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vendredi 2 décembre 2016

Retour sur mon étape Lilloise du WiPT

Les Halls de la Filature, en banlieue lilloise : un cadre vraiment très spécial pour y disputer un tournoi de poker, en l'occurrence l'étape locale du WiPT organisée par Winamax. Dans la grisaille de novembre, les Halls de la Filature et les bâtiments environnants constituent un échantillon visuel parfaitement représentatif de la désindustrialisation du nord, puisque si la façade arrière par laquelle on pénètre dans le salon d'entrée ainsi que la salle de tournoi de l'intérieur ont vraiment bonne mine, les bâtiments alentours en brique rouge à moitié à l'abandon avec leurs cheminées cylindriques effilées si caractéristiques ont de quoi filer le bourdon. J'en frissonne encore, rien qu'en l'imaginant, dix jours après.

Gaelle Baumann et Michel Abecassis présents à Lille
Arrivé sur place en fin de matinée, l'inscription s'est faite en un clin d'oeil ; il faut dire que les équipes du Winamax Poker Tour sont rodées à cet exercice si particulier qui consiste à réunir un bataillon de joueurs aux compétences et expériences des plus hétéroclites : le roublard venu plein de fougue avec l'ambition de glaner un ticket pour la finale nationale du WiPT y croise le néophyte venu dilapider manier du jeton en live pour la première fois. Comme d'accoutumée, la gent féminine représente à peine 10% des qualifiés venus en découdre. Ca me chagrine toujours un peu, mais on finit par s'y faire. Le poker est souvent affaire de testostérone. Parmi l'équipe des joueurs professionnels Winamax, deux membres éminents : Gaelle Baumann et Michel Abecassis.

WiPT- shuffle up and... Lille !
A ma table, j'observe des nordistes visiblement peu aguerris, si l'on excepte peut-être un ou deux joueurs un peu plus à l'aise avec les cartes. Il n'y a pas à dire, ces gens ont vraiment la tête de locaux. Le teint blafard, des yeux rougis et/ou cernés de fatigue, minés par le manque de sommeil ou l'abus de substances nuisibles à l'organisme. Je sens que ça va être compliqué pour moi de faire le show entouré de ces gens-là. Et puis quelques instants après le début officiel du tournoi, Gaelle Baumann s'assoit à notre table. La touche féminine de l'équipe de joueurs professionnels de Winamax ! Toute en retenue et en discrétion en dépit de son statut de superstar. Nous nous échangeons quelques regards d'entrée de jeu, elle et moi. Il faut dire que je l'intrigue probablement avec mon macaron rouge Club Poker, mon improbable chapeau péruvien en cuir rivé sur la tête, et mes vaines tentatives de mettre un peu d'ambiance à la table. Très vite, les échanges de regards se muent en discrets sourires complices, au fur et à mesure que nous assistons aux moves improbables de certains de nos adversaires. Il faut le voir pour le croire tellement ça joue mal à table, le plus souvent. 

Malheureusement, les illuminés préfèrent livrer leurs jetons à d'autres que moi. Ne parvenant pas à faire fructifier mon pécule de départ, celui-ci a vite fait de s'éroder et je me retrouve  rapidement en position précaire. Tant et si bien que je suis obligé de me lancer dans le vide prématurément... et là c'est la chute. Je suis éliminé du tournoi principal sans avoir eu le temps de déployer mes ailes. Un oisillon inerte gît au pied du nid, la nuque brisée.

Du fait de mon élimination précoce, je m'inscris à un tournoi secondaire de repêchage au format shoot-out (Winamax a tout prévu pour les malchanceux). Cette fois-ci, je me retrouve à une table nettement plus conviviale malgré les niveaux de jeux très disparates, avec là encore la présence de complets débutants. Tout le monde est détendu, et puis il y a trois dames à la table. J'enchaîne les blagues, ça rigole. On est bien. Je suis bien ! Ca répond du tac au tac et ça rigole encore davantage. Il faut dire que j'adore faire le zouave quand l'occasion s'y prête. C'est cette ambiance là du poker que j'affectionne : zéro pression financière, on joue en toute détente et on abolit les barrières sociales en rêvant ensemble à une monde fraternel et baigné d'insouciance. Tout cela en dépit de la dégaine improbable, du phrasé approximatif ou bien encore de l'haleine saturée d'alcool et de tabac de certains. Ca n'a guère d'importance et c'est ça le plus beau ! Je ne parviens au final pas non plus à m'extirper de ce tournoi de repêchage, mais le moment passé à table vaut son pesant de cacahuètes.

Il est alors temps pour moi de rentrer sur Paris. Dehors il faut déjà nuit. Je réserve un covoiturage illico et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, je me retrouve à la maison. J'ai passé une bonne journée quoi qu'il en soit. Et je me dis que c'est avec plaisir que participerai à une prochaine étape du WiPT. L'année prochaine ou la suivante. Ce jeu n'en finit pas de me passionner : tant par sa dimension tactique que sociale. Sacrée alchimie.

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