Il y a quelques jours - le 8 septembre - j'écrivais ici-même en conclusion de mon article au sujet de la confiance qui m'avait été accordée sur RankingHero : "A présent, je vais tâcher de faire en sorte que cette confiance se
convertisse en une performance spectaculaire car il va falloir que mon
compte rendu final soit digne de l'engouement suscité par ce concours. J'en suis capable. Je le sais." Il se trouve que la performance a bel et bien été au rendez-vous. Car j'ai réussi à atteindre la table finale du tournoi.
Une table finale |
RankingHero ayant donc eu la riche
idée de me choisir pour représenter ses couleurs suite au concours
ludique qui était organisé sur le site en partenariat avec les Casinos
Barrière, j'avais donc rendez-vous ce samedi 12 septembre avec le BPT
Lille afin d'y disputer la 8ème et dernière étape du Barrière Poker Tour
2015. Ma mission était simple : débarquer au casino les poches vides
(puisque n'ayant même pas à débourser les 570 Euros d'entrée) et en
ressortir avec un magot conséquent. Il s'agissait pour moi d'une sorte
de rédemption puisque l'an dernier j'avais gagné sur internet mon
package pour ce même BPT Lille mais l'opérateur EuroPoker alors au bord du dépôt de bilan n'avait pas honoré son engagement et je m'étais retrouvé injustement privé de mon lot.
Ayant glané un sticker RankingHero
il y a quelques mois de cela, j'avais pris le soin de le ramener avec
moi. Bien m'en a pris : arrivé en fin de matinée au casino après un
trajet en covoiturage sans encombre, je me heurte à un petit contretemps
puisque le responsable des inscriptions m'annonce qu'il n'a pas de
patch RankingHero à ma disposition, contrairement à ce qui
était prévu. Peu importe, je suis venu avec mon sticker de secours et je
le colle au moment même où je pénètre dans la salle où se dispute le
tournoi le temps d'un week-end.
DAY 1 :
Je
pénètre alors dans un autre monde. La vaste salle, assez obscure aux
lumières tamisées bleues est déjà bien remplie. Le tournoi a débuté
depuis quelques minutes à peine, et un rapide coup d'oeil à l'écran
géant recensant les inscriptions me confirme mon impression : cette
édition 2015 du BPT Lille est une réussite en termes de fréquentation
puisque le nombre d'inscriptions approche doucement des 400.
L'enceinte
dans laquelle se déroule le tournoi est plutôt belle, pour peu que l'on
apprécie la semi-pénombre et les spots de lumière bleutée. Aucune
fenêtre à l'horizon, on en oublie vite les notions de base telles que
l'heure qu'il est ou bien le temps qu'il peut faire dehors. L'espace
temps n'est pas le même qu'ailleurs. D'ailleurs, une croupière en
prenant sa relève arrive en annonçant un « bonsoir » alors qu'il est
13h00. Difficile de lui en tenir rigueur sachant que nous sommes dans
une salle obscure et que le travail de croupier est une activité à
horaires complètement décalés. Toutefois, cette salle s'avère bel et
bien agréable : température ambiante idéale, ventilation parfaite, et
surtout : boissons, café, grignotages (chips, biscuits salés...) et
sucreries à volonté. Il suffit de se lever pour aller piocher dans les
réfrigérateurs des eaux gazeuses, des succulents smoothies et autres
canettes de Red Bull pour ceux qui ont besoin d'un petit coup de boost.
En un mot, le cadre est atemporel et agréable. En prime, le wi-fi est
gratuit.
