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mardi 28 octobre 2025

Le krach d'octobre 2025 - récit d'un authentique cauchemar

Le mois d’octobre 2025 touche à sa fin, et pour la première fois depuis que je joue au poker, je termine le mois avec des pertes abyssales, jamais constatées depuis mes débuts dans ce monde cruel il y a treize ans. Un véritable krach d’octobre, digne des pires naufrages historiques de Wall Street.

Ma belle courbe affichée par mon logiciel Xeester - vaillante, disciplinée, et presque ennuyeuse de régularité depuis des années - a subitement entamé depuis un peu plus de trois semaines une chute vertigineuse. À tel point qu’on pourrait croire que je me suis soudain mis à consommer des substances illicites ou bien encore qu’un inconnu a pris le contrôle de mon compte pour jouer à ma place en cliquant au hasard. Pourtant, rien de tout cela : je joue toujours avec la même sobriété, la même rigueur, et n'ai pas varié d'un iota mes habitudes de jeu au cours des dernières semaines. Malgré tout, ma courbe s’effondre.

Je me prends simplement le mur de la variance, dans sa forme la plus brutale. Le genre d'obstacle qui ne se contente pas de freiner une progression, mais qui projette en arrière, dans un fracas de chiffres rouges et de sessions écourtées. Je l’ai déjà exprimé par le passé : dans de tels moments, il n’y a rien d’autre à faire que d’attendre la fin de la période de tourmente. Résister, respirer, fermer les yeux, ne pas paniquer, ne pas se sentir affecté. Car ceci fait tout simplement partie du parcours du combattant que tout joueur aguerri se doit d'affronter stoïquement de temps à autre. Je sais composer avec ces phases négatives. Mais l’atroce piqué de ma courbe Xeester, dont la trajectoire est digne de celle des meilleurs pilotes kamikazes japonais de 1945, ne laisse pas mon psyché indemne. J’en veux pour preuve un rêve - ou plutôt un cauchemar - survenu ce week-end, que je crois directement en lien avec mes désastreux résultats récents.

au secours !
J’ai rêvé que des tables de tournois s’ouvraient sur mon écran d'ordinateur à un rythme effréné, une nouvelle table s'ouvrant contre mon gré à chaque minute, sans que je me sois inscrit et sans que je sois en mesure d'absorber le flux. Bientôt, mon ordinateur ressemblait à une salle de marché en panique, les fenêtres se superposant comme des vagues, les bips d’alerte résonnant à chaque nouveau désastre. Je ne contrôlais alors plus rien et me voyais contraint de sacrifier certaines tables pour sauver les autres, tel  un capitaine en pleine tempête jetant des containers entiers par-dessus bord pour tenter d’alléger son navire en perdition. Je me débattais frénétiquement, appuyant sans fin sur les touches de mon clavier, à la manière d’un Charlie Chaplin happé par les engrenages dans la mythique scène des serrages de boulons du mythique film Les Temps Modernes, serrant frénétiquement des boulons afin de maintenir vaille que vaille la cadence de production. Plus j’essayais de reprendre la main, plus la situation devenait incontrôlable tandis que ma cagnotte se vidait, me rapprochant de la ruine à grande vitesse. 

A mon réveil, je me suis souvenu de ce rêve avec un certain effroi. Pas tant à cause du cauchemar lui-même que de sa signification : un sentiment d’impuissance, celui de ne plus maîtriser grand-chose. Le poker, jeu de contrôle et de discipline sur le long-terme, peut aussi parfois devenir soudainement une mécanique absurde lorsque la variance s’acharne. On passe alors du rôle de stratège en chef à celui de simple chair à canon fauché dans le no man's land.

Dans de telles conditions, avec une courbe de gains digne des pires krachs boursiers de l'histoire et suite à ce rêve atroce quels enseignements en tirer et que suis-je censé faire ? Pas grand chose, à la vérité. Je dois continuer à jouer correctement, sereinement, sans rien forcer, rien précipiter, rien lâcher. Attendre que la roue finisse par tourner et que ma courbe remonte. Dans l'immédiat, je contemple mon graphe avec l'amertume passagère de l'investisseur ruiné contemplant les cendres de son portefeuille boursier : avec un mélange de fatalisme, d’ironie et de résignation... mais en sachant toutefois que rien n'est définitivement perdu. 

