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lundi 10 avril 2017

Et Marketluck s'en est allé...

En juin 2004, le mythique Patrick Le Lay, alors président de TF1, suscitant l'émoi - voire l'effroi - avec une déclaration cynique assumée. " A la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit (...). Or, pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible". Il n'avait pas tort, sur le fond. Sur la forme, en revanche, cette stupéfiante franchise lui a valu une levée de bouclier dans les milieux de la culture et de la création artistique.

Dans le poker aussi, et avec une petite décennie de décalage, certains ont repris ce même concept consistant à détendre le consommateur-joueur afin de le rendre réceptif à un message publicitaire imminent. Plutôt que de miser sur une offre de poker payante au sens classique du terme, BankOfPoker et Marketluck ont ainsi investi le créneau du poker en ligne gratuit avec des spots de publicité obligatoires à se farcir entre deux coups de poker. Avec à la gagne des bons d'achat ou des chèques de faible montant.

Mais je ne pense pas que ce segment ait été optimisé au mieux. Je n'ai pas été séduit ni même convaincu par BankOfPoker, vite délaissé. En revanche, j'ai pas mal joué sur Marketluck, et accumulé de la sorte bon nombre de bons d'achats. Mais cela ne m'a pas empêché de demeurer critique sur les (non) choix stratégiques dans le développement de cette offre poker alternative. Car si sur le papier le concept était viable, en pratique trop de flou dans le plan de développement de cette offre d'un type particulier a contribué à la rendre difficilement tenable sur le long terme. Trop de passivité dans la gestion au jour le jour de la plate-forme, des erreurs tactiques et des approximations : difficile dans de telles conditions d'instaurer un business model pérenne et profitable à tous (entreprise, partenaires et clients). On passera sur le côté sulfureux de ce dossier, en l'absence d'éléments objectifs pour se prononcer.

Ce lundi 10 avril 2017 marque donc la fin d'un chapitre pour le poker ludique et récréatif, puisque c'est en ce jour que Marketluck et son alter ego BankOfPoker cessent leur offre de poker gratuit. Finis, les bons d'achat gagnés gratuitement au poker par les joueurs récréatifs en échange d'un peu de leurs temps de cerveau disponible. Même si cela faisait quelques temps que je n'y trainais plus mes guêtres, cette nouvelle ne  me laisse pas totalement indifférent. Cet arrêt programmé de Marketluck et de BankOfPoker suscitera l'indifférence voire le dédain au sein de la communauté poker hexagonale. Mais mon cerveau a pour habitude de raisonner par comparaison et je considère que le poker est une passion ayant besoin d'un maximum de combustible pour entretenir la flamme auprès du plus grand nombre sur le long terme. Le combustible en question, c'est une offre de poker qui soit à la fois diversifiée, médiatisée et structurée. Or, un segment marginal de cette offre diversifiée s'éteint. Dans ces conditions, la cessation de cette offre de poker gratuit en ligne constitue une mauvaise nouvelle pour le poker, quand bien-même elle n'émeuve pas grand monde aujourd'hui. La flamme du poker continue de briller. Mais elle a besoin d'un apport régulier en combustible. Sinon un jour, elle vacillera.







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