Translate

jeudi 4 mai 2023

La damnation des "festivals" et autres "series"

Avril a filé en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, et pourtant, j'aurais pu livrer ici quelques réflexions et ressentis qui demeurent en friche dans les recoins de mon cerveau. Il faut dire que l'heure n'est pas à la fête. Pour la trentième fois (ou peut-être est-ce déjà la cinquantième ?), je viens de me faire malmener à l'occasion d'un énième événement poker en ligne. Plus qu'une habitude, on pourrait presque parler de malédiction, me concernant. Episodiquement, les plateformes en ligne organisent le temps d'une semaine ou d'une quinzaine des petits festivals poker avec des dotations beaucoup plus musclées que d'ordinaire. Qu'on les appelles "Series", "Festivals", "Scoop" ou autres, le principe demeure le même : plus de dotations, plus de joueurs, plus de droits d'entrée que d'ordinaire. J'aime bien en disputer quelques uns. Même si ça se passe invariablement mal pour moi !

Il faut dire ces événements accroissent sensiblement la part de variance et d'aléas par rapport à mes sessions habituelles, celles que j'intègre dans mes rituels du quotidien. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cela fait des années que ce type d'événement ne me sourit plus du tout. Perdre plus d'une centaine d'euros en une soirée de poker, cela n'a rien de dramatique, mais lorsque ce type de scénario se reproduit toute une semaine durant, voire plus, cela finit par faire du dégât. Mon logiciel de suivi statistique a beau m'indiquer que du point de vue purement mathématique mon degré de performance moyen est plus que correct, voire carrément bon, mon ROI (le retour sur investissement) lui demeure imperturbablement dans le rouge. Deux ou trois mois d'efforts réduits à néant en une petite semaine de festivals, telle est mon équation en apparence insoluble que je m'astreins à griffonner encore et encore sur mon tableau noir mental dans l'espoir de crier un jour "Eureka". Ce n'est pas toujours facile de rester imperturbable devant cette sensation de dilapidation de son capital.

Ma frustration est palpable. Pourtant, cela ne m'empêchera pas de continuer à tenter de gravir ces montagnes abruptes des festivals. Pour trois raisons, que je considère toutes comme parfaitement valables. Premièrement, cela me force à m'extirper de ma petite zone de confort ; les rituels du quotidien, la discipline de tous les instants et la routine maitrisée c'est bien, mais un joueur ambitieux a vocation à s'en extraire pour franchir des paliers en termes de gains financiers. La deuxième raison pour laquelle je continue à dégringoler des falaises en poursuivant mes tentatives d'escalades lors des festivals de poker en ligne, c'est que statistiquement parlant, en conservant un moral solide et en maintenant mon niveau de jeu, cela devrait finir par passer à un moment ou à un autre, et la perspective de décrocher un gain à cinq chiffres d'un coup d'un seul, n'est pas mission impossible, à condition d'avoir un zeste de chance au bon moment : je ne crois pas aux malédictions, tout ce qu'il me faut c'est un échantillonnage plus large pour repasser durablement dans le vert. Enfin, la troisième raison qui me conduit à continuer vouloir ferrailler contre pléthore d'adversaires lors des festivals malgré les bosses, elle se situe au niveau émotionnel : c'est tout de même plaisant, cette sensation de foncer au galop dans la mêlée, espérant tout renverser sur son passage... Trop souvent je tombe, mais à la vérité, la sensation de douleur est contenue car purement virtuelle (après tout ce ne sont que des euros de perdus) tandis qu'en cas de victoire, l'euphorie, elle, est bien réelle.

J'aime ce jeu. Pour te ce qu'il m'apporte : humainement, comptablement, émotionnellement. Et pour tout ce qu'il ne m'apporte pas, aussi ! Tant pis si je me prends régulièrement des claques lors des grands événements. Car je finis toujours par me relever. Toujours !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire