Le Hip'Poker Tour et moi, ça ne s'était jamais réellement bien passé jusqu'à ce jour. Après deux années de mise en veille forcée pour cause de pandémie, le PMU a eu la bonne idée de raviver la flamme vacillante de ce chouette tournoi de gala se disputant dans les entrailles de l'hippodrome de Vincennes. Le
week-end fut ensoleillé en ces vendredi 7 et
samedi 8 octobre, à tel point que le thermomètre flirta allègrement avec les 20 degrés celsius, ce qui ne fut pas le cas par le passé. J'ai encore souvenir d'une édition 2018 frigorifique.
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Une fois l'enregistrement effectué et l'habituel discours du staff
présentant officiellement les nouveaux poulains de l'écurie, à savoir Julien Martini (un joueur titré WSOP au regard carnassier) et les deux Quentin (Roussey et Guivarch), le tournoi
démarre peu avant 11h00. Nous avons droit à 36 tables avec croupiers, au
format 8 Max, pour un total de 281 joueurs présents. Pratique : les tables sont aisément identifiables avec un astucieux système de ballons colorés gonflés à l'hélium. Parmi la foule, je
distingue quelques silhouettes vaguement familières, sans reconnaitre
personne à l'exception d'un joueur et du couvreur habituel du Club Poker - Steven - endossant cette fois-ci le costume du joueur lambda.
A ma table, la moyenne d'âge dépasse les cinquante ans, de telle sorte
que j'ai l'illusion de me croire jeune. Première main que je reçois : les as ! Merci
monsieur le croupier. Je récolte des clopinettes mais je veux croire à un
signe du destin. Le soleil darde la table de ses rayons éblouissants et c'est
avec compassion que le staff du PMU distribue des lunettes de soleil
colorées aux malheureux qui ont les rayons dans les yeux.
Je prends le temps d'observer mes adversaires et leurs styles respectifs, et déploie un
jeu à base de solidité, patience, en misant sur le profilage de mes
adversaires qui s'affine progressivement. Le plan fonctionne à merveille. Mes adversaires défaits quittent la table les uns après les
autres. Sur les coups de 16h30 lorsque ma table initiale casse, je
réalise que j'étais le dernier survivant du coup d'envoi de 11h. Mon
stack de jetons a fière allure alors pourtant que je n'ai aucun sang sur les mains
tellement j'ai joué propre. Il reste 70 joueurs en lice et le brouhaha
initial a lentement laissé la place au cliquetis des jetons dans ce
vaste hall.
Il est 18h lorsque je suis réaffecté à une nouvelle table. Et là, je me retrouve juste à la gauche dudit Steven, le couvreur survolté qui
martyrise sa table dans des proportions que je ne découvrirai qu'un peu
plus tard dans la soirée. Je suis richement pourvu en jetons, mais lui, à ce
moment-là c'est Crésus sous stéroïdes. Les premières dotations
(sous la forme de paris gratuits et autres tickets de tournois) approchent doucement. Par contraste avec le camarade Steven, le reste de la table
semble léthargique, assommé par son règne qu'il imprime d'une main
de fer. Je parviens à doubler mon stack contre lui sur une bataille de blindes spéculative. C'est la première
fois que je risque mon tournoi. Je ne saurai que quelques
minutes plus tard que mon adversaire est en mode berseker furieux et qu'il doit bientôt partir, quel que soit l'état de son stack.
La pause dîner est là. Les petits fours proposés sont de qualité, et un buffet idéalement situé sous la
verrière au troisième étage, juste devant le poteau d'arrivée des
courses hippiques nous permet de nous changer les idées pendant plus d'une heure. J'échange quelques amabilités avec un membre du staff du PMU et grille mon pari gratuit distribué par une hôtesse sur un canasson distancé dès l'amorce de la dernière ligne droite. Les courses de chevaux, ça n'a jamais été mon truc.
Sur les coups de 20h30 le tournoi de poker reprend. La bulle approche, c'est le
moment de gratter les blindes des joueurs tétanisés par la perspective de rentrer bredouilles si près du but. Le nouveau boss de la
table, c'est moi avec mon gant de velours. La bulle a beau avoir
éclaté, ma dynamique n'est pas enrayée, bien au contraire. Il est près
de 22h quand vient l'heure des bilans de day 1. Après avoir débuté la journée avec 15.000 jetons comme tout un chacun, je termine avec un stack culminant à 280.000 jetons et me retrouve
ainsi parfaitement positionné au comptage des jetons : 3e sur 29 survivants. De quoi
avoir quelques espoirs pour la journée du lendemain. Je vais ainsi me coucher avec la satisfaction du devoir accompli. Le soleil a parfaitement brillé tout au long de ce vendredi et mon niveau de jeu aura été lui aussi à son zénith...