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vendredi 19 décembre 2014

J'ai testé le poker gratuit chez Marketluck

Il y a une dizaine de jours, une annonce faite sur le site du Club Poker vantant les mérites d'un site de poker en ligne d'un genre un peu particulier m'a convaincu d'aller faire un tour sur le site internet Marketluck afin d'y télécharger son application de poker. La particularité de cette plateforme de poker en ligne réside dans son entière gratuité. Malgré cela, il est néanmoins possible de gagner de véritables bons d'achats valables dans les magasins Gi-Fi. Nul besoin de fournir des coordonnées de cartes bancaires ou quoi que ce soit pour s'inscrire et pouvoir jouer, puisque les bons d'achat gagnés s'obtiennent en recevant de simples SMS.  Bien entendu, on a rien sans rien dans la vie et la contrepartie de la gratuité de cette plateforme de poker en ligne, c'est qu'il faut accepter de consommer des spots de publicité à foison.

Toutes proportions gardées, jouer sur Marketluck c'est un peu comme regarder un film sur TF1 plutôt que sur Canal+. Le confort n'est pas optimal, puisque les spots de publicité défilent sur son écran d'ordinateur à intervalle régulier sans qu'il soit possible de les squizzer. Et puis il faut bien avoir à l'esprit que les perspectives de gain sont somme toute assez limitées, les crédits étant relativement longs à obtenir. En outre, les gains potentiels sont plafonnés à 100 Euros de bons d'achat par joueur et par mois, pour être bien certain que les magasins Gi-Fi ne soient pris d'assaut par une cohorte de petits malins (ou forçats) du poker.

Autant le dire tout de suite, le logiciel sur lequel s'appuie MarketLuck est assez rudimentaire. Il est calqué sur le réseau de la défunte plateforme en ligne du casinotier Partouche : un réseau qui n'était pas réputé pour son avant-gardisme. Toutefois, le logiciel demeure relativement stable et fonctionnel, c'est bien là le plus important. Et il est jouable sur ordinateur aussi bien que sur tablette ou smartphone (n'ayant pas testé ces versions nomades, je ne m'étalerai pas sur ce sujet).

Le niveau de jeu moyen sur la plateforme est quant à lui très contrasté, puisque deux mondes s'y côtoient : Il y a d'un côté la ménagère de moins de cinquante ans qui découvre pour ainsi dire le poker et qui se fait plaisir en jouant de façon toute personnelle, c'est-à-dire atypique à tendance chaotique, voire parfois carrément kamikaze. De l'autre côté, il y a quelques réguliers des freerolls des diverses plateformes de poker traditionnelles, au niveau de jeu plutôt correct, quoique techniquement très perfectible (sinon ils ne feraient pas des freerolls à longueur de temps). Gwendoline la débutante enthousiaste contre Kevin l'apprenti requin, faites vos jeux, rien ne va plus. Quant aux vrais bons joueurs, eux, ils ont autre chose à faire que de traîner là pour une poignée d'euros en bons d'achat. Quoi qu'il en soit, une chose est certaine : le niveau très hétérogène des participants aux tournois organisés sur MarketLuck assure pas mal de suspense et de rebondissements dans le déroulement des parties... sans parler des coupures publicitaires qui nous tiennent régulièrement en haleine (ou pas).

Dix jours de pratique régulière : c'est donc ce qu'il m'aura fallu pour que ma cagnotte grimpe jusqu'au plafond des 100 euros de crédits convertibles en bons d'achat Gi-Fi. Tout le monde ne s'appelant pas Fredyl, j'imagine que Kevin l'apprenti requin a besoin d'une quinzaine de jours pour atteindre ce plafond des 100 euros tandis que Gwendoline doit cravacher le mois entier pour y arriver, si tant est qu'elle y parvienne au final. Heureusement, qu'il reste le simple plaisir de jouer, car en ce qui concerne le rendement horaire effectif, c'est plus que faible : il faut quand même passer un nombre considérable d'heures à jouer ces tournois divers et variés pour les obtenir, ces satanés crédits convertibles en bons d'achat.

J'ai tout d'abord naïvement cru en lisant les CGU assez floues de MarketLuck que les bons d'achat ainsi obtenus pouvaient être utilisés sur le site internet de Gi-Fi et que mes article ainsi commandés atterriraient directement à mon domicile ou dans ma boite à lettres : que nenni ! Il faut faire l'effort de se rendre dans les magasins en dur afin de convertir les bons d'achat de façon effective. C'est donc ainsi qu'une fois mon bon d'achat généré (via un code d'activation envoyé automatiquement sur mon téléphone portable par SMS), il m'a fallu me rendre dans le magasin Gi-Fi le plus proche pour enfin profiter de mes gains. J'ai donc pu y remplir un panier à ras bord de babioles en vrac (trottinette, parure de lits, bols, jouets...). Puis, je suis passé à la caisse, en toute détente... Certes, il a fallu quelques minutes de tâtonnement de la part de la caissière pour qu'enfin elle parvienne à valider mon bon d'achat et émettre le ticket de caisse, mais si l'on excepte ce détail, c'est une situation assez cocasse que de remplir son panier d'articles en tout genre puis de repartir du magasin avec le tout sous le bras sans avoir déboursé le moindre centime (en se contentant juste de dicter à la caissière un  code SMS à 16 chiffres)

Ce système de poker gratuit permet de gagner de vrais bons d'achat, mais souffre également de pas mal d'inconvénients : les bons d'achats ne sont utilisables pour l'heure que dans une seule enseigne de magasins, ils sont longs à obtenir dès lors que l'on ne soit pas un ténor du poker, et pour couronner le tout, il faut accepter de se farcir un nombre considérable de spots publicitaires, à raison d'un spot minimum par demi-heure de tournoi (impossible d'y échapper : on est même puni par un tour de manège publicitaire supplémentaire si l'on ne clique pas rapidement sur le bouton "jouer" une fois le spot terminé). Pour éviter le démarchage téléphonique ou mail intempestif, il faut songer à cocher la petite case correspondante, dans le menu général... ce n'est pas l'option par défaut, aussi les amateurs de tranquillité doivent veiller à ne pas oublier cette petite manipulation. Enfin, malgré la gratuité, les remarques acerbes et autres insultes gratinées fusent parfois à la table de la part de joueurs frustrés (comme partout ailleurs). Voilà pour les aspects les moins plaisants.

