Perdre. Voilà un verbe qui me sied particulièrement mal depuis toujours. Je n'y ai jamais été habitué. Aussi loin que remontent mes souvenirs d'enfant, j'ai toujours été un compétiteur acharné dans tous les jeux auxquels je me suis adonné, faisant attention à un maximum de détails, y compris les plus sophistiqués et les plus subtils, et maintenant ma concentration en toutes circonstances y compris dans les situations critiques, afin de faire pencher la balance du côté de la victoire. Plus coriace que moi tu meurs.
Mais voilà qu'en l'espace de dix jours à peine, je viens de subir trois amères défaites à la suite... La finale du Wipt à Paris (550 Euros), la finale du Deepstack Barrière de Bordeaux (570 Euros), et la finale online qualificative pour Las Vegas sur Euro Poker (250 Euros). Et mon mois de mars commence avec une perte sèche de 1.370 Euros. Pour un peu, j'en frémirais tellement la perte est abyssale et m'apparaît comme impossible à combler d'ici la fin du mois.
Pire encore, je me suis rendu compte avec effroi que je n'aime pas le live. Etre assis à une table de poker pendant des heures, entouré de gens inintéressants au possible, appâtés par l'argent et/ou l'adrénaline, ce n'est pas mon truc. La différence est vraiment énorme au niveau de l'ambiance avec les petits tournois de gala que j'avais pu disputer dans le cadre du PSG Poker Live et de l'OM poker Live. J'aurai l'occasion prochainement de rédiger un article détaillé sur tout ce que j'ai pu apercevoir et qui m'a déplu. Car j'ai été déçu par cette expérience, indépendamment des résultats qui ont été les miens.
Dimanche 1er mars, j'ai été sorti en fin de day 2 de la finale live du Wipt au Cercle Clichy Montmartre, à Paris. A quelques encablures des places payées. Je termine aux alentours de la 250e place, pour 1.300 inscrits. Pour entrer dans les gains, il fallait être dans les 175 premiers du tournoi. Je n'y suis pas parvenu, je perds en envoyant mon tapis de grosse blinde pré-flop contre un joueur excessivement optimiste, qui jouait beaucoup de coups à la table. J'ai A8 de carreau. Il a A7 dépareillés. Je n'avais que 21% de chances de perdre ce coup. Et pourtant, c'est ce qui s'est produit. Remporter ce coup m'aurait presque conduit jusqu'aux places payées, avec un gain minimum de 1.100 Euros. Le poker est à l'image de la vie : parfois injuste, mais il faut l'accepter pour continuer à aller de l'avant. En guise de lot de consolation, je reçois un sweet shirt Winamax, une casquette Winamax et un T-Shirt Winamax. Encore quelques efforts et je n'aurai plus du tout besoin de prévoir une ligne de budget vêtements...
Je n'ai pas trop eu le temps de gamberger, car samedi 8 mars, je me suis levé aux aurores pour prendre le premier train en direction de Bordeaux. La compétition démarrait à midi, j'ai juste eu le temps d'arriver au Casino en fin de matinée, prêt à défendre mes chances. Mais j'ai été sorti en début de day 2 de la finale live du Barrière Poker Tour de Bordeaux. Je termine 160e, pour 340 inscrits. Victime d'un nouvel accident. J'ai les rois en main, je fais une relance en début de parole, et le joueur big blind, qui avait été énervé par la perte du coup précédent annonce directement "tapis". Il est évident qu'il n'a pas les as, sinon il aurait essayé de gratter mes jetons par étapes... Je décide de payer. Il a en main une paire de dames. Comme je m'y attendais. Comme je l'espérais. Face à mes rois, sa paire de dames n'a que 18% de chances de remporter le coup. C'est néanmoins ce qui va se produire. Une quinte improbable pour mon adversaire et bye bye Bordeaux. Je termine 160e, bien loin des 43 places payées, victime d'un accident de parcours impossible à éviter. En guise de lot de consolation, je ne reçois rien du tout, mais j'ai quand même substantiellement économisé sur le poste "frais" (430 Euros) qui était mis à ma disposition pour couvrir le déplacement, l'hébergement et la sustentation.
Ce soir, mardi 11 mars, c'était la finale mensuelle pour Las Vegas sur Euro Poker, ma plateforme fétiche de poker online. 250 Euros l'entrée (obtenue via un ticket, comme toujours), avec un package d'une valeur de 2.500 Euros pour les deux premiers du tournoi qui réunissant 23 finalistes. Je termine à la 19ème place, victime de quelque chose qui ne m'arrive pour ainsi dire jamais : le dérèglement de mon jeu. Pourquoi ? Pourquoi ai-je donc mal joué ? Moi qui n'ai que très rarement des reproches à me faire, ce soir j'ai connu un trou d'air, une plongée abrupte vers la médiocrité. J'en viens à me demander si mon inconscient n'aurait pas été négativement impacté par mes deux expériences de tournois live, au point de dérégler mon jeu. L'avenir nous le dira.
Quoi qu'il en soit, c'est la première fois de ma vie en tant que joueur de poker amateur que je traverse une période franchement négative, au point de devoir conjuguer le verbe perdre à la première personne du singulier, en guise de punition. J'ai perdu. Je perds. Je perdrai. Mais je continuerai à vouloir être le meilleur. Toujours.
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