Au poker, il y a une expression récurrente que l'on emploie au sujet d'une personne qui est entrée dans un coup et qui y a investi un maximum de jetons en situation extrêmement inconfortable, à la limite du mauvais bluff, sans rien de solide en main et sans réel espoir d'améliorer son jeu afin de remporter le pot : "être dans la Pampa". Cette expression existe aussi dans d'autres jargons (notamment cycliste) avec une signification proche. Une sorte de cambrousse, en somme, mais à la sauce américaine...
Avant de me rendre à Las Vegas pour y disputer le tournoi Monster Stack des WSOP, j'ai décidé de faire un crochet d' une petite semaine par l'Argentine afin d'y visiter de la famille éloignée d'autant que pour ce qui est du prix des billets d'avion, le surcoût occasionné par cette triangulation improvisée entre Paris, Buenos Aires et Las Vegas était plutôt raisonnable.
L'occasion était belle de pouvoir me ressourcer quelques jours en Argentine avant de me plonger dans le grand bain des WSOP à Las Vegas. Mais ce détour a failli me coûter très, très cher. Ma famille éloignée réside à Bellville, une modeste ville de 40.000 habitants en plein centre de l'Argentine, à 450 kilomètres à l'ouest de Buenos Aires. Pour y arriver, je n'ai connu aucune difficulté et j'ai pris l'autocar en toute tranquillité. En revanche, pour retourner à la capitale et prendre mon avion à destination de Las Vegas (avec escale à Miami), ce fut autrement plus compliqué en raison d'une grève nationale des transports argentins ayant paralysé l'ensemble du pays...
L'occasion était belle de pouvoir me ressourcer quelques jours en Argentine avant de me plonger dans le grand bain des WSOP à Las Vegas. Mais ce détour a failli me coûter très, très cher. Ma famille éloignée réside à Bellville, une modeste ville de 40.000 habitants en plein centre de l'Argentine, à 450 kilomètres à l'ouest de Buenos Aires. Pour y arriver, je n'ai connu aucune difficulté et j'ai pris l'autocar en toute tranquillité. En revanche, pour retourner à la capitale et prendre mon avion à destination de Las Vegas (avec escale à Miami), ce fut autrement plus compliqué en raison d'une grève nationale des transports argentins ayant paralysé l'ensemble du pays...
La pampa actuellement bien trop humide pour les champs |
Car l'Argentine va très mal en cette année 2015, avec une inflation annuelle de 40% et des difficultés non seulement économiques, mais aussi politiques et sociales : une production agricole en berne (notamment en raison de conditions météorologiques défavorables), des revendications sociales tous azimuts et une classe politique en pleine crise encore accrue par une période pré-électorale particulièrement indécise, rendant ainsi le pays encore plus instable que d'accoutumée. C'est pour dire !
L'avant-veille de mon départ théorique pour Las Vegas, j'étais perdu en pleine Pampa argentine - dans tous les sens du terme - sans aucune certitude quant à la possibilité de rejoindre Buenos Aires à temps pour prendre mon avion. Alors que nous survolions en avion privé la Pampa et ses terres gorgées d'eau rendant illusoire tout espoir de rendement agricole correct pour la saison, je me faisais un peu de mauvais sang devant l'incertitude grandissante, tandis que mon voisin à bord de l'avion prenait quelques photos de la campagne environnante, notamment celle en illustration. On voit bien à quel point les terres sont gorgées d'eau bien au delà du raisonnable... cela fait des mois que cela dure et les récoltes ont été particulièrement mauvaises dans une grande partie de la campagne argentine. Par un effet de vases communicants, les exportations chutent et le pays s'appauvrit en devises, ce qui touche toutes les classes sociales... y compris celle des transports.
Il suffit parfois d'un grain de sable dans la mécanique ou d'une goutte
de pluie en trop, et c'est tout un fragile équilibre social qui est remis en
cause. Le génie humain ne s'exprime que grâce à la complémentarité des efforts et à la répartition harmonieuse des tâches entre toutes les classes sociales. une grève bien coordonnée peut suffire à paralyser un pays tout entier. Et j'ai failli en être victime collatérale : cela faisant de très nombreuses années que je
n'avais pas ressenti un sentiment d'impuissance avec une force pareille. J'ai tremblé pendant près de 48 heures. Heureusement pour moi, la grève générale s'est achevée quelques heures avant le moment fatidique, et j'ai pu rallier non sans mal (trajet improvisé en voiture + changement de bus) la capitale, juste à temps pour pouvoir m'envoler pour Vegas et ses paysages nettement moins humides.
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