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mercredi 13 février 2013

L'ADN du joueur

Avant de consacrer mes neurones ludiques aux joies et peines du poker, j'ai toujours été joueur dans l'âme. Jeux de société, jeux de plateau, jeux de stratégie, jeux de rôle, jeux vidéo... J'ai toujours adoré jouer. Pour gagner, bien sûr. L'amusement vient avec la victoire. Ou, à défaut de victoire, avec la sensation d'avoir absolument tout donné pour y parvenir.

Mon expérience ludique la plus marquante a été ma carrière de joueur au jeu vidéo Guild Wars, sorti en 2005. Il s'agit d'un jeu vendu à une dizaine de millions d'exemplaires, aux facettes compétitives multiples. Un peu comme en athlétisme, il y avait diverses formes de compétition, où l'on pouvait se constituer une équipe plus ou moins structurée pour aller affronter une autre équipe plus ou moins structurée. J'ai été le meilleur joueur mondial dans l'une de ces disciplines. Pas dans la discipline la plus populaire, toutefois, et mon nom n'est pas passé à la postérité.

David Rudisha - 2012
Tout le monde sait qui a été champion olympique du 100 mètres à Londres : Usain Bolt. Le 100 mètres est la discipline reine, elle marque les esprits. Mais qui a été champion Olympique du 800 mètres ? La quasi-totalité des gens a oublié le nom du vainqueur. Ou alors a carrément zappé cette discipline. Et je ne déroge pas à la règle... j'ai déjà oublié le nom du vainqueur. David Rudisha est retombé dans l'oubli. Et pourtant, il a battu le record du monde de la discipline pendant cette olympiade !!
A Guild Wars, c'est un peu pareil, j'ai été le meilleur dans ma discipline (les batailles d'alliance, pour ceux qui connaissent), mais je n'ai pas réussi à percer dans la discipline phare, le GvG (Guilde vs Guilde, jouable en équipes de 8 vs 8). Et j'en ressens une petite pointe de frustration. Non pas que je n'aie pas eu le talent pour ça, mais disons que les circonstances ne m'ont pas été favorables... et que je n'ai jamais été dans une équipe compétitive. Pourtant, je me dis que j'aurais pu. Au final, ce n'est pas ce qui importe le plus car je peux malgré tout me dire que j'ai été le meilleur dans ma discipline... J'avais le meilleur choix de compétences, la meilleure vision du jeu, les meilleures tactiques, la plus grande rapidité de mouvement, également. Personne ne m'a jamais ne serait-ce que concurrencé dans cette discipline. Je garde une tendresse toute particulière pour mon personnage fétiche de ce jeu. De temps à autre, je pratique encore un peu Guild Wars, je vais faire une forme compétitive expresse (les arènes aléatoires), un peu comme un ancien athlète de haut niveau qui va courir une demi-heure dans les bois, mu par le plaisir et le réflexe.

Aussi étonnant que cela puisse paraitre, ma pratique à un rythme élevé de ce jeu vidéo m'a appris deux ou trois petites choses utiles à ma vie de tous les jours : j'ai augmenté mon niveau d'anglais (à l'écrit comme à l'oral) mais j'ai également progressé dans ma compréhension des comportements humains (nocifs ou positifs) ainsi que sur leur impact sur le travail en équipe. Mais ce n'est pas tout, puisque cette immersion ludique de longue durée dans Guild Wars m'a également appris un ou deux trucs transposables au poker et que j'ai pu appliquer instinctivement et avec succès dès ma phase d'apprentissage du hold'em no limit  : le darwinisme ludique et la notion de metagame. J'aurai l'occasion de revenir dessus ultérieurement, si ce blog se développe.

Après de nombreuses années d'attente au sein de la communauté des joueurs, Guild Wars a connu une suite, à l'été 2012, baptisée du nom ô combien original de Guild Wars 2. Beaucoup d'attente pour un résultat catastrophique. Ce jeu a perdu toute la quintessence de sa dimension compétitive, tout le sel de ce jeu s'est évaporé, ne laissant qu'une pénible sensation d'écume sur les lèvres des affamés de compétition tels que moi.

J'ai donc arrêté l'expérience Guild Wars non sans cultiver un brin de nostalgie. Mais j'en suis sorti grandi. Humainement et ludiquement. J'ai été le meilleur quelque part. Tout le monde ou presque a déjà oublié le nom du champion olympique 2012 du 800 mètres. Mais lui s'endort parfois avec plein de souvenirs merveilleux dans la tête. Car il a été le meilleur de sa discipline.


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