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mardi 13 décembre 2016

Le "gâchis de chatte" : y croire ou pas ?

Un heureux néo-millionnaire anonyme habite ici
Il y a quelques jours, le 25 novembre 2016, un parieur français résidant à Montbard en Côte d'Or a joué deux fois la même combinaison à l'Euro Millions dans deux points de vente différents. Ses combinaisons de 5 chiffres et 2 étoiles ayant été les seules de validées à travers toute l'Europe, le joueur étourdi s'est donc partagé avec lui-même la super cagnotte de 61 millions d'euros. Pour éviter railleries et jalousies, il a tenu à conserver son anonymat ; on le comprend. Techniquement parlant, il a droit a deux chèques de 30,5 millions d'euros au lieu d'un seul de 61 millions. On trouve difficilement plus veinard que cet individu, sur le principe... sauf qu'au final son gain n'est pas multiplié par deux et qu'il a vendangé un miracle statistique avec ce doublon totalement inutile. Attention donc à ne pas mourir bêtement écrasé par une météorite dans les années à venir lorsque le mouvement de bascule chance/malchance s'opèrera !

Au poker, il y a une expression consacrée pour décrire un tel phénomène, puisque les couvreurs et autres journalistes poker n'hésitent pas à l'employer lorsqu'un joueur bénéficie d'un coup de chance totalement improductif : le "gâchis de chatte". Partant du principe (certes bancal) que chance et malchance s'équilibrent toujours sur le long terme, bénéficier d'un surplus de chance inutile ne serait pas forcément de bon augure, en prévision d'une hypothétique période de malchance carabinée qui devrait survenir à l'avenir. Hummm... allez dire ça aux victimes de balles perdues dans les cimetières, leurs fantômes vous riront au nez. A moins qu'ils ne vous maudissent. Une chance sur deux !

Lors de mon périple à Las Vegas en juin 2015 à l'occasion du célèbre tournoi Monster Stack des WSOP (épreuve majeure des championnats du monde de poker), il se trouve que je me suis justement fait sortir du tournoi par un joueur ayant bénéficié de ce "gâchis de chatte". Notre confrontation à tapis pré-flop est la suivante : AS-DIX chez moi contre PAIRE DE SIX chez lui. Mathématiquement parlant, c'est un coin flip (un 50/50 ou presque). Or, non seulement le joueur adverse remporte le coup, mais de surcroît le croupier retourne deux SIX supplémentaires sur la table, ce qui confère à mon bourreau un joli (mais totalement inutile) carré. A la table, une joueuse compatissante se fend même d'un laconique commentaire alors que je me lève pour quitter le tournoi : "over-kill !!". Moralité, je suis anéanti à la bombe atomique là où une simple balle aurait suffit à me faire succomber... du coup, mon corps a fusionné avec la poussière du désert du Nevada.

Heureusement que mon esprit se réincarne aussitôt ailleurs ! Seul effet secondaire constaté : je suis devenu un peu plus circonspect lorsque je reçois la main AS-DIX en tournoi, désormais. A posteriori, je suis bien content d'avoir été victime d'un gâchis de chatte adverse lors d'un tournoi si important, puisque lorsque le Dieu Du Poker rééquilibrera les bienfaits de Dame Chance en ma faveur dans les moments qui comptent, je bénéficierai alors d'un surplus de chance avec potentiellement un meilleur ratio en termes d'efficacité. Du moins, j'aime à le croire.

Mon gâchis de chatte : la mallette Winamax !
Hier soir, à l'occasion du tournoi communautaire "Tournoi Mallette" qui se disputait sur Winamax en partenariat avec le Club Poker, il se trouve que j'ai remporté ce tournoi qui me fuyait depuis si longtemps. J'avais d'ailleurs fini par croire qu'il s'agissait pour moi d'un tournoi maudit, puisque bien que le jouant régulièrement les lundi soir, mes éliminations étaient jusqu'ici souvent des plus improbables. Finie, la malédiction du Tournoi Mallette ;  oubliés les coups du sort du passé... Cette fois-ci, Dame Chance a rétabli un semblant d'équité en venant me câliner tout du long de ce tournoi. Toutefois, force est de constater que je suis malgré tout victime d'un gâchis de chatte moi aussi, puisque ce sera ma troisième mallette Winamax venant étoffer mon rayon quincaillerie (après celles remportées respectivement au Stade Vélodrome et lors du tournoi spécial Girondins l'été dernier). Du coup, ma victoire d'hier soir ne me procure bien évidemment pas la même joie que si je remportais une mallette pour la première fois. C'est donc l'occasion de réfléchir un instant au phénomène de chance improductive. Ne nous y trompons pas : tout ceci me fait sourire et me met de bonne humeur, et il serait particulièrement malvenu de me lamenter.

Devrais-je croire à ce syndrome de chance superfétatoire ? A priori non. Abondance de biens ne nuit pas, dit le proverbe. Toutefois, étant un individu qui aime bien donner un sens mystico-symbolique à sa trajectoire de joueur, je me finis par croire que trop de chance tue la chance, sur le long terme. J'y crois. Et je n'y crois pas. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Allez savoir ! Pour valider la pertinence d'une telle hypothèse, une vie entière de joueur ne me suffira peut-être pas. Il va falloir attendre longtemps. Très longtemps. Ca tombe bien, je suis plutôt du genre patient : je tirerai mes propres conclusions au crépuscule de ma carrière. Et on dirait bien que ce n'est pas demain la veille.

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