Octobre 2025 aura été mon mois le plus noir depuis mes débuts au poker. Mais l'investisseur avisé sait qu’après le krach survient toujours une phase de reprise. Le tout est de savoir tenir sans perdre la tête. Le long terme est l'allié des bons joueurs ; qu'on se le dise.

mardi 21 octobre 2025

Qualification sur Winamax pour le Wipt Paris 2025

Après le fiasco du Hip'Poker Tour de Vincennes narré dans l'article précédent, voici qu'une nouvelle chance se présente à moi, puisque je viens de me qualifier pour l'étape parisienne du Wipt organisée par Winamax qui aura lieu cette année dans la salle de conférence de l'hôtel Paris Marriott Rive Gauche.

On est toujours loin de la grande époque, celle où l'édition réunissait des milliers de passionnées au sein de la Grande Halle de La Villette. Mais ce sera assurément mieux que l'indigence de l'année dernière, lorsque l'édition 2025 s'était déroulée dans un sous-sol décati et sans âme de la Tour Montparnasse. 

Le nombre de participants demeurera en tous les cas réduit de par la contenance limitée de la salle, sans aucune mesure avec la superficie XXL de la Grande Halle de la Villette. D'ailleurs, il y a un signe que ne trompe pas : l'étape parisienne réunira beaucoup moins de participants que celle qui vient de se dérouler aux Parc des expositions de Toulouse. Là où Paris qualifiera 16 veinards pour la grande finale du printemps qui aura lieu au Pasino Partouche d'Aix en Provence, l'événement de Toulouse vient d'octroyer pas moins de 31 sièges aux veinards d'Occitanie.

En tous les cas, une première étape - celle de la qualification en ligne - vient d'être franchie. Ca n'a d'ailleurs pas été une mince affaire de me qualifier : d'abord il y a eu un anecdotique sit and go à remporter, mais ensuite il faut savoir que le tournoi de qualification en lui-même est pris d'assaut à chaque opportunité. Il y avait ainsi près de 5.000 inscrits pour seulement 100 places à pourvoir lors de ma session de qualification (sachant qu'il y en a 12 de prévues au total, la dernière devant avoir lieu ce 26 dimanche). J'ai beau jouer avec application, s'extirper indemne de pareille mêlée n'est pas de tout repos... mais j'y suis malgré tout parvenu sans trop transpirer dans la dernière ligne droite, en terminant à une tranquille 34e place.

Maintenant, après avoir examiné le calendrier, je constate que l'étape parisienne de ce Wipt aura lieu lors du week-end du 8-9 novembre, et ce n'est pas une bonne nouvelle pour moi, car il se pourrait fort que je sois indisponible à cette date. On verra bien si je parviens à raboter mon emploi du temps afin de pouvoir participer à l'événement, ce qui est loin d'être garanti à l'instant où je rédige ces lignes (50% de chances).

 

jeudi 16 octobre 2025

Hip'Poker Tour PMU édition 2025 : la froide crucifiction de Vincennes

C'est plein d'entrain que je me suis présenté dans la matinée de vendredi de la semaine passée pour y disputer l'édition 2025 du Hip'Poker Tour organisé comme tous les ans par le PMU. Sous les voûtes monumentales de l’hippodrome de Vincennes, le hall du Hip’Poker Tour bruisse d’une excitation contenue lorsque les joueurs s'installent peu après 10h. Un peu plus de 300 joueurs, s’apprêtent alors à en découdre pour cette édition 2025 disputée sur deux jours et organisée par le PMU Poker avec des croupiers à chaque table (tables de neuf joueurs). Il fait froid dans ce vaste hall non chauffé, mais cela m'indiffère. Je débute le tournoi concentré, assis à la droite du sympathique croupier, prêt à jouer mon meilleur poker après ma qualification en ligne obtenue sans forcer quelques jours plus tôt sur le site internet du PMU. 

