joue-la comme Obama !

Voici un article maudit que j'avais pourtant rédigé en totalité sans pour autant que je parvienne à le publier correctement, puisqu'il s'est perdu une première fois dans les méandres du net, en raison de la survenance d'un regrettable reboot informatique sans avoir effectué de sauvegarde au préalable. Enfin, bref... le voici réécrit autrement. Car si le temps en a partiellement atténué le contenu, l'idée force demeure. Je souhaitais aborder le thème de l'importance de l'usure mentale au poker dans le processus décisionnel lorsque l'on joue aux tables. Une usure mentale souvent trouve sa source bien en amont des tables de jeu, au cours de la journée.

Il y a quelques années de cela, j'avais été littéralement subjugué par ces propos tenus par le président Barack Obama en 2012 dans le magazine Variety Fair : "Vous constaterez que je ne porte que des costumes de couleur bleue ou grise. J'essaie de réduire autant que possible ce type de décisions. Je ne veux en prendre aucune qui ait trait à ce que je dois porter ou manger, sachant que des arbitrages autrement plus cruciaux m'attendent au cours de ma journée." Il ajoutera ensuite que l'instauration d'une routine de travail contribue à encadrer ce processus décisionnel préservé pour les moments-clefs.

Depuis lors, j'ai gravé ces propos dans un recoin de ma tête, quand bien même j'avais déjà intuitivement tendance à mes les appliquer à moi-même en grande partie dans ma vie du quotidien. Des propos d'autant plus censés que l'on constatera que nombre de grands décideurs savent eux aussi hiérarchiser leurs priorités jusque dans ce type de détails, et c'est certainement la raison pour laquelle nombre de décideurs qui comptent dans le monde appliquent ce même principe (tels Mark Zuckerberg et ses T-shirts gris, Steve Jobs avec ses cols roulés ou encore Elon Musk et ses costumes de croque-mort). Ces gens ne sont pas ennuyeux, ils optimisent leur processus décisionnel.

Tout ceci pour dire que j'ai décidé depuis longtemps déjà de calquer ce même protocole lors de mes sessions au poker : j'ai remarqué que le fait de me poser la moindre question - même la plus anodine - à l'entame de mes sessions poker avait pour effet de diminuer aussitôt mon confort, ma concentration et mon plaisir de jeu. Puisque c'est invariablement en fin de soirée que se joue le money time, il convient de ne pas ajouter à un début de fatigue physique une fatigue mentale provoquée par un excès de décisions prises au cours de la journée écoulée. Car la fatigue nous conduit invariablement à prendre de mauvaises décisions. Au poker, la perfection n'existe pas, on commet tous régulièrement des erreurs, et pour espérer gagner sur le long terme il suffit de savoir en faire moins que ses adversaires, en restant frais le plus longtemps possible dans son processus décisionnel.

En conclusion, lorsqu'on joue, il faut laisser ses problèmes au vestiaire pour espérer performer sans avoir à se remettre au seul facteur chance. Dans cette optique, ne pas prendre de décisions avant de se lancer dans une session, ne pas gamberger pas non plus sur ses problèmes existentiels du moment, ne pas se poser de questions : voilà la ligne de conduite à adopter. Se concentrer, en s'entourant si besoin d'une routine faisant office de cordon sanitaire et puis se hâter... à petit trot.

Toi qui aime le poker et lis ce blog, un conseil : joue-la comme Obama ! On a jamais dit qu'être un décideur était chose facile. Mais une chose est certaine : avec une meilleure endurance mentale que ses adversaires, cela devient déjà un peu moins difficile ! Au poker comme ailleurs.


dimanche 24 octobre 2021

Confidences chapitre 4 : l'intouchable !

Je poursuis la publication de mes "confidences" avec la révélation d'un défaut assez cocasse qui me caractérise lorsque je joue au poker : je ne supporte pas d'être touché pendant mes sessions. Pas même effleuré.

Avec les années, j'ai appris à me connaître, et je sais depuis belle lurette que je suis un homme qui a besoin de s'entourer d'une bulle de concentration pour être au top de mes performances intellectuelles. C'est en faisant abstraction de mon environnement extérieur que je suis en mesure de produire mon A-Game

Cette particularité d'intouchabilité s'applique donc malheureusement au poker, a fortiori si je suis en train de faire une session en multi-tablant : dès lors que quelqu'un me touche ou même m'effleure sans y avoir été invité alors que je suis attablé en train de calculer des cotes mathématiques ou à observer des dynamiques de table, je me sens comme violemment expulsé de ma bulle de concentration à cause de ce stimulus imprévu, happé vers un monde réel que j'avais volontairement mis en sourdine. Et je maudis alors intérieurement la personne qui vient de commettre pareil sacrilège. Cela peut même aller bien au-delà, puisque ma contrariété est parfois telle que je suis susceptible d'avoir une réaction épidermique forte en haussant aussitôt le ton ; dans le pire des cas, cela peut même susciter chez moi jusqu'à un début de colère. Pas moyen d'échapper à ce processus.

Les fois où cela arrive, je sais déjà que je ne parviendrai que très difficilement à retrouver un niveau de concentration optimale, quoi qu'il advienne. Me toucher par mégarde lorsque je joue au poker derrière mon écran d'ordinateur revient à m'handicaper lourdement pour toute la soirée. A ce jour, je n'ai toujours pas trouvé le moindre remède à ce mal...

mercredi 20 octobre 2021

Les soirées 100% bad beat

Il y a des soirs où je me fais sortir de tous mes tournois sur des bad beats, de véritables coups du sort au regard des probabilités. Cela a été notamment le cas ce soir. Il est 23h et ma session est déjà terminée.  Pourtant, j'ai la certitude d'avoir bien joué. A tel point que je reste zen en dépit de ce zéro pointé : à la vérité je suis même heureux de ne pas avoir cédé à l'énervement ou au désespoir. Car les soirées 100% bad beat comme celle que je viens de vivre, ça existe. Et il faut savoir composer avec pour durer dans le poker, sinon c'est la crise de nerfs assurée. Car celui qui s'aplatit comme une crêpe ne rebondit pas. Qu'on se le dise !

