Depuis mes premiers pas dans le monde du poker, j'ai moult fois fait référence sur ce blog au désormais fameux Dieu du Poker, un esprit supérieur immanent dictant sa loi autoritaire et arbitraire sur le destin des joueurs de poker au travers des mains qu'ils reçoivent, ainsi que des flops, des turns et des rivers se succédant inlassablement. Sur un plan purement comptables, les sessions gagnantes et les sessions perdantes se croisent et s'enchevêtrent dans des proportions extraordinairement variées, sans qu'aucune vérité ne puisse émerger sur le moment quant au mérite effectif du joueur au regard de ses prises de décision. On lui fournit un raisonnement en prenant des décisions que l'on considère fondées sur le plan mathématique ou intuitif, mais c'est toujours le Dieu du Poker qui décide pour nous du résultat final. Car le poker est injustice, et il convient de l'avoir à l'esprit en toutes circonstances.
A court terme, il n'y a pas de corrélation forte entre la qualité intrinsèque du jeu produit et le résultat effectif engrangé par le joueur. On peut tout à fait être perdant en jouant bien, tout comme on peut se retrouver grand gagnant en ayant pris des tas de mauvaises décisions les unes à la suite des autres. C'est même ce qui fait tout le sel de ce jeu, le rendant par la même accessible à tout un chacun : Forrest Gump peut y battre à plate couture Rain Man le temps de quelques parties. Car on ne le répétera jamais assez : ce n'est que sur le long terme que les choses finissent par s'équilibrer et que les résultats effectifs d'un joueur tendent vers ce qu'ils auraient dû être, redonnant ainsi un peu de lustre aux probabilités pourtant foulées aux pieds au quotidien. C'est notamment l'une des raisons me conduisant à penser qu'il est inopportun lorsqu'on est un bon joueur de trop douter lorsqu'on traverse une période moins faste que par le passé (quand bien même une remise en cause saine et constructive sur son jeu ne soit jamais superflue).
Le Dieu du Poker est Chaos |
Le Dieu du Poker est en somme un despote tyrannique aveugle, lové dans un algorithme mathématique (online) ou bien encore recroquevillé quelque part sous la manche du croupier (en live), et il n'y a en somme rien que l'on puisse faire pour passer outre ses décisions totalement aléatoires. A ce jour, aucun être humain ne peut prédire les tirages à l'avance : le Dieu du Poker nous est virtuellement inaccessible, puisque évoluant dans une toute autre dimension que la nôtre. Sachant tout ceci, je lui ai pourtant maintes fois manifesté mon allégeance en reconnaissant la légitimité de son immense pouvoir et de sa loi d'airain en dépit de son caractère chaotique. Alors me serais-je fourvoyé en faisant du poker mon loisir favori et ma passion ultime ? Car en y réfléchissant bien ou peut en déduire que le Dieu du Poker n'est qu'un des innombrables avatar du Chaos. Il est tout sauf juste et bon. La notion de chaos va souvent de pair avec le principe de destruction et l'on peut dire qu'à bien des égards, le poker peut être destructeur. Il existe assurément de multiples autres facette divines à vénérer, autrement plus inspiratrices, respectables, épanouissantes et constructives pour l'homme et sa quête du bonheur. Et pourtant, en dépit de sa dimension chaotique, je demeure à ce jour vaille que vaille un disciple de ce Dieu du Poker aux relents parfois si pestilentiels. Parce que je sais que pour toute sulfureuse que soit sa réputation, le Chaos est un vecteur de création in fine. Et parce que je suis quelqu'un de patient en sus d'être déterminé. Contrairement au plus grand nombre.
Tout a un sens. Y compris le chaos des bad beats. Alors si même une succession d'aléas finit par avoir un sens au bout du compte, je suis convaincu que la lumière apaisante finira par jaillir au bout de mon long cheminement parmi les courants éthérés chaotiques et ténébreux du poker. Il ne peut en être autrement...
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