Translate

mercredi 19 novembre 2025

Mon odyssée Wipt Paris 2025 : corsaires, carte au trésor, plage de sable fin, sirène et naufrage final.

C'est avec plein d'enthousiasme que je me suis rendu ce samedi 8 novembre 2025 à l'hôtel Marriott Paris Rive Gauche, situé boulevard Saint-Jacques, à deux pas de la maison d'arrêt de la Santé. Arrivé sur les lieux sur les coups de 10h45, bien plus tard que l'horaire indiqué sur ma convocation, la première chose qui a attiré mon attention aura été ce drapeau à l'effigie de l'établissement hôtelier : un M rouge sur fond blanc flottant nonchalamment devant l'entrée principale, à tel point que je me suis demandé en l'apercevant au loin si ce n'était pas le W rouge de Winamax qui avait été déployé là pour l'occasion... Tel n'était pas le cas au final, mais l'illusion aura duré un bref instant.

1000 adversaires et seulement 16 sésames
Quelques secondes à peine après cet instant de flottement, j'aperçus un large groupe de fumeurs sur la droite de l'entrée principale de l'établissement, me faisant aussitôt comprendre que la salle de conférences où devait se tenir l'événement disposait de sa propre entrée sans avoir besoin d'empiéter sur les plates-bandes des touristes asiatiques fortunés zonant devant l'entrée principale de l'hôtel. Je pénètre dans la salle des congrès et aussitôt entré, me voilà immédiatement enregistré... et propulsé vers ma table de jeu. Je me retrouve ainsi assis à ma table en une minute chrono. Impossible de faire mieux sachant que l'événement a drainé plus de 1.000 joueurs au total !

Dans la vaste salle, bien plus confortable que l'affreux blockhaus de l'an passé situé dans les sous-sols de Montparnasse, on sent que Winamax a fait un effort afin de dissiper l'impression de l'organisation au rabais de l'édition précédente. Lumière régulière, ambiance feutrée, sol propre, air climatisé et respirable : le contraste était saisissant, à tel point que je me suis immédiatement senti à l'aise. Au total, 1.013 inscrits se sont présentés sur la ligne de départ, en profitant de leur traditionnel cadeau de bienvenue au moment de s'asseoir : un paquet de cartes, un bouton, un pin's métallique (que j'ai aussitôt accroché à mon sweat-shirt personnalisé), et un magazine Poker52 que je ne prends même pas la peine de feuilleter. On dispose chacun d'un capital de 40.000 jetons qu'il va falloir faire fructifier. Les tables sont belles en dépit de l'absence de croupiers, les cartes sont de qualité et je suis bien décidé à effacer mon cruel coup du sort subi à l'hippodrome de Vincennes un mois plus tôt et ce 94/6 pour plus de 300 blindes particulièrement rude, qui aura à lui seul gâché mon tournoi.

Je me suis assis sûr de ma force et déterminé, avec un fol espoir : briller afin de décrocher ma qualification pour la grande finale qui aura lieu au début du printemps 2026 du côté d'Aix-En-Provence. Bonne ambiance avec ma première table : j'hérite notamment de deux voisins plutôt sympathiques et décide de déployer un poker prudent mais dynamique, qui me permet de grignoter des jetons de façon très progressive, sans pour autant prendre le moindre risque. A la pause déjeuner j'ai doublé. Quelques éliminations surviennent, et de nouveaux joueurs viennent aussitôt combler les brèches. L'ambiance demeure bonne : entre survivants on plaisante et on capitalise. Mais voilà qu'un joueur asiatique volubile débarque auréolé d'une muraille imposante de jetons et bouscule les forces en présence en entrant dans tous les coups, exécutant sans ciller deux compagnons de la première heure et altérant aussitôt le centre de gravité de la table. Fort de ma doctrine controversée consistant à mordre aux basques des chip leaders au lieu de les fuir, je décide de lui rentrer dans le lard alors que je suis en cale sèche et prends un premier gros risque payant contre lui. Ce sera d'ailleurs le seul de la journée mais cela suffit à me renflouer. La table casse et je me dirige vers ma deuxième table peu avant 16h. Il reste encore trois heures de jeu et je vogue sereinement dans la moyenne en termes de jetons.

Ma deuxième table va s'avérer être absolument merveilleuse. Je suis accueilli avec beaucoup d'égards par un joueur très chaleureux prénommé Cédric. Il contribue à entretenir une très chaude ambiance, en compagnie de deux-trois gaillards enjoués. Au bout de dix minutes à peine, je me sens comme chez moi : on commence à me chambrer, je réponds du tac au tac, on rigole, on s'amuse, je gratte des jetons et les joueurs éliminés sont aussitôt remplacés par de nouveaux moussaillons. Ca navigue à pleine voile, le rythme est soutenu, je ne m'ennuie pas. Au bout d'une heure, je vois débarquer juste à ma droite une demoiselle sublimissime, au regard lumineux et aux jetons conséquents. Belle jusqu'au bout des ongles, une voix légèrement rauque produisant sur moi le même effet que le chant d'une sirène sur Ulysse. Elle est active avec ses jetons et n'a pas froid aux yeux : elle s'intègre à l'ambiance en un clin d'oeil et fait aussitôt le ménage à table, en éliminant des joueurs avec une certaine désinvolture, sans jamais pour autant se départir de sa candeur angélique. Lucide malgré tout, je lorgne avec envie sur les jetons de ma sirène, d'autant que son niveau de jeu me semble constituer son seul défaut apparent : je me sens prêt à tenter de la harponner, quitte à faire naufrage sur son rivage. Las ! Mon plan d'abordage tombe à l'eau car la journée s'achève déjà et il faut jeter l'ancre pour le lendemain. Au mouillage du soir, il reste moins de 200 joueurs sur le millier d'inscrits du matin et je figure en assez bonne posture au moment d'emballer mes 200.000 jetons.

