Translate

mercredi 2 décembre 2020

Songe onirique : un rêve de PLO8

La nuit dernière, à la faveur d'une longue et belle nuitée de sommeil, j'ai fait un songe insolite : un rêve de Pot Limit Omaha High-Low, ma variante préférée du poker, communément appelée PLO8. Je l'ai déjà évoqué ici précédemment à diverses reprises, mais il s'agit d'une variante peu pratiquée en France et dont les vrais spécialistes - compétents et assidus - se comptent sur les doigts d'une seule main (en exagérant juste un peu).

Pour ceux qui pratiquent une langue étrangère apprise sur le tard - prenons l'exemple classique de l'anglais - il est possible de rêver dans cette langue, mais les probabilités diminuent sensiblement par rapport à une personne totalement bilingue depuis la tendre enfance. Pour que pareille performance onirique consistant à rêver dans la langue étrangère soit possible, il est communément observé que cela nécessite a minima d'être régulièrement amené à penser en anglais. Pour celui qui ne pratique l'anglais qu'à dose homéopathique ou via un apprentissage bourratif (listes de vocabulaire ou livres de grammaire) il n'y a ainsi quasiment aucune chance que l'on rêve distinctement en anglais.

Il n'y a guère que les profanes pour croire que le poker est un jeu facile. Chaque variante nécessite en effet un raisonnement particulier poussé pour pouvoir dompter la variance générée par l'effet chance, et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle bon nombre de professionnels ne se spécialisent que dans le seul Texas Hold'em. Etant curieux de nature et aimant papillonner intellectuellement parlant, je m'intéresse à toutes les variantes, et j'ai déjà répété plusieurs fois ici combien le PLO8 était ma variante de prédilection pour laquelle j'ai une tendresse toute particulière.

Celui qui se contente de calquer son raisonnement en variante sur ses acquis du Texas Hold'em commet une erreur car il s'agit d'un raccourci forcément trompeur, à l'instar de celui qui utilise un faux-ami en pratiquant une langue étrangère. Il y a quelques semaines, à l'occasion d'un des trop rares tournois de PLO8 à grosse dotation garantie sur Winamax, j'ai eu la possibilité d'observer avec effarement à ma table le comportement erratique et totalement à côté de la plaque de l'un des ambassadeurs de la marque au W. Lui, il ne rêvera pas de Pot Limit Omaha High-Low avant bien longtemps, c'est une certitude.

Pour en revenir à mon rêve de la nuit dernière - sujet principal de cet article - je me souviens être assis à une table de cash game PLO8 en live dans un casino un peu vieillot à l'ambiance feutrée, en étant le premier à miser deux fois et demi la blinde, avec une main un peu spéculative 6443 avec deux piques et deux trèfles (main correcte pour le high et plutôt bonne pour le low).  Le joueur suivant payait, de même que ceux situés au bouton et à la petite blinde, tandis que le joueur de grosse blinde habitué à disputer ses coups high variance (avec des pots systématiquement élevés) venait compliquer ma tâche en relançant conformément à mes craintes au maximum à la hauteur du pot. Et je me souviens parfaitement avoir effectué des calculs complexes de cotes mathématiques afin de savoir si je devais accepter de m'embarquer dans un pot aussi périlleux et rentrer dans un rapport de force avec une main aussi incertaine et avec de surcroit plusieurs joueurs restant à parler derrière moi. C'est d'ailleurs là le plus cocasse à mon réveil : j'avais encore les chiffres effectifs des montants engagés en tête, tandis que le décor ambiant était aussitôt volatilisé, englouti par les limbes de mon moi onirique... Tout juste me souviens-je de murs entoilés couleur carmin. Mais impossible de me remémorer du moindre détail précis se rapportant au lieu, à la table, au croupier au bien au profil physique de mes adversaires. Tout ou presque ne se résumait plus qu'à des calculs de cotes mathématiques au moment d'ouvrir les yeux. Quant à ma prise de décision finale, je ne saurai jamais laquelle a été prise dans mon aventure onirique, puisque je me suis réveillé sans que mon dilemme mathématique ait pu toucher à sa fin par un call, un fold ou un re-raise.

Une poubelle de luxe en PLO8
En transposant au poker le principe linguistique des rêves en langue étrangère évoqué en début d'article, j'en déduis aisément que je maîtrise bien le PLO8 en dépit du fait que mes sessions en ligne du soir soient minoritaires et systématiquement mixées avec du classique Texas Hold'em et du Pot Limit Omaha. De quoi me conférer un petit sourire amusé au réveil, mâtiné d'un sentiment diffus de fierté. J'aime mes rêves. Aussi parcellaires et insipides soient-ils. Qu'on se le dise.

Je pense PLO8... donc je rêve PLO8... donc je suis PLO8. Vous suivez ?


 

 

 -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Pour rappel, au PLO8 le pot est finalement attribué paritairement :

- à celui qui a la main la plus haute avec deux de ses cartes privatives

- ainsi qu'à celui qui a la main la plus basse avec là encore deux de ses quatre cartes privatives, à la condition que sa cinquième carte ne dépasse pas 8

Dans l'hypothèse où personne ne parvient à former de low, le pot revient dans son intégralité à celui ayant le meilleur high à l'abattage.

La gymnastique intellectuelle pour jouer les coups de façon appropriée dans cette variante nécessite donc des circonvolutions particulières ! 




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire