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jeudi 25 avril 2019

Une journée à Marcq-en-Baroeul

Le poker, c'est du plaisir. Mais c'est aussi des efforts. Puisque j'avais une soirée de prévue en compagnie de quelques amis le vendredi soir, ma nuit de sommeil s'est résumée à 2 petites heures afin de pouvoir être présent au moment du départ de mon bus pour Lille le samedi matin, vers 6h15. Quittant mon domicile en trombe afin de ne pas louper le bus et accaparé par ma pièce d'identité que je ne retrouvais plus au moment de partir, j'en ai carrément oublié d'emporter avec moi mon habituel attirail poker : ni T-Shirt Fredyl, ni chapeau, ni sphinx. Rien. C'est donc en somnolant presque tout du long que mon trajet s'est effectué. La bonne nouvelle, c'est que je n'ai pas vu le temps passer. Une fois parvenu au terminal de bus accollé à la gare de Lille, je me suis rendu compte qu'il était possible de rejoindre l'hippodrome de Marcq-en-Baroeul en à peine plus d'une demi-heure à pied ; sachant que j'avais de la marge et qu'il faisait beau, je n'ai pas hésité. Bien m'en a pris, car le trajet pédestre m'a permis de découvrir les coquettes bourgades que sont La Madeleine et Marcq-en-Baroeul.

soleil, soleil
Les tables de jeu mises en place par le PMU dans le hall d'entrée de ce petit hippodrome de campagne étaient irradiées de soleil lorsque le tournoi débuta en milieu de matinée. C'est réellement appréciable. Première fois de ma vie que je dispute un tournoi de poker baigné dans autant de lumière !  Les rayons franchissant allégrement la vitre du hall ont littéralement réchauffé la table... au sens propre comme au sens figuré : l'oubli de mon précieux sphinx ne m'a laissé penaud que quelques minutes au démarrage. Par la suite, le bon climat et la bonne ambiance à table ont vite compensé mes regrets s'agissant de l'absence de tout mon barda. A ma table, je me suis  retrouve entouré d'une palette très hétérogène d'adversaires : débutants, récréatifs, joueurs de club ayant endossé leur sweet-shirt fétiche aux couleurs de leur association, et même une demoiselle sachant tenir les cartes. J'adore ces tournois de gala dénués de la pression financière qui  a tendance à figer les visages et crisper les coeurs des joueurs. A Marc-en-Baroeul, aucune pression à l'horizon. Juste de la convivialité et de la bonne humeur. Seul véritable bémol : le croupier débutant recruté par le PMU pour l'occasion était d'un niveau extrêmement faiblard. J'ai notamment dû le recadrer à trois reprises, mais sans que cela soit réellement dommageable.

Mon début de tournoi s'avèrera des plus poussifs, puisque dès midi, je me suis retrouvé en délicate posture sans avoir trop disputé de coups, les divers flops ou turns ruinant systématiquement mes jolies mains de départ sans même avoir besoin d'aller jusqu'à l'abattage final. Si on ajoute à ça un rythme d'augmentation des blindes tout simplement infernal (il faut éliminer plus de deux cent joueurs en moins d'une journée !), on se rend vite compte qu'on a pas le temps de tergiverser : on est certes venu jouer au poker toute la journée, mais il faut monter au front assez rapidement pour ne pas se faire grignoter par la structure. C'est ainsi que j'élimine un joueur peu aguerri sur un call certes judicieux mais difficile à faire sur le moment. Je me retrouve alors plutôt pas mal pourvu en jetons, et commence enfin à avoir une emprise sur la table... jusqu'à la perte d'un banal 50/50 pré-flop (AQ vs TT) qui assèche en grande partie mon tapis. La table casse juste après. Peu après la pause déjeuner, alors que je suis rentré dans la zone rouge, survient ma sortie de route fatale : je me retrouve à devoir pousser préflop la poignée de blindes qui me reste avec la main qui me fait le plus horreur au regard du nombre anormal de fois où je me suis fait éjecter avec en live : As-Dix. Sans surprise,  je me retrouve éjecté du tournoi principal avec ma main maudite habituelle, et décide aussitôt d'aller disputer les sit and go de rattrapage et de rejoindre ainsi la petite centaine de joueurs déjà éliminés prématurément.

En m'asseyant à la table de mon premier sit and go, je conserve encore un petit espoir de ne pas rentrer à la maison les mains vides. Mais je vais vite déchanter, car là encore, je fais chou blanc. Il faut dire que la structure ultra-ultra turbo des sit and go confine presque au ridicule tant l'aléa y est important. Pendant ce temps-là, les parieurs hippiques ont investi le champs de course et le tournoi de poker se déroulant dans le hall fait à leur yeux figure de curiosité. Mais la réciproque est également vraie en ce qui me concerne : je m'accorde ainsi une mini pause en attendant le cocktail dinatoire et les petits fours prévu pour 18h30, en observant le style, l'allure et les comportements de cette faune des turfistes nordistes. Avec le recul, je me dis que j'ai loupé une grande carrière d'ethnologue tellement observer les groupes humains et leurs interactions me fascine. J'avais déjà ouvert grand mes yeux dans la matinée en scrutant le cheptel des qualifiés pour le tournoi de poker. Mais pouvoir également me retrouver aux premières loges et écarquiller les yeux devant les turfistes en pleine course hippique m'a encore permis d'un tout petit peu mieux comprendre la nature humaine, avec ses futiles passions confinant parfois à la tyrannie.

C'est avalé, c'est bien joué !
Toujours est-il qu'un tournoi de gala sans petits fours ne serait pas un tournoi de gala digne de ce nom, et c'est plein d'enthousiasme que j'ai terminé ma journée poker en me remplissant la panse une fois l'heure du cocktail dinatoire venue dans la petite salle privative destinée aux qualifiés poker. Assez bizarrement, mon appétit pour les petits fours a d'abord été parasité par l'odeur des barquettes de frites emplissant le hall de l'hippodrome. Puis, assez vite, mon palais a réussi à relayer auprès de mon cerveau la satisfaction de goûter à des mets de qualité. Certes, ce n'était pas les meilleurs petits fours que j'aie goûtés jusqu'ici, mais ils ont eu le mérite de me faire suffisamment plaisir pour que je ne regrette aucunement d'avoir traîné mes guêtres jusqu'au Nord. Et puis j'ai eu l'occasion de discuter et d'échanger quelques anecdotes avec un sympathique joueur déjà croisé lors de l'étape de Vincennes. Le poker est aussi créateur de lien social, à l'occasion. Si on ajoute donc aux petits fours les quelques moments de convivialité, le bilan de la journée s'avère a posteriori plus que satisfaisant. Comme une journée de vacances et d'évasion entre deux jours de boulot lors des ponts de mai.

Voilà donc comment on remplit agréablement une journée ludique à Marcq-en-Baroeul. Pour ce qui est de mes performances poker, on repassera. Mais il y aura bien d'autres occasions de briller cartes en main... des occasions plus sexy que celle-ci. En attendant, ma parenthèse dans le Nord m'a donné la possibilité de vibrer, de discuter, de m'amuser, de me régaler. C'était bien plus qu'il n'en fallait pour me rendre heureux en ce début d'avril sans m'être découvert d'un fil.

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