Le poker a ceci de fascinant qu'il s'agit d'un jeu profondément injuste. Bien plus injuste que l'immense majorité des jeux auxquels s'adonnent les humains. L'injustice constitue une règle fondamentale du poker. Et cette injustice, elle ne s'encombre en définitive que de peu d'exceptions. Or, pour que le poker soit vécu de façon heureuse, il faut que le plaisir originel ne soit pas ébranlé par les assauts répétés de la malchance, qui reviennent aussi inlassablement que le dépôt des plaintes s'accumulant sur un bureau d'un agent de police.

Aimer ce jeu, l'aimer vraiment, c'est donc aussi intégrer sa part d'injustice, qu'il convient d'édulcorer au plus vite afin de ne pas s'enliser dans le piège de la souffrance. Que ce soit avec une part d'ironie, un mental de cyborg, une once de masochisme ou bien encore une mémoire de poisson rouge, l'important est de parvenir à accepter l'injustice pour mieux en limiter les effets indésirables et pouvoir aussitôt retrouver l'indispensable sérénité permettant de se rapprocher de son niveau de jeu optimal.

Aussitôt vécue, aussitôt oubliée : ma soirée 100% bad beat n'aura pas ma peau : ni aujourd'hui, ni jamais ! Je me sens bien et n'oublie surtout pas que les coups de malchance à répétition constituent le signe contre-intuitif d'un niveau de jeu supérieur à la moyenne. Alors j'esquisse un ultime sourire (amusé ? désabusé ? penaud ?) en clôturant ma session et me dis que cela ira probablement mieux demain. Ou après-demain. Ou la semaine prochaine. Ou la suivante. Mais les résultats positifs reviendront bientôt. C'est écrit.

vendredi 8 octobre 2021

Le retour des WSOP à Las Vegas : la planète poker se remet enfin à tourner rond !

Après une longue absence due à la crise sanitaire, les World Series Of Poker sont de retour depuis quelques jours. Et ça fait du bien de les voir à nouveau figurer au calendrier des événements à suivre en cette fin d'année 2021 !

Certes, ces championnats du monde de poker tardifs se déroulent en octobre/novembre sous une fraicheur automnale (toute relative sachant que les températures extérieures y grimpent actuellement jusqu'à 25-30° celsius) au lieu de la fournaise traditionnelle de juin/juillet. Lors de mon précédent passage là-bas à l'occasion des WSOP en juin 2015, le thermomètre y dépassait allègrement les 40° à l'ombre. 

Certes, l'accès aux tables de poker pour cette édition un peu spéciale de 2021 y est conditionné à la présentation d'un schéma vaccinal complet (Pfizer, Moderna ou Jansen). Certes, les joueurs européens débarquant sur le sol américain doivent avoir observé une contraignante quarantaine les obligeant à s'isoler plusieurs jours juste avant de pouvoir croiser le fer... mais quelques jours d'isolement forcé (notamment via le Mexique) ne sauraient constituer un obstacle infranchissable pour des joueurs affamés de poker live, épris de gloire et rêvant de fortune.

Certes, l'affluence globale sera forcément cette année en baisse lors de cette édition 2021. Un quart ou un tiers de joueurs en moins selon les projections.

Certes, les joueurs présents à ces WSOP un peu particuliers y sont (partiellement) masqués, notamment lors de leurs déambulations dans les couloirs du Rio. Mais du fait de la vaccination de l'ensemble des participants et personnels, il est possible d'ôter le masque aux tables lors des phases de jeu, et ça, ça change assurément beaucoup de choses au niveau des sensations de jeu.

Enfin, on ajoutera que certes les spectateurs et couvreurs ne sont pas au rendez-vous cette année, et l'ambiance ne sera assurément pas la même par rapport aux éditions précédents. 

Mais tout ceci vaut infiniment mieux qu'une annulation complète comme en 2020. Et le fait est que le succès semble malgré tout être au rendez-vous cette année si l'on se fie aux chiffres : les garanties des premiers tournois sont atteintes et la foule est bel et bien là en ces premiers jours de compétition. Après une longue période de morosité, les gens ont envie de se distraire et s'amuser comme avant. Tout ceci laisse donc augurer d'un retour à la vie normale sur la planète poker, avec des organisateurs qui organisent, des croupiers qui dealent et des joueurs qui jouent. En France, les compétitions de poker ont d'ailleurs également repris dans les casinos et autres cercles de jeux depuis quelques semaines.

Las Vegas retrouve donc un peu de sa splendeur et de son insouciance d'antan. Un premier français, le charismatique (et compétent) Pierre Calamusa vient de passer à un cheveu d'un premier bracelet WSOP dès les premiers jours de compétition, en terminant second d'un des tournois inaugurant cette édition 2021, et nul doute que d'autres joueurs français ultra-motivés parviendront également à briller au firmament au cours des semaines à venir.

En cette fin d'année, la planète poker semble donc enfin avoir retrouvé un semblant de normalité en live : jetons, cartes, caméras, projecteurs, bracelets, liasses de billets : la fabrique à rêves est de retour, et ça fait du bien au moral après un an et demi de morosité pour cause de COVID-19. A la vérité, même moi derrière mon lointain écran d'ordinateur, je suis pris d'une bouffée d'enthousiasme. Espérons juste qu'elle ne soit pas de courte durée.