A
la table, tout va très vite pour moi. A peine arrivé, je me mets à
soulager les joueurs les plus fortunés de leurs jetons en trop. Tant et
si bien que je me retrouve en excellente posture sans avoir besoin de
rien faire de particulier. Et comme la table est conviviale, je m'y sens
bien : un jeune nordiste plein de gouaille venu disputer ce tournoi
avec quelques uns de ses amis me surnomme même Bill Gates, et
entre bises aux copains et bluffs à son voisin de table il essaye en
vain de cerner mon profil, ma provenance, ma profession. Je le laisse se
perdre en conjectures... non sans lui soutirer quelques rondelles au
passage. Je déploie un jeu solide mâtiné d'un zeste d'audace, en évitant
soigneusement les deux joueurs qui me semblent les plus compétents, en y
allant en douceur avec les serrures et en contrant les bluffeurs. Une
tactique simple et efficace puisqu'à la fin de ce day 1 B, la moitié des
joueurs ont été éliminés tandis que j'ai déjà plus que triplé mon tapis
de départ. Et je n'ai même pas encore mis mon t-shirt fétiche ni même
mon chapeau magique qui m'accompagne lors de mes sorties live : j'ai l'air de Monsieur Tout le Monde.
Seul mon petit sphinx trônant sur ma grosse pile de jetons trahit mon
côté atypique. Il est 19h30 le day 1B s'achève. La vie est belle.
J'entraperçois
quelques figures du circuit au passage – joueurs professionnels et
sponsorisés – (Brian Benhamou, Céline Bastian, Abou Sy, Laurent Polito,
Jean Montury, Nicolas LeFloch pour ne citer que ceux-là) mais je n'ai
aucun complexe. Deux millions de mains disputées en un peu plus de deux
ans de pratique online : je sais que je suis aussi bon sinon meilleur
qu'eux. Tout du moins sur le plan technique.
DAY 2 :
Le
day 2 reprend dans la foulée à 21h en regroupant les survivants de la
veille (ceux du day 1 A qui ont joué vendredi soir et ceux du day 1B
tels que moi). Un passage express par l'hôtel pour une douche histoire
d'évacuer la pression et de rester frais et me revoici prêt à aborder ce
day 2 dans de bonnes conditions. Il reste à peine 157 joueurs sur un
total de 401 inscrits.
Le chevalier blanc |
accident industriel |
Brian au tapis |
La
zone rouge approche avec l'inexorable augmentation des blindes. Je vais
surmonter cette situation délicate à une autre table en compagnie de
Brian Benhamou – le joueur PMU - qui est encore plus mal en point que
moi alors que nous avons les places payées en ligne de mire. Je me dois
de dire un mot sur Brian. Il représente tout ce que j'aime chez un
joueur de poker : en sus de savoir tenir les cartes, il respire la
sympathie. Brian est également courtois, souriant et agréable à une
table. Même poussé dans ses derniers retranchements, il ne se départit
pas de sa bonne humeur communicative. C'est une qualité rare chez les
professionnels. Le hasard des tables qui cassent fait que je suis
contraint de changer de table pour la 5e fois de la soirée et je
n'assisterai que de loin à l'élimination de Brian aux portes des places
payées, en 57e position.
LA BULLE :
Kenny à ma gauche |
Unlucky Luc à ma droite |
DAY 3 :
Céline, toi et moi c'est quand tu veux ! |
Le Dragon gris |
Le dragon gris me semble alors rassasié et repu. Presque assoupi. Il termine d'ériger son gigantesque mur
de jetons et se met alors à envoyer du texto à tout bout de champs à
ses copains. C'est le moment d'aller lui prélever en douceur quelques
échantillons de jetons pendant que sa concentration et son appétit sont
au plus bas. Malheureusement, je me prends un souffle de dragon en
pleine face. Et pas que son souffle, d'ailleurs. Mon nez souffre autant
que mon stack dans cette opération, aussi je décide de battre
provisoirement en retraite : la diminution du nombre de survivants à la
table me permet ainsi de m'éloigner de ses effluves. Seul le pauvre
croupier en pâtit, mais il reste stoïque, en véritable professionnel
qu'il est.
La pré-table finale va se jouer à 10 et le tirage au sort m'éloigne alors du dragon gris.
