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lundi 31 mars 2025

Savoir résister à la tentation du bazardage.

A plusieurs reprises ces dernières temps je me suis retrouvé derrière mon écran d'ordinateur quelque peu dépité, englué dans des soirées poker particulièrement éprouvantes, de celles où l'on peut croire que l'on fonce tout droit vers le zéro pointé (que l'on appelle affectueusement dans le jargon poker "la cagoule"), avec une élimination précoce de la plupart des tournois dès 22h. Des moments désagréables où l'on se retrouve avec pour seule pitance un ou deux tournois de faible importance... et un espoir de rentabiliser la soirée déjà évanoui, ou presque.

Vivre une soirée galère au cours de laquelle rien ne semble aller, c'est somme toute quelque chose d'assez familier pour un joueur régulier. Même si fort heureusement ce n'est pas le cas de figure le plus courant, cela advient malgré tout de temps en temps pourvu que l'on joue souvent. L'épisode est particulièrement désagréable à vivre, à tel point que la tentation de bazarder son ou ses derniers tournois du soir peut alors poindre, à mesure que la frustration et le désespoir grandissent. L'excuse que l'on peut alors se trouver consiste à vouloir passer en mode ça passe ou ça casse, en jouant anormalement agressif dans l'espoir de se retrouver avec un gros tas de jetons dans le ou les tournoi(s) restants, pour que cela en vaille la peine de prolonger sa soirée plutôt que d'agoniser à petit feu en ayant au final la désagréable impression d'avoir prolongé inutilement son calvaire.

C'est pourtant un mauvais calcul que de vouloir jouer le tout pour le tout dans de pareils moments (et ça ressemble à une forme de tilt). J'essaye de résister le plus possible à pareille tentation, sachant que des retournements de situation fructueux à même de sauver une soirée sont plus probables en demeurant concentré et d'humeur égale plutôt qu'en voulant forcer le passage. La variance étant inhérente au poker, il faut savoir composer avec toutes les situations que le Dieu du Poker nous propose. Et prendre son mal en patience lorsque l'on boit la tasse dès le premier plongeon.

Le poker est un jeu d'opportunités. Et bazarder son dernier tournoi du soir constitue une perte d'opportunité inexcusable ! Même lorsque la session est particulièrement rude, il suffit parfois d'un podium ou d'une victoire pour inverser le cours des choses alors même que la soirée semblait promise à une authentique noyade.

Pourtant, ce n'est pas parce qu'on l'on a perdu plusieurs coups clefs à la suite et que les élimination s'enchainent précocement que toute la soirée va être placée sous le signe de la malchance pour autant. Il faut ainsi continuer à y croire tant qu'on l'on est engagé dans au moins un tournoi, fusse-t'il à faible enjeu. A défaut de finir la soirée gagnant, pouvoir sauver les meubles ne serait-ce que partiellement à l'aide d'un dernier tournoi où l'on se sera défendu becs et ongles peut constituer une performance en soi, sachant que nombreux sont les joueurs qui n'y parviendront pas dans une telle situation. C'est en effet en continuant à jouer son A-game en toutes circonstances, y compris dans les moments d'adversité et de malchance chronique, que l'on parvient à être un joueur gagnant sur le long terme. La discipline est une qualité qu'un vrai bon joueur doit pouvoir posséder. Pas question de saccager sa dernière cartouche du soir, sachant qu'elle peut encore faire mouche.

Ne pas oublier non plus que bon nombre de joueurs moyens ou médiocres vont augmenter leurs erreurs au fur et à mesure que la soirée va avancer, à la faveur d'un coup de fatigue, d'un coup de pression les mettant en tilt ou bien d'une envie d'en finir prématurément par manque de patience, de discipline ou d'endurance. Rester soi-même concentré en toutes circonstances permet de demeurer à l'affut d'un coup de mou adverse.

Lors de mes soirées poker particulièrement arides, mon instinct de compétition - celui que je cultive en moi depuis ma tendre enfance et qui ne m'a jamais abandonné depuis - me dicte de toujours continuer à m'accrocher, quel que soit le type de situation que je rencontre. Même si cela ne conduit à rien de concret le plus souvent, on parvient malgré tout de temps à autre à sauver les meubles en restant concentré et appliqué avec une seule table encore ouverte. Et parfois même l'improbable retournement de situation survient avec une session s'achevant par des gains nets alors que l'on aura été dans le rouge toute la soirée durant !

En conclusion, sachant que c'est en continuant à maximiser son espérance de gain en toutes circonstances que l'on parvient à remplir ses objectifs de rentabilité effective sur le long terme, il convient donc de s'accrocher en toutes circonstances. Le poker est aussi un jeu de gestion de sa propre frustration. Il ne faut donc jamais bazarder une session, même lorsqu'elle est particulièrement mal engagée. Car tant qu’il y a un jeton, il y a un espoir.

mardi 25 mars 2025

A pas menus

Cela fait maintenant deux mois que je joue au poker à pas menus, à raison d'un ou deux soirs par semaine environ. Indifférent à la variance. Indifférent à toute forme de pression. Indifférent aux différentes promotions et autres championnats qui ont jadis fait le sel de mes sessions. Mais attention, cette indifférence du moment ne constitue pas une mauvaise chose, pour peu que l'on veille bien y regarder à deux fois !

Une chose est certaine : on est actuellement loin de l'apathie, bien au contraire. Mon indifférence du moment me permet de me ressourcer mentalement. J'ai actuellement moins d'adrénaline dans mes veines, et c'est pour ainsi dire tant mieux. Afin d'éviter toute usure ou fatigue mentale, il faut parfois savoir ralentir la cadence, a fortiori lorsqu'on a identifié que l'on ne se sent temporairement pas capable de maintenir le rythme soutenu auquel on s'astreint en temps normal. J'en profite pour dormir un peu plus et ça me fait du bien, c'est certain !

Rouler pied au plancher en permanence esquinte pneus et moteur, et les risques de sortie de piste sont démultipliés pour qui ne sait pas ralentir. Savoir doser son tempo et son volume de jeu judicieusement constitue une qualité dont on parle assez peu dans le milieu du sport et de la compétition en général, mais qui peut s'avérer en définitive déterminante lorsqu'il s'agit d'optimiser ses performances en surfant sur la vague lors des périodes fastes mais également en sachant prendre en considération les petits coups de mou passagers qui ne manquent pas de survenir à un moment ou à un autre.

En ce moment, que mes sessions soient gagnantes, perdantes, neutres, chanceuses ou malchanceuses, rien ne vient troubler ma quiétude. Mes résultats sont ce qu'il sont, je ne ressens nul besoin de consacrer le moindre influx nerveux supplémentaires à une lecture subjective de la situation. Le poker est aussi affaire de hasard, de flux et de reflux, alors je laisse couler. Rien ne m'atteint. Je suis sur ma trajectoire et je continue donc à avancer à pas menus, tranquille et serein, en attendant de pouvoir reprendre prochainement une cadence plus soutenue une fois ragaillardi.