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vendredi 23 décembre 2016

Joue-la comme Jamie Vardy... ou pas

On arrête les conneries et on passe au Porto !
Il y a quelques semaines, à l'occasion de la publication de sa biographie, le joueur de football international Jamie Vardy évoluant dans le club de Leicester - vainqueur surprise du championnat national anglais - a publiquement fait étal de son rapport à l'alcool. Ce joueur haut en couleur a révélé qu'il avait coutume de boire un verre de porto la veille de ses matches, et que ce breuvage miracle avait pour vertu de l'apaiser au moment de trouver le sommeil, améliorant ainsi indirectement son rendement sur le terrain le lendemain. Une révélation pour le moins surprenante, mais efficace pour quelqu'un qui a connu une vie quelque peu déséquilibrée et dissolue, et qui abusait notoirement de la vodka, en arrivant régulièrement à l'entraînement avec la gueule de bois. Mais est-ce une recette miracle pour autant ? Peut-elle être transposée au poker ?


En stratège-né que je suis, j'ai pour coutume d'envoyer un contingent d'éclaireurs sur les avant-postes ennemis afin d'avoir le meilleur aperçu possible des rapports de force et d'en tirer parti afin de mettre un maximum de chances de mon côté en vue de la bataille décisive à livrer. Quitte à ce que mes éclaireurs se fassent capturer. Aussi bizarre que cela puisse paraître, cette anecdote relative au footballeur Jamie Vardy m'a amené à m'interroger sur les vices et vertus de l'alcool au poker. Et je n'hésite pas à procéder à une petite expérience en la matière, histoire de voir s'il n'y a pas des vertus insoupçonnées à consommer de l'alcool lorsqu'on joue au poker. Toutefois, il y a de grandes disparités entre l'avant, le pendant, et l'après. Et puis tout est affaire de dosage, comme toujours !


AVANT. Il m'arrive à peu près un soir par semaine de débuter mes sessions de poker en ligne nocturne en compagnie d'un petit verre d'alcool. Il s'agit le plus souvent d'un verre de vin rouge ou d'un doigt de Porto. Mais je ne vais pas au-delà. J'expérimente ce "breuvage magique" afin de vérifier si le petit supplément de décontraction induit par l'alcool circulant dans mes veines avait éventuellement un effet positif sur mes performances du soir aux tables de poker. A ce jour, je n'ai constaté aucun effet notable sur mes résultats. Ni en bien, ni en mal. Mais il est vrai qu'au poker, il est délicat de tirer des conclusions sur le court terme. Pour m'être quelque peu exercé à la méthodologie des sciences sociales par le passé, je sais que la taille de l'échantillon est un facteur important à prendre en compte si l'on ne veut pas fausser les résultats de son analyse : c'est pourquoi j'ai décidé de maintenir mon expérience relative à la consommation d'alcool en attendant que le volume de mes soirées avec alcool soit suffisamment important pour tirer des conclusions un peu plus probantes. De toutes les manières, l'expérience est loin d'être désagréable...

Buvez, buvez, il en restera toujours quelque chose... ou pas
PENDANT. A un moment donné, dans la toute dernière ligne droite d'un tournoi important, il faut reconnaître que le courage supplante fréquemment les mathématiques en termes d'efficacité pure. Il y a deux ans, un joueur a fait parler de lui en remportant sous l'emprise de l'alcool le tournoi phare trimestriel de Winamax, le Main Event (qui se dispute sur trois jours) et en empochant 177 000 euros au nez à la barbe de joueurs plus aguerris que lui. En effet, après sa victoire une interview à chaud sur le site de la radio Winamax - Multiplex Poker - ne laissait guère de doute quant à la réalité de son taux d'alcoolémie puisque ce dernier confessa d'une voix fortement altérée que son jeu audacieux dans la dernière ligne droite avait été possible grâce aux bienfaits d'un shot à la vodka. Et manifestement, il n'avait pas lésiné sur le dosage au cours de la soirée. Chance pure ou désinhibition salvatrice devant la pression de la dernière ligne droite ? Difficile à dire. Toujours est-il que cette fois-là, le fait de jouer sous l'effet de l'alcool a permis à ce joueur de réaliser un authentique exploit. Mais j'ai beau aimer les expériences nouvelles avant de tirer des conclusions, je ne me hasarderai pas a reproduire pareille aventure.

APRES. Les observateurs avisés ne manqueront pas de constater à quel point certains joueurs de poker ont une vie déséquilibrée par le goût de la fête et des soirées. Je l'ai écrit ici il y a quelques jours, le poker constitue un passeport pour l'oubli, en ce sens que lorsqu'on s'adonne au jeu, on est plongé dans un univers parallèle qui rend floue la réalité qui nous entoure et nous permet d'exister ailleurs. Il faut bien avouer que la consommation excessive d'alcool génère les mêmes effets euphorisants et hypnotiques que le poker, à un degré bien supérieur. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant qu'un joueur de poker grisé par la victoire ou un gros gain obtenu en live dans un casino décide de prolonger son euphorie en célébrant sa performance et ses gains lors d'une soirée particulièrement arrosée en compagnie d'amis (dont le degré d'amitié véritable est inversement proportionnel au degré d'alcool des boissons consommées). A ce moment-là, l'alcool constitue la prolongation d'un visa pour l'oubli déjà tamponné sur le passeport un peu plus tôt à l'occasion de la partie de poker. Les lendemains qui suivent une telle célébration seront toutefois invariablement difficiles car de telles bacchanales laissent des traces dans l'organisme. Dans tous les cas de figure, l'alcool constitue tout comme l'hygiène de vie un des facteurs d'ajustement de la réussite et des échecs d'un joueur de poker, sur le moyen-long terme. A titre personnel, en cas de gros gain, ma lucidité et ma sobriété naturelles m'éviteront probablement de subir le châtiment vengeur de cette Némésis que de nombreux joueurs chérissent pourtant autant que Dame Chance. Les pauvres fous !


1 doigt de porto et 1 rondelle de citron ?
Alors, qu'en est-il du rapport du joueur de poker à l'alcool ? Joue-la comme Jamie Vardy... ou pas ? Nombreux sont ceux qui loueront les effets positifs de l'alcool. Ce sont des gens cool. A titre personnel, je préfère passer et attendre la main suivante. Oui, je sais, je suis un dégonflé. Mais un dégonflé lucide. Désolé, Jamie.

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