Le mois d’octobre 2025 touche à sa fin, et pour la première fois depuis que je joue au poker, je termine le mois avec des pertes abyssales, jamais constatées depuis mes débuts dans ce monde cruel il y a treize ans. Un véritable krach d’octobre, digne des pires naufrages historiques de Wall Street.
Ma belle courbe affichée par mon logiciel Xeester - vaillante, disciplinée, et presque ennuyeuse de régularité depuis des années - a subitement entamé depuis un peu plus de trois semaines une chute vertigineuse. À tel point qu’on pourrait croire que je me suis soudain mis à consommer des substances illicites ou bien encore qu’un inconnu a pris le contrôle de mon compte pour jouer à ma place en cliquant au hasard. Pourtant, rien de tout cela : je joue toujours avec la même sobriété, la même rigueur, et n'ai pas varié d'un iota mes habitudes de jeu au cours des dernières semaines. Malgré tout, ma courbe s’effondre.
Je me prends simplement le mur de la variance, dans sa forme la plus brutale. Le genre d'obstacle qui ne se contente pas de freiner une progression, mais qui projette en arrière, dans un fracas de chiffres rouges et de sessions écourtées. Je l’ai déjà exprimé par le passé : dans de tels moments, il n’y a rien d’autre à faire que d’attendre la fin de la période de tourmente. Résister, respirer, fermer les yeux, ne pas paniquer, ne pas se sentir affecté. Car ceci fait tout simplement partie du parcours du combattant que tout joueur aguerri se doit d'affronter stoïquement de temps à autre. Je sais composer avec ces phases négatives. Mais l’atroce piqué de ma courbe Xeester, dont la trajectoire est digne de celle des meilleurs pilotes kamikazes japonais de 1945, ne laisse pas mon psyché indemne. J’en veux pour preuve un rêve - ou plutôt un cauchemar - survenu ce week-end, que je crois directement en lien avec mes désastreux résultats récents.
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| au secours ! |
A mon réveil, je me suis souvenu de ce rêve avec un certain effroi. Pas tant à cause du cauchemar lui-même que de sa signification : un sentiment d’impuissance, celui de ne plus maîtriser grand-chose. Le poker, jeu de contrôle et de discipline sur le long-terme, peut aussi parfois devenir soudainement une mécanique absurde lorsque la variance s’acharne. On passe alors du rôle de stratège en chef à celui de simple chair à canon fauché dans le no man's land.
Dans de telles conditions, avec une courbe de gains digne des pires krachs boursiers de l'histoire et suite à ce rêve atroce quels enseignements en tirer et que suis-je censé faire ? Pas grand chose, à la vérité. Je dois continuer à jouer correctement, sereinement, sans rien forcer, rien précipiter, rien lâcher. Attendre que la roue finisse par tourner et que ma courbe remonte. Dans l'immédiat, je contemple mon graphe avec l'amertume passagère de l'investisseur ruiné contemplant les cendres de son portefeuille boursier : avec un mélange de fatalisme, d’ironie et de résignation... mais en sachant toutefois que rien n'est définitivement perdu.
Octobre 2025 aura été mon mois le plus noir depuis mes débuts au poker. Mais l'investisseur avisé sait qu’après le krach survient toujours une phase de reprise. Le tout est de savoir tenir sans perdre la tête. Le long terme est l'allié des bons joueurs ; qu'on se le dise.

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