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mercredi 7 février 2018

Vicissitudes du poker chapitre 2 : la détresse du zéro pointé

Etre éliminé d'un tournoi important est toujours quelque chose de pénible à vivre. C'est même parfois douloureux lorsqu'on s'est projeté ou que l'on s'est mentalement investi davantage sur un tournoi en particulier au regard de ses enjeux. Mais cette douleur n'est rien comparée à la frustration éprouvée lors de tournois où le sentiment d'impuissance est total, du début à la fin. Dans des moments pareils, les coups s'enchainent comme dans un cauchemar, avec un stack qui fond comme neige au soleil jusqu'à évaporation complète, et le sentiment de détresse est alors absolu puisqu'on a même pas eu l'opportunité de défendre sa chance. On essaye de se demander pourquoi sans qu'aucune réponse satisfaisante ne vienne amoindrir ce sentiment de détresse absolue. J'en avais d'ailleurs déjà touché quelques mots ici à l'occasion de l'étape bordelaise du Wipt Winamax organisé il y a deux ans dans l'enceinte du nouveau stade des Girondins de Bordeaux (Matmut Atlantique) : il y a des fois où rien ne va dans un tournoi. C'est simple : on ne gagne aucun coup, et notre tournoi se termine avant même d'avoir réellement commencé. J'ai baptisé cette situation la "galfionade", en hommage à Jean Galfione, le perchiste français sacré champion olympique à Atlanta en 1996, mais également capable de faire des zéro pointés lors de championnats du monde de 1999.

Mettre en place un jeu stable, discipliné et solide, c'est long à acquérir... mais cela peut se dégrader très rapidement dès lors qu'on n'y prenne pas garde car se prendre un zéro pointé lors du tournoi le plus important du soir est vraiment quelque chose de difficile à encaisser. Or, il est tout bonnement impossible de se venger de la fatalité. Ces dernières semaines, les affres de la variance ont fait que j'ai été victime de plusieurs galfionades à la suite lors de mes quelques tournois importants joués en ligne. Le scenario catastrophe est à peu près toujours identique. On reçoit d'abord très peu de jeu, et lorsqu'on a une excellente main bonne main de départ, le flop vient doucher notre enthousiasme ; dans les très rares fois où l'on est bien jusqu'à la turn, une river assassine vient nous fait mal ; le calvaire se termine enfin par un banal coin-flip ou un bad beat (au choix) contre le moins bon joueur de la table. Pareille déveine complète n'est pas chose courante, mais de par la variance inhérente à ce jeu, il est des fois où l'on se retrouve abonné à la malchance de bout en bout, et mentalement, c'est alors une épreuve éprouvante à supporter car même si on doit évacuer toute forme d'affect lorsqu'on décide de s'inscrire à un tournoi, il est des fois où un tournoi compte plus que d'autres.

Quoi qu'il en soit, il y a tout de même un ou deux enseignements à retenir des zéros pointés lors des sessions de poker. J'y ai compris tout d'abord à quel point poker et justice sont deux concepts totalement antinomiques à court et même à moyen-terme, puisque dans des situations pareilles, il n'y a rigoureusement RIEN que l'on puisse faire, si ce n'est éviter de tilter pour que le sentiment de détresse qui nous envahit ne compromette la suite de notre session de jeu. Ce type de situation constitue également un baromètre de son mental du moment, car il faut pouvoir se relever sans broncher en dépit d'un sentiment de détresse et/ou d'incompréhension éprouvé après avoir servi de punching ball à la variance du début à la fin d'un tournoi. En ce moment, j'ai un peu plus de mal à encaisser de tels coups durs, preuve en est que mon mental n'est pas au plus haut. Mais rien d'alarmant toutefois.

Il faut savoir encaisser les coups sans les accuser. Une véritable gageure à court terme. Un défi à moyen terme. Un credo sur le long terme. Car à moins d'avoir une chance insolente, la réussite au poker est une oeuvre de longue haleine. Cette constatation faite, je relativise les baffes que je me prends parfois en tournoi... même si la joue doit rester rouge un petit bout de temps. Le risque du zéro pointé fait partie du jeu. Qu'on se le dise.


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