Mais pas des ennuis. A ce moment là, j'y crois encore, d'autant que
tous les habituels cadors ont été éliminés depuis belle lurette (ils
sont partis se consoler en allant disputer le tournoi Masters) et que
nous ne sommes plus qu'entre joueurs lambda. A part Dmitrijs le
letton – qui est un joueur aguerri de cash game - j'ai l'impression que
personne ne parle aussi bien que moi la langue du poker à la table. Il
me manque juste un peu de matière première pour pouvoir composer une chanson de geste à même de traverses les âges : des jetons. J'en manque cruellement puisque je suis 8e sur 10.
Je vois d'ailleurs réapparaître à ma droite le chevalier blanc de
la veille, mais il est désormais bien inoffensif. Il a enlevé son
heaume. La capuche ne le recouvre plus entièrement. Je le sens fatigué.
Il ferait une parfaite cible pour moi. Oui mais voilà, je ne reçois
aucune main me permettant d'attaquer qui que ce soit. Et la seule fois
où je tente un move, je me fais confisquer une part substantielle de mon
tapis par l'étonnant letton. Je me retrouve affaibli au plus mauvais
moment. C'est toutefois non sans une pointe de satisfaction que
j'assiste à la mise à mort de Fathi le chevalier blanc lors d'un duel à la vie à la mort avec l'autre short stack de la table, un poil de carotte du nom de Steve.
TABLE FINALE :
La
vraie table finale à neuf va pouvoir commencer, juste après une petite
pause d'une heure environ. La table finale démarre donc à 20h30. J'ai du
mal à m'accommoder à mon siège à roulettes et à cette table aux
accoudoirs surélevés. Et puis je n'aime pas les feux des projecteurs. Ni
au sens propre ni au sens figuré. J'ai d'ailleurs dû refuser poliment
mais fermement à trois reprises la demande d'interview de Louloute62
l'animateur de la RPDS – plein de bonne volonté il est vrai - qui a essayé de me faire croire que son interview était pour RankingHero. Un beau bluff de sa part, mais qui n'est malheureusement pas passé.
Lors du concours que j'ai remporté il y a une quinzaine de jours sur RankingHero,
j'y racontais que je me retrouvais en table finale de ce BPT Lille et
que je parvenais à passer un bluff de légende. Je dois avouer que
lorsque je me suis assis en table finale, l'idée m'a traversé l'esprit
de tenter un tel bluff si je recevais ces mêmes cartes (en l'occurrence
un 10 et un 2).
Ma
situation à l'entame de la table finale est toutefois bien trop
critique pour bluffer. Avec moins de quinze blindes, je n'ai droit à
rien : ni à l'erreur ni à la malchance... et encore moins à un bluff
fantaisiste, sauf à être inconscient. Impossible de déployer mon jeu
comme je le voudrais car les grosses plaques de 100.000 jetons, elles
sont chez mes adversaires. Moi je me contente des maigres rondelles. Et
c'est extraordinairement frustrant. Mon destin ne m'appartient plus.
Damoiseau |
Je termine donc 8e sur 401 participants. Même si je mesure la quantité de chance qu'il m'a fallu avoir pour en arriver là, je suis davantage frustré que ravi. Je quitte la table et vais chercher mon gain. 4 600 Euros payés en cash, avec un panachage de billets (500-200-100-50-20 et même 10). Je bois un dernier smoothie en ruminant ma peine, et je trouve en quelques minutes un covoiturage sur internet grâce au wi-fi. Le sympathique conducteur se propose même de venir me chercher juste devant l'entrée du casino. Tandis que je l'attends, j'assiste à une scène assez incroyable juste devant l'entrée de l'établissement. Un jeune flamand à peine sorti du casino avec ses quelques comparses se met à smurfer ventre à terre sur le sol afin d'épater la galerie. Je sors de ma bulle en quittant l'enceinte du casino. Il est minuit pile. Un week-end d'un autre monde s'achève. Je ne suis pas tout à fait riche. Mais plus tout à fait pauvre.
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