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samedi 9 mai 2015

de Sharkdurrr à Sharkcosy

Le poker est un jeu fondamentalement individualiste. On perd seul, comme une âme en peine. On gagne seul également, le plus souvent, car les occasions de partager sa joie avec autrui sont rares (et toujours disproportionnées les rares fois où elles surviennent).

On ne se fait jamais de cadeaux sur les tables, mais on partage parfois de vrais bons moments de convivialité. Avec une pratique régulière des tournois communautaires, je côtoie fréquemment certaines têtes qui finissent par devenir familières. Et quand bien même je n'aie pas d'amis au poker, une certaine estime réciproque naît parfois à la faveur de quelques mots d'humour partagés sur le chat général, ou de quelques féroces affrontements qui forcent le respect.

En décembre dernier, lorsque j'ai remporté le tournoi Le Cocktail de Winamax, il y a un de ces joueurs qui m'a suivi, mais aussi encouragé lors de ma dernière heure de compétition et félicité lors de ma victoire finale : Sharkdurrr. Il est l'un de ces rares joueurs communautaires avec lesquels un semblant de respect mutuel existe : il faut dire que c'est un adversaire redoutable, qui a la gâchette facile et n'hésite pas à prendre des risques insensés pour remporter les pot décisifs, parfois. De mon côté, mon ironie fréquente aux tables est loin de me rendre sympathique aux yeux du plus grand nombre de mes adversaires et ceux qui m'estiment vraiment ne sont pas bien nombreux.

Ce lundi 4 mai, Sharkdurrr a remporté l'avant dernière manche du tournoi de la Paris Poker Ligue sur PMU Poker, et je l'ai félicité - non sans jalouser au passage ses points récoltés au classement général qui m'auraient permis de remporter le classement général avant même la dernière journée de compétition si c'était moi qui avait été à sa place. La victoire de ce tournoi lui conférait en bonus deux places en loge pour assister à la rencontre de championnat de ligue 1 entre le PSG et l'En Avant Guimgamp, et tandis que je le félicitais chaleureusement il m'a indiqué ne pas être en mesure de se rendre au match ce vendredi 8 mai et m'a tout de go proposé gracieusement ses deux places fraîchement gagnées. Un geste plein d'élégance et d'altruisme suffisamment rare pour être souligné. C'est ainsi que je me suis retrouvé une nouvelle fois au Parc des Princes ce vendredi, en tribune centrale avec en prime un accès au salon Haussmann (en lieu et place de la prestigieuse loge privative PMU) me permettant d'accéder toutefois aux mythiques petits fours du Parc des Princes. J'ai donc eu la chance de pouvoir assister à un match euphorique de la part du PSG, qui à l'instar d'une tornade, a tout emporté sur son passage, puisque victorieux de la modeste équipe de Guimgamp par un score cinglant de 6 buts à 0. Autant dire que l'ambiance était folle dans les tribunes, d'autant que cette victoire représente un pas décisif dans la lutte pour le titre de champion de France. Mais ce n'est pas tout !

A l'instant précis où j'allais quitter le stade par l'accès principal après m'être gavé de buts et de petits fours, voici que Nicolas Sarkozy surgit en coup de vent des vestiaires avec un étonnant tonus au regard de son actualité judiciaire cette semaine et décide de se prêter pendant deux minutes chrono au petit jeu des poignées de main expresses et des photographies souvenir avec quelques personnes se trouvant là à ce moment précis. Je m'arrête un instant pour contempler l'ouragan Sarkozy, tel un chasseur de tornades captivé par le déplacement erratique et frénétique d'un tourbillon juste sous ses yeux. Et le plus extraordinaire, c'est qu'après avoir été pris en photo par une famille de parfaits citoyens, il m'interpelle moi et me dit : "viens, viens". Mon cousin qui m'accompagne ne dispose que de quelques fractions de secondes afin de dégainer son smartphone, se placer dans le cadre de la photographie en ma compagnie, et appuyer sur le clic afin d'immortaliser l'événement à une vitesse record tandis que je me retrouve bras dessus bras dessous avec le Président déchu. Quelques dix secondes plus tard, Nicolas Sarkozy qui a encore pris une photo expresse avec deux autres supporters abasourdis, a déjà redémarré au quart de tour et aussitôt disparu en se fendant d'un laconique "allez merci". Sa séance de photos improvisée aura ressemblé à s'y méprendre à un arrêt au stand d'une Formule 1 : quelques précieuses secondes de vie perdues, mais malgré tout indispensables afin de continuer à tenir la route en dépit des écarts de conduite l'ayant conduit à rouler sur le gravier.

J'ai toujours su que j'étais un type brillant !
Il y a quelques heures à peine, je publiais ici un article intitulé chasseur de tornades afin d'illustrer le fait que si j'aime autant le poker, c'est aussi pour le lot de choses imprévisibles qu'il m'apporte aux moments auxquels je m'attends le moins. En voici la plus parfaite illustration : grâce à cet inattendu cadeau de Sharkdurrr j'ai non seulement pu assister à un match euphorique du PSG, mais j'ai aussi pu rencontrer dans les entrailles du Parc des Princes un shark d'un type inhabituel : le shark-cosy. Se retrouver nez à nez avec un grand requin blanc lorsque l'on barbote en palmes et tuba dans la grande barrière de corail, ça n'a pas de prix. J'adore ce blog. Il s'y passe toujours quelque chose.



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