La nuit passée, j'ai fait un rêve relatif au poker. Un rêve plutôt désagréable probablement imputable à un challenge au long cours sur lequel je m'échine depuis quelques jours et qui implique que je sois amené à fréquenter les tables de cash game en ligne : ne faisant pas partie des joueurs les plus aguerris en cash game et me heurtant au mur de la variance, je suis en plein doute vis-à-vis de mon jeu dans cette discipline particulière, au point d'en conclure de façon empirique que le calibrage de mes relances n'est probablement pas le plus adapté à la discipline. Or donc, dans ce rêve, je me retrouvais à une table en live, croisant le fer contre des adversaires goguenards en raison d'une trop grande timidité du montant de mes mises et relances, justement.
Rêve très peu plaisant, donc, car j'étais en quelque sorte devenu la tête de turc de la table, cible de multiples railleries et blagues adverses du fait de mon excessive prudence à table. Recevant une main potentiellement intéressante en position de big blind, je me retrouve à hésiter une énième fois sur le comportement à adopter face à une relance de 1.000 (2 fois la blinde) de la part d'un adversaire qui me charrie sur ma passivité tandis que deux autres s'esclaffent : malgré une main tout juste décente je décide alors de sur-relancer en prenant quatre jetons de 500 et en les posant énergiquement sur la table, pour une sur-relance correspondant au double de la relance initiale de l'adversaire qui se gaussait de moi. Mais le brouhaha à la table cesse aussitôt sans que je comprenne immédiatement pourquoi car en fait, ce ne sont pas quatre jetons de 500 (soit 2.000 jetons au total) que j'avance sur la table, mais 4 jetons de 5 000 (ce qui fait 20.000 jetons !), par mégarde. Cruelle confusion de ma part car ma main n'est nullement exceptionnelle et c'est dès lors une bonne partie de mon stack qui se retrouve engagée dans ce coup.
Dans ce rêve, je confonds donc des jetons de façon grossière : à partir de cet instant, mon regard se noircit car ayant malencontreusement posé sur la table un montant dix fois supérieur à ce que j'avais envisagé, je suis obligé de simuler une main premium. Je conserve un buste droit et immobile, tel une statue. Même un Dominik Panka des grands soirs n'aurait pas fait plus statique que moi à cet instant. Le chambreur couche sa main au bout d'une longue hésitation, non sans montrer une belle paire de valets au passage. Mes adversaires me regardent alors d'un autre oeil : ces derniers cessent de me chambrer, et l'ambiance à la table passe d'un extrême à l'autre : un climat de tension s'invite alors pour la suite de la partie. Les regards deviennent sombres de part et d'autre. Cette erreur de manipulation aura bien malgré elle rebattu les cartes.
Comme toujours, une interprétation d'un tel rêve n'est pas des plus aisées. Quoi qu'il en soit, l'image que l'on donne à table est aussi importante que les cartes que l'on joue et le calibrage de ses relances constitue un vecteur important dans la perception qu'à autrui de son niveau de jeu. Que ce soit en plein connaissance de cause ou à notre insu.
A contrario, ce rêve de confusion de jetons me donne un idée de feinte vicieuse à mettre en place. Un jour, en live, je tenterai de faire le même move que dans ce rêve, mais en toute connaissance de cause : avec une paire d'as en main, contre un adversaire orgueilleux ; je ferai alors en sorte de prendre une mine affligée, comme s'il s'agissait d'une erreur grossière de jetons de ma part. En espérant un call. Parfois en live, les joueurs fatigués se trompent de la sorte (les coverages poker en attestent), aussi je me dis que ceci pourrait faire office de ruse efficace un jour prochain. A méditer. Je suis un stratège. Même quand je dors.
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