Une bonne nuit de sommeil me permet de repartir du bon pied. Sachant que les choses sérieuses s’apprêtent à commencer, j’emporte mon animal-totem avec moi : mon sphinx fétiche qui trône au-dessus de mon bureau lorsque je dispute mes sessions en ligne et qui accessoirement me sert de protège-jetons en live : il est mon vaillant compagnon, présent lors de l'ensemble de mes affrontements poker depuis plus d'une décennie maintenant ! Je retrouve mes compagnons de tablée de la veille et leur présente mon fidèle compagnon chargé de veiller férocement sur mes jetons. Au moment de reprendre les hostilités, j'apprends que le boute-en-train de la tablée avec lequel j'ai sympathisé la veille est un membre du Club Poker, ce qui ne fait que confirmer la bonne opinion que j'avais de lui. Mieux encore : un éternel rival de mes tournois communautaires habituels en ligne que je ne connaissais pas jusque là se déclare également à la table. Flanqué de deux membres éminents du Club Poker et d'une sirène étourdissante, je me sens bien entouré, l'ambiance continue à être excellente et je me dis qu'il n'y a rien de plus agréable que d'évoluer au sein de pareille tablée entre corsaires aguerris. La razzia du jour peut commencer. Ma joie est néanmoins de courte durée, notre table est amenée à casser et nous sommes tous dispatchés en tant que bouche-trous sur différentes tables.

Ma troisième table est terriblement austère et triste en comparaison avec la précédente, malgré le fait que le hasard des tirages ait décidé que ma sirène était encore avec moi pour cette nouvelle aventure. Impossible de plaisanter avec elle, un olibrius imposant se dresse entre nous avec la même efficacité qu'une barrière de corail coupante séparant l'eau turquoise d'un lagon avec les courants marins des grands fonds. Il reste à peine plus d'une douzaine de tables et il me reste des cartouches à tirer à l'approche des places payées. Cette troisième table austère casse assez rapidement, ma sirène s'éloigne en frétillant vers un autre rivage de l'archipel, et me voici marronné à une quatrième table où je retrouve sur ma droite... mon premier voisin de ma première table de la veille. Mon compagnon de galère dispose d'un beau capital de jetons, mais je l'en déleste d'une bonne moitié. Emporté par mon élan belliqueux je pourfends sabre au clair deux ou trois joueurs et m'empare de leur butin, de telle sorte qu'une fois les places payées atteintes je me retrouve aux portes du top 10. J'ai posé un orteil sur l'ile au trésor. Je ne suis pas loin du million de jetons et mon sphinx commence à trôner sur un tas de jetons assez conséquent.

Il va y avoir un avis de tempête peu après le retour de la pause déjeuner. Je suis victime d'une petite erreur de comptage au moment des changements de jetons et dans la confusion, impossible de déterminer le montant du préjudice. Une petite photo souvenir prise peu avant la pause aide toutefois les organisateurs à me renflouer du préjudice subi, d'autant qu'ils avaient décelé une anomalie à la table dans les comptes, sans savoir à qui l'attribuer. Je reçois donc le reliquat alors que le tournoi a déjà repris et qu'il reste moins de 80 joueurs. Ma belle dynamique va toutefois s'enrayer à partir de ce moment-là. Je perds un gros coup avec 99 vs KK vs A8 alors qu'il reste moins de soixante joueurs. Je glisse vers la zone orange et il me reste alors un peu moins de 15 blindes. J’ai identifié le boucanier le moins aguerri et décide de l’attaquer à gros boulets sans sommation sur un énième limp de sa part, alors que j'ai A8 de pique en main et que j'ai par ailleurs repéré que les deux joueurs aux blindes semblent peu intéressés pour partir au combat sur ce coup. C'est la seconde fois seulement depuis le début du tournoi que je décide de faire parler la poudre en faisant tapis avec une main spéculative... et cette prise de risque va s'avérer fatale : au lieu de s'enfuir comme escompté, le limper paie mon tapis avec 99 et un stack exactement identique au mien. Je suis mal embarqué. Ce 30/70 m'achève donc et je coule avec flegme, malgré la survenance de deux piques au flop. Je sombre au final en eaux peu profondes, à une anecdotique 57e place alors que dix minutes plus tôt je naviguais dans le top 15 du tournoi et que j'entrapercevais, carte(s) en main, les cocotiers et le coffre au trésor. Mais je ne regrette rien.

Au final, je récolte des clopinettes, comme trop souvent, mais je mesure ma chance ! J'ai pu recroiser avec plaisir quelques vieilles connaissances, déployer un beau poker, affiner ma lecture en live, tester sans risque aucun mon rythme cardiaque, rire et partager de belles émotions avec de nouvelles têtes sympathiques en oubliant le temps qui s'égrène l'espace d'un week-end, tomber sous le charme d'une sirène, et nourrir mon sphinx. Le tout sans prendre le moindre risque pécuniaire. Voilà, c'était mon Wipt Paris édition 2025 : je referme donc ici le bouchon et je jette ma bouteille à la mer. Je suis vivant ! Merci Winamax pour cet événement, et à bientôt...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire