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lundi 9 juin 2014

Soleil radieux au Barrière Poker Tour de Toulouse

Casino Barrière de Toulouse - 6 au 8 juin 2014
Météo estivale à Toulouse pour ce week-end de pentecôte. Je ne suis pas fanatique du live, mais ma qualification en poche à la suite des satellites disputés online sur Euro Poker, et la douceur de vivre de la ville rose en cette fin de printemps m'ont vite convaincu de privilégier le Barrière Poker Tour ensoleillé de Toulouse plutôt que le pluvieux de Deauville. D'autant que j'avais la possibilité de recroiser à Toulouse la charmante Marie, une amie rencontrée il y a quelques années en Argentine que je n'avais pas revue depuis lors. Si on ajoute encore à cela des conditions d'hébergement très bon marché, Toulouse s'avérait vraiment un choix judicieux. La barre des 400 inscriptions franchie de justesse, 53 places payées étaient promises aux joueurs les plus talentueux et/ou chanceux capables de survivre à une compétition acharnée étalée sur 3 jours. Le niveau général étant assez disparate, le tout était de tomber sur les bonnes tables et les bonnes cartes autant que possible.

pourquoi je ne double pas alors que j'ai mieux que toi ??
Après une première journée de vendredi sans histoire que je termine dans le coeur du peloton, la journée de samedi me permet de m'extirper de la masse à la faveur d'une table relativement facile. Terminer cette seconde journée en 7ème du classement provisoire me permet d'envisager la journée de dimanche avec sérénité en me disant que je vais pouvoir mettre la pression aux autres joueurs de ma table à l'approche des places payées. Malheureusement, en ce début de dimanche après midi, ma table n'est pas du tout favorable car il y a 4 joueurs qui disposent d'un stack de jetons presque aussi gros que le mien et il m'est impossible de jouer proprement l'effet bulle dans de telles conditions, d'autant que ladite bulle éclate rapidement sans même qu'il y ait besoin de réellement jouer le main par main. Et les joueurs rassurés d'être dans les gains prennent alors des risques élevés... les moins chanceux sortent du tournoi rapidement, comme d'accoutumée, et vont chercher leurs sous à la caisse. Pour ma part, ne voulant pas dilapider mon capital sur un coup de dés, ma montée en jetons est plus laborieuse. Et lorsque les quelques occasions de doubler mon tapis se présentent enfin, le Dieu du poker ne se résoud pas à faire pencher la balance de mon côté. 

vas-y mon gars, chipe moi mes jetons...
A l'approche de la table finale, je me heurte au fatidique plafond de verre des 10 blindes qui ne me permet plus dès lors que de prendre des décisions binaires : tapis ou passe. Toute autre forme de move m'est désormais mathématiquement exclue. C'est la structure du tournoi qui veut ça : faire tomber 400 têtes en 3 jours, ça implique forcément certains procès-éclair qui condamnent des innocents déblindés, et cela indépendamment du fait que leurs papiers soient en règle ou pas. Ma condamnation est donc sans appel.

Un tout petit peu plus de profondeur de jetons m'aurait probablement permis de défendre crânement ma chance dans la dernière ligne droite et c'est dommage de ne pas avoir pu rallier la ligne d'arrivée faute de quelques gouttes de carburant dans le dernier tour de piste. La pré-table finale de 10 a alors déjà commencé et les joueurs concentrés sur leurs cartes ne me jettent même pas un regard lorsque je quitte la salle quelques minutes plus tard, et les quelques billets violets vite glissés dans mon chapeau magique ne suffisent pas à effacer mon amertume d'être passé tout près d'une performance.  D'autant que de ce que j'ai pu en voir, le niveau des derniers survivants ne me semblait pas exceptionnel, loin de là. Plutôt que de sortir dans de telles conditions, une sortie de piste sur une erreur de pilotage ou à la suite d'un accrochage m'eut paru moins cruelle. A propos de piste, une fois éliminé du tournoi, je suis d'ailleurs rentré chez moi en m'essayant pour la première fois au covoiturage : une chouette expérience pour un prix très modéré au final.

Le passage du poker online au poker en live est quelque peu déconcertant, bien qu'ébouriffant. Un peu comme un joueur de jeux vidéo très à l'aise avec sa console de salon qui passe dans un vrai baquet, sur une vraie piste. Il a beau connaître les trajectoires du circuit par coeur, il n'est pas certain que l'adaptation se fasse rapidement.

11ème, c'est une très honorable performance. 3 415 Euros dans l'escarcelle, ce n'est pas rien. Mais comme le dirait si bien Davidi Kitai, le génie belge, il faut toujours viser la win et rien que la win. Son bracelet WSOP conquis brillamment ce week-end à Las Vegas est là pour nous le rappeler : seule la victoire est belle.

Je prévoyais déjà un mois de juin très maussade en termes de résultats poker, et voici qu'il en est tout autrement suite à cette petite performance obtenue à Toulouse. Même s'il est vrai que je suis déçu d'avoir aperçu le drapeau à damiers de ce Barrière Poker Tour de Toulouse et d'avoir laissé la possibilité de disputer la victoire me fuir suite à une simple panne d'essence, je suis néanmoins heureux de me rendre compte que mon moteur tourne plutôt rondement et que je parviens à manier le volant avec dextérité, en dépit d'un style de conduite assez peu conventionnel. Il y aura sans nul doute pour moi d'autres occasions de briller, quand bien même je ne sois pas certain d'être fait pour le live. Après tout, les tickets que je gagne pour de tels événements, je ne vais tout de même pas les saborder...

Quoi qu'il en soit, le fait de m'être rendu à Toulouse sans aucune pression particulière m'a manifestement bien réussi. Lors de mes deux précédentes expériences en live en mars à Paris et Bordeaux, j'étais resté assez réservé et austère, refroidi par un climat assez ennuyeux, voire parfois malsain. Et cela m'avait finalement quelque peu démoralisé de devoir me réfugier derrière mes cartes et mon chapeau. J'ai aussi pu pour la première fois en poker de compétition jouer les trublions et brouiller mon image dans tous les sens afin de déstabiliser mes adversaires avec mes jeux de mots et mes attitudes très particulières et je dois dire que cela m'a plutôt bien réussi. Cela m'a également évité de m'ennuyer. Certaines personnes apprécient : ça les distrait. Et moi, ça m'amuse. Mais je me suis aussi fait confirmer que cela avait parfois pour effet collatéral de saouler certaines personnes. Peu importe : je pense à l'avenir conserver ce style unique qui fait de moi un OVNI du poker. Distraire les bons vivants et saouler les cons, c'est tout bénéfice pour moi. Dans les deux cas, je prends un avantage sur eux dès lors que derrière mon apparente bonhommie, moi, je sache garder toute ma concentration et ma lucidité. Ca n'a l'air de rien, mais c'est quelque chose d'énorme.

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