Mais la croix du joueur de poker devient parfois un fardeau bien lourd à porter. Dès le niveau 2, alors que la matinée ne fait que commencer, je dispute un énorme pot de près de 300 blindes avec en main une paire de dames. Le flop vient Dame-Roi-As avec deux carreaux et un pique. Un flop superbe disputé contre quatre joueurs avec un pot qui fait déjà 35 blindes, et pourtant... Les enchères grimpent doucement au flop, ce qui me laisse confiant quant au fait que personne n'a la main gagnante à ce stade (un hypothétique Valet-Dix), d'autant que je ne décèle aucun regard crispé chez mes adversaires engagés dans ce coup. La turn est un 5 de pique, ajoutant un tirage couleur supplémentaire. Je décide à cet instant de faire tapis, en engageant mes 140 blindes dans un pot qui en fait alors environ 75, convaincu d’être devant et soucieux de protéger ma main contre les nombreux tirages couleur.

Un seul adversaire paye. Un joueur avec les Valets se couche aussitôt, tandis que le dernier à devoir parler, après un long tank, nous montre As-4 de pique avant d'abandonner à contrecœur. Celui qui m'a suivi, paie mon tapis avec As-Roi. J'ai alors 94% de chances de remporter ce coup. La river, comme souvent dans ces tragédies, tombe : un Roi assassin vient aussitôt crucifier mes espoirs et transformer mon brelan en relique inutile. Je suis néanmoins très satisfait du déroulé du coup. Mon adversaire de droite (spectateur du coup) beaucoup moins et maugrée à diverses reprises que tout aurait dû partir à tapis pré-flop de part et d'autre. J'ai beau lui répéter que si tel avait été le cas j'aurais sacrifié ma paire de dames sans remords avec mes 160 blindes de profondeur : il ne veut rien entendre.

Me voilà déjà dans la zone rouge-orangée des pénitents, lesté d’un tapis rachitique qui ne me laisse guère de marge de manoeuvre. Pendant près de deux heures, malgré ma peine, je m’accroche avec ferveur, en quête de rédemption. Chaque main jouée constitue une épreuve, chaque relance adverse une tentation d'en finir. Je parviens à survivre, mais sans jamais retrouver de véritable sérénité. Les stigmates de ce coup perdu restent gravés dans ma mémoire comme un rappel cruel de la fragilité de toute espérance pokeristique.

Lorsque retentit l’annonce de la pause déjeuner, je respire un instant, espérant entrevoir une lueur d'espoir à la fin de la cène. Il n’en sera rien : la messe est dite. À peine revenu à la table, mon maigre tapis s’évapore dans une ultime confrontation. Éliminé dès le retour de la pause, je quitte la table avec un mélange d’amertume et de résignation.

Pour conjurer ma frustration, je m’inscris à un sit and go de consolation, une parodie de poker où tout se joue en moins d'une heure : cette boucherie ultra turbo dépourvue du moindre intérêt technique et très chichement dotée - sans grâce ni gloire - m’achève définitivement. Il est alors 16 heures, le froid dans le grand hall non chauffé et la déception me dissuadent de rester. Je regarde une dernière fois les tables, les rires, les jetons qui s’entrechoquent. Les buffets et petits fours m’attendent en début de soirée, mais le cœur n’y est plus. Je préfère m’éclipser et rentrer dans la grisaille, laissant derrière moi cette arène de verre insolite.

On dit souvent que l'élimination d'un tournoi de poker constitue à chaque fois une petite mort dès qu'on y met un brin d'affect. Le Hip’Poker Tour édition 2025 s’achève donc pour moi sur une note amère, mais le joueur que je suis sait que la résurrection n’est jamais bien loin. D’autres tournois m’attendent, d’autres tables, d’autres combats. Avec, je l'espère, la prochaine fois un destin plus clément au tournant de la river.