Nonobstant sa bravoure et sa maestria dans la science des armes, le chevalier Fredyl fraîchement adoubé par le baron PMU a été déconfit lors de la bataille de Las Vegas. Ce fut la débandade parmi les troupes avides de gloire du baron, pourtant présentes en nombre sur le champs de bataille, mais fauchées par dizaines par les perfides néo-saxons particulièrement à l'aise sur un terrain qui leur était familier. Meurtri dans sa chair, Fredyl est ainsi fait prisonnier par un seigneur local aussi cruel que cupide. Car ne pouvant s'acquitter de l'exorbitante rançon de la gloire, il est jeté sans ménagement aux oubliettes et commence à ruminer sa peine en croupissant au fond de sa cellule tandis que certains anciens compagnons d'armes à la constitution plus fragile périssent rapidement dans les cellules voisines. Le temps semble s'être arrêté. Eau et pain sec pour seul menu. Ad nauseam. Les heures deviennent des jours et les jours se transforment aussitôt en semaines...
Faire de vieux os, c'est possible SVP ? |
Un chapitre important dans mon parcours de joueur vient de s'achever à la suite de mes mésaventures au tournoi du Monster Stack des World Series of Poker. A l'amorce du chapitre suivant de mon récit, je me sens comme confronté au syndrome de la page blanche propre aux écrivains un peu trop perfectionnistes. Car pour que mon histoire soit belle et que je puisse continuer à la raconter vaille que vaille, il me faut mon quota d'aventures et de victoires. Et pour cela, il va bien falloir trouver une échappatoire crédible !
Les lendemains de défaite sont toujours pénibles à vivre. De longues semaines sans jouer se sont écoulées depuis mes déboires au Monster Stack qui se disputaient à Las Vegas en juin. J'avais réellement besoin d'un long break afin de prendre un peu de recul et d'analyser les choses au mieux afin de redéfinir mes objectifs à l'amorce d'une nouvelle saison : ça tombe bien, l'été est propice aux activités de plein air ! Prisonnier dans mes rêves de poker mais libre dans ma vie d'homme. C'est déjà ça. Mais l'été touche désormais à sa fin, et je me sens tel une cigale ayant épuisé son répertoire de chansons.
L'heure est peut-être venue de redevenir fourmi. Mais le puis-je seulement ? J'ai modestement recommencé à jouer au poker en ligne dans le courant de ce mois d'août, surtout dans le but de retrouver mes sensations premières, faites de plaisir pur avant que d'être mâtinées d'un peu de talent et d'ambition. Mais pour la première fois depuis ma découverte de ce jeu, ma motivation est quelque peu amoindrie. Or, le poker étant une discipline où le mental est particulièrement important, le fait d'avoir une ambition vacillante est tout bonnement catastrophique.
Mon objectif initial consistant à aller disputer les championnats du monde de poker en partant de rien a été atteint et je sens que j'ai besoin de me réassigner un nouvel objectif. Que puis-je être en droit d'espérer à présent ? Vouloir y retourner prochainement dans l'optique de faire mieux ? Cette idée de retourner à Las Vegas - et de devoir ainsi y supporter sa faune si particulière, endurer la canicule ambiante et subir en silence les affres de la climatisation - ne m'enchante absolument pas pour le moment. Je me dois donc de me trouver une source de motivation autre que la Nouvelle-Saxe et ses championnats du monde. Car cette source-là s'est tarie du fait de la trop grande sécheresse du désert du Nevada.
Ce n'est pas parce que ma motivation est orpheline que j'envisage d'abandonner le poker pour autant : ce jeu me procure toujours une certaine forme de plaisir, avec son lot de joies, d'insouciance et d'espoirs, en m'offrant ainsi une douce décharge d'adrénaline sans risque ni effet secondaire aucun : eu égard à l'extrême modestie des sommes que je mets en jeu, mon seul risque, c'est de gagner... et ce risque-là, je veux bien continuer à accepter de le prendre ! Car je ne resterai pas éternellement à moisir enfermé dans un donjon avec comme seule ressource de l'eau croupie et du pain sec. J'ai beau avoir épuisé mon répertoire estival, il y aura des lendemains qui chantent, j'en reste certain. Depuis mon sombre cachot, je crois entendre une douce mélopée, que l'on fredonne au loin. En levant mes yeux alanguis et privés de lumière depuis trop longtemps, j'entraperçois dans la pénombre la silhouette familière de Dame Chance qui me guide vers la sortie...
Très agréable à lire.
RépondreSupprimerTon billet me fait penser à "la quête" du grand Jacques