Depuis quelques jours, les joueurs français qui jouent en ligne depuis la plateforme PokerStars peuvent croiser le fer avec les joueurs espagnols. Loin d'être anecdotique, il s'agit-là du début du décloisonnement franco-français forcé dans lequel le législateur français quelque peu paranoïaque quant à la circulation des flux financiers avait enfermé les joueurs français. Sur les forums spécialisés, beaucoup de joueurs passionnés trouvent matière à redire, tant sur le fond (le marché espagnol servant de cheval de Troie à des joueurs professionnels venus des pays de l'est) que sur la forme (les horaires des tournois devant tenir compte des différences de mode de vie propres à chaque pays, nos voisins espagnols étant réputés pour être des couche-tard). Très prochainement, d'autres pays - Italie et Portugal en tête - devraient rejoindre cet élan nouveau de partage de liquidités, au gré des autorisations administratives des pays concernés, puisque les législateurs semblent s'être accordés pour permettre aux joueurs en ligne de disputer des tournois plus richement dotés, ce qui leur permettra également d'avoir accès aux tables de cash game ou de sit-and-go sans avoir à patienter trop longtemps.
Des divers opérateurs ayant licence sur le territoire national, PokerStars est le seul à s'être lancé pour le moment ; il faut dire que l'opérateur est le numéro un mondial du poker en ligne, et sa présence un peu partout sur le globe facilite un lancement rapide dès lors que les divers feux verts administratifs aient été obtenus. Mais Winamax semble également dans les starting blocks, puisqu'il a récemment proposé un contrat de sponsoring à un cador espagnol actuellement au sommet de la hiérarchie poker live (Adrian Mateos) ainsi qu'à une terreur italienne mondialement connue (Mustapha Kanit), acquérant ipso facto un début de notoriété dans les pays concernés. Winamax recrute également dans son staff depuis quelques mois des salariés parlant italien, espagnol ou bien encore portugais, preuve qu'il entend attaquer ces nouveaux territoires le couteau entre les dents. Il faut dire que la marque est franco-française et que c'est elle qui a le plus à perdre ou à gagner d'un changement majeur de réglementation tel que celui-là. La qualité de leur management et leur logiciel irréprochable devraient toutefois pouvoir faire pencher la balance en leur faveur en dépit d'un statut d'outsider.
Quant aux autres opérateurs de poker en ligne en France (Betclic, Unibet, Bwin-Party, PMU), rien n'a été annoncé officiellement pour le moment : peut-être sont-ils en train de finaliser des partenariats en attendant que la situation réglementaire se décante dans les divers pays concernés ? Un status quo partiel n'est pas non plus à exclure... en l'état actuel des choses, difficile de dessiner avec précision à moyen terme les contours du poker en ligne hexagonal. Quoi qu'il en soi, les débuts de ce mouvement d'européanisation, quoi que timides, laissent augurer d'un changement inexorable du fait de la mutualisation des liquidités, nonobstant les complications liées à la fiscalité et à l'assiette de prélèvement étatique de chaque pays.
2018 restera quoi qu'il en soit une date importante pour le poker français en ligne, car ce timide décloisonnement des joueurs européens préfigure un mouvement de plus vaste ampleur. Mais bien malin celui qui peut dès à présent dire quel sera le grand gagnant de cette redistribution des cartes en cours. Affaire à suivre.
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