Translate

vendredi 11 mars 2016

Atypisme

Je suis quelqu'un qui ne laisse pas indifférent. J'ai eu droit il y a quelques jours de cela à une volée de bois vert de la part d'un joueur particulièrement remonté contre mon style de jeu alors même que j'étais tranquillement assis à une table sans avoir proféré le moindre mot depuis le début du tournoi. Ce type de situation m'arrive occasionnellement, preuve en est que certains joueurs ont une réaction épidermique lorsque je déploie mon jeu habituel. Et paradoxalement, cela me convient tout à fait !

Il est vrai que tant en Omaha qu'au Texas Hold'em, je cultive un style de jeu totalement atypique par rapport aux autres joueurs. Il serait fastidieux de dresser ici la liste des particularités de mon jeu. Mais en substance, afin de parvenir à manoeuvrer au mieux ma barque pendant un tournoi de poker, je prends bien entendu en considération les cartes dont je dispose, mais je tiens également compte des positions, du profilage des adversaires, de la dynamique de la table ainsi que du momentum du tournoi. Et ceci a pour effet de me faire souvent sortir des sentiers battus.

Alors que la majorité des joueurs se cantonnent à jouer les coups les uns à la suite des autres, en s'appuyant sur leurs cartes ainsi que sur leur position à table, je n'adopte moi-même cette stratégie solide qu'en début de tournoi ou bien alors lorsque je débarque à une nouvelle table. Car plus le temps passe, et plus je vais avoir tendance à mettre en place un plan de jeu faisant la part belle au profilage de mes adversaires et aux déséquilibres dans leur jeu, qui peuvent être la résultante d'un style non optimal ou bien encore la conséquence d'une dynamique de table particulière (pression du chip leader, appréhension à l'approche des places payées, etc.). 

C'est pourquoi j'ai tendance à me pourlécher les babines lorsque je me retrouve à la même table qu'un joueur qui nourrit à mon encontre de l'animosité... car le jeu du chat et de la souris peut alors commencer ! Et voilà pourquoi je n'hésite jamais à jeter un peu d'huile sur le feu avec un ou deux petits mots sur le chat, puisque cela aura potentiellement pour effet d'accroître les déséquilibres dans le jeu de l'adversaire. Nul masochisme de ma part, donc. Juste une forme retorse d'opportunisme.

J'ai déjà évoqué il y a quelques temps à quel point je considérais l'empathie comme déterminante dans mon approche du poker. J'aime ainsi tenter de décortiquer ce qu'il se passe dans la tête de mes adversaires en tenant compte de la dynamique instaurée à la table, car cela me permet de tirer parti au mieux des déséquilibres de leur jeu.

une technique de chasse particulière...
Certes, lorsque mon plan de jeu fonctionne, c'est tout bonnement merveilleux, puisque je retombe sur mes pattes tel un chat agile et les adversaires en face ont du mal à comprendre le pourquoi du comment (et ceci rend par ailleurs mon jeu encore plus illisible). Mais lorsque cela rate et que je tombe sur un os, j'ai l'air d'un parfait imbécile avec mon move foireux. C'est ainsi que nombreux sont ceux qui ne vont se focaliser que sur ce seul aspect là, puisqu'ils ne voient que la partie émergée de l'iceberg. Dans tous les cas, cela aura pour conséquence d'écorner quelque peu mon image de bon joueur, puisque le fait de m'appuyer sur l'empathie davantage que sur l'intellect pur a pour effet de déséquilibrer mon propre jeu : il s'agit donc d'un exercice non seulement périlleux, mais également peu valorisant du point de vue de l'image.

Quitte à choisir, je préfère passer pour un joueur chanceux et prendre le risque d'être la risée de la table plutôt que de vouloir ressembler à un cyborg cliquant machinalement sur sa souris. Voilà pourquoi je pense demeurer longtemps un incompris avec mon jeu atypique. Mais peu importe : j'assume !



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire