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dimanche 24 janvier 2016

La galfionade bordelaise

En matière d'athlétisme, s'il est une discipline qui réussit tout particulièrement aux français, c'est bien le saut à la perche. En témoignent les médailles d'or olympiques obtenues par Pierre Quinon (1984), Jean Galfione (1990) et tout récemment Renaud Lavillenie (2012). J'ai toujours aimé suivre les concours de saut à la perche à la télévision lors des grands événements tels que les jeux olympiques ou les championnats du monde, sachant qu'ils réservent parfois de sacrées surprises. Car à l'image du poker, le saut à la perche est une discipline fortement soumise à la variance : ce n'est pas toujours le meilleur qui gagne, lors d'un concours. Preuve en est, l'incapacité chronique de Sergueï Bubka à gagner un titre olympique dans la discipline au cours de sa longue carrière, et ceci alors même qu'il aura été ultra dominateur dans sa discipline pendant près de quinze ans, sans aucune concurrence sérieuse au cours de son règne.

La galfionade : A poil (ou presque)
Petite histoire cocasse illustrant la variance au saut à la perche : le 26 août 1999, aux championnats du monde d'athlétisme de Séville, le champion olympique français en titre Jean Galfione a réussi le zéro pointé, ne parvenant pas à franchir la moindre barre lors de son concours de saut à la perche. J'ai souvenir qu'à l'époque, cette "performance" m'avait marqué par son côté incongru : alors que l'on rêvait de voir Jean Galfione décrocher une médaille - si possible un or - voilà que ce dernier nous avait offert la performance la plus lamentable qui soit, à savoir le zéro pointé ! Ceci alors qu'il était champion olympique en titre, qu'il venait d'être sacré champion du monde en salle quelques mois plus tôt, et qu'il se disait plutôt en forme et raisonnablement confiant juste avant l'événement. La fessée récoltée déculottée n'en a été que plus magistrale : on rêvait de Cocorico et de tunique bleue couverte d'or, et on finit à poil en marmonnant Coucou Rocco... ou presque (Jean Galfione étant depuis lors devenu une icone gay).

Loin de moi l'envie de me comparer à ce champion fessé cul nu ce jour d'août 1999, mais toutes proportions gardées, c'est un peu le même sentiment que j'éprouve à chaud devant mon ordinateur alors que je me suis rendu ce samedi 23 janvier 2016 à Bordeaux pour y disputer le temps d'un week-end l'ultime étape live qualificative pour le WiPT 2016 dont la finale se disputera à Paris début mars. Pour rappel, j'ai réussi à obtenir ma qualification pour cet événement lors des deux dernières éditions (la première fois lors de l'ultime tournoi satellite sur Winamax et l'année dernière en remportant un championnat par équipes en partenariat avec le Club Poker). J'avais ainsi pour ambition de décrocher mon ticket qualificatif pour la troisième année consécutive à l'occasion de l'étape régionale bordelaise, en ayant à l'esprit qu'il y avait beaucoup de candidats présents (550 environ) pour très peu de sésames à pourvoir (à peine une douzaine).

Je ne peux pas dire que j'aie mal joué, mais j'ai néanmoins réussi à terminer ce tournoi sans avoir remporté le moindre coup, en étant éliminé aux alentours de la 450eme place et en ayant fait contre fortune bon coeur pendant trois bonnes heures à table. Pas un seul coup remporté. Rien. Zéro. Nothing. Nada. Pour un peu, je me sentirais presque heureux d'avoir récolté pareille fessée. Ne serait-ce parce que c'est cocasse et que ceci risque de ne plus jamais m'arriver à l'avenir... 

Mais je me suis senti également guilleret pour d'autres raisons  :
   - Parce que l'organisation de Winamax d'un tel événement dans l'enceinte du Nouveau Stade de Bordeaux - le Matmut Atlantique - a été minutieusement préparée afin d'offrir aux joueurs un événement plaisant
   - Parce que c'était un tournoi "de gala" sans réelle pression et que malgré tout ceci mon humeur est demeurée bonne tout du long, cette dernière étant notamment entretenue par la présence du joueur professionnel Pierre Calamusa à ma table qui a lui seul a mis de l'ambiance à la table
   - Parce que partant du principe que chance et malchance se neutralisent toujours sur le long terme, je me réjouis d'avoir été rossé lors d'un tournoi aussi peu important. Car je me dis que lorsque je bénéficierai d'une conjonction astrale diamétralement opposée un jour prochain, ce sera peut-être à l'occasion d'un tournoi autrement plus important.

J'ai donc réussi à l'occasion de l'étape régionale live de Winamax ce que j'appelle une galfionade. Tant de kilomètres parcourus stoïquement pour me retrouver aussitôt à poil, je trouve ça beau. D'où l'étymologie savante du terme gal-fion-ade. J'ai mal au cul, je suis tout nu... mais je me sens fier comme un coq ! Et c'est bien là le plus important.


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