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vendredi 18 décembre 2020

La moisson de clopinettes

Hier soir, j'ai connu une session poker un peu spéciale : j'ai fait une moisson de clopinettes. Mélange subtil de plaisir aux tables et de frustration s'agissant de la digestion.

En effet, je suis parvenu à atteindre les places payées dans la quasi-totalité des tournois que j'ai disputés, ce qui constitue une plaisante anomalie statistique. Lorsque l'on sait que les places payées ne sont atteintes que dans à peine plus de 10% des tournois que l'on joue, une telle performance relève a priori de l'exploit. Le problème, c'est que pour gagner sa pitance au poker, il ne suffit pas d'atteindre le top 10% d'un tournoi. Il faut aller plus loin. Bien plus loin, même. Parfois même finir dans le top 1% ne suffit pas à nourrir son homme. A la vérité, il est nécessaire de terminer dans le top 0.1% pour faire bombance. En d'autres termes, ce n'est qu'en atteignant des tables finales et des podiums que l'on effectue de belles récoltes. Dans le cas contraire, on aura vibré pour parvenir au final à ne glaner que des clopinettes sans saveur.

Hier donc, j'ai fini ma session dans le vert. Voyons le bon côté des choses : avoir les pouces vert décuple le plaisir du jardinage. Cela vient corroborer le sentiment empirique qui m'habite depuis quelques semaines : mon jeu du moment est manifestement bien en place. Sur le moment, cela permet d'éprouver un véritable plaisir du jeu à mesure que la soirée avance et que l'on repousse l'inéluctable élimination. La sensation d'avoir encore des jetons à l'approche du money time est vraiment plaisante à vivre, d'autant plus qu'elle est ressentie sur plusieurs tables à la fois. Dans de pareils moments, on en vient à espérer la victoire au moins dans l'un de ces tournois. La satisfaction de continuer à multi-tabler jusque tard le soir est vraiment grisante, c'est un fait. Et cela laisse augurer de belles performances prochaines si cette tendance se confirme.

Dommage...
Mais le poker est un jeu ô combien frustrant, qui ne régale vraiment qu'en de trop rares occasions. La sortie de piste est la règle tandis que la table finale demeure une exception. La victoire n'est quant à elle qu'une belle chimère. Alors voilà, comme tant d'autres soirs, mes espoirs de victoire se sont hier encore dissipés un à un sans que je puisse parvenir à récolter les fruits les plus juteux et les plus savoureux. La récolte du soir - qui aurait pu être miraculeuse avec un brin de réussite en plus - n'aura été au final qu'une décevante moisson de clopinettes, et je suis parti me coucher frustré d'avoir croqué dans des fruits au goût beaucoup trop acide car cueillis juste avant d'être parvenus à maturité. Pour le banquet et les agapes, on repassera un autre jour.

Voici donc comment on peut achever une session poker dans le vert tout en étant triste, à la limite de la crampe d'estomac. En ayant fait une moisson de clopinettes ! Et avec l'immense frustration de devoir clôturer sa session en se disant : "tout ça pour ça".

C'est le poker, bébé ! Il faut faire avec.

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