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mardi 20 novembre 2018

J'ai la berlue : grossière 3rr3ur de lecture de main

La première fois de ma vie que j'ai joué au Texas Hold'em, un Sit and Go en live dans un cadre familial et convivial il y a une dizaine d'années de celà, il m'est arrivé quelque chose que je m'étais intérieurement promis de combattre : une affreuse erreur de lecture de ma main dans un pot important. Erreur grossière sanctionnée par une piteuse élimination !

Lorsque j'avais découvert le Texas Hold'em à l'occasion de ce Sit and Go, déjà pourtant auréolé à l'époque dans mon cercle familial d'un statut de redoutable stratège calculateur, j'avais commis l'irréparable en croyant à tort avoir touché une quinte à la turn alors que dans les faits la carte touchée n'était qu'un élargissement inutile de quinte ventrale. Ce qui m'avait conduit à pousser mon tapis river avec une piteuse hauteur roi en lieu et place de cette quinte imaginaire et à connaitre l'humiliation de devoir déchanter à l'abattage. Cet épisode fâcheux avait suscité railleries à répétitions de la part de ma soeur, et avec le recul j'en viens à présent à me demander si cet incident n'a pas été un élément inconscient catalyseur dans le déclenchement de ma conquête du poker amorcé bien des années plus, en toute fin d'année 2012.

Dans ma famille, j'ai grandi dans un environnement constamment fait d'oppositions et de rivalités. Rivalités avec mon père. Rivalités avec ma soeur. Rivalités avec mes cousins. Rivalités avec mes camarades de classe n'appréciant que modérément ma morgue à leur encontre alors que mes résultats scolaires étaient toujours supérieurs aux autres. Alors certes, le fait de se construire sur des oppositions, rivalités et adversités vous forge assurément un caractère et vous inculque un instinct de compétition exacerbé utile pour bien des choses dans une vie d'adulte. Mais toute médaille à un revers, et savoir farouchement jouer des coudes et manier l'ironie avec la glotte aussi affûtée que celle d'un avaleur de sabres ne constituent assurément ni un cadre d'éducation des plus harmonieux ni un facteur d'épanouissement personnel.

Toujours est-il qu'aujourd'hui, à ma grande honte, l'impensable s'est produit : une erreur grossière de lecture de ma main lors d'un tournoi de poker en ligne ! Persuadé d'avoir Roi-Huit en main, je mise à la turn et surtout à la river un part conséquente de mon tapis dans un pot 9-10-K-K-8 avec trois coeurs, croyant à tort avoir touché un full à la river. Dans les faits, je n'avais que Roi-Sept en main, et mon payeur s'est réjouit de me dé-stacker aux deux tiers avec sa quinte trouvée dès le flop (puisqu'il avait QJ) qui domine ainsi largement mon maigre brelan. Une vraie livraison de jetons. Quelques minutes plus tard, je suis éjecté du tournoi en perdant un banal 50/50, dans la logique des choses. Car insulter le jeu de la sorte est presque toujours puni par la variance, c'est là une constante que l'on retrouve d'ailleurs dans de nombreuses disciplines compétitives et sportives.

Petite contrariété, grosse déconcentration ?
Comment ai-je pu commettre pareille bourde au point d'être intimement persuadé de posséder une main que je n'avais pas ? Roi-Huit ce n'est définitivement pas la même chose que Roi-Sept ! A ce stade, je ne possède pas d'explication rationnelle sur ce phénomène de berlue visuelle dont j'ai été victime : d'une part, ayant normalement dormi et ayant par ailleurs bu un café et un cappuccino dans les heures ayant précédé le tournoi il m'est impossible d'invoquer la fatigue ou la torpeur ; d'autre part, la table dudit tournoi - puisque le plus important de ma session - était agrandie au point d'occuper près de la moitié de mon écran d'ordinateur, soit bien plus que d'ordinaire, de telle sorte que ce n'était pas un problème de visibilité non plus ! Toutefois, il n'y a probablement pas de hasard à ce couac majeur, et je me dois d'avouer que j'avais l'esprit préoccupé par tout autre chose en disputant ce tournoi, un banal problème administratif de colis postal de grande valeur non livré qui m'empoisonne l'existence depuis quelques jours m'ayant contraint à envoyer quelques mails de réclamation et à passer des coups de fils désagréables, peu propices à un état mental apaisé. J'ai déjà par le passé expliqué combien jouer au poker en ayant l'esprit contrarié pouvait s'avérer contre-productif car dégradant insidieusement la qualité du jeu que l'on fournit. Je n'avais tout simplement pas envisagé le fait que la dégradation en question puisse s'avérer aussi grossière !

Avoir eu la berlue sur ce coup aujourd'hui m'aura coûté cher financièrement (une vingtaine d'euros). Mais à la réflexion, cette auto-mutilation financière est assurément moins douloureuse en comparaison avec l'humiliation familiale subie lors de ma toute première partie de Texas Hold'em, qui m'est restée en travers de la gorge des années durant. Ma conquête du poker ne serait-elle au final qu'une banale quête de rédemption érigée sur les cendres de ma fierté défaillante ? Je ne le pense pas. Mais je ne saurais le garantir à 100%. Alors je vais fermer les yeux, tâcher d'oublier cette fâcheuse déconvenue et repartir du bon pied.

Après tout, se tromper fait partie de la nature humaine... J'invoque mon droit à l'erreur et je tourne la page. Et tant pis pour la rature.




 

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