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dimanche 29 octobre 2017

Conjurer la poisse au plus vite

Le poker est une discipline qui fait la part belle à l'aléa. De ce fait, chance et malchance constituent en quelque sort le bâbord et le tribord du galion qui tangue en pleine houle. Mais c'est le talent du capitaine qui permet au navire de maintenir le cap en cas de tempête, afin que la nef parvienne malgré tout à bon port, sans sombrer. Parfois, il faut savoir s'agripper au mat de misaine afin de ne pas passer par dessus bord.

Depuis quelques temps, j'ai pris l'habitude de publier sur mon Twitter mon bilan du soir en termes de statistiques pour ce qui est de mon Equité et de mon Retour sur Investissement : EV théorique, EV réel, ROI. Ca permet de relativiser une session et d'évacuer le contrecoup émotionnel lié à la chance et à la malchance. 2017 n'est pas une bonne année pour moi, et je dois faire avec en attendant retour à meilleure fortune. Or, il y a quelques jours de cela, j'ai carrément essuyé une session poker catastrophique de A à Z. Et pas qu'au niveau des cartes. 

J'ai d'abord esquissé un sourire amusé lors du démarrage catastrophique de ma session cartes en main. Assis à diverses tables en format 6 max (avec donc 5 à 6 jours par table au maximum), il m'a fallu la bagatelle de 49 coups avant de remporter mon premier pot ! Une mer d'huile somme toute amusante à devoir subir pour commencer, sachant qu'en début de session il s'agit surtout de pots de moindre importance. Mais quand même, ça fait bizarre ! Ainsi, lorsque j'avais des mains sublimes, touché des flops de rêve ou esquissé les contours d'un gros pot remporté à la turn, il y a toujours eu quelqu'un pour me damer le pion au final et m'empêcher d'une manière ou d'une autre de remporter un pot. 49 mains consécutives sans parvenir à glaner un pot, c'est vraiment beaucoup. Surtout lorsqu'on a théoriquement 17% de chances de remporter chacun des pots disputés. Mais 49 mains à l'échelle d'une soirée qui va en compter près de 2.000, c'est absolument marginal, et d'ailleurs cette déveine de départ a vite été effacée par des statistiques de masse autrement plus positives au cours de la soirée. Tout ceci aurait pu demeurer anecdotique et aussitôt oublié au bout de quelques centaines de mains.

J'étais toutefois bien loin de me douter qu'un autre type de déveine viendrait perturber ma session : une fois n'est pas coutume, je n'ai d'ailleurs pas pu faire mon bilan statistique habituel en fin de soirée pour cette raison. Car il se trouve qu'au cours de la même soirée, mon logiciel Xeester a affiché des messages d'erreur intempestifs, puis mouliné et planté dramatiquement à plusieurs reprises. Lorsque l'on a douze ou quinze tables de poker ouvertes en même temps, une session de jeu prend des allures de concert de pianiste : on virevolte alors sur son clavier et le temps imparti à chaque prise de décision se réduit à sa plus simple expression. Pas le temps de gamberger. Tout ralentissement de la cadence est préjudiciable, puisque de nature à mettre en péril la mélodie du clic. Or, Xeester est long à lancer et à configurer. Quand je dis long, c'est vraiment long. Près de 3 à 4 minutes sont nécessaires pour charger et configurer ce logiciel de suivi statistique des performances ; parfois davantage lorsque le chargement a lieu en plein milieu d'une séance de cliquage.

Outre Xeester, il se trouve que le logiciel Betclic Poker - qui venait de connaître une mise à jour ce soir-là - a également fait des siennes au cours de la soirée. Après quelques moments saccadés déjà préjudiciables, il a carrément cessé de fonctionné en pleine séance, et n'a pu redevenir opérationnel qu'au bout de nombreuses minutes (sans pour autant être fonctionnel à 100%). Après réflexion, je soupçonne les deux événements d'être liés l'un à l'autre.

Conséquence de tout ce chaos au cours d'une seule et même session : je me suis retrouvé à devoir subir des moments d'absence inopportuns à mes tables, perdant divers pots (dont deux absolument cruciaux sur mes deux tournois parmi les plus importants du soir) que j'aurais dû remporter s'il n'y avait pas eu l'irruption de tout ce barnum lié à cette véritable tempête informatique. Dans d'autres cas, pendant que je subissais de plein fouet cette mini-tornade, mon temps imparti pour prendre les décisions importantes aux tables s'est réduit comme peau de chagrin, et ceci a contribué à ce que je prenne quelques mauvaises décisions faute du temps nécessaire pour appréhender la situation de façon optimale. C'est extraordinairement frustrant à vivre, sur le coup. Il est aisé de comprendre que ce chaos imputable à une technologie du soir capricieuse a indirectement créé un petit degré de frustration ayant impacté la qualité de mon jeu, qui était pourtant plutôt bien en place ce soir là.

On répare et on repart.
La perte brute occasionnée par une telle poisse technologique se chiffre en dizaines, voire au delà de la centaine d'euros, si l'on considère le retour sur investissement nettement plus favorable qui eut été le mien si ma session avait été normale. A bien y réfléchir, devoir écumer cette poisse-là, s'avère plus fatiguant sur le plan nerveux que lorsqu'on encaisse le choc d'un coup du sort cartes en main. Toutes les avaries ne se valent pas, mais lorsque la structure est endommagée, il faut parfois écoper jusqu'à épuisement total pour ne pas sombrer. La session avait mal commencé cartes en mains. Elle a également mal fini de ce côté-là en ce qui concerne mes résultats effectifs. Car pour couronner le tout, une fois tous ces écueils passés, ma chance avec les cartes n'a pas non plus été au rendez-vous. Une fois la session du soir finie, je me suis senti rincé comme jamais, réduit à l'état d'épave flottante. Néanmoins, étant parvenu à bon port, j'ai pu réparer les avaries en cale sèche. Retour à la normale dès le soir suivant, tout ceci a vite été oublié. Un moindre mal que d'avoir subi les affres d'une session poker aussi houleuse.

La poisse fait partie du jeu et il faut savoir l'accepter. Mais elle apparait parfois sous d'autres formes, là où on ne l'attend pas  : défaillance informatique personnelle, collusion subie aux tables, perte de connexion internet, bugs de la plateforme de poker en ligne, piratage de compte, faillite frauduleuse de l'opérateur... En résumé, il n'y a pas que les bad beats dans la vie ! J'en ai fait l'amère expérience. Mais dans tous les cas, il faut savoir repartir. Car après la pluie le beau temps. Et vogue la galère.

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