Un semblant de plaisir demeure malgré ces quelques inconvénients, car il est donc possible de jouer au poker contre des adversaires depuis chez soi sans la moindre prise de risque pécuniaire, puisque aucune perte d'argent n'y est possible (tout juste une perte de temps) avec malgré tout la perspective de petits gains à la clef. Gwendoline est probablement aux anges de pouvoir jouer contre des vrais gens sans y laisser des plumes. Kevin le requin d'eau douce a l'impression d'être le génie ultime du poker lorsqu'il s'adonne à ces tournois et qu'il voit à sa table des adversaires largement à sa portée : il se met à rêver à toutes ces babioles qu'il va se procurer gratuitement lorsqu'il se rendra au magasin. J'imagine que c'est là à peu de choses près le niveau du poker tel qu'il fut pratiqué il y a quelques années, lors de l'ouverture du poker en ligne sur le marché français. Ah, qu'il m'eut alors été facile à l'époque d'accumuler des mille et des cents, avec des Gwendoline la pucelle à la pelle et des Kevin l'apprenti en veux-tu en voilà. Las ! Je me suis mis au poker bien trop tardivement (décembre 2012) pour pouvoir profiter de la manne de l'époque. De nos jours, la concurrence est autrement plus féroce sur les plateformes de poker en ligne payant...

Toujours est-il que MarketLuck, avec son modèle économique basé sur la gratuité et la publicité représente une bonne alternative au poker en ligne payant. Pour les débutants qui se prendraient au jeu et qui voudraient par la suite s'adonner au poker en ligne payant avec davantage d'adrénaline, c'est une bonne entrée en matière (ils risquent de souffrir lors du passage au poker compétitif, la différence de niveau étant très importante). Et puis ce modèle économique fondé sur la gratuité permet également d'infliger à des internautes de moins en moins friands de télévision des spots de publicité comme au bon vieux temps de la télévision hertzienne toute puissante. Cela m'a d'ailleurs permis de me rendre compte que pour moi qui ne regarde presque plus la télévision si l'on excepte les matches de football, quelques compétitions sportives et les films sur Canal+ à la demande, les spots de publicité classiques ne parviennent plus jusqu'à mes yeux désaccoutumés, très probablement au grand dam des annonceurs.

Car finalement, les plus gros gagnants, sur MarketLuck, ce seront probablement les annonceurs dès lors qu'ils parviennent par ce biais à attraper dans leur nouvelle nasse des poissons qui ont tendance depuis quelques années à déserter leurs spots habituels de pêche. Reste maintenant à savoir si MarketLuck va atteindre dans les prochains mois une taille suffisamment importante pour que les annonceurs s'y intéressent autrement que de façon marginale. Car même si le nombre d'inscrits progresse via un système de parrainage et quelques entrefilets dans la presse spécialisée, avec pour le moment un demi-millier de joueurs environ aux tournois du soir, on en est encore au stade de la coquille de noix. Pour que ce soit un vrai chalutier qui rentre au port avec les cales pleines de poisson, il va falloir que la pêche aux nouveaux joueurs soit particulièrement bonne pour les mois à venir. Car chaque joueur de MarketLuck est un fish qui s'ignore ! Voilà pourquoi il n'y a pas de véritable shark à l'horizon : le joueur est un fish, tandis que l'annonceur est un pêcheur d'élevage. Qu'on se le dise.

Ceci dit, je ne vais pas bouder mon plaisir d'avoir pris mon scaphandre en m'immergeant dans l'aquarium de MarketLuck. J'ai éprouvé le plaisir intellectuel d'avoir décortiqué un modèle économique de poker en ligne radicalement différent de ce qui se fait par ailleurs. Entrapercevoir un peu de créativité dans le monde du poker en ligne ne fait pas de mal, car je trouve que c'est notamment par là que pêchent bon nombre d'opérateurs traditionnels. Toujours est-il qu'à titre personnel je ne me suis pas tout à fait senti comme un poisson dans l'eau en me plongeant dans MarketLuck, le bocal étant un peu trop étroit à mon goût, et les eaux un peu trop polluées. D'autant que certains spots reviennent de façon cyclique, presque en boucle, ce qui ajoute encore à la frustration. Quoi qu'il en soit, même si les gains escomptés sont relativement modestes au regard de la déferlante publicitaire à devoir endurer, je ne doute pas que certains profils des joueurs y trouvent leur compte en succombant au chant des sirènes de la gratuité, délestés de l'angoisse de pouvoir sombrer dans les abysses des pertes financières. MarketLuck n'est certes pas une bouée de sauvetage pouvant renflouer un joueur en perdition ayant bu la tasse bien plus souvent qu'à son tour. Mais si l'on est un miséreux et/ou un pingre notoire (voire un manchot) et que l'on désire malgré tout offrir une bouilloire à tonton Daniel pour son anniversaire sans rien avoir à débourser, MarketLuck et ses bons d'achat échangeables dans l'ensemble des magasins Gi-Fi constituent sans nul doute un bon exutoire. Après tout, la générosité à moindre prix, cela a quand même du bon. Surtout en période de fêtes.





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