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mardi 19 août 2014

Mon animal-totem

Pierre Bordage est un auteur français que j'affectionne tout particulièrement. Spécialisé dans les romans de science-fiction et d'anticipation, ce dernier est notamment l'auteur des deux ouvrages suivants : "Porteurs d'âmes" (2007) et "Les fables de l'Humpur" (1999). 

"Porteurs d'âmes" est celui des deux qui m'a le plus marqué. D'un point de vue purement littéraire, c'est loin d'être l'un des meilleurs livres de Pierre Bordage. Mais ce roman d'anticipation est narré sous un angle original, décrivant notamment le parcours chaotique d'une adolescente africaine déracinée et projetée de force dans la civilisation occidentale, qui avec ses yeux innocents assimile les gens qu'elle croise à l'animal qui correspond le mieux à leur caractère (et à leur apparence également). Cette métaphore animale se rapproche bien évidemment de la thématique de l'animal-totem. Très présente dans les cultures amérindiennes mais aussi africaines, la notion d'animal-totem se retrouve également à un degré moindre dans certaines cultures européennes. Toutefois, elle est à présent complètement désertée dans notre société occidentale du XXIe siècle. Or, dans une société du rationnel telle que la nôtre, la thématique de l'animal-totem est relativement intéressante car totalement décalée par rapport à ce dont nous sommes habitués dans notre approche d'autrui, et permet de facto une perception différente (et complémentaire) de la réalité observée. Depuis que j'ai lu ce roman "Porteur d'âmes" il y a quelques années, j'essaye parfois par amusement de déterminer quel pourrait être l'animal caractérisant le mieux les personnes de mon entourage, voire les gens que je ne fais que croiser. C'est ainsi que parfois j'entraperçois l'emprunte psychique d'un hérisson, d'un chien, d'une tigresse, d'une louve, d'un serpent, d'un hamster, d'un sanglier, d'un paon ou bien encore d'un ours... Ces archétypes constituent une classification empirique et donc un raccourci intellectuel potentiellement dangereux (à l'image des préjugés). Ce sont des archétypes certes simplistes, mais ils ont leur utilité, puisque cette classification sommaire est propice à une prise de décision rapide dans des situations imprévues où il faille se prononcer rapidement sans avoir tous les éléments en sa possession.

Pierre Bordage a également écrit un autre ouvrage ayant la thématique animale en pierre angulaire : "Les Fables de l'Humpur". Ce véritable petit bijou de la littérature fantasy constitue une sorte de fables de la Fontaine modernes, mais en version romancée. Un vrai coup de coeur littéraire, à tel point que c'est un livre que je n'ai pas hésité à offrir à quelques personnes qui m'étaient chères par le passé. Dans ce roman d'un type un peu particulier, les protagonistes de l'histoire sont des animaux d'un style un peu particulier, véritables humanoïdes dotés de la parole, et tandis que certains d'entre eux essayent de cultiver une certaine forme d'humanité en eux, d'autres se replongent avec plaisir dans leurs instincts les plus primaires et dans leur animalité pure, afin de retrouver un certain ordre naturel des choses. Les personnages de ce roman d'un style vraiment à part, sont donc tiraillés entre leur intellect et leur instinct. A l'image d'un joueur de poker à une table, qui doit effectuer ses choix en fonction de ses déductions, mais aussi de son intuition. Mais quel est le plus sûr chemin vers la victoire finale ?

Coucou, c'est nous !
Il m'a fallu un peu de temps avant de parvenir à établir quel pouvait être mon animal-totem à moi, celui qui me correspondait le mieux. Toutefois, le jour où je l'ai trouvé, j'ai su qu'il me correspondait pleinement : le Renard Polaire, également connu sous le nom d'Isatis. Pour tout un tas de raisons que je ne développerai pas ici mais qu'il est néanmoins possible de résumer en quelques adjectifs présents chez le Renard Polaire : malice, curiosité, endurance et frugalité. Il se fond en outre parfaitement dans le décor, son pelage blanc hivernal s'obscurcit quelque peu au printemps avec la fonte des neiges.

Au poker, si les archétypes des joueurs existent bel et bien et constituent un jargon propre à cette activité, il ne s'agit absolument pas d'archétypes animaliers mais exclusivement halieutiques, et la classification qui en découle est relativement binaires : il existe d'un côté le "fish", de l'autre le "shark". Le poisson sans mémoire destiné à être dévoré, d'une part, et le requin sanguinaire au sommet de la chaîne alimentaire, d'autre part. S'il est vrai qu'en ligne, il est difficile de brosser le portrait détaillé d'un joueur, il en est tout autrement en live, où le profilage d'un individu peut se faire de façon bien plus nuancée... Lors de mes quelques tournois live, j'ai parfois eu recours inconsciemment à ce type de profilage animalier, ce qui me permet ainsi d'adopter un début de stratégie pour contrer tel ou tel profil. A bien y réfléchir, cela fait partie des rares satisfactions que j'ai pu tirer de mes maigres expériences en tournoi à ce jour. Deviner à qui j'ai affaire. Voilà qui est vraiment amusant. Et je crois que c'est ce genre de petit jeu qui va me permettre au final de trouver un intérêt dans le jeu de poker en live : dans l'animalité larvée des joueurs ! Parce que sur le plan purement humain, ça ressemble parfois à un désert aride ou une banquise glacée.

Le livre de Poche - (2007)

J'ai lu - (1999)
"Porteurs d'Ames" et "Les fables de l'humpur". Deux livres de Pierre Bordage qui ont boosté mon imaginaire ces dernières années. A tel point que je m'identifie parfois à un Renard Polaire foulant un manteau neigeux immaculé, et je m'imagine pouvoir apercevoir une aurore boréale rien qu'en levant la tête vers le ciel. Voilà qui fait rêver. Tiens, d'ailleurs, chiche : si je remporte un jour un gros tournoi de poker, j'irai voir les renards arctiques et les aurores boréales ! Cette quête de sens d'un genre un peu particulier ne s'accomplira sans doute pas de sitôt. Mais qui sait ? Peut-être qu